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Kiev a réclamé dimanche une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour contrer le «chantage nucléaire» de la Russie, après l’annonce par Vladimir Poutine que Moscou allait déployer des armes nucléaires en Biélorussie.
«L’Ukraine attend des actions efficaces pour contrer le chantage nucléaire du Kremlin de la part du Royaume-Uni, de la Chine, des États-Unis et de la France» en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, a indiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.
«Le Kremlin a pris la Biélorussie comme otage nucléaire», a écrit sur Twitter le secrétaire du Conseil ukrainien de sécurité et de défense, Oleksiy Danilov, estimant que la décision du président russe est un «pas vers la déstabilisation interne du pays [la Biélorussie]».
L’Occident appelle Moscou à la responsabilité
Premier pays occidental à réagir à l’annonce de Vladimir Poutine, l’Allemagne a dénoncé une «nouvelle tentative d’intimidation nucléaire» de la part de Moscou. «Nous n’allons pas nous laisser dévier de notre cap» par ces menaces, a indiqué à l’AFP un responsable du ministère allemand des Affaires étrangères sous couvert d’anonymat.
Les États-Unis ont, pour leur part, affirmé n’avoir «aucune indication» que Moscou entendait utiliser des armes nucléaires en Ukraine. «Nous avons pris connaissance des informations relatives à l’annonce de la Russie et nous continuerons à suivre la situation», a déclaré le service de presse du département de la Défense dans un communiqué écrit.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby a affirmé que rien à ce stade n’amenait les États-Unis «à changer (leur) positionnement en matière de dissuasion stratégique». «Nous n’avons vu aucune raison d’ajuster notre propre posture nucléaire stratégique ni aucune indication que la Russie se prépare à utiliser une arme nucléaire. Nous restons attachés à la défense collective de l’alliance de l’OTAN», a ajouté le département de la Défense.
De son côté, l’OTAN a critiqué la rhétorique nucléaire de la Russie, la qualifiant de «dangereuse et irresponsable». L’Alliance a toutefois indiqué n’y pas voir une raison de modifier sa position en matière nucléaire. «L’OTAN est vigilante et suit de près la situation. Nous n’avons constaté aucun changement dans le positionnement nucléaire de la Russie qui nous amènerait à ajuster le nôtre», a déclaré le service presse de l’Alliance.
«La référence de la Russie au partage nucléaire de l’OTAN est totalement fallacieuse. Les alliés de l’OTAN agissent dans le plein respect de leurs engagements internationaux. La Russie n’a cessé de violer ses engagements en matière de maîtrise des armements, suspendant dernièrement sa participation au traité New START.»
Et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a dénoncé une «escalade irresponsable et une menace pour la sécurité européenne», prévenant que l’UE était «prête» à adopter de nouvelles sanctions contre Minsk si ce déploiement était réalisé.
Mais pour les autorités ukrainiennes, rapporte le correspondant de France 24 à Kiev Gulliver Cragg, il n’y a «rien de nouveau» dans cette annonce qui s’inscrit dans la continuité des menaces nucléaires brandies par la Russie depuis le début du conflit.
Des responsables russes ont émis à plusieurs reprises des menaces à peine voilées de se servir de l’arme nucléaire en Ukraine en cas d’escalade significative du conflit.
Des armes nucléaires tactiques en Biélorussie
Le président Vladimir Poutine a affirmé samedi, dans des propos rapportés par l’agence de presse Tass, avoir conclu un accord avec la Biélorussie, pays allié de Moscou situé aux portes de l’Union européenne, pour installer sur son territoire des armes nucléaires tactiques russes. Une décision motivée par la volonté de Londres d’envoyer des munitions à uranium appauvri à Kiev.
Selon lui, une telle initiative ne violerait pas les accords de non-prolifération nucléaire. «Il n’y a rien d’inhabituel ici : tout d’abord, les États-Unis agissent de la sorte depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs pays alliés», a déclaré Vladimir Poutine lors d’une interview diffusée à la télévision russe.
«Nous avons convenu de faire de même, sans violer nos obligations, j’insiste, sans violer nos obligations internationales en matière de non-prolifération des armes nucléaires», a ajouté le président russe.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko, qui dirige depuis 1994 le pays, évoque depuis longtemps la question du stationnement d’armes nucléaires tactiques en Biélorussie, qui a une frontière commune avec l’Ukraine, la Lituanie et la Pologne, pays membre de l’OTAN, a déclaré Vladimir Poutine. Il n’a toutefois pas précisé quand ces armes nucléaires tactiques seraient transférées en Biélorussie.
La Russie aura achevé la construction d’un centre de stockage d’armes nucléaires tactiques en Biélorussie d’ici le 1er juillet, selon le président russe qui a ajouté que Moscou ne transférerait pas le contrôle des armes à Minsk. La Russie a déjà stationné en Biélorussie dix avions capables de transporter des armes nucléaires tactiques.
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