Accueil / Société

ICF Maroc : un regard exclusif sur l’évolution du coaching professionnel

Temps de lecture

Manal Dahouni Sefiani, présidente d'ICF Maroc. © DR

Dans une interview exclusive avec LeBrief, Manal Dahouni Sefiani, présidente d’ICF Maroc, consultante en stratégie, chercheuse en intelligence multiple en entreprise et coach certifié, met en lumière les développements et les défis du coaching professionnel au Maroc. Elle souligne la nécessité de renforcer la confiance dans le métier, et le rôle central de l’humain dans toutes les initiatives. Elle évoque également les progrès réalisés dans la réglementation de la profession et les ambitions futures pour le développement du coaching au Maroc, marquant ainsi 20 ans d’histoire et d’engagement pour positionner le coaching à la place qu’il mérite.

La Fédération internationale du coaching professionnel (ICF), présente dans plus de 140 pays et regroupant environ 60.000 coachs certifiés à travers le monde, joue un rôle important dans la promotion et le développement du coaching professionnel au Maroc.

Lire aussi : Promouvoir le coaching professionnel au Maroc, un challenge depuis 2 décennies…

Pensez-vous que le coaching puisse jouer un rôle important dans l’adaptation des compétences professionnelles aux transformations rapides du marché du travail marocain ?

Le coaching, et plus particulièrement le coaching professionnel, joue un rôle essentiel dans toute situation de questionnement et de recherche. En effet, le processus de coaching repose sur l’exploration profonde et le questionnement continu. Sur le plan individuel, il s’agit de déconstruire nos schémas de pensée pour mieux comprendre notre fonctionnement en tant qu’êtres humains. Cela inclut la réévaluation de nos objectifs, la manière dont nous les atteignons et leur adéquation avec notre bien-être personnel. Il s’agit également de s’autoriser à transformer toute difficulté présente en ressource future.

Dans le cadre des organisations et des entreprises, le coaching vise principalement à encourager une posture de «manager coach». Cette approche permet de fédérer les équipes et d’harmoniser les valeurs personnelles avec celles de l’entreprise, favorisant ainsi la cohésion et une forte identification à la mission de l’entreprise. Cela permet également de piloter la performance avec un véritable sens.

Enfin, au niveau sociétal, et plus spécifiquement dans le contexte marocain, il est attendu de nous que nous évoluions vers une conscience collective plus efficace, en partant d’une conscience de soi. Cela permettrait de mobiliser les intelligences et les synergies nécessaires au développement que notre pays attend de nous aujourd’hui.

Quels sont les principaux défis que rencontre le secteur du coaching au Maroc aujourd’hui ?

Le premier défi majeur que l’on peut identifier est le positionnement de la profession de coach au sein des écosystèmes sociétal, économique, politique et éducatif, en tenant compte de tous les rôles et impacts potentiels évoqués précédemment.

Ensuite, le second défi réside dans la sélection du profil du coach professionnel. Qu’est-ce qu’un coach professionnel ? Quelle formation doit-il avoir suivie ? Est-il formé aux huit compétences clés du coaching, à la posture de coach, et à une hygiène de vie adéquate pour se préparer comme réceptacle et canal efficace dans la relation de coaching ? Il est important de rappeler qu’un coach professionnel doit avoir complété une formation de base en coaching, d’une durée d’une à deux années. La première année, centrée sur le coaching praticien, couvre les techniques d’accompagnement dans divers domaines de la vie, souvent désigné comme «life coaching» à l’international. La seconde année, ou phase de formation, se concentre sur les techniques et outils de coaching pour les équipes, les dirigeants et les organisations. Ainsi, le choix d’un coach reste un défi essentiel pour les professionnels, les individus et les groupes, ainsi que pour toute entité nécessitant l’accompagnement d’un coach. Il est essentiel de garder ces critères à l’esprit.

Le troisième défi concerne la délimitation du champ d’intervention du coach par rapport aux autres professions de l’aide. Il est important que la pratique du coaching respecte une déontologie rigoureuse. Un aspect fondamental de cette éthique est la capacité du coach à reconnaître ses limites et à savoir arrêter une séance lorsque le sujet abordé dépasse ses compétences. Pour rappel, le coach se concentre sur le présent et le futur, en travaillant sur le «comment», tandis que le thérapeute se penche sur le passé et le «pourquoi» des événements.

Enfin, le quatrième défi, tout aussi important, est la responsabilisation et la sensibilisation des clients et consommateurs de coaching, qu’ils soient individuels ou d’entreprises. Il s’agit de savoir comment choisir son coach, identifier la personne qui va accompagner le client, et comprendre la responsabilité personnelle dans l’utilisation de ce service de coaching.

À l’inverse, quelles opportunités ces défis pourraient-ils présenter pour les professionnels du coaching et pour la société dans son ensemble ?

En tant que profession émergente, le coaching est avant tout riche en opportunités. Chaque jour offre aux coachs la possibilité d’améliorer leurs outils d’intervention, d’enrichir leurs plateformes de co-développement et de repenser la manière de positionner leur métier. Cela est particulièrement pertinent au Maroc et à l’échelle africaine, où l’on observe un éveil des consciences, surtout depuis la crise du Covid-19. Cette période a incité les individus à s’autoriser davantage d’introspection et de réflexion sur soi, sur le but et le sens de la vie, le choix des relations, l’équilibre personnel, et même sur leur parcours professionnel. Des questions qui, autrefois, pouvaient sembler purement philosophiques ont désormais une place plus importante dans la vie quotidienne de chacun.

Ainsi, cette période représente une opportunité précieuse pour les coachs mais également pour l’humanité dans son ensemble. C’est une chance pour nous tous de renforcer cet éveil des consciences, de nourrir cette quête de sens, et de contribuer à la construction d’un Maroc qui s’apprête à accueillir deux grands événements, la CAN et la Coupe du Monde. Plus que jamais, le capital humain et l’élément humain sont au cœur de nos préoccupations.

La profession de coach est-elle suffisamment réglementée au Maroc ?

La réglementation de la profession de coach est un projet ambitieux qui a été lancé bien avant l’arrivée de l’actuel bureau de l’ICF Maroc. Un progrès remarquable a été réalisé jusqu’à présent, avec plusieurs dossiers déposés auprès des autorités compétentes et une sensibilisation active menée auprès des principaux acteurs de l’écosystème.

Cette démarche vise à faire connaître les contributions potentielles de l’association, reconnue comme la référence professionnelle pour le coaching au Maroc. Elle met également en avant l’importance d’une responsabilité partagée entre les coachs, les coachés, les institutions, les entreprises et les individus en général.

Quelles sont vos ambitions pour le développement du coaching professionnel au Maroc dans les prochaines années ?

Je ne suis pas certaine si c’est une ambition personnelle, celle de chaque coach praticien ou professionnel, ou bien celle de l’ICF Maroc à l’échelle nationale et internationale. Quoi qu’il en soit, la première ambition que nous pourrions partager est l’activation de l’intelligence spirituelle des praticiens et des bénéficiaires, afin que chaque situation devienne une opportunité d’apprentissage et une source de transcendance.

La deuxième ambition est de restaurer et de renforcer la confiance de l’ensemble de l’écosystème envers le métier de coach et le coaching professionnel, malgré certaines pratiques non éthiques qui peuvent survenir et ne respectent pas toujours la déontologie de la profession. Enfin, il est important de maintenir l’humain au centre de toutes les initiatives, réflexions et décisions.

Quelle empreinte souhaiteriez-vous laisser en tant que présidente actuelle de l’ICF Maroc après votre mandat ?

Honnêtement, l’empreinte que je souhaiterais, et que nous aimerions laisser en tant que bureau est de co-construire une plateforme de co-développement conçue par les coachs, pour les coachs. Peu importe le niveau de séniorité ou d’expérience, l’important est d’évoluer au sein d’une communauté professionnelle et engagée.

La deuxième empreinte serait d’avancer dans le chantier de la réglementation et de la régulation de notre métier, en bâtissant sur les efforts de nos prédécesseurs au sein de l’ICF Maroc. Enfin, nous voulons léguer une conscience profonde de la responsabilité humaine inhérente à cette mission de vie, au-delà d’un simple métier, car l’humain est sacré.

Dernier articles
Les articles les plus lu

27.500 enfants en situation de handicap ont été scolarisés en 2024 (Naima Ben Yahya)

Société - La ministre de la Solidarité Naima Ben Yahya a annoncé que 19.000 personnes ont bénéficié d’aides techniques et médicales.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

La DGSSI alerte les bénéficiaires de l’aide sociale

Société - Ce faux site incite les utilisateurs à fournir des informations personnelles sensibles, notamment le numéro de la CIN ou de la carte bancaire.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Smeia et BMW : partenaires officiels du FIFM

Société - Smeia, importateur exclusif de BMW au Maroc, célèbre sa 9ᵉ année en tant que transporteur officiel du FIFM.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Immigration en Italie : les Marocains en 3e position

Société - Avec 342.469 ressortissants en 2023, les Marocains représentent 7,8% de la population étrangère en Italie.

Farah Nadifi - 3 décembre 2024

Le 1er Joumada II de l’an 1446 de l’Hégire, c’est aujourd’hui !

Société - Le 1er Joumada II de l'an 1446 de l'Hégire correspond au mardi 3 décembre 2024, a annoncé lundi le ministère des Habous et des Affaires islamiques.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Sekkouri présente une version modifiée du projet de loi sur le droit de grève

Société - Younès Sekkouri, annonce la suppression des articles interdisant la grève politique, alternée et solidaire.

Mbaye Gueye - 2 décembre 2024

Le Groupe scolaire de Bourgogne ferme son établissement sans préavis

Société - La fermeture du groupe scolaire est attribuée à des problèmes juridiques signalés dès le début de l’année scolaire.

Mbaye Gueye - 2 décembre 2024

Al Haouz : 2,7 MMDH déjà versés pour la reconstruction

Société - Aziz Akhannouch, a présidé la 13ᵉ réunion de la Commission interministérielle dédiée au programme de reconstruction et de réhabilitation des zones sinistrées par le séisme d’Al Haouz.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024
Voir plus

La femme marocaine en chiffres (HCP)

Société - Le HCP a publié un rapport sur la situation de la femme marocaine à l'occasion de la Journée nationale de la femme.

Atika Ratim - 11 octobre 2023

Mariage mixte : la grande épreuve

Les différences culturelles rendent les mariages mixtes compliqués. Lire tous les différents cas de figure correspondant à un mariage mixte.

Hafid El Jaï - 29 mai 2021

Radars fixes : 270 millions gaspillés, une enquête en cours

Société - La BNPJ enquête sur les anomalies relevées par la Cour des comptes concernant le marché public de radars fixes.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

IDH 2021 : le Maroc 123e sur 191 pays

Société - Selon le rapport 2022 sur le développement humain du PNUD, l’IDH est en déclin dans les quatre coins du globe.

J.R.Y - 9 septembre 2022

Horaires des prières à Agadir

Société - Bienvenue sur notre article consacré aux horaires de prière à Agadir ! Ici, nous fournirons l’heure exacte pour chaque prière

Rédaction LeBrief - 29 octobre 2023

Fêtes et vacances en 2024 : spiritualité, histoire et répit

Société - Le Maroc, riche en diversité culturelle et spirituelle, puise son essence dans ses fêtes religieuses et civiles.

Nora Jaafar - 5 janvier 2024

DGSN 2024 : sécurité renforcée et révolution numérique

Société - L’année 2024 a marqué un tournant significatif pour la DGSN, avec des réalisations notables dans les domaines de la sécurité, des services publics et de la transformation numérique.

Ilyasse Rhamir - 25 décembre 2024

Réda Berrehili : portrait d’un visionnaire de l’innovation et de l’investissement

Société - Réda Berrehili, entrepreneur et investisseur marocain, façonne l'avenir de l'innovation technologique.

Chaima Aberni - 17 mai 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire