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Devant la Chambre des conseillers, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique, a fait le point sur les avancées remarquables de la stratégie nationale d’hydrogène vert. Cinq mois après le déploiement de «l’Offre Maroc», initiative phare pour le développement de ce secteur prometteur, la ministre a offert un premier bilan encourageant.
L’engouement est palpable : près de cent investisseurs, tant marocains qu’internationaux, ont déjà manifesté leur intérêt, attirés par des incitations attractives couvrant l’investissement, la fiscalité, les douanes et un soutien personnalisé aux porteurs de projets. Et pour soutenir cette dynamique, le gouvernement a identifié un million d’hectares de foncier, dont 300.000 hectares sont d’ores et déjà disponibles pour les investisseurs. Ces terres, réparties sur cinq régions stratégiques du Royaume, sont dotées d’un potentiel exceptionnel pour la production d’hydrogène vert.
Leila Benali a également souligné l’impact positif attendu sur le développement local : création d’emplois, transition vers une économie durable et renforcement des capacités régionales. Le Maroc, grâce à cette stratégie ambitieuse, aspire à devenir un leader dans la filière, en développant un écosystème complet, depuis la fabrication des électrolyseurs jusqu’à l’exportation, sans oublier l’émergence d’applications innovantes de l’hydrogène vert.
Un leader en devenir dans la production d’ammoniac vert
Le dynamisme du secteur de l’hydrogène vert au Maroc s’illustre parfaitement dans l’industrie chimique, avec la production d’ammoniac vert prévue pour jouer un rôle de premier plan. Ce gaz, essentiel à la fabrication d’engrais azotés et d’autres produits chimiques, est en passe de devenir un substitut au gaz naturel. Selon les déclarations de la ministre, cette évolution s’ancre solidement dans la stratégie d’investissement écologique du groupe OCP. En effet, le géant marocain des phosphates envisage de produire un million de tonnes d’ammoniac vert d’ici à 2027, avec l’ambition d’augmenter cette capacité à trois millions de tonnes à l’horizon 2032.
Cette transition énergétique a reçu un coup d’accélérateur notable peu après le lancement de l’initiative «Offre Maroc». L’OCP, en collaboration avec l’entreprise australienne Fortescue, a annoncé une joint-venture prometteuse. Cette collaboration vise à développer et à fournir de l’hydrogène vert, de l’ammoniac vert et des engrais verts, non seulement pour le marché marocain, mais aussi pour l’Europe et d’autres marchés internationaux.
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L’industrie marocaine s’engage vers la décarbonation et l’innovation
Au-delà de l’OCP, qui joue un rôle pivot dans la constitution d’un marché local d’hydrogène vert, d’autres secteurs industriels marocains envisagent également d’embrasser cette révolution énergétique. Leila Benali a mis en lumière le potentiel de l’hydrogène vert dans les industries à forte intensité énergétique, telles que la métallurgie et la sidérurgie. Elle a souligné que l’élimination du charbon est une étape importante pour la transition énergétique et la décarbonation de ces industries.
«Plusieurs aciéries ont déjà exprimé leur intérêt pour des processus de production plus écologiques, incluant l’utilisation d’hydrogène vert et de ses dérivés ainsi que d’autres énergies renouvelables», a déclaré la ministre. Cette évolution est d’autant plus pertinente que l’Union européenne prévoit d’introduire un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), qui obligera les industries hors de ses frontières à réduire leur empreinte carbone pour accéder au marché européen.
Dans ce contexte, une innovation particulière pourrait révolutionner la production d’acier au Maroc : l’utilisation de l’hydrogène vert pour la réduction du minerai de fer, remplaçant ainsi le coke issu du charbon. Cette méthode promet non seulement de réduire drastiquement les émissions de CO2, mais également de positionner l’industrie marocaine en avant-garde de la production d’acier vert sur la scène internationale.
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Une révolution écologique pour les transports maritimes et au-delà
Leila Benali a également mis en avant le potentiel du méthanol vert comme carburant alternatif pour le secteur des transports, couvrant les domaines routier, aérien, ferroviaire et surtout maritime. Ce biocarburant, obtenu par la synthèse de l’hydrogène vert et du dioxyde de carbone —capté directement de l’air ou des émissions industrielles—, représente une avancée écologique. Dans un réacteur, ces deux composants se combinent pour produire du méthanol, une alternative durable aux carburants fossiles.
Bien que cette technologie en soit encore à ses débuts et soit considérée comme expérimentale, elle est vue comme l’une des solutions les plus prometteuses pour la décarbonation du transport maritime. C’est l’un des plus grands contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre à l’échelle globale. Le développement du méthanol vert pourrait donc jouer un rôle essentiel dans la réduction de l’impact environnemental du secteur des transports, alignant les pratiques industrielles avec les objectifs mondiaux de durabilité.
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Un levier de puissance dans la nouvelle géopolitique énergétique mondiale
Les pays comme l’Allemagne et le Japon, dépendants des importations, renforcent leur diplomatie autour de l’hydrogène pour sécuriser leur approvisionnement. La production d’hydrogène, accessible techniquement, est moins susceptible d’être monopolisée par un cartel, offrant une opportunité de rééquilibrer la sécurité énergétique mondiale.
Sur la scène internationale, l’hydrogène vert est intégré dans des initiatives d’infrastructure concurrentes, illustrant les rivalités entre grandes puissances. L’Union européenne a alloué un milliard d’euros pour le développement de l’énergie verte au Maghreb, complémenté par des promesses bilatérales.
Le Maroc, avec une stratégie claire et proactive, soutient ses ambitions via des partenariats, comme celui initié avec la France pour renforcer la recherche dans les technologies vertes. Ce mouvement est essentiel pour répondre aux défis du changement climatique et pour promouvoir une économie mondiale plus durable, tout en positionnant le Maroc comme un leader dans l’économie de l’hydrogène décarboné.
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