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Hydrocarbures : capacité, coûts et concurrence au premier trimestre 2024

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Carburants. © DR

À l’heure où les marchés mondiaux des hydrocarbures se montrent aussi fluctuants que stratégiques, le dernier rapport du Conseil de la Concurrence offre un éclairage indispensable sur les dessous du secteur pétrolier marocain. Au premier trimestre de 2024, les géants de l’énergie confrontés à des accusations anticoncurrentielles ont navigué entre augmentation des coûts, stratégies de cession complexées, et défis de distribution.

Le Conseil de la concurrence a publié son rapport trimestriel de l’année, focalisé sur l’activité des neuf sociétés pétrolières engagées dans la distribution des hydrocarbures, suite à des pratiques jugées anticoncurrentielles. Ce document détaillé couvre l’approvisionnement, le stockage, et la distribution du gasoil et de l’essence pour les trois premiers mois de 2024.

Le rapport est divisé en trois sections. Il commence par une évaluation des indicateurs économiques des entreprises concernées, mettant en lumière des éléments tels que les ventes, la part de marché relative aux importations, ainsi que les capacités de stockage et de distribution.

La deuxième partie du rapport se penche sur les relations entre les prix internationaux des carburants, les coûts d’achat effectifs et les prix de vente moyens au niveau national durant cette période, offrant un éclairage précis sur les dynamiques de prix qui régissent le marché marocain.

La dernière section examine l’évolution des marges brutes au sein de ces entreprises durant le trimestre, fournissant une perspective critique sur la rentabilité et les stratégies de prix adoptées par ces acteurs du secteur pétrolier.

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Croissance des importations et impact fiscal

Le rapport du Conseil détaille également une augmentation notable dans le volume et la valeur des importations de carburants. Début 2024, le Royaume comptait 29 sociétés autorisées à importer des produits pétroliers liquides. Le volume total des importations a atteint 1,47 million de tonnes, correspondant à une valeur de 12,89 milliards de DH (MMDH), en hausse de 9,1% en volume et de 0,9% en valeur par rapport à l’année précédente. Le gasoil a dominé ces importations, représentant près de 91% du total en volume et en valeur.

Le rôle des sociétés de distribution dans ce contexte est particulièrement prépondérant, avec des importations qui représentent environ 87% du total en volume et en valeur, notant une augmentation de 5% en volume pour le gasoil. Cependant, les importations d’essence ont vu une diminution de 4,6%, illustrant des tendances divergentes dans la gestion des différents types de carburants sur le marché.

Au premier trimestre de 2024, les recettes fiscales découlant de l’importation du gasoil et de l’essence ont grimpé à près de 6,45 MMDH, enregistrant une augmentation de 6,7% par rapport à l’année précédente. Ce bond est essentiellement dû à une hausse des volumes importés, ce qui a généré une augmentation notable des recettes provenant de la Taxe intérieure de consommation (TIC), lesquelles ont atteint 4,65 MMDH, soit 72% du total des recettes fiscales. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) liée à ces importations a contribué à hauteur de 1,8 MMDH.

Expansion et stabilité du marché des hydrocarbures

À la clôture du T1 2024, la capacité de stockage total disponible a franchi le seuil des 1,50 million de tonnes, marquant une augmentation de 16% par rapport à la fin de l’année 2023. Les neuf sociétés évaluées dans le rapport contrôlent une capacité combinée de 1,2 million de tonnes, 86% de cette capacité étant affectée au gasoil, ce qui représente 80% de la capacité totale nationale.

Durant cette même période, le marché de la distribution de carburants n’a pas accueilli de nouveaux acteurs, le nombre d’opérateurs agréés restant stable à 35. Les ventes totales de gasoil et d’essence, à l’exception du carburant marin, réalisées par les sociétés couvertes par ce rapport, ont atteint environ 1,7 milliard de litres, en hausse de 4,6% en comparaison annuelle. Sur le plan financier, le chiffre d’affaires a grimpé à 18,98 MMDH, affichant une croissance modeste de près de 1% par rapport au premier trimestre de l’année précédente.

Le gasoil a maintenu sa prédominance sur le marché, constituant 86% des volumes vendus et 85% des recettes. L’analyse détaillée révèle que les stations-service ont absorbé approximativement 70% du volume total des ventes, tandis que le segment B to B, qui regroupe les clients professionnels, a compté pour les 30% restants des ventes de ces hydrocarbures.

Lire aussi : Prix carburants : quand le pétrole met le feu à l’économie

Croissance du réseau de stations-service et volatilité des prix

Le secteur des stations-service a connu une expansion notable au premier trimestre de 2024, avec un total de 3.411 points de vente opérationnels à la fin du mois de mars, représentant une augmentation de 61 nouvelles stations. Parmi elles, les neuf entreprises principales dans ce rapport gèrent 2.515 stations, soit 74% du réseau national. Cela représente une croissance de 24 stations depuis la fin de l’année 2023, où le total s’élevait à 2.491.

Le rapport met en lumière des fluctuations notables des prix CIF — incluant tous les coûts nécessaires pour transporter les produits importés jusqu’aux ports — et des prix de vente au détail des carburants. Pour le gasoil, les variations des prix CIF ont augmenté de 0,5 DH par litre durant le trimestre, tandis que le prix de vente au détail a légèrement diminué de 0,21 DH par litre.

En ce qui concerne l’essence, la hausse moyenne des prix CIF a été de 1,15 DH par litre, contrastant avec une quasi-stabilité des prix de vente, qui ont subi une très légère baisse de 0,06 DH par litre. Au total, le prix CIF moyen pour l’essence a atteint 8,11 DH par litre, tandis que le prix de vente moyen a oscillé autour de 14,77 DH par litre.

Ces données indiquent une période de volatilité modérée dans le secteur des carburants, où les ajustements des prix CIF n’ont pas toujours trouvé une répercussion directe sur les tarifs pratiqués aux pompes, soulignant une dynamique complexe entre les coûts d’importation et les stratégies de prix au niveau national.

Analyse des coûts et des prix de cession

Une analyse a été menée pour évaluer la relation entre les cotations internationales CIF, les coûts d’achat, et les prix de cession sur le marché marocain pour les neuf principales sociétés distributrices de carburants. Les résultats montrent que le coût d’achat moyen pondéré du gasoil se situait à 10,18 DH par litre, fluctuant entre un minimum de 10,00 DH/L et un maximum de 10,34 DH/L. Pour l’essence, le coût moyen était de 10,86 DH/L, avec une variation de 10,69 DH/L à 11,18 DH/L.

La période a vu une légère hausse de 0,15 DH dans le coût d’achat du gasoil, mais les prix de cession sont restés relativement stables, se situant autour de 11,40 DH/L après une petite baisse initiale. En ce qui concerne l’essence, bien que les coûts d’achat aient grimpé de 0,55 DH, les prix de cession ont maintenu un plateau à environ 12,72 DH/L.

L’analyse des variations trimestrielles des cotations CIF, des coûts d’achat et des prix de cession a mis en lumière des tendances divergentes. Une augmentation des cotations internationales a eu un impact modéré sur les coûts d’achat, tandis que les prix de cession ont légèrement diminué, illustrant une déconnexion entre les coûts et les prix finaux sur le marché.

Lire aussi : Reporting : le Conseil de la concurrence examine les distributeurs de carburants

Étude des marges commerciales brutes

L’analyse des marges commerciales brutes moyennes, ajustées selon les parts de marché de chaque société pour le gasoil et l’essence au premier trimestre de 2024, révèle des dynamiques intéressantes. La marge brute moyenne pour le gasoil était de 1,46 DH/L, avec des fluctuations allant de 1,24 DH/L à 1,69 DH/L. Pour l’essence, les marges variaient entre 1,76 DH/L et 2,26 DH/L.

La tendance des marges brutes pour le gasoil a montré une baisse progressive, commençant à 1,69 DH/L et tombant à 1,24 DH/L vers la fin du trimestre. À l’inverse, les marges pour l’essence ont d’abord augmenté, atteignant un pic à 2,26 DH/L, avant de chuter à 1,76 DH/L. Ces variations reflètent une gestion complexe des prix face aux fluctuations du marché et aux pressions internationales, soulignant les défis auxquels sont confrontées les sociétés de distribution dans l’ajustement de leurs stratégies de prix pour maintenir la rentabilité.

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