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Grâce royale : un nouveau départ pour les régions cannabicoles

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À l’occasion du 71ᵉ anniversaire de la Révolution du Roi et du peuple, le roi Mohammed VI a gracié 5.516 personnes, dont des acteurs de la culture du cannabis, intégrant cette mesure dans une politique plus vaste de réformes économiques et sociales. Cette initiative, s’appuyant sur la création de l’Agence nationale de régulation du cannabis, vise à structurer ce secteur et à encourager la diversification économique, soulignant un engagement profond pour une gestion plus juste et régulée.

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En commémoration du 71ᵉ anniversaire de la Révolution du Roi et du peuple, le roi Mohammed VI a marqué cet événement par l’octroi d’une grâce royale à 685 individus. De plus, une mesure de clémence a également été étendue à 4.831 personnes impliquées dans des affaires de culture de cannabis, répondant aux critères requis pour bénéficier de cette grâce.

Au-delà de son aspect humanitaire, cette initiative royale s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus vaste visant l’intégration sociale et économique des bénéficiaires. Elle coïncide avec les récentes réformes, notamment la création de l’Agence nationale de régulation des activités relatives au cannabis. Cette politique a pour but de structurer le secteur sur les plans économique et social, en favorisant la transformation du cannabis et son exportation, ainsi que l’importation de ses dérivés à usage médical, pharmaceutique et industriel.

Cette grâce royale ouvre également la voie à l’adoption de cultures alternatives et au développement d’activités non agricoles, contribuant ainsi à une diversification économique du Royaume.

Dans le sillage de cette décision, divers acteurs sociaux ont partagé leurs perspectives, reflétant un éventail de réactions sur les implications potentielles de cette mesure. Ces témoignages mettent en lumière les divers enjeux et attentes liés à cette importante initiative royale.

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Réinsertion et développement durable des régions cannabicoles

Contacté par LeBrief, Cherkaoui Roudani, expert en géostratégie et sécurité, souligne que la grâce royale accordée aux cultivateurs de cannabis incarne un geste symbolique puissant qui s’aligne sur la politique du Souverain en faveur de la justice sociale, la réconciliation nationale et le pardon. Cette décision est perçue non seulement comme un acte de clémence, mais aussi comme une démarche pour réintégrer des individus souvent relégués aux marges de la société dans l’économie légale.

«Cette grâce royale souligne la valeur intrinsèque de chaque citoyen, en leur offrant une nouvelle opportunité de participer activement à la vie sociale et économique du pays, tout en renforçant les liens entre le Trône et le peuple», explique Roudani. Cette initiative ne se limite pas à des aspects juridiques ou administratifs; elle est ancrée dans une perspective humaniste profonde, reconnaissant le droit à la rédemption et à la reconstruction de sa propre vie.

Roudani ajoute que cette mesure va au-delà de la simple réinsertion sociale des individus : elle vise également à dynamiser économiquement les régions concernées. Grâce à un cadre légal et réglementaire bien défini par l’Agence nationale, les bénéfices économiques issus du cannabis sont réinvestis dans des projets structurants qui contribuent à la cohésion sociale et au développement économique local. Cette stratégie, conclut-il, montre comment la monarchie peut jouer un rôle pivot dans la transformation sociale et économique du Maroc.

Cette politique, selon Roudani, est susceptible d’impacter la production légale de cannabis. «L’instauration de l’Agence nationale légitime les agriculteurs précédemment engagés dans l’illégalité, facilitant leur transition vers des pratiques conformes aux nouvelles normes réglementaires, ce qui pourrait booster la production légale». Cette initiative encourage aussi une participation plus étendue et responsable dans l’industrie du cannabis, potentiellement positionnant le Maroc comme un leader sur le marché global, tout en améliorant les conditions de vie locales par un développement économique soutenable.

Sur la question de la lutte contre le trafic illégal de cannabis, Roudani voit la grâce royale comme un pivot stratégique. «En intégrant les anciens acteurs du marché noir dans une économie légale, on réduit leur motivation à rester dans l’illégalité. Cela diminue les tensions et les conflits liés à des actions répressives sévères, favorisant une approche plus inclusive et préventive». Cette réorientation stratégique pourrait ainsi permettre une meilleure allocation des ressources de l’État, ciblant plus efficacement les réseaux criminels tout en renforçant le développement rural et la stabilité sociale.

Un nouveau départ pour les régions cannabicoles

L’activiste des droits humains, Chakib Al Khayari, a salué cette grâce royale la qualifiant d’historique et sans précédent, marquant un nouveau départ pour les zones de culture du cannabis. Cette déclaration intervient dans le sillage d’autres grâces notables accordées par le Roi, incluant celles destinées à des journalistes et à des individus impliqués dans des affaires de terrorisme lors de la fête du Trône après avoir officiellement renoncé à leurs idées extrémistes et exprimé leur attachement aux constantes et aux sacralités de la Nation et aux institutions nationales.

Al Khayari souligne que ces gestes royaux transforment les grandes célébrations nationales en moments de profonde générosité humanitaire et de réconciliation sociale, reflétant une volonté royale de prioriser le bien-être collectif. Le coordinateur de la coalition pour l’usage médical et industriel du cannabis pointe aussi que cette grâce répond aux attentes des communautés locales et de divers secteurs de la société, incluant associations, syndicats et partis politiques.

Cette initiative, selon Al Khayari, est un pivot potentiel pour un renouveau socio-économique dans les régions de culture du cannabis, avec des effets bénéfiques susceptibles de résonner bien au-delà des frontières nationales. Il met en avant le rôle de cette grâce dans le cadre de la nouvelle politique de l’État sur les drogues, marquée notamment par des efforts diplomatiques pour reclassifier le cannabis à l’ONU, facilitant ainsi son usage licite.

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Une décision courageuse

Khalid Mouna, anthropologue et professeur de sociologie à l’Université Moulay Ismaïl de Meknès, a salué cette initiative la qualifiant de «décision courageuse», porteuse de transformations sur les plans économique et social.

Dans ses propos, Mouna a souligné que la clémence royale ouvre des horizons neufs pour la régulation de cette culture. Cette mesure, selon lui, n’est pas seulement une libération, mais une réintégration active de ces individus dans le tissu économique et social, leur permettant de reprendre leurs activités agricoles et de retrouver une place au sein de la société.

Le professeur a également mis en avant le message positif que cette décision envoie concernant les progrès du Maroc dans la gestion et l’exploitation légale du cannabis. Selon lui, cette initiative reflète le parcours remarquable du pays dans la régulation de ce secteur.

Les réactions de divers experts et acteurs sociaux à cette grâce royale témoignent de son ampleur humanitaire, sociale et économique, et illustrent le potentiel de cette mesure à induire des changements bénéfiques à l’échelle locale et nationale. En prenant des mesures proactives face aux défis posés par le cannabis, le Maroc affirme son engagement en faveur d’une politique plus juste et réglementée, promettant des effets positifs tant sur le plan domestique qu’international.

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