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Français vs anglais : l’école marocaine en transition

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Image d'illustration. DR

Alors que l’anglais s’impose comme une langue incontournable à l’échelle mondiale, le système éducatif marocain reste majoritairement ancré dans une tradition francophone. Entre la montée en puissance de l’anglais, les enjeux identitaires liés à l’arabe et l’héritage stratégique du français, le Maroc cherche à trouver un équilibre linguistique pour répondre aux défis de la mondialisation sans perdre son ancrage culturel. Quels sont les impacts et les perspectives de cette transition ? Éclairage avec l’analyse d’Abderrahmane Lahlou, consultant en éducation.

Alors que l’éducation est au cœur des réformes stratégiques du Royaume, la question des langues d’enseignement demeure un sujet sensible et clivant. Si le français, héritage historique, continue de dominer dans les écoles marocaines, l’anglais gagne progressivement du terrain, notamment pour répondre aux exigences de la mondialisation. Ces deux langues étrangères, perçues tantôt comme des opportunités tantôt comme des menaces, soulèvent des interrogations sur l’équilibre linguistique et culturel du système éducatif marocain.

Un héritage francophone toujours dominant

Depuis l’indépendance, le français a conservé une place prépondérante dans le système éducatif marocain, en particulier dans les filières scientifiques et techniques. «Le français est plus qu’une langue d’enseignement, c’est un outil stratégique qui maintient nos relations économiques, politiques et culturelles avec l’Europe, notamment la France», explique Abderrahmane Lahlou.

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Les établissements publics et privés, ainsi que les universités marocaines, ont largement adopté le français pour enseigner les matières scientifiques et économiques. Malgré cette domination, le français est parfois remis en question, car il est vu par certains comme une entrave au développement d’une identité éducative marocaine plus authentique et connectée aux réalités globales.

«Il est évident que le français ne joue plus le même rôle à l’international», ajoute Lahlou. Avec moins de 5% de locuteurs dans le monde, il devient moins compétitif face à des langues comme l’anglais ou le mandarin. Cependant, le français conserve une utilité locale et régionale, notamment dans les échanges avec les pays francophones d’Afrique.

L’anglais, une langue d’ouverture vers le monde

Face à la montée en puissance de l’anglais dans les échanges internationaux, la recherche scientifique et l’économie numérique, le Maroc a amorcé une transition progressive vers cette langue. Déjà adoptée comme première langue étrangère par plusieurs pays africains, l’anglais s’impose comme une nécessité stratégique pour les générations futures.

«Si le Maroc veut s’ouvrir véritablement au monde, la langue de cette ouverture doit être l’anglais», affirme Lahlou. Ce choix est motivé par l’importance de cette langue dans les secteurs d’avenir, comme l’intelligence artificielle, les technologies de pointe et les relations internationales.

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Cependant, cette transition n’est pas sans défis. Le passage au tout-anglais, comme au Rwanda, reste un scénario difficilement envisageable dans l’immédiat. «Nous avons un historique avec le français. Nos écoles publiques et privées utilisent cette langue pour des raisons historiques et stratégiques», rappelle l’expert.

Complémentarité ou concurrence des langues ?

L’introduction progressive de l’anglais ne doit pas se faire au détriment du français ou de l’arabe, mais en complémentarité avec ces langues. «Un multilinguisme équilibré pourrait permettre au Maroc de tirer profit de chaque langue : l’arabe pour renforcer l’identité nationale, le français pour maintenir un lien stratégique avec l’Europe, et l’anglais pour s’intégrer pleinement à l’économie mondiale», analyse Lahlou.

Par ailleurs, une meilleure valorisation de l’anglais pourrait indirectement revaloriser l’arabe. Actuellement en concurrence directe avec le français, l’arabe se trouve souvent marginalisé, en particulier dans les établissements privés. «L’introduction d’une troisième langue d’enseignement, comme l’anglais, pourrait rétablir l’équilibre en laissant à l’arabe une place centrale», note Lahlou.

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Cependant, le risque d’un déséquilibre linguistique reste élevé. Dans certains établissements privés, l’arabe est déjà reléguée au second plan, voire absente du programme éducatif. Cette situation pose des défis identitaires, car elle pourrait aboutir à une élite déconnectée des réalités culturelles et sociales marocaines.

Comment réussir une transition linguistique ?

Pour intégrer efficacement l’anglais sans écarter le français, plusieurs stratégies peuvent être envisagées :

• Introduire l’anglais dès les premières années scolaires : «Dans les écoles de prestige, l’anglais est enseigné dès la maternelle, ce qui garantit une maîtrise solide à long terme», souligne Lahlou.

• Renforcer la place de l’arabe dans les établissements privés : l’arabe doit être perçue comme une langue de savoir et non uniquement une langue identitaire.

• Adopter une approche progressive : l’anglais pourrait être introduit comme langue d’enseignement dans des matières spécifiques (comme les arts ou les sciences sociales), avant de s’élargir à d’autres disciplines.

Vers une éducation multilingue équilibrée

L’avenir linguistique du système éducatif marocain repose sur une vision qui valorise le multilinguisme comme un atout. Le français, malgré son recul international, reste une langue stratégique pour le Maroc. L’anglais, quant à lui, est une opportunité incontournable pour répondre aux défis de la mondialisation.

«Chaque langue doit avoir sa place et jouer son rôle : l’arabe pour l’identité nationale, le français pour notre histoire et l’anglais pour l’ouverture», conclut Lahlou.

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Si cette transition est bien pensée et bien appliquée, elle pourrait non seulement offrir aux élèves marocains un avantage compétitif sur le marché du travail, mais aussi renforcer leur sentiment d’appartenance culturelle. Une éducation multilingue réussie est une éducation qui prépare les citoyens de demain à naviguer entre plusieurs mondes sans perdre leurs racines.

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