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Forces auxiliaires : un corps de supplétifs ?

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Héritées du Makhzen historique, les Forces auxiliaires (FA) constituent aujourd’hui un corps sécuritaire à part entière et qui joue un rôle très important au sein du dispositif de sécurité marocain. Présents dans l’espace public, en ville comme en campagne, les FA sont à l’œuvre pour surveiller les édifices publics, pour libérer l’espace public de toute occupation illégale, pour renforcer les rangs des forces de sécurité lors d’événements sportifs ou de manifestations publiques… De par leur uniforme kaki, les médias étrangers prennent souvent les éléments des FA pour des soldats. Quoi qu’il en soit, ce corps sécuritaire demeure sous-estimé et mal-aimé.

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Voilà une composante essentielle du Makhzen marocain. Les Forces auxiliaires (FA) font partie de l’appareil de sécurité marocain depuis des siècles, même si elles ne portaient pas toujours cette appellation. Plusieurs ouvrages parlent de mokhazenis (dérivé de « Makhzen ») accompagnant les représentants des Monarques marocains qui se sont succédés. Selon le Colonel Najib Masrour, «le mokhazeni était considéré comme un représentant du pouvoir central dédié principalement à la sécurité publique aux côtés des Caïds dans les zones rurales et des pachas dans les villes impériales. La notion de « supplétif » ne lui a été collée qu’avec l’avènement du protectorat». À la fin de la seconde guerre mondiale, la France avait regroupé les goumiers blessés ou ayant atteint l’âge de la retraite au sein de ce corps de supplétifs qui assuraient les petites tâches et aidaient l’armée régulière. On leur faisait faire de petits boulots et ils intervenaient pour donner un coup de main aux troupes régulières. Les mokhazenis étaient placés en première ligne lors des émeutes.

Ils ne porteront l’appellation « Forces auxiliaires » (FA) qu’en 1946 et ne seront dotés d’un statut particulier qu’en 1973. Le personnel des FA est officiellement rattaché au ministère de l’Intérieur qui est chargé de l’administrer et de le gérer avec la création en parallèle d’une Inspection générale des FA.

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Siège de l’Inspection générale des FA à Rabat © DR

De l’avis de plusieurs experts sécuritaires, aucune similitude n’a été rencontrée en comparaison avec des corps de sécurité étrangers. Ce corps paramilitaire ne peut être comparé à la police municipale existante dans d’autres pays même s’il remplit certaines de ses missions. Il fait définitivement partie de l’identité marocaine.

Mission n°1 : maintien de l’ordre public

Le Dahir d’organisation des FA précise qu’elles ont pour missions, entre autres, le maintien de l’ordre et la sécurité publique « concurremment avec les autres forces » (police en milieu urbain et gendarmerie en milieu rural). Les FA sont aussi mobilisées pour venir en aide aux populations en cas de sinistres. Leur commandement, au niveau national, est réparti en deux zones : la zone Sud (de Bouznika à Lagouira) et la zone Nord (de Skhirate à Tanger). Avec un effectif de 45.000 éléments, les FA opèrent dans les zones frontalières et dans les territoires selon un échelon hiérarchique placé auprès des autorités locales. On y retrouve des Unités territoriales et des Unités mobiles d’intervention. Les Commandants régionaux, provinciaux et préfectoraux assistent les walis et gouverneurs dans l’emploi de ces unités qui comptent des gardes municipales et des mokhazenis administratifs.

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Un détachement de la Garde municipale qui rend les honneurs lors d’une activité princière © Capture d’écran/SNRT

Chaque Caïdat ou Annexe administrative dispose d’un détachement de FA. Quant aux unités mobiles, elles se composent de mokhazenis dont certains montés sur engins blindés. Toutes les grandes villes comptent des casernes où les FA sont regroupées. Tout comme les Forces armées royales (FAR), les FA sont dotées d’unités de réparation du matériel et d’autres spécialisées en travaux de génie mais aussi de plusieurs centres d’instruction et de formation répartis sur tout le territoire national.

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Les éléments des FA sont mobilisés pour sécuriser les différents événements © DR

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Arsenal des Forces auxiliaires © Colonel Najib Masrour

Contrairement aux idées reçues, les FA ne sont pas uniquement dotées de matraques. Les moyens mis à leur disposition englobent du matériels anti-émeute, des armes légères si les FA sont chargées de missions de garde et de protection des points sensibles, de moyens de communication radio, d’engins blindés et d’un parc automobile récemment renouvelé.

Cette amélioration n’est pas très connue. Lors du récent drame migratoire à Melilia, des médias espagnols ont fait état d’une intervention de l’armée marocaine. Il n’en est rien. Il s’agissait simplement d’éléments des FA qui sécurisaient le point de passage à Nador.

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Des éléments des FA lors de l’assaut contre le point de passage Nador-Melilia le 24 juin dernier © DR

L’été dernier, quatre personnes avaient défrayé la chronique en rejoignant le préside occupé de Sebta à la nage. Selon les journaux espagnols, il s’agissait de mokhazenis chargés justement d’empêcher le départ de migrants irréguliers. «Leur maigre salaire de 5.000 DH ne leur permettait pas de vivre dignement», pouvait-on lire dans les commentaires des médias ibériques. Le ministère de l’Intérieur marocain avait par la suite publié un communiqué démentant ce qu’il qualifiera «d’allégations véhiculées par certains médias espagnols» et indiquant que toutes ces allégations sont infondées et ne sont que des « fake news ».

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Des hauts gradés des FA © DR

Aux côtés de toutes les forces

On les voit intervenir pour soutenir les autres forces de sécurité dans différentes occasions. Elles peuvent assister la sûreté nationale, la gendarmerie royale et la protection civile. Les FA appuient les gendarmes quand il s’agit de lutter contre l’émigration clandestine. Ils sont aux côtés des policiers pour sécuriser les différents événements dans les villes.

Ils épaulent les secouristes et autres sapeurs-pompiers quand une catastrophe se produit. Les FA ont été d’une efficacité remarquable dans le contrôle de l’application des mesures restrictives liées à la pandémie de Covid-19. Avec leurs mégaphones, ils faisaient des tournées régulières pour sensibiliser la population et inciter les gens à rester chez eux pendant le confinement. De plus, les éléments des FA s’étaient mobilisés pour prendre part à une campagne de don de sang, dans un geste noble qui témoigne de leur forte adhésion à l’élan national de solidarité visant à renflouer les stocks de cette matière vitale. Ce genre d’initiatives «n’est pas étranger aux éléments des Forces Auxiliaires mais il est ancré dans les valeurs de ce corps, surtout que les forces auxiliaires n’ont eu de cesse de sacrifier ce qu’ils ont de précieux au service de la Patrie», soulignait le commandement dans un communiqué. Il est vrai qu’on oublie souvent que des centaines d’éléments des FA ont sacrifié leur vie pour défendre le territoire national contre les attaques des séparatistes dans les 1970 et 1980. Et depuis 1989, après l’achèvement du mur de sables, plus de 10.000 éléments FA ont été amalgamées avec les formations des FAR.

Lire aussi : FAR : «En avant, marche !»

Mrouds, chabakounis, deuxièmes halloufs : des appellations dégradantes

Dans l’imaginaire collectif, un mokhazeni est mobilisé s’il est question de disperser une manifestation non autorisée, de quadriller la foule des supporters de football ou de faire la chasse aux vendeurs ambulants. Ces agents n’ont pas le grade ni les prérogatives des policiers et n’interagissent que très peu avec les citoyens. De ce fait, ils sont considérés comme des sécuritaires de deuxième classe auxquels les citoyens collent des sobriquets insultants (mrouds, chabakounis, deuxièmes halloufs…) et accordent peu d’intérêt à ces agents ‘‘paramilitaires’’ qui sont honnis par les « vrais soldats » même s’ils portent un treillis kaki très ressemblant à celui des militaires.

Pourtant, les temps ont bien changé. On ne parle plus de mokhazenis analphabètes, âgés, aux gros ventres avec un salaire misérable et une prime ne dépassant pas les 10 DH lors de la sécurisation des grands événements. Aujourd’hui, le recrutement d’un simple mokhazeni se fait sur concours avec des épreuves intellectuelles et physiques. Les promotions pour aspirer à des grades supérieurs (brigadier, moussaïd…) sont codifiées et la gent féminine a intégré ce corps sécuritaire en voie de modernisation.

https://youtu.be/R6E3dxzTtZg

En 2018, un Dahir de réorganisation des FA et de définition du statut particulier de leurs membres a été promulgué. Depuis, un processus de modernisation et de mise à niveau de ces forces a été lancé. Le nouveau cadre réglementaire vise aussi la mise en place d’une nouvelle structuration, la mise en place d’un mécanisme de coordination et de suivi, et l’accès de leurs membres à la protection sociale nécessaire. Reste à réhabiliter l’image de ces agents de la paix au sein de l’appareil sécuritaire et auprès de tous les Marocains.

Lire aussi : Sûreté nationale : haro sur les dérives policières

Missions des FA

– Maintien de l’ordre et la sécurité publique ;

– Rétablissement de l’ordre ;

– Services d’ordre organisés à l’occasion des fêtes nationales, cérémonies officielles, manifestations sportives et politiques ;

– Surveillance des frontières ;

– Protection des points sensibles ;

– Aide et assistance aux populations en cas de sinistre grave ou de calamité publique.

Organisation des FA

– Une Inspection Zone Nord et une Inspection Zone Sud ;

– Des Commandements Régionaux ;

– Des Commandements Provinciaux et Préfectoraux ;

– Des Unités Territoriales ;

– Des Unités Mobiles d’Intervention ;

– Des Unités de Soutien ;

– Une Ecole de Formation des Cadres ;

– Deux Centres d’Instruction.

Les deux Inspections disposent d’un Etat-Major composé de services et bureaux. Les Commandements régionaux, préfectoraux et provinciaux sont calqués sur l’organisation administrative du Royaume, constituant ainsi un échelon hiérarchique des FA, placé auprès des autorités locales : walis et gouverneurs. A l’intérieur de ces commandements, se trouvent les Unités territoriales et les Unités mobiles d’intervention.

Conditions exigées pour les candidatures aux concours des mokhazenis en 2022

-Etre célibataire;

-Etre de nationalité marocaine;

-Etre âgé de 18ans au moins et 24 ans au plus, à la date du 01/04/2022;

-Avoir au minimum une taille de 1,70 m pour la catégorie masculine et 1,65 m pour la catégorie féminine;

-Avoir le niveau scolaire secondaire qualifiant ou titulaire d’un diplôme de qualification professionnelle;

-Etre apte physiquement;

-?????Ne pas avoir encouru de condamnations judiciaires;

-Avoir une acuité visuelle globale minimale de 16/20 pour les deux yeux, sans utilisation de lunettes ou de lentilles;

-Avoir une acuité auditive élevée.

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