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Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) vient de publier les résultats des comptes nationaux pour le deuxième trimestre 2024. Des données qui dressent la dynamique économique du pays, qui affiche une croissance modérée, mais continue. Cependant, cette progression s’accompagne de défis structurels et sectoriels qui nécessitent une attention particulière.
En effet, la croissance économique du Royaume, bien que positive, est en grande partie tirée par la demande intérieure dans un contexte de maîtrise de l’inflation. Elle reste néanmoins freinée par des contre-performances dans certains secteurs clés, comme l’agriculture et la pêche.
Une croissance économique portée par la demande intérieure
Le deuxième trimestre 2024 a vu la croissance économique nationale se situer à 2,4%. C’est un résultat modéré par rapport aux attentes. Il témoigne néanmoins d’une certaine résilience. Ce taux de croissance a été largement soutenu par la demande intérieure. Laquelle demande a enregistré une augmentation notable de 5%. Cette contribution positive à la croissance économique, évaluée à 5,2 points, montre l’importance des dépenses des ménages et des investissements publics dans la relance de l’économie marocaine.
L’inflation maîtrisée a également joué un rôle déterminant dans la stabilité de cette croissance. Avec une augmentation du niveau général des prix limitée à 1,2%, le Maroc a réussi à maintenir un équilibre entre la relance économique et la maîtrise des tensions inflationnistes. Cela a permis d’éviter une érosion du pouvoir d’achat des ménages, bien que les disparités entre secteurs et catégories sociales persistent.
En parallèle, le produit intérieur brut (PIB) aux prix courants a connu une hausse de 3,6%. Ce qui traduit une augmentation modérée de la valeur ajoutée globale de l’économie marocaine. Toutefois, cette progression reste en deçà des performances espérées, notamment en raison des difficultés rencontrées par certains secteurs.
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L’agriculture et la pêche sous pression
L’un des éléments les plus marquants de cette période est la contre-performance du secteur primaire, qui a vu sa valeur ajoutée en volume se contracter de 5%. Cette baisse est principalement due au recul de la production agricole (-4,5%), aggravée par une chute dramatique de la pêche (-14,7%). Le secteur agricole, qui demeure un pilier fondamental de l’économie nationale, a souffert des conditions climatiques défavorables durant la première moitié de l’année, en particulier dans les zones rurales. Cette contraction met en évidence la vulnérabilité du Maroc à la volatilité climatique. D’autant plus que l’agriculture représente une part importante de l’emploi et des exportations du pays.
Le sous-secteur de la pêche continue, quant à lui, de faire face à des problèmes structurels, tels que la surexploitation des ressources halieutiques et la baisse des stocks disponibles. Ces difficultés compromettent non seulement les revenus des pêcheurs, mais également les recettes d’exportation dans ce domaine.
Secteurs secondaire et tertiaire : croissance et ralentissement
En dépit des difficultés rencontrées dans le secteur primaire, le secteur secondaire a enregistré une croissance encourageante de 3,8%. Ce dynamisme est dû à une augmentation de la production industrielle, en particulier dans les secteurs des industries manufacturières, des mines et de la construction. Le secteur manufacturier a bénéficié de l’amélioration de la demande extérieure, ainsi que de certains projets d’investissement dans l’infrastructure qui ont stimulé la production locale. Cependant, le secteur reste exposé aux fluctuations des prix des matières premières sur les marchés mondiaux. Ce qui pourrait freiner sa croissance dans les prochains trimestres.
Le secteur tertiaire, qui regroupe les services, a quant à lui enregistré un ralentissement de son taux d’accroissement. Il a atteint 3,1% au deuxième trimestre 2024. Ce secteur, historiquement moteur de la croissance économique du pays, subit les effets d’un essoufflement de certaines branches, notamment le tourisme et les services financiers.
Malgré un rebond progressif du tourisme post-pandémie, les niveaux d’activité restent inférieurs à ceux d’avant la crise sanitaire, et les incertitudes liées à l’inflation mondiale et à la situation géopolitique freinent la reprise totale de ce secteur.
Par ailleurs, le commerce de détail, la logistique et les services aux entreprises continuent de jouer un rôle important dans la stabilisation de la croissance du secteur tertiaire. Toutefois, un effort supplémentaire est nécessaire pour renforcer la compétitivité des services et améliorer leur contribution à la création d’emplois et à la diversification économique.
Commerce extérieur : une hausse préoccupante des importations
L’un des points noirs de ce deuxième trimestre réside dans la dégradation des échanges extérieurs. En effet, les importations de biens et services ont affiché une hausse de 12,9%. Ce qui a eu pour effet de peser négativement sur la croissance avec une contribution de -6,3 points. Cette augmentation des importations est principalement causée à la hausse des prix des matières premières et à la dépendance accrue du Maroc à l’égard de certains produits importés, notamment énergétiques et alimentaires.
En revanche, les exportations n’ont pas suivi la même dynamique, ce qui a donc conduit à un creusement du déficit commercial. Malgré cette tendance, l’épargne nationale a atteint un niveau encourageant de 32,1% du PIB. Cet indicateur positif reflète la capacité des ménages et des entreprises à maintenir un certain niveau de précaution dans leurs finances. Cette épargne pourrait servir de levier pour financer des investissements futurs, indispensables à la diversification et à la modernisation de l’économie marocaine.
Perspectives : vers une diversification économique
Le bilan du T-2 2024 montre une économie marocaine en croissance, mais confrontée à des défis structurels majeurs. La contraction du secteur primaire, couplée à la hausse préoccupante des importations, illustre la nécessité pour le pays de diversifier ses moteurs de croissance et de renforcer sa production locale.
La formation brute de capital fixe, représentant 33,2% du PIB, est un signe encourageant que des efforts sont faits pour stimuler l’investissement. Cependant, pour que ces investissements soient réellement efficaces, ils doivent être orientés vers des secteurs stratégiques capables de soutenir une croissance durable et inclusive. Le développement des infrastructures, la promotion des technologies vertes et le soutien à l’entrepreneuriat sont autant de pistes à explorer pour renforcer la résilience de l’économie marocaine.
De plus, le gouvernement doit continuer à mener des réformes structurelles pour améliorer le climat des affaires et attirer davantage d’investissements directs étrangers (IDE), indispensables pour accélérer la modernisation des secteurs industriel et technologique.
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