Gaza : l’hôpital Al-Shifa au cœur de la guerre

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11.320 Palestiniens ont été tués dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le début de la guerre. Parmi les morts recensés à ce jour figurent 4.650 enfants, a précisé le ministère gazaoui de la Santé. Par ailleurs, 29.200 personnes ont été blessées.

Ce mercredi, l’armée israélienne a annoncé mener «une opération précise et ciblée» contre le Hamas «dans une zone spécifique de l’hôpital Al-Shifa», le plus grand hôpital de Gaza. Selon Tsahal, l’endroit est considéré comme un site militaire stratégique du Hamas. «Nous appelons tous les terroristes du Hamas présents dans l’hôpital à se rendre», a exhorté l’armée israélienne dans son message annonçant l’opération. La Maison-Blanche a aussi affirmé, mardi, que l’établissement sert de «centre de commandement» au Hamas.

Le ministre israélien de la Guerre, Benny Gantz, a déclaré qu’Israël traquerait les dirigeants du Hamas «à Gaza et dans le monde». «Il n’y aura ni villes sanctuaires ni maisons sanctuaires. Nous irons partout où nous en aurons besoin pour éradiquer [le Hamas] en surface et en sous-sol. À Gaza et dans le monde entier», a-t-il déclaré. «Nous atteindrons les chefs de gouvernement tout comme nous avons atteint les centres de gouvernement», a ajouté l’ancien ministre de la Défense.

Si Hamas se cachait dans l’hôpital Al-Shifa, comment se fait-il que les soldats israéliens s’y baladent à découvert, comme s’il n’y avait aucun danger? pic.twitter.com/3qSZEbJnPm

— Claude El Khal (@claudeelkhal) November 15, 2023

L’hôpital Al-Shifa attaqué

Des sources au sein de l’hôpital ont déclaré à Al Jazeera que les forces israéliennes détenaient plus de 200 Palestiniens dans la cour de l’hôpital. Ce matin, un journaliste de l’Agence France-Presse présent sur place a rapporté que des soldats israéliens interrogent des personnes dans l’hôpital, dont des patients et des médecins, tandis que des chars et des véhicules de transport de troupes encerclent le complexe hospitalier. D’après ce journaliste, des soldats israéliens appellent par haut-parleur «tous les hommes de 16 ans et plus» à «lever les mains en l’air» et à «sortir des bâtiments vers la cour intérieure». Il rapporte ensuite qu’un millier de personnes sont désormais sur la grande esplanade du complexe hospitalier, mains en l’air.

Mardi, avant le lancement de l’opération israélienne, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’était dit «très inquiet de la situation horrible et des pertes humaines importantes dans plusieurs hôpitaux à Gaza», appelant à un cessez-le-feu immédiat «au nom de l’humanité». Plusieurs hauts responsables de l’ONU disent leur «consternation» et appellent à «mettre fin à l’horreur» à Gaza.

Le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, s’est dit «consterné» par les informations faisant état d’une opération de l’armée israélienne dans l’hôpital Al-Shifa. «La protection des nouveau-nés, des patients, du personnel médical et de tous les civils doit l’emporter sur toute autre considération», a-t-il affirmé sur X, mercredi.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est dit, mercredi, extrêmement inquiet «de l’impact de l’opération militaire menée par l’armée israélienne dans l’hôpital Al-Shifa». Le CICR rappelle que «les patients, le personnel médical et les civils doivent être protégés à tout moment» et déclare être en contact «avec les autorités concernées».

L’incursion terrestre d’Israël. © Al Jazeera

Mardi, le docteur Khaled Abu Samra, joint par Le Monde, dénombrait au moins «600 blessés, dont 22 en réanimation en soins intensifs», «100 membres du personnel médical» et un millier de civils, qui «y ont trouvé refuge». S’exprimant lors d’une conférence de presse à Khan Younis, le directeur général des hôpitaux de Gaza, Mohammed Zaqout, a ajouté que 36 bébés prématurés et personnes sous respirateur étaient sous «menace totale» dans le plus grand hôpital de Gaza.

«Plus de cent personnes ont été tuées dans l’hôpital», d’après le médecin, qui travaille dans le service de cardiologie. «Leurs cadavres sont partout (…). Ce matin, nous en avons enterré quarante dans une petite cour de l’hôpital.» Le 10 novembre, l’Agence France-Presse avait publié des images prises à l’intérieur de l’enceinte de l’hôpital montrant de nombreux cadavres entassés dans une cour et des couloirs remplis de patients et de civils.

Plus de 500 Marocains encore bloqués à Gaza

Dans ce contexte de violences croissantes, plus de 500 citoyens marocains sont encore bloqués dans la région sans assistance consulaire. Parmi eux, les enfants de Mosab Alborneih, âgés de 6, 9 et 11 ans, ont lancé un appel au roi Mohammed VI pour une aide urgente.

«Je demande aux autorités marocaines de nous aider dans cette situation, de nous aider à être évacués. En tant que citoyens marocains, c’est notre droit d’être aidés par l’ambassade. Je n’ai aucune communication avec le Maroc. Le seul contact que nous avons est avec l’ambassade, et elle nous demande simplement d’attendre», explique ce ressortissant au micro de Telquel.

L’ambassade du Maroc en Palestine, évaluant la situation, a, au préalable, identifié 614 Marocains désireux de quitter Gaza. Un groupe de 112 a déjà franchi la frontière égyptienne via Rafah, grâce aux efforts coordonnés de l’ambassade du Maroc en Palestine, du bureau de liaison en Israël et de l’ambassade marocaine en Égypte.

Plus de cinq cents marocains sont bloqués sous les bombes à Gaza sans assistance consulaire.@MarocDiplomatie, ils ont besoin de vous. https://t.co/vFbDBIS55e pic.twitter.com/mX9AbTMtzY

— Juan Branco ✊ (@anatolium) November 13, 2023