Le siège de Bank Al-Maghrib à Rabat © DR
En raison de la conjoncture économique, le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a pris la décision d’augmenter le taux directeur à 3% lors de sa première réunion trimestrielle de l’année 2023. Les experts indépendants membres du Conseil de BAM ont estimé que cette décision est motivée par l’accélération de l’inflation, qui continue d’être alimentée par les pressions externes exercées sur les biens et services non échangeables.
En décembre 2022, le taux directeur avait déjà été augmenté de 1,5% à 2,5% dans le but de « prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et favoriser le retour de l’inflation à des taux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix« , selon BAM.
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Quid des crédits bancaires ?
L’impact de l’augmentation des taux directeurs de la banque centrale est considérable et direct. En effet, la banque centrale est la première source de liquidités pour les banques, et si elle durcit ses politiques, cela affecte inévitablement les établissements bancaires qui répercuteront cette hausse du coût de l’argent sur leurs clients en augmentant les taux de crédit. Cette situation ne sera pas sans conséquence pour les ménages qui verront leur capacité d’emprunt diminuer, car le crédit deviendra plus cher.
Ainsi, les crédits à la consommation seront particulièrement touchés, obligeant les ménages à revoir à la baisse leur niveau de consommation et à limiter leurs achats d’équipements ou de véhicules, par exemple.
Ceci étant, un banquier de la place nous a assuré que l’augmentation du taux de crédit n’est pas à l’ordre du jour, du moins pas avant une nouvelle augmentation du taux directeur. Notre interlocuteur précise que le taux directeur à 3% demeure correct. Selon sa lecture, la banque centrale a priorisé la maîtrise de l’inflation aux dépens de la croissance. BAM a fait le choix de réduire la consommation et l’investissement, ce qui engendre une réduction de la demande globale et par ricochet une baisse des prix, conclut-il.
Après les deux précédentes hausses du taux directeur, la transmission de cette hausse aux taux débiteurs et créditeurs est restée incomplète. Bien plus encore, le rythme annuel de croissance des crédits bancaires au secteur non financier a fortement augmenté pour atteindre +8% à la fin de 2022, comparé à seulement 2,9% l’année précédente. Cette augmentation importante est due à la hausse des crédits accordés au secteur privé, en particulier aux entreprises, sous forme de crédits d’équipement et de facilités de trésorerie, ainsi qu’à la forte augmentation des crédits accordés aux entreprises publiques au cours des deux derniers mois de l’année précédente.
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Le marché immobilier dans l’œil du cyclone
La production de crédits immobiliers ne sera pas épargnée par la dernière hausse du taux directeur. L’emprunt deviendra inaccessible à un plus grand nombre de personnes, et aggravera ainsi la situation déjà difficile due à la rigidité des taux. De ce fait, la demande de biens immobiliers se contractera.
D’après un promoteur immobilier opérant dans la région de Rabat, c’est le crédit immobilier qui souffrira le plus de la hausse du taux directeur. À ses yeux, les banques augmenteront les taux d’intérêt des prêts immobiliers avant tout pour compenser. Cela signifie que les gens qui prévoient d’acheter une propriété devront agir rapidement avant que les taux d’intérêt ne montent. Les banques seront également plus regardantes et serreront la vis quand elles examineront les nouveaux dossiers de prêts. La hausse des taux d’intérêt touchera surtout les nouveaux acquéreurs, y compris les primo-accédants. Les personnes ayant un crédit immobilier à taux variable verront de plus une augmentation progressive de leurs mensualités à venir. La hausse du coût de l’argent pourra, à terme, entrainer une répercussion sur le marché de l’immobilier qui verra moins de demande, plus d’offre et donc une baisse des prix.
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La hausse des taux directeurs aura aussi des conséquences néfastes sur les entreprises qui auront de plus en plus de difficultés à emprunter, entraînant une augmentation de leurs charges financières. Cette situation pourrait nuire à leur investissement et, in fine, à l’emploi. Les entreprises les plus endettées risquent quant à elles de faire faillite. En somme, l’augmentation du taux directeur aura des conséquences sur l’ensemble de l’économie.
Ayant profité d’une longue conjoncture où l’argent ne coutait pas cher pour engranger de confortables résultats, les banques, à qui l’on donne les clés de la gestion monétaire du pays, devront à leur tour faire les efforts nécessaires pour limiter l’impact de cette hausse des taux sur les ménages et les entreprises.
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