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France : un imam expulsé, Darmanin vante une «France plus forte»

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L'imam Mahjoub Mahjoubi, à Bagnols-sur-Cèze (Gard) mercredi 21 février, la veille de son interpellation et de son transfert à Paris. © Fabien Malot / Le Parisien

Un imam tunisien a été arrêté hier et expulsé dans la soirée vers la Tunisie. Le ministre français de l’Intérieur a à nouveau fustigé jeudi un «imam radical aux propos inacceptables». Mahjoub Mahjoubi s’était fait connaître il y a quelques jours pour une vidéo circulant sur les réseaux sociaux dans laquelle il qualifiait le «drapeau tricolore» – sans préciser s’il s’agissait du drapeau français – de «drapeau satanique» qui n’aurait «aucune valeur auprès d’Allah». Mais selon lui, il s’agirait d’un «lapsus».

Accusé en début de semaine d’avoir proféré, dans ses prêches, des appels à la haine visant les femmes, les Juifs ou encore ou une société française «pourrie», un imam tunisien du sud de la France, Mahjoub Mahjoubi, a été interpellé hier à la mi-journée. «Moins de 12 heures après son interpellation» à Bagnols-sur-Cèze (Gard), le prédicateur a été expulsé vers la Tunisie.

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L’interpellation de Mahjoub Mahjoubi s’est déroulée dans le calme. «Il a totalement coopéré avec les forces de l’ordre», explique à France Bleu Gard Lozère Samir Hamroun, l’avocat de l’imam. «Ses enfants et son épouse sont sous le choc. Lui est dans un état de sidération et de tristesse».

Pour se défendre, Mahjoub Mahjoubi avait évoqué un «lapsus». Le, désormais, ex-imam a décidé de contesté cette expulsion. Son avocat annonce ce vendredi 23 février qu’un «référé liberté» va être déposé devant le tribunal administratif de Paris.

Une expulsion éclair dans une «France plus forte»

C’est une opération qui satisfait le locataire de Beauvau. Ce dernier n’a, d’ailleurs, pas manqué de le préciser en se félicitant de la nouvelle loi immigration, votée dans la douleur avant les vacances de Noël, avant d’être profondément remaniée par les Sages du Conseil constitutionnel.

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Dans un message posté sur X (ex-Twitter), le ministre de l’Intérieur a ainsi fait valoir que la décision visant l’imam de nationalité tunisienne était «la démonstration que la loi immigration, sans laquelle une telle expulsion aussi rapide n’aurait pas été possible, rend la France plus forte». «La fermeté est la règle», a affirmé le ministre, fustigeant un «imam radical aux propos inacceptables».

En plus d’enclencher la procédure d’expulsion, Gérald Darmanin avait demandé au préfet de signaler ces propos à la justice. Une démarche à l’issue de laquelle la procureure de Nîmes (sud) avait annoncé lundi avoir ouvert une enquête préliminaire pour «apologie du terrorisme». Le préfet du département, Jérôme Bonet, avait déclaré que les prêches de l’homme remettaient «en cause les principes de la République» et constituaient des «appels à la haine», prononcés au sein d’une «mosquée à la dérive».

L’arrêté d’expulsion avait été pris à son encontre, après la diffusion d’un court extrait massivement relayé sur les réseaux sociaux, où l’on peut voir l’imam tenir un prêche, face caméra. Il y qualifie le drapeau «tricolore» de «drapeau satanique» qui n’a «aucune valeur auprès d’Allah». «On n’aura plus tous ces drapeaux tricolores qui nous gangrènent, qui nous font mal à la tête», y déclare-t-il. Il ne précise toutefois pas qu’il s’agit du drapeau français.

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Les investigations des autorités ont mis au jour de multiples déclarations problématiques, certaines d’entre elles faisant même l’éloge du terrorisme, d’après l’arrêté d’expulsion. Dans un prêche du 2 janvier, Mahjoub Mahjoubi déplorait «que les mosquées ne produisent plus de combattants comme au temps du prophète». L’imam a déjà «présenté de manière réitérée les femmes comme étant inférieures, faibles et vénales, devant être guidées et contrôlées par les hommes et pouvant être séquestrées au nom de la religion», toujours selon l’arrêté. «Il va falloir qu’on bouscule cette société, cette société belliqueuse et pourrie», a-t-il également dit, d’après ce document.

Dans un message posté sur X, dimanche 18 février, le ministre de l’Intérieur avait annoncé avoir demandé au préfet du Gard le retrait du titre de séjour du religieux. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, 91% des Français sont favorables au retrait de son titre de séjour et à son expulsion du territoire.

La défense évoque un lapsus

Le prédicateur s’était défendu lundi en évoquant un «lapsus», expliquant qu’il dénonçait en réalité les rivalités entre supporters des pays du Maghreb au cours de la récente Coupe d’Afrique des Nations de football.

Toutefois, les prêches analysés «recèlent bien d’autres choses que ce pseudo lapsus», avait répliqué mardi le préfet du Gard, Jérôme Bonet. De fait, selon l’arrêté d’expulsion, les propos reprochés à l’imam tunisien couvrent un champ bien plus large que ce débat autour du drapeau.

Lire aussi : Loi immigration : quels changements pour les MRE, étudiants et les travailleurs sans-papiers en France ?

«Nous contestons cette expulsion sur le fond, la forme et sur cette procédure», explique-t-il. Il est reproché à l’homme de religion d’avoir «véhiculé une conception littérale, rétrograde, intolérante et violente de l’islam» lors de ses prêches «portant sur les signes annonciateurs de la Fin des Temps». Des propos que conteste l’avocat.

«Il n’a jamais tenu ces propos sur les femmes ni en citant des textes classiques ni en donnant son opinion. Ces mots ne sont jamais sortis de sa bouche. Nous allons les mettre en demeure de produire la source. Je suis honnête intellectuellement, les propos sur les juifs, il les a tenus dans le cadre d’un prêche. Ces termes-là sur les femmes, j’ai assisté à tous ses prêches, je suis allé les lire sur sa page Facebook, il n’y a pas de traces de ces propos sur les femmes et lui-même le conteste», assure-t-il.

Lire aussi : Les dessous de l’affaire Hassan Iquioussen, l’imam que la France veut expulser vers le Maroc

Il affirme par ailleurs que son client souhaite rentrer en France. «Nous disposons d’un délai de 48 heures pour contester l’arrêté d’expulsion, ce à quoi nous allons nous atteler tout de suite. Nous allons maintenant passer par un référé liberté pour démontrer au tribunal administratif qu’il laisse des attaches très profondes en France et qu’il n’a quasiment rien en Tunisie», a déclaré à l’AFP son conseil. «(Le référé liberté va être) déposé devant le tribunal administratif de Paris puisque l’auteur de la décision est le ministère de l’Intérieur (…) Il ne veut pas revenir en France pour profiter des aides sociales. Non, il veut rentrer parce qu’il est installé depuis 1989. Il a toute sa vie ici, dont ses enfants et son épouse. Il est très attaché à la France», a-t-il précisé.

Avant lui, l’imam marocain, Hassan Iquioussen, avait été reconduit en janvier 2023 vers le Maroc par la Belgique, où il s’était réfugié après son expulsion de France pour des «propos incitant à la haine et à la discrimination». En 2018, un ancien responsable algérien d’une mosquée fermée pour apologie d’actes de terrorisme, Abderrahim Sayah, considéré par les autorités comme un «leader du salafisme», avait également été expulsé vers l’Algérie en juin dernier.

Lire aussi : Posément, Rabat et Paris se retrouvent après «une longue traversée du désert»

Début 2020, le président français Emmanuel Macron avait annoncé sa volonté de mettre fin à l’accueil des quelque 300 imams envoyés par divers pays et d’augmenter en parallèle le nombre d’imams formés en France. Depuis le 1er janvier dernier, la France n’accepte plus de nouveaux imams «détachés», envoyés par d’autres pays.

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