Accueil / Monde

Gaza : le long chemin vers la liberté

Temps de lecture

Des femmes et enfants palestiniens continuent de fuir en nombre les bombardements israéliens. © MOHAMMED ABED / AFP

Jour 10 de la guerre. Assiégée depuis 16 ans, Gaza, qui survivait encore grâce à l’aide internationale, manque désormais de tout. L’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, elle, ne peut plus venir en aide à la population. «Il reste 24 heures d’eau, d’électricité et de carburant» dans la bande, alerte l’OMS. Après quoi, la «prison à ciel ouvert» se ferait «tombeau à ciel ouvert».

La situation semble confuse ce lundi 16 octobre. Alors que l’armée israélienne a incité, vendredi dernier, quelque 1,1 million de Gazaouis à quitter le Nord de la bande en prévision d’une intervention terrestre, le point de Rafah, entre la frontière égyptienne et Gaza, reste-lui encore fermé. Objet d’intenses tractations depuis sa fermeture mardi dernier, le passage frontalier devait pourtant ouvrir ce matin à 9h et les forces israéliennes devaient «s’abstenir de cibler des axes délimités de 8 heures à 12 heures», a déclaré, sur X (anciennement Twitter), un porte-parole de Tsahal.

Lire aussi : Les «descendants d’Abraham» condamnés à l’enfer sur Terre

L’Égypte tente, depuis le début du conflit, de rendre le poste-frontière opérationnel et de permettre l’entrée de l’aide humanitaire, dont une grande partie a été réunie à Al-Arish. L’aide humanitaire arrivée de plusieurs capitales s’empile dans le Sinaï égyptien. La réouverture annoncée par l’équipe du secrétaire d’État Anthony Blinken visait à évacuer quelques centaines d’Américano-Palestiniens de Gaza. L’Égypte avait exigé, en contrepartie de la sortie des Américains, l’entrée à Gaza d’un convoi d’aide humanitaire.

Devant les grilles, ils sont des centaines de Palestiniens à disposer de passeports étrangers, dont de nombreux enfants, à espérer pouvoir passer, pensant qu’ils pourraient être prioritaires. Mais «il n’y a actuellement pas de cessez-le-feu ni d’aide humanitaire dans la bande de Gaza», a souligné le cabinet du premier ministre, Benjamin Netanyahu, sur X.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukry, a qualifié, ce lundi, de dangereuse «la situation de besoins urgents du peuple palestinien de Gaza, où il n’y a ni eau, ni fournitures médicales, ni nourriture. Le déplacement de la population a induit à des pressions supplémentaires, dans la mesure où il n’y a aucun abri pour ceux qui ont été contraints de fuir le nord de Gaza», a-t-il déclaré.

Gaza suffoque

Alors que 2.670 personnes sont mortes dans les raids sionistes et 9.600 autres blessées, environ un million de personnes ont été déplacées dans la bande de Gaza par la guerre, a fait savoir dimanche l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). «Ce chiffre va probablement monter puisque les gens continuent de quitter leurs maisons», a précisé la directrice de la communication de l’UNRWA.

Mais, se déplaçant vers le Sud, comme leur a conseillé l’armée israélienne, certains convois ont été bombardés par Tsahal, faisant 70 morts, parmi lesquels on compte des enfants et des femmes, et plus de 200 blessés. «Un nouveau massacre commis par l’occupation contre trois convois de citoyens, à différents endroits des avenues Salah al-Din et Al-Rashid, alors qu’ils tentaient d’atteindre le sud de la vallée de Gaza, conformément à la demande de l’armée d’occupation», a déclaré à Anadolu, Salama Maarouf, chef du bureau des médias du gouvernement à Gaza.

Une «catastrophe humanitaire inédite» en cours, alerte l’agence onusienne. Selon Ahmed Al-Mandhari, directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la Méditerranée orientale, «il reste 24 heures d’eau, d’électricité et de carburant» à Gaza.

Lire aussi : Vendredi 13 à Gaza

«Pas une goutte d’eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n’a été autorisé à entrer à Gaza ces huit derniers jours», a affirmé Philippe Lazzarini, le chef de l’UNRWA, lors d’une conférence de presse, estimant que «Gaza se fai[sait] étrangler». «La plupart des habitants de la bande de Gaza n’ont plus accès à l’eau potable», a ajouté l’ONU, notant qu’un réservoir d’eau et une usine de désalinisation avaient été touchés par des frappes aériennes. L’Unicef a indiqué que certains ont commencé à boire de «l’eau de mer, très salée, et contaminée par 120.000 m³ d’eaux usées non traitées chaque jour», explique de plus le communiqué.

«il semble que le monde ait perdu son humanité»

Gaza est assiégée depuis 16 ans, et plus de 60 % de la population, des foyers considérés comme en situation d’insécurité alimentaire avant le début des hostilités du 7 octobre, dépendait déjà de l’aide alimentaire internationale. Le plan humanitaire de l’ONU pour les deux territoires pour 2023 était chiffré à 502 millions de dollars pour aider 2,1 millions d’habitants, mais il est financé actuellement à moins de 50 %.

Et à mesure que Gaza perd de l’électricité, l’unique centrale électrique de la bande s’est trouvée à court de carburant et a cessé de fonctionner, les hôpitaux en manquent aussi. «Cela met en danger les nouveau-nés en couveuse et les patients âgés sous oxygène. Les dialyses rénales s’arrêtent et les radiographies ne peuvent être effectuées. Sans électricité, les hôpitaux risquent de se transformer en morgues», a déclaré le directeur régional du Comité international de la Croix-Rouge, Fabrizio Carboni. L’ONU s’inquiète notamment pour 50.000 femmes enceintes dans la bande de Gaza sans accès aux soins, dont environ 5.500 devant accoucher dans le mois qui vient.

Lire aussi : Déluge d’Al-Aqsa : la guerre sera longue

Philippe Lazzarini a, par ailleurs, signalé que l’agence onusienne «ne pourrait plus fournir d’aide humanitaire à Gaza». «Mes collègues de l’UNRWA à Gaza ne sont plus en mesure de fournir les aides humanitaires. Le nombre de personnes cherchant refuge dans nos écoles et autres installations de l’UNRWA dans le sud est absolument énorme, et nous n’avons plus la capacité d’y faire face».

Et d’appeler toutes les parties : «Avant qu’il ne soit trop tard, le siège doit être levé et les agences d’aide doivent pouvoir acheminer en toute sécurité des fournitures vitales telles que du carburant, de l’eau, de la nourriture et des médicaments. Et nous en avons besoin maintenant». Même son de cloche du côté de l’OMS : «Si l’aide n’y entre pas, les médecins n’auront plus qu’à préparer les certificats de décès», a-t-il affirmé lundi à l’AFP.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Affaire des écoutes : Nicolas Sarkozy condamné à trois ans de prison

Monde - La Cour de cassation française a confirmé, le 18 décembre 2024, la condamnation de Sarkozy à trois ans de prison, dont un an ferme.

Rédaction LeBrief - 18 décembre 2024

ONU : l’AG adopte le moratoire sur la peine de mort

Monde - La dixième résolution pour un moratoire sur l’application de la peine de mort a été adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies.

Mbaye Gueye - 18 décembre 2024

Les Nations unies déterminées à offrir l’aide nécessaire au peuple syrien

Monde - L’Organisation des Nations unies a l’intention de fournir toute l’assistance nécessaire au peuple syrien.

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

France : François Bayrou continue ses consultations tout en espérant éviter la censure

Monde - Bayrou devra à tout prix éviter de recourir à l’article 49.3 de la Constitution, une mesure controversée perçue comme autoritaire.

Mbaye Gueye - 17 décembre 2024

Cyclone Chido : les agences humanitaires préoccupées par son impact à Mayotte et au Mozambique

Afrique, Monde, Société - Les partenaires humanitaires de l'ONU sont très préoccupés par l'impact du cyclone Chido, qui a frappé Mayotte et le nord du Mozambique ce week-end.

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

Vanuatu : fin de l’alerte au tsunami après un puissant tremblement de terre

Monde - L'alerte au tsunami lancée après un tremblement de terre de magnitude 7,3 au large des côtes de Vanuatu, a été levée mardi.

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

Bachar El Assad sort du silence après sa chute

Monde - Bachar El Assad, renversé huit jours plus tôt, a pris la parole pour la première fois depuis son départ précipité de Syrie.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

Les Marocains en tête des étrangers affiliés à la sécurité sociale espagnole

Monde - Avec 342.318 affiliés, les Marocains représentent les travailleurs étrangers qui cotisent le plus à la sécurité sociale en Espagne.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024
Voir plus

Canicule mondiale au printemps

Monde - +51°C au Pakistan, +48°C au Mexique, +46°C en Égypte. Et hier, jeudi 19 mai, il a fait 28° C à Berlin, soit 10 degrés de plus que les normales saisonnières. Partout dans le monde, des températures historiques sont enregistrées

Atika Ratim - 20 mai 2022

Loi martiale, parlement assiégé, que s’est-il passé en Corée du Sud ?

Monde - Pour la Corée du Sud, cet épisode pourrait bien marquer une renaissance de la démocratie, à condition que les leçons soient tirées et que les responsables rendent des comptes.

Sabrina El Faiz - 4 décembre 2024

Syrie : l’étau rebelle se resserre sur Damas

Monde - Alors que l’offensive rebelle bouleverse l’échiquier syrien, le régime d’Assad est-il à l’aube de basculer ?

Farah Nadifi - 6 décembre 2024

Trump : nominations et affaire de famille

Monde - Le poste d'ambassadeur des États-Unis en France n'est jamais donné à la légère. Eh bien, Trump, vient de nommer le père de son gendre à ce prestigieux poste.

Rédaction LeBrief - 1 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire