Gouvernement vs syndicats : un nouveau round du dialogue social démarre ce vendredi
Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, entame ce vendredi le nouveau round du dialogue social au titre de la session d’avril 2023. Après les discussions de l’année dernière qui s’étaient soldées par l’accord du 30 avril 2022, un planning de rencontres avec les syndicats a été établi, marquant ainsi la relance des pourparlers.
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Et dans un contexte social marqué par la hausse des prix, par l’érosion du pouvoir d’achat et par le moral des ménages le plus faible depuis 2008, ce sont l’Union marocaine du travail (UMT) et l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) qui ouvrent les discussions. La Confédération démocratique du travail (CDT) et le patronat, pour leur part, seront reçus dans les prochains jours, même si pour l’instant aucune date n’a encore été fixée.
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Les négociations devraient se poursuivre jusqu’à la veille des festivités du 1er mai, dans le cadre des structures établies par la charte du dialogue social, notamment les commissions du secteur privé et du secteur public.
À l’unanimité, pour une hausse du salaire minimum comme promis
L’UMT avait annoncé la couleur il y a quelques jours. La centrale syndicale avait, dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion de son secrétariat national, formulé plusieurs propositions pour atténuer les effets de la hausse des prix sur les ménages. Car ce nouveau round intervient cette année dans un contexte plus difficile.
«Le principal point que la délégation de l’UMT va aborder lors de cette rencontre concerne l’augmentation vertigineuse du coût de la vie et l’effritement du pouvoir d’achat des salariés, de la masse populaire et des cadres», affirme à Médias24, Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union.
Même son de cloche du côté de l’UGTM. À l’issue de la réunion ordinaire de son conseil national, la centrale avait publié un communiqué dans lequel elle affirme que malgré «le démarrage de la mise en œuvre de l’accord social signé le 30 avril 2022, la revendication relative à la hausse générale des salaires reste un besoin pressant en raison de la conjoncture actuelle marquée par la hausse des tarifs des produits de base».
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En ce sens, les principaux syndicats entendent ainsi profiter de ces pourparlers pour obtenir l’augmentation générale des salaires, promise par le gouvernement lors de la session de dialogue social en septembre dernier. La hausse répétitive des prix a, en effet, mis à mal le pouvoir d’achat des citoyens, notamment la classe ouvrière.
Un constat qui a conduit Naam Mayara, secrétaire générale de l’UGTM, à se joindre à Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT, et Abdelkader Zaïr, secrétaire général de la CDT, pour demander une augmentation générale des salaires afin de faire face à au renchérissement du coût de la vie.
«Nous allons demander au chef de gouvernement de mettre en application la seconde tranche d’augmentation du Smig, de 5%», a assuré de plus Moukharik à nos confrères. L’accord du 30 avril 2022 avait en effet prévu une augmentation de 10% du Smig dans le secteur privé en deux tranches : 5% en septembre 2022 et 5% en septembre 2023. «La première a été consommée, il est temps de mettre en application la seconde», a-t-il confié.
Toutefois, la seconde augmentation est conditionnée par deux textes juridiques qui, comme le souligne Médias24, n’ont pas encore vu le jour. D’une part, la promulgation de la loi portant sur l’exercice du droit de grève au 1er janvier 2023 et d’autre part, l’amendement du Code du travail au 1er juillet 2023.
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«Nous allons revenir à charge pour une augmentation générale des salaires et la baisse de l’impôt sur le revenu des salaires», a assuré de plus Moukharik à nos confrères. «Les salariés, toutes catégories confondues, paient jusqu’à 38% d’impôt sur leurs salaires, un taux qui reste très élevé comparé à d’autres catégories sociales», a-t-il expliqué.
Pour une suppression progressive de la TVA sur les produits de première nécessité
Et pour soutenir le contexte social fort tendu, les syndicalistes aspirent à une suppression progressive de la TVA sur les produits de première nécessité et la réduction de la Taxe intérieure de consommation (TIC).
«Les efforts consentis par le gouvernement pour contrôler les prix est un signe encourageant», saluent les syndicats qui appellent à faire plus pour des répercussions palpables sur le vécu quotidien des ménages. Aussi, l’UMT suggère de mettre en place un mécanisme de plafonnement temporaire des prix des carburants et des produits dont les prix ont connu une augmentation excessive.
Les centrales syndicales proposent notamment l’adoption de mesures strictes contre les spéculateurs, les intermédiaires et les monopolistes «qui s’enrichissent de la crise en l’absence totale de toute solidarité nationale», préconisant «le durcissement des contrôles contre toutes les pratiques contraires aux règles de la concurrence loyale sans oublier la lutte contre le monopole et la spéculation», précisent-elles.
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D’autres points seront soulevés lors de cette première rencontre. L’épineuse question des retraites en est un et l’accélération de la mise en œuvre du Registre social unifié dans le but d’accorder un soutien direct aux familles nécessiteuses, un second. Les centrales ont indiqué vouloir pousser le gouvernement «à l’application intégrale des accords sectoriels signés avec les représentants des secteurs de la santé et de l’éducation conformément aux attentes légitimes, ce qui est de nature à renforcer la confiance dans les dialogues sectoriels».
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Car à la lecture des différentes revendications exprimées par les centrales syndicales les plus représentatives, leur attachement fort aux engagements pris par le gouvernement est prévalent. Celles-ci affichent une forte détermination à faire pression sur le gouvernement pour obtenir gain de cause. Une pression dont elles vont user au cours de cette session de dialogue afin que le gouvernement respecte les engagements restants de l’accord du 30 avril 2022 visant à atténuer les conséquences de la crise économique et sociale.
Vers une grève générale le 18 avril
Et pour cause, la CDT a annoncé, à l’issue de la réunion de son bureau exécutif, tenue mercredi 5 avril, une grève générale dans la fonction publique au niveau national, le 18 avril. La centrale a appelé les fonctionnaires affiliés ainsi que l’ensemble des citoyens marocains à prendre part massivement aux manifestations qui sont prévues parallèlement à cette grève.
La centrale syndicale indique, en effet, dans un communiqué que cette grève sera accompagnée de sit-in de protestation pour amener le gouvernement à respecter ses engagements dans le cadre de l’accord du 30 avril 2022, tout en continuant la mobilisation «pour faire du 1ᵉʳ mai 2023 un jour de colère à l’échelle nationale».
Dans son appel à la grève, la CDT déplore le contexte national de crise «résultant de la hausse des prix des matières premières et la baisse du pouvoir d’achat des citoyens, ainsi que le parti pris pour les intérêts des capitaux rentiers et spéculateurs». En ce sens, la centrale syndicale dénonce l’«indifférence» de la part de l’exécutif, «qui n’a donné aucune suite à la correspondance du bureau exécutif, adressée au chef du gouvernement et relative à la mise en œuvre de l’accord du 30 avril 2022».
«Le gouvernement est tenu de prendre des mesures tangibles pour revaloriser les salaires et faire respecter les libertés syndicales, sans quoi il y aura des actions d’escalade encore plus importantes», annonce Khalihenna El Guerch, membre du bureau exécutif de la CDT, contacté par Le Matin.
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