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Franc CFA : «Nul n’est prophète chez lui»

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Le Franc CFA, la monnaie commune utilisée par les États membres de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), est actuellement l’une des devises les plus recherchées par les agents économiques au Ghana et au Nigeria, révèle l’agence Ecofin.  À l’aéroport d’Accra, les voyageurs en provenance de Lomé ou d’Abidjan peuvent constater que le premier bureau de change accepte de convertir 1.000 Francs CFA à un taux proche de celui du dollar américain.

Au Nigeria, la demande du Franc CFA est encore plus importante du fait de l’assèchement de liquidités en nairas et de la dépréciation de cette monnaie, 80% depuis un an. Dans les bureaux de change de Lagos, 1.000 Francs CFA s’échangent ce jour contre 1.875 nairas et bien plus au marché noir.

Cet intérêt marqué pour la monnaie commune de l’UMOA contraste avec la perception d’une partie des populations des pays de la zone Franc. Certains cercles, minoritaires, mais bruyants, y voient un symbole du «néocolonialisme».

Regain de confiance en Franc CFA

Au Nigeria comme au Ghana, ce regain d’intérêt s’explique pour les mêmes raisons : la facilité de conversion et la stabilité relative de la valeur du Franc CFA.

Le paradoxe réside dans le fait que le Nigeria et le Ghana représentent un marché potentiel combiné de près de 250 millions d’habitants, soit environ 60% de la population de la CEDEAO. Selon le FMI, le PIB du Nigeria devrait reculer à 394 milliards de dollars en 2024, loin des 477 milliards de 2022. Les économies nigériane et ghanéenne cumulent 61% du PIB global de la CEDEAO et de l’UEMOA.

L’importance prise par le Franc CFA dans ces deux pays ne reflète donc pas un renversement des forces économiques régionales. Si le cedi ghanéen vaut théoriquement plus que le Franc CFA face au dollar, il a perdu comme le naira nigérian jusqu’à 90% de sa valeur face au billet vert, tandis que la dépréciation du Franc CFA est resté limitée à 19%. Face à l’euro, la monnaie de la zone Franc est demeurée stable, alors que le cedi et le naira ont chuté de plus de 79% en moyenne.

L’une des conséquences de cette appréciation relative du Franc CFA est une distorsion des prix dans les villes frontalières des pays de l’UEMOA, du fait du pouvoir d’achat plus important qu’il représente par rapport aux monnaies du Nigeria et du Ghana. Sur les produits transfrontaliers, les hausses de prix fragilisent des populations majoritairement rurales, aux revenus limités et peu

évolutifs.