Chaque année, une lumière douce brille dans les maisons juives du Maroc en hiver. Les bougies de Hanouka s’allument pendant huit jours et nous éclairent sur l’histoire d’un peuple, leur foi et leur connexion à la terre marocaine. Visite du Maroc d’hier et d’aujourd’hui.

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C’est bien connu, le Maroc est une terre d’accueil. Depuis des siècles, juifs et musulmans cohabitent aux sons des ruelles des Mellahs. Cette année, c’est toujours dans ce même esprit que Hanouka a été fêtée, pendant huit jours, du 25 décembre 2024 au 2 janvier 2025.

Hanouka, aussi appelée fête des lumières, trouve ses origines dans l’histoire juive. Elle commémore la révolte des Maccabées au IIe siècle contre l’Empire séleucide. Un petit point de géographie pour ne pas s’y perdre, l’Empire séleucide avait pour capitales (en 300 avant J.C.), Antioche en Syrie, et Séleucie en Mésopotamie (en Irak). Retour à notre histoire. Il y a eu miracle de l’huile : une petite quantité qui a brûlé pendant huit jours au lieu d’un seul. Cela symbolise la victoire spirituelle sur l’oppression.

Au Maroc, cette célébration a traversé les âges, intégrant des éléments locaux et devenant essentielle pour les communautés juives réparties à travers le Royaume. Dans les Mellahs de Fès, de Marrakech ou encore d’Essaouira, les bougies de Hanouka brillaient nostalgiquement.

Hanouka hier

Pour les juifs marocains, Hanouka n’était pas juste une commémoration historique. C’était un temps de famille, de partage. Les bougies, placées dans des lampes en métal ou en verre décorées, étaient allumées avec des prières chantées, souvent mélangées à des mélodies séfarades.

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Le soir, les familles se rassemblaient autour de plats traditionnels, préparés avec amour. Les sfenj, beignets dorés au miel, étaient incontournables, symbolisant l’huile du miracle. Les enfants jouaient au sevivon (la toupie) et recevaient de l’argent ou des bonbons, prolongeant ainsi la joie de cette fête lumineuse.

Dans certains villages du sud, où juifs et musulmans vivaient dans un respect mutuel, il était commun de retrouver des voisins musulmans assistant à l’allumage des bougies ou apportant des cadeaux à cette occasion. Cette proximité culturelle faisait de Hanouka une célébration unique au monde.

Si Hanouka est une fête universelle, sa célébration au Maroc est profondément ancrée dans la culture locale. Les rites, bien qu’ancrés dans la tradition juive, s’imprégnaient des saveurs et des couleurs marocaines.

Les lampes de Hanouka, souvent artisanales, témoignaient d’un savoir-faire local. Fabriquées en métal ou en céramique, elles pouvaient afficher des motifs marocains, mélangeant calligraphie hébraïque et arabesques. Cette fusion artistique prouvait le dialogue entre les cultures, symbole d’une coexistence pacifique au fil des siècles.

Les chants de Hanouka, portés par les familles, se mêlaient aux accents marocains. Des psaumes en hébreu étaient suivis de piyyoutim chantés en arabe ou en ladino, reflétant la richesse linguistique des communautés juives marocaines.

Un héritage en exil ?

Avec le départ massif des juifs marocains au milieu du XXe siècle, Hanouka a pris une tournure plus profonde. Pour ceux installés en Israël, en France, au Canada ou ailleurs, cette fête est devenue un moment de reconnexion avec leurs racines marocaines. Les saveurs des sfenj, les lampes traditionnelles transmises de génération en génération et les histoires autour des bougies rappellent la chaleur de leur lien avec le Maroc.

Dans les synagogues marocaines de Casablanca, par exemple, Hanouka, c’est aussi un moment pour se souvenir. On pense aux ancêtres, aux saints comme Rabbi Haïm Pinto ou Rabbi Amram Ben Diwan, et à la paix dans leur terre d’origine.

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Au Maroc, Hanouka dépasse la simple célébration juive. C’est un message pour tous : la lumière gagne sur les ténèbres. L’espoir résiste malgré les défis. Dans un Maroc qui veut garder son héritage judéo-marocain, cette fête a une signification forte.

Quand les bougies de Hanouka sont allumées, chaque famille juive marocaine ravive une ancienne histoire. Le passé éclaire le présent. Cette lumière brille dans les ruelles marocaines et dans le cœur de ceux qui ont quitté leur terre. Elle témoigne d’une foi solide, d’un désir de coexistence et d’un amour durable pour la mémoire collective.

Une flamme éternelle, aussi réelle que l’histoire qu’elle raconte.

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