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Harcèlement sexuel : nouveau rebondissement dans l’affaire Jacques Bouthier

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L’homme d’affaires français, ex-PDG du groupe Assu 2022, Jacques Bouthier © DR

L’affaire de Jacques Bouthier, accusé par six femmes marocaines de harcèlement sexuel, est loin de connaître son épilogue. Après la libération de l’ex-PDG du groupe Assu 2000, en mars dernier, les plaignantes, qui remettent en question l’impartialité de la justice française, se préparent à engager une nouvelle procédure judiciaire en France à travers une commission rogatoire.

La justice marocaine va diligenter une commission rogatoire en France dans le cadre du scandale sexuel impliquant l’ex-patron français, Jacques Bouthier, et plusieurs de ses collaborateurs au Maroc. C’est ce qu’a annoncé, samedi 15 juillet, l’avocate des parties civiles.

Lors d’une conférence de presse organisée à Rabat sous le thème «l’instrumentalisation politique et médiatique des victimes des agressions sexuelles accentue leur souffrance», l’avocate Aïcha Guellaa, présidente de l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV), a indiqué que «la Cour de Tanger a accepté notre demande pour la création d’une commission rogatoire en France. La procédure est en cours».

Selon l’avocate, cette commission aura pour but d’auditionner Jacques Bouthier, qui est parallèlement mis en examen en France pour, entre autres, «traite d’êtres humains» et «viols sur mineure».

Après dix mois de détention, l’ancien PDG du groupe de courtage en assurance Assu 2000 (rebaptisé Vilavi), âgé de 76 ans, a été libéré, en mars dernier, sous caution, sous contrôle judiciaire, pour raisons médicales. Une libération qui a suscité l’ire de la défense des victimes.

Lire aussi : Affaire Jacques Bouthier : un autre Français inculpé au Maroc

L’impartialité de la justice française remise en question

«La justice française n’a pas eu le courage face à la pression pécuniaire, elle n’a pas eu le courage de poursuivre Jacques Bouthier en état de détention», a déploré Aïcha Guellaa. «Nous n’avons pas d’espoir que la justice française puisse rendre justice aux victimes», a-t-elle ajouté.

En outre, l’avocate a appelé la justice française à faire montre d’impartialité et d’une plus grande implication dans cette affaire. «La libération sous caution de Jacques Bouthier trahit un certain manque d’engagement de la justice française à l’égard des droits les plus légitimes des victimes en France et au Maroc», a déclaré la présidente de l’AMDV.

La mise en liberté provisoire du milliardaire et homme d’affaires français, mis en examen en 2022 à Paris, est une décision «injuste» qui aggrave de manière intolérable la souffrance des victimes, a souligné l’avocate, qui assiste des plaignantes marocaines dans cette affaire.

«C’est choquant pour les victimes qui sont censées être protégées en priorité par la justice», a-t-elle dit, estimant que ce dossier est une «sérieuse épreuve» pour le système judiciaire français.

«C’est inacceptable que la justice française ait accordé la liberté provisoire à Bouthier, au motif de ses troubles psychiques, malgré toutes les horreurs qu’il a perpétrées. Est-ce normal qu’un PDG qui, jusqu’à son interpellation, assurait brillamment la gestion complexe et stratégique d’une grande entreprise d’assurances soit soudainement pris de démence?», s’est-elle demandée.

Ainsi, l’avocate dit espérer que la justice française fasse montre de la même audace que son homologue marocaine et s’inspire de la clairvoyance de cette dernière dans le traitement de ce dossier.

Six plaignantes au Maroc

L’affaire a été enclenchée après des plaintes d’anciennes employées déposées en juin 2022 à Tanger. Les faits présumés se sont produits de 2018 à avril 2022 dans des succursales du groupe Assu 2000.

Au total, six plaignantes se sont constituées partie civile. Elles ont témoigné de harcèlement sexuel systématique, de menaces et d’intimidations au sein du courtier en assurance à Tanger, dans un climat de précarité sociale.

Lire aussi : Affaire Jacques Bouthier : de nouvelles arrestations et révélations

Quatre collaborateurs en détention

Si Jacques Bouthier n’est pas poursuivi à ce stade au Maroc, huit de ses collaborateurs (six Marocains, dont deux femmes, et deux Français) sont sous le coup de poursuites pour «traite humaine» et «harcèlement sexuel», «incitation à la débauche» et «non dénonciation de crimes tentés ou consommés».

Quatre d’entre eux sont actuellement en détention tandis que les autres sont en liberté provisoire. Leur procès doit reprendre le 25 juillet devant la chambre criminelle de première instance de la Cour d’appel de Tanger.

Par ailleurs, une note de recherche a été lancée par le procureur général de la Cour d’appel de Tanger contre un suspect qui a pris la fuite pour la France. Il s’agit de l’ex-directeur général de la filiale tangéroise d’Assu 2000, un Franco-Tunisien, d’après l’AMDV.

Lire aussi : Harcèlement sexuel : comprendre l’affaire Jacques Bouthier

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