Manal Dahouni Sefiani, présidente d'ICF Maroc. © DR
La Fédération internationale du coaching professionnel (ICF), présente dans plus de 140 pays et regroupant environ 60.000 coachs certifiés à travers le monde, joue un rôle important dans la promotion et le développement du coaching professionnel au Maroc.
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Pensez-vous que le coaching puisse jouer un rôle important dans l’adaptation des compétences professionnelles aux transformations rapides du marché du travail marocain ?
Le coaching, et plus particulièrement le coaching professionnel, joue un rôle essentiel dans toute situation de questionnement et de recherche. En effet, le processus de coaching repose sur l’exploration profonde et le questionnement continu. Sur le plan individuel, il s’agit de déconstruire nos schémas de pensée pour mieux comprendre notre fonctionnement en tant qu’êtres humains. Cela inclut la réévaluation de nos objectifs, la manière dont nous les atteignons et leur adéquation avec notre bien-être personnel. Il s’agit également de s’autoriser à transformer toute difficulté présente en ressource future.
Dans le cadre des organisations et des entreprises, le coaching vise principalement à encourager une posture de «manager coach». Cette approche permet de fédérer les équipes et d’harmoniser les valeurs personnelles avec celles de l’entreprise, favorisant ainsi la cohésion et une forte identification à la mission de l’entreprise. Cela permet également de piloter la performance avec un véritable sens.
Enfin, au niveau sociétal, et plus spécifiquement dans le contexte marocain, il est attendu de nous que nous évoluions vers une conscience collective plus efficace, en partant d’une conscience de soi. Cela permettrait de mobiliser les intelligences et les synergies nécessaires au développement que notre pays attend de nous aujourd’hui.
Quels sont les principaux défis que rencontre le secteur du coaching au Maroc aujourd’hui ?
Le premier défi majeur que l’on peut identifier est le positionnement de la profession de coach au sein des écosystèmes sociétal, économique, politique et éducatif, en tenant compte de tous les rôles et impacts potentiels évoqués précédemment.
Ensuite, le second défi réside dans la sélection du profil du coach professionnel. Qu’est-ce qu’un coach professionnel ? Quelle formation doit-il avoir suivie ? Est-il formé aux huit compétences clés du coaching, à la posture de coach, et à une hygiène de vie adéquate pour se préparer comme réceptacle et canal efficace dans la relation de coaching ? Il est important de rappeler qu’un coach professionnel doit avoir complété une formation de base en coaching, d’une durée d’une à deux années. La première année, centrée sur le coaching praticien, couvre les techniques d’accompagnement dans divers domaines de la vie, souvent désigné comme «life coaching» à l’international. La seconde année, ou phase de formation, se concentre sur les techniques et outils de coaching pour les équipes, les dirigeants et les organisations. Ainsi, le choix d’un coach reste un défi essentiel pour les professionnels, les individus et les groupes, ainsi que pour toute entité nécessitant l’accompagnement d’un coach. Il est essentiel de garder ces critères à l’esprit.
Le troisième défi concerne la délimitation du champ d’intervention du coach par rapport aux autres professions de l’aide. Il est important que la pratique du coaching respecte une déontologie rigoureuse. Un aspect fondamental de cette éthique est la capacité du coach à reconnaître ses limites et à savoir arrêter une séance lorsque le sujet abordé dépasse ses compétences. Pour rappel, le coach se concentre sur le présent et le futur, en travaillant sur le «comment», tandis que le thérapeute se penche sur le passé et le «pourquoi» des événements.
Enfin, le quatrième défi, tout aussi important, est la responsabilisation et la sensibilisation des clients et consommateurs de coaching, qu’ils soient individuels ou d’entreprises. Il s’agit de savoir comment choisir son coach, identifier la personne qui va accompagner le client, et comprendre la responsabilité personnelle dans l’utilisation de ce service de coaching.
À l’inverse, quelles opportunités ces défis pourraient-ils présenter pour les professionnels du coaching et pour la société dans son ensemble ?
En tant que profession émergente, le coaching est avant tout riche en opportunités. Chaque jour offre aux coachs la possibilité d’améliorer leurs outils d’intervention, d’enrichir leurs plateformes de co-développement et de repenser la manière de positionner leur métier. Cela est particulièrement pertinent au Maroc et à l’échelle africaine, où l’on observe un éveil des consciences, surtout depuis la crise du Covid-19. Cette période a incité les individus à s’autoriser davantage d’introspection et de réflexion sur soi, sur le but et le sens de la vie, le choix des relations, l’équilibre personnel, et même sur leur parcours professionnel. Des questions qui, autrefois, pouvaient sembler purement philosophiques ont désormais une place plus importante dans la vie quotidienne de chacun.
Ainsi, cette période représente une opportunité précieuse pour les coachs mais également pour l’humanité dans son ensemble. C’est une chance pour nous tous de renforcer cet éveil des consciences, de nourrir cette quête de sens, et de contribuer à la construction d’un Maroc qui s’apprête à accueillir deux grands événements, la CAN et la Coupe du Monde. Plus que jamais, le capital humain et l’élément humain sont au cœur de nos préoccupations.
La profession de coach est-elle suffisamment réglementée au Maroc ?
La réglementation de la profession de coach est un projet ambitieux qui a été lancé bien avant l’arrivée de l’actuel bureau de l’ICF Maroc. Un progrès remarquable a été réalisé jusqu’à présent, avec plusieurs dossiers déposés auprès des autorités compétentes et une sensibilisation active menée auprès des principaux acteurs de l’écosystème.
Cette démarche vise à faire connaître les contributions potentielles de l’association, reconnue comme la référence professionnelle pour le coaching au Maroc. Elle met également en avant l’importance d’une responsabilité partagée entre les coachs, les coachés, les institutions, les entreprises et les individus en général.
Quelles sont vos ambitions pour le développement du coaching professionnel au Maroc dans les prochaines années ?
Je ne suis pas certaine si c’est une ambition personnelle, celle de chaque coach praticien ou professionnel, ou bien celle de l’ICF Maroc à l’échelle nationale et internationale. Quoi qu’il en soit, la première ambition que nous pourrions partager est l’activation de l’intelligence spirituelle des praticiens et des bénéficiaires, afin que chaque situation devienne une opportunité d’apprentissage et une source de transcendance.
La deuxième ambition est de restaurer et de renforcer la confiance de l’ensemble de l’écosystème envers le métier de coach et le coaching professionnel, malgré certaines pratiques non éthiques qui peuvent survenir et ne respectent pas toujours la déontologie de la profession. Enfin, il est important de maintenir l’humain au centre de toutes les initiatives, réflexions et décisions.
Quelle empreinte souhaiteriez-vous laisser en tant que présidente actuelle de l’ICF Maroc après votre mandat ?
Honnêtement, l’empreinte que je souhaiterais, et que nous aimerions laisser en tant que bureau est de co-construire une plateforme de co-développement conçue par les coachs, pour les coachs. Peu importe le niveau de séniorité ou d’expérience, l’important est d’évoluer au sein d’une communauté professionnelle et engagée.
La deuxième empreinte serait d’avancer dans le chantier de la réglementation et de la régulation de notre métier, en bâtissant sur les efforts de nos prédécesseurs au sein de l’ICF Maroc. Enfin, nous voulons léguer une conscience profonde de la responsabilité humaine inhérente à cette mission de vie, au-delà d’un simple métier, car l’humain est sacré.
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