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Le Haut-Commissariat au plan (HCP) a dévoilé, mardi 11 juillet, le budget économique exploratoire 2024, qui présente une révision de la croissance économique nationale en 2023, ainsi que les perspectives pour l’année 2024. Ce document tient compte des agrégats provisoires, arrêtés par la comptabilité nationale pour l’année 2022, des résultats des enquêtes trimestrielles et des travaux de suivi et d’analyse de conjoncture menés par le HCP durant le premier semestre de l’année en cours.
Situation économique au Maroc en 2023
La croissance prévue à 3,3% en 2023
Selon le HCP, la croissance de l’économie nationale devrait s’établir à 3,3% en 2023, après une forte décélération de 1,3% enregistrée en 2022. Cette croissance, réalisée compte tenu d’une progression de 2,9% des impôts et taxes sur les produits nets de subventions, serait soutenue principalement par les activités primaires et tertiaires.
Pour l’inflation, exprimée par l’indice implicite du PIB (produit intérieur brut), elle devrait connaitre un ralentissement à près de 2,8% au lieu de 3,1% en 2022, indique la même source.
Au détail, le document fait ressortir que l’amélioration tardive des conditions climatiques durant la campagne agricole 2022/2023 après une période relativement sèche, devrait compenser le déficit hydrique affiché au début de la saison et améliorer légèrement les retenues des principaux barrages nationaux.
Ces conditions, poursuit la même source, devraient être légèrement bénéfiques à la production céréalière estimée à 55,1 millions de quintaux (Mqx), en accroissement de 62% par rapport à la campagne précédente. Mais, elles devraient être plutôt favorables pour le renforcement de la production maraichère et arboricole, notamment la production agrumicole, oléicole et dattière.
En dépit de l’amélioration du couvert végétal et de la bonne tenue attendue des cultures fourragères, l’activité de l’élevage devrait être confrontée à la baisse de l’effectif du cheptel, sous l’effet de la succession des années de sécheresse conjuguée au renchérissement des coûts de production, relève le HCP. Il estime que cette situation devrait nécessiter un recours massif à l’importation des bovins et des ovins afin de satisfaire la demande locale.
Ainsi, la valeur ajoutée (VA) agricole devrait connaître une amélioration de 6,7% en 2023 après une baisse brutale de 12,9% en 2022. Compte tenu d’une évolution de 5,3% de l’activité de la pêche maritime, le secteur primaire devrait enregistrer une hausse de 6,6%.
S’agissant des activités non agricoles, elles devraient profiter de la dynamique des activités tertiaires. Néanmoins, elles resteraient affectées par le ralentissement de la demande étrangère et par le maintien du niveau élevé des prix des matières premières.
La croissance des industries manufacturières devrait connaitre une amélioration modeste à 1,1%. L’activité des industries agroalimentaires devrait, quant à elle, décélérer sous l’effet du ralentissement des exportations des fruits et des produits de la mer.
Aussi, l’activité textile connaîtrait une perte de vitesse liée à la décélération des exportations des vêtements confectionnés et des articles de bonneterie. L’industrie du matériel de transport devrait, de son côté, poursuivre son élan profitant de l’amélioration continue de la demande extérieure.
En revanche, l’activité des industries chimiques devrait continuer de subir l’impact de la baisse de la demande extérieure pour les engrais phosphatés entamée depuis mi-2022, notamment de l’Inde et du Brésil. La torpeur de l’activité minière liée à la faible demande extérieure adressée aux produits de phosphate roche devrait s’atténuer, amortie par le maintien du niveau élevé de leurs cours à l’export.
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Pour ce qui est du secteur du BTP (bâtiment et travaux publics), il devrait poursuivre son essoufflement, avec une croissance timide de 0,4% en 2023. Cette situation résulte du renchérissement des coûts de construction et du foncier, ainsi que du durcissement des conditions de financement affaiblissant la demande des particuliers pour les biens immobiliers.
Néanmoins, la branche des travaux publics devrait compenser en partie la baisse du secteur du bâtiment, bénéficiant de l’accroissement de l’enveloppe des investissements publics destinée à l’infrastructure.
Dans ces conditions, le secteur secondaire devrait dégager une VA en légère hausse de 0,3% en 2023.
Par ailleurs, le HCP prévoit que la reprise des activités touristiques en expansion remarquable et du transport aérien et l’aboutissement de leur processus de rattrapage, devraient contribuer à la hausse de la VA des services marchands de 4,2% en 2023.
Cette bonne dynamique du secteur touristique est attribuable à la reprise du tourisme mondial, au renforcement de la notoriété de la destination «Maroc» grâce à l’exploit des Lions de l’Atlas dans la Coupe du monde et au succès de la campagne «Maroc terre de lumière» lancée par l’Office national marocain du tourisme (ONMT).
Ainsi, le trafic aérien devrait être dynamique en 2023, en lien avec la reprise des activités touristiques. Toutefois, le transport maritime devrait connaitre une contraction, sur fond du ralentissement des échanges extérieurs notamment des exportations de phosphate et ses produits dérivés. Les autres services marchands devraient évoluer à un rythme modéré en lien avec une demande intérieure en légère reprise.
Concernant les services non marchands, ils devraient continuer d’afficher une croissance soutenue par suite de l’accroissement des dépenses du personnel de l’administration publique. Globalement, le secteur tertiaire devrait s’accroitre de 4,2% en 2023, contribuant ainsi positivement à la croissance du PIB de 2,3 points.
S’agissant du marché du travail, il serait, d’après le HCP, marqué par une baisse continue du taux d’activité de 0,8% en 2023 après un recul de 2,2% en 2022. Ainsi, et tenant compte d’une hausse prévisible de la création nette d’emploi, le taux de chômage sur le plan national devait connaitre une quasi-stagnation à 12,2% en 2023.
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La demande intérieure en hausse de 0,9% en 2023
Le rapport du HCP fait savoir que la demande intérieure devrait connaitre un accroissement de 0,9% en 2023. Cette demande contribuerait ainsi positivement d’un point à la croissance du PIB au lieu d’une contribution négative de 1,7 point enregistrée en 2022.
Malgré la persistance des niveaux élevés des prix, la consommation des ménages devrait s’améliorer légèrement de 0,8% sur fond d’affermissement des revenus agricoles et du maintien du rythme évolutif des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), relève la même source.
Avec une consolidation de 3,5% des dépenses de consommation de l’administration publique, la consommation finale nationale s’accroitrait de 1,5%, contribuant de 1,2 point à la croissance économique en 2023.
En outre, l’institution des statistiques souligne que la poursuite du resserrement de la politique monétaire et du maintien de l’inflation dans cette conjoncture marquée par une forte incertitude relative aux perspectives économiques devrait limiter
l’expansion de l’investissement privé. Néanmoins, l’accroissement des dépenses d’investissement public, traduisant la poursuite des efforts de soutien de l’économie, devrait limiter la baisse de l’investissement brut à 0,6% en 2023.
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Par ailleurs, ce budget économique exploratoire précise que le ralentissement de la demande étrangère suite à la décélération de l’activité économique des principaux partenaires commerciaux devrait limiter l’expansion de l’offre exportable nationale.
L’évolution des exportations serait attribuable principalement à la bonne performance des secteurs des métiers mondiaux, notamment le segment de l’automobile, et à l’amélioration des exportations agroalimentaires et textiles.
Cependant, les exportations du phosphate et de ses produits dérivés devraient connaître une atténuation de leur baisse. Cette tendance s’explique par une réorientation de la demande adressée au Maroc à ces produits, ainsi que par le maintien d’un niveau de prix sur les marchés mondiaux largement supérieur à la moyenne enregistrée sur la période 2015-2019.
Aussi, la note soulève que les retombées négatives de la succession des années de sècheresse et de l’épisode inflationniste devraient accroitre le recours aux marchés étrangers pour satisfaire les besoins de l’économie nationale en produits alimentaires et en animaux vivants. En outre, les incertitudes quant aux perspectives économiques conjuguées à un ralentissement plus lent que prévu de l’inflation devraient limiter l’accroissement des importations en produits d’équipement et en demi-produits.
Tenant compte du niveau des cours internationaux, le déficit commercial devrait s’inscrire en atténuation en 2023 pour atteindre 21,8% du PIB, prévoit le HCP. Et, de noter que la bonne tenue des échanges de services notamment ceux du transport et du voyage devrait contribuer à l’allégement du déficit en ressources qui devrait avoisiner 10,5% du PIB.
De surcroit, la poursuite de la tendance haussière des transferts des MRE devrait atténuer le déficit courant de 2,7 points pour atteindre 0,8% du PIB au lieu de 3,5% enregistré en 2022.
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Le déficit budgétaire prévu à 4,8% en 2023
S’agissant du déficit budgétaire, il devrait enregistrer un allègement à 4,8% en 2023, compte tenu de l’évolution des dépenses et recettes ordinaires et de celles des dépenses d’investissement représentant près de 6,5% du PIB durant la même année, d’après le HCP.
«La situation des finances publiques devrait se caractériser en 2023 par la poursuite de l’amélioration des équilibres budgétaires en dépit du contexte économique difficile. Ainsi, la performance des recettes de l’État, soutenues par la dynamique des composantes fiscale et non fiscale, devrait compenser la hausse des dépenses ordinaires», souligne le rapport.
Toutefois, cette situation demeure confrontée aux risques d’augmentation des dépenses relatives au soutien du pouvoir d’achat, relève la même source.
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Au détail, les recettes ordinaires devraient afficher une évolution positive en 2023 pour atteindre 22,7% du PIB au lieu de la moyenne de 20,4% enregistrée entre 2014 et 2022.
À l’exception du recul des recettes de l’impôt sur les sociétés (IS), qui ont marqué une progression remarquable en 2022, les autres composantes fiscales devraient profiter des hausses significatives des entrées au titre de l’impôt sur le revenu (IR), de la taxe intérieure de consommation (TIC), ainsi que de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et des droits de douane qui devraient s’améliorer en 2023.
Dans ce sillage, le HCP indique que les efforts de restauration des marges budgétaires devraient être consolidés également par la poursuite de la mobilisation des recettes non fiscales qui devraient atteindre près de 3,8% du PIB. Cette évolution serait attribuable à la hausse des autres recettes, notamment celles au titre des mécanismes innovants de financement.
Par ailleurs, les dépenses totales devraient avoisiner 27,9% du PIB, suite à la poursuite de l’orientation de la politique de l’État en matière de dépenses, notamment celles relatives aux mesures conjoncturelles pour faire face à la hausse des prix, aux réformes sociales, et à la promotion des investissements.
En effet, les dépenses ordinaires devraient s’établir à près de 21,4% du PIB, en augmentation de 2,1 points du PIB par rapport à la moyenne annuelle enregistrée entre 2014 et 2022. Ces dépenses devraient s’accentuer suite à la hausse attendue des dépenses des biens et services qui devraient atteindre près de 16,6% du PIB. En revanche, les dépenses de la compensation reculeraient à 2,7% du PIB contre 3,2% du PIB en 2022, sous l’effet de la baisse des prix des matières premières sur le marché international notamment ceux du blé tendre et du gaz naturel.
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Perspectives de l’économie nationale en 2024
Le HCP table sur une croissance de 3,6% en 2024
Selon l’institution marocaine des statistiques, le PIB devrait enregistrer une croissance de 3,6% en 2024, et ce, compte tenu d’une évolution de 4,1% des impôts et taxes sur produits nets de subventions.
Ces perspectives économiques pour l’année prochaine sont établies sur la base des hypothèses portant essentiellement sur un redressement de l’économie mondiale, induisant un regain de croissance de la demande étrangère adressée au Maroc et sur une atténuation des niveaux élevés des prix des matières premières à l’échelle mondiale, explique le document.
Et, de poursuivre que ces prévisions se basent sur un scénario d’une production céréalière moyenne durant la campagne agricole 2023/2024, et tiennent compte également de la reconduction de la politique budgétaire en vigueur durant l’année 2023.
Ainsi, le secteur agricole devrait dégager une hausse de 8,3% en 2024, confortée par la consolidation de la production végétale et le redressement attendu de l’activité de l’élevage, estime le HCP. De leur côté, les activités non agricoles devraient maintenir leur taux de croissance à près de 2,9% en 2024.
Quant au secteur secondaire, il devrait être marqué par un regain du dynamisme, non seulement pour le secteur minier et énergétique, mais également pour les industries de transformation et du BTP. Ainsi, sa VA devrait afficher un accroissement de 2% en 2024.
De son côté, le secteur minier, qui avait affiché une contreperformance de son activité depuis 2022, devrait connaître une hausse de sa VA de 1,6% en 2024, profitant de la demande extérieure, notamment en provenance de l’Inde et du Brésil, dans le contexte d’une baisse prévue des cours du phosphate et ses dérivés à l’échelle internationale.
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Concernant le secteur du BTP, sa VA devrait s’accroître à un rythme plus soutenu que celui enregistré en 2023, à la faveur de l’apaisement attendu des prix des matériaux de construction, de la consolidation de l’investissement public et des mesures relatives au soutien à l’acquisition des logements.
Pour ce qui est des services marchands, tirés par la reprise de la demande intérieure, ils devraient enregistrer une croissance de 3,1% en 2024, notamment sous l’effet du raffermissement de la performance de l’activité touristique, du commerce et du transport ainsi que de l’amélioration des activités financières.
Corrélé à l’activité touristique, le transport aérien devrait, pour sa part, continuer d’enregistrer une croissance soutenue en 2024.
De même, le transport maritime devrait tirer profit de la dynamique des échanges commerciaux extérieurs, en particulier du redressement prévu des exportations de phosphate et de ses dérivés. De son côté, l’activité du commerce devrait afficher une bonne tenue en 2024 stimulée par l’accroissement de la demande intérieure, la poursuite de la performance du tissu productif national, et la décélération de l’inflation, enregistrant ainsi une croissance de 1,8% en 2024.
Aux prix courants, le PIB devrait afficher une progression de 5,5%, prévoit le HCP. L’inflation devrait ainsi ralentir à 1,8% en 2024.
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