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Gaz naturel : le Maroc capte près de 20% des exportations espagnoles via le GME

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Face à une dynamique énergétique régionale fluctuante, le Maroc a nettement augmenté ses importations de gaz naturel, représentant 18,5% des exportations espagnoles. C’est un bond remarquable par rapport à l’année précédente. Cette montée traduit une diversification stratégique des sources énergétiques suite à l’arrêt des livraisons algériennes en 2022. Un protocole d’accord stratégique signé en mars renforce également les infrastructures gazières marocaines, promettant une autonomie énergétique accrue et une meilleure intégration dans les marchés énergétiques mondiaux.

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En juin 2024, les importations marocaines de gaz naturel depuis l’Espagne ont connu une ascension remarquable, capturant 18,5% des exportations totales de Madrid via le Gazoduc Maghreb-Europe (GME). C’est une augmentation considérable par rapport aux 7,7% enregistrés à la même période l’année précédente. Cette évolution traduit une croissance soutenue des importations marocaines depuis la suspension des livraisons de gaz algérien en 2022.

Selon les données de la Corporation des réserves stratégiques de produits pétroliers (CORES) et rapportées par le média espagnol Vozpópuli, le Maroc intensifie son recours au mécanisme d’inversion du flux du GME pour diversifier ses sources énergétiques. En effet, depuis fin 2022, les importations marocaines ont explosé, atteignant 9.338 gigawattheures (GWh) sur les douze derniers mois, soit une augmentation spectaculaire qui reflète une multiplication par 155 des volumes importés en juin 2022.

Cette tendance haussière souligne la stratégie énergétique adaptative du Maroc face aux dynamiques géopolitiques changeantes, marquant ainsi une étape importante dans la sécurisation de ses approvisionnements en gaz naturel.

Lire aussi : Gaz naturel : le Maroc, principal client de l’Espagne

Le Maroc devient la 2ᵉ destination du gaz espagnol

L’année 2023 a marqué un chapitre décisif dans le panorama des importations de gaz au Maroc. Les données de la CORES révèlent que les expéditions de gaz depuis l’Espagne ont enregistré une hausse spectaculaire, s’établissant à 9.472 gigawattheures (GWh), contre seulement 1.881 GWh en 2022, soit une augmentation de 403%. Ce volume impressionnant a élevé le Maroc au rang de deuxième plus grande destination pour le gaz espagnol, capturant 12,5% des 75.495 GWh exportés par l’Espagne en 2023, se positionnant juste derrière la France, mais devant l’Italie.

Cette croissance exponentielle s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification des sources d’approvisionnement en gaz naturel, devenu un enjeu stratégique important pour le Maroc suite à l’arrêt des flux gaziers algériens via le GME. Dans cette optique, l’Office National de l’Électricité et de l’Eau potable (ONEE) a scellé en 2022 des accords d’approvisionnement avec des fournisseurs internationaux. Ce qui garantit ainsi la continuité de l’alimentation en gaz pour les centrales électriques de Tahaddart et de Aïn Béni Mathar. Ces dernières sont essentielles à la stabilité énergétique du pays.

Accord stratégique pour l’infrastructure gazière

En mars dernier, un protocole d’accord stratégique a été signé entre plusieurs ministères marocains. Parmi eux, l’on retrouve ceux de l’Intérieur, de l’Économie et des Finances, de l’Équipement et de l’Eau, ainsi que de la Transition énergétique et du Développement durable. Ce protocole marque une étape importante dans la mise en place de la feuille de route pour l’infrastructure gazière du pays.

Ce partenariat associe également cinq grands organismes publics : l’Agence nationale des ports (ANP), l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), la société Nador West Med S.A. (NWM), et la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM). Ce protocole incarne l’engagement résolu du Maroc en faveur de la souveraineté énergétique, de la décarbonation de son économie, et de son intégration dans les marchés régionaux et mondiaux.

Le programme, qui s’étendra sur plusieurs années, vise à doter le Royaume de multiples points d’entrée pour l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi que d’infrastructures de stockage et de transport du gaz. À court terme, il prévoit le renforcement des gazoducs reliant les bassins de production domestiques aux principaux centres de consommation, ainsi que le développement d’un terminal GNL au port de Nador West Med et la construction d’un nouveau gazoduc reliant ce terminal au GME.

À long terme, ce programme ambitionne de dynamiser le développement des énergies renouvelables, de positionner le Maroc comme un acteur essentiel dans les nouvelles filières de l’hydrogène vert et ses dérivés, et de contribuer à l’avancement du projet de gazoduc Afrique-Atlantique, renforçant ainsi le rôle du Maroc dans le paysage énergétique mondial.

Lire aussi : Gaz : auprès de qui se fournit le Maroc ?

Un parcours stratégique via l’Espagne pour sécuriser l’énergie au Maroc

Le parcours du gaz naturel importé au Maroc est le résultat d’un processus logistique méticuleusement orchestré. Initialement importé sous forme liquide depuis les États-Unis, le gaz est ensuite regazéifié dans une installation spécialisée située dans le sud de l’Espagne. Une fois transformé, il emprunte le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) en flux inversé pour atteindre le Maroc, assurant ainsi un approvisionnement continu et fiable, essentiel pour répondre aux impératifs énergétiques du pays.

Cette stratégie d’importation depuis l’Espagne s’avère vitale pour la production d’électricité marocaine, surtout dans un contexte marqué par des tensions énergétiques régionales et des instabilités sur les marchés internationaux. Grâce à ces importations, le Maroc parvient à sécuriser l’alimentation en gaz de ses centrales électriques, éléments fondamentaux pour répondre à la demande énergétique croissante et garantir la stabilité énergétique nationale.

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