Accueil / Économie

FMI : le Maroc est sur la bonne voie pour maîtriser le ratio dette/PIB

Temps de lecture

Illustration © DR

Le Maroc poursuit une gestion proactive et stratégique de sa dette publique, avec des perspectives encourageantes à moyen terme. Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI), publié en novembre 2024, met en avant une réduction progressive du ratio dette/PIB, reflet d’une gestion rigoureuse des finances publiques et d’une résilience économique face à des défis structurels et climatiques. Détails.

Le rapport du Fonds monétaire international (FMI) a révélé que le ratio de la dette a baissé à 69,5% du PIB en 2023, après avoir atteint 71,5% en 2022. Cette régression est due à une croissance nominale du PIB de 10%, soutenue par une reprise de la croissance réelle à 3,4% et une inflation mesurée par le déflateur du PIB (6,4%). Selon les projections du Fonds, ce ratio devrait continuer à diminuer pour atteindre 68,3% en 2025, 67,2% en 2026 et 65% en 2029.

Ce recul repose sur des efforts de consolidation budgétaire progressive, une augmentation des recettes fiscales et une meilleure maîtrise des dépenses publiques. Parallèlement, le PIB nominal devrait croître de manière significative, passant de 1.557,1 milliards de dirhams (MMDH) en 2024 à plus de 2.000 MMDH en 2029, renforçant ainsi la capacité du Maroc à absorber son niveau d’endettement.

Le pays fait face à des besoins de financement élevés, avec une augmentation des besoins bruts de financement, passant de 14,6% du PIB en 2022 à 20,6% en 2023. Ces besoins devraient se stabiliser autour de 10% du PIB à moyen terme. Cette pression résulte principalement des remboursements de la dette publique et de la nécessité de financer des projets d’envergure.

Lire aussi : Résilience climatique : le FMI souligne les «progrès constants» du Maroc

Par ailleurs, les risques liés aux passifs éventuels demeurent préoccupants. Les régimes de retraite publics sous-financés, ainsi que les garanties sur la dette externe des entreprises publiques, représentent des sources potentielles de vulnérabilité qui pourraient affecter la stabilité financière du pays.

Les chocs climatiques ajoutent également une couche de complexité. La dépendance du pays à l’agriculture, un secteur particulièrement vulnérable aux sécheresses et autres phénomènes climatiques extrêmes, pèse sur la croissance économique et complique la gestion du ratio dette/PIB. La réduction de ce ratio devient plus difficile à mesure que les rendements agricoles sont affectés par ces crises environnementales.

Enfin, bien que la majorité de la dette soit libellée en dirhams, la hausse des taux d’intérêt internationaux représente un défi pour le service de la dette à moyen terme. Cette situation pourrait entraîner un alourdissement des coûts d’emprunt, augmentant ainsi la pression financière sur les ressources publique

Une stratégie pour la soutenabilité de la dette

Pour éviter cette situation le Maroc a adopté des mesures visant à garantir la soutenabilité de sa dette notamment. Parmi celles-ci, la modernisation fiscale constitue un pilier essentiel pour renforcer les finances publiques. En élargissant l’assiette fiscale et en améliorant les mécanismes de collecte, le gouvernement peut augmenter ses recettes sans avoir à recourir excessivement à l’endettement. Cette démarche permet ainsi de garantir une plus grande autonomie financière et de réduire les pressions sur la dette publique.

Parallèlement, une rationalisation des dépenses est primordiale pour assurer une gestion plus efficace des ressources. En priorisant des secteurs clés comme l’éducation, la santé et l’eau, le gouvernement peut répondre aux besoins essentiels de la population tout en optimisant l’impact de ses investissements.

Lire aussi : Le FMI valide la seconde tranche du programme d’aide au Maroc

La mobilisation de financements innovants, comme les financements verts et les obligations climatiques, est également un levier stratégique pour soutenir la transition énergétique. Ces mécanismes permettent de diversifier les sources de financement, réduisant ainsi la dépendance aux emprunts classiques et contribuant à une économie plus durable.

Cependant, il ne faut pas oublier que la transparence accrue dans la gestion de la dette publique est indispensable pour anticiper les risques économiques. En intégrant des analyses de soutenabilité de la dette dans ses documents budgétaires, comme le recommande le FMI, le gouvernement peut mieux évaluer les enjeux à long terme et prendre des décisions éclairées pour maintenir la stabilité financière du pays. Ces réformes, complémentaires et interdépendantes, visent à construire un cadre fiscal et économique plus solide et plus résilient.

Perspectives à moyen et long terme

Le FMI évalue les risques liés à la dette marocaine comme modérés, grâce à une structure favorable : des maturités longues et une faible part de dette en devises étrangères. À moyen terme, le Maroc semble sur la bonne voie pour stabiliser son ratio dette/PIB à un niveau soutenable, tout en renforçant sa résilience face aux chocs externes.

Cependant, le pays devra continuer à diversifier son économie, réduire sa dépendance à l’agriculture et anticiper les défis climatiques et démographiques. Le développement des industries vertes et des services, ainsi que le renforcement des partenariats internationaux, seront essentiels pour maintenir cette trajectoire positive.

Globalement, le Maroc démontre une capacité notable à gérer sa dette publique de manière proactive, tout en poursuivant des réformes ambitieuses pour renforcer sa résilience économique. Bien que des défis subsistent, notamment liés aux chocs climatiques et aux attentes sociales, le Royaume dispose des outils et des stratégies nécessaires pour assurer une croissance durable et inclusive. Le soutien des partenaires internationaux, combiné à des efforts internes constants, sera crucial pour pérenniser ces acquis et faire face aux incertitudes à venir.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Les tendances et les défis du marché immobilier au Maroc

Tribune - À Casablanca, l’IPAI a reculé de 1%, avec des baisses de 0,5% pour les biens résidentiels, de 2,7% pour les terrains.

Rédaction LeBrief - 30 décembre 2024

Transferts record : un pilier économique mondial en 2024

Économie - En 2024, les transferts financiers des diasporas vers les pays à faible et intermédiaire revenu atteindront 685 milliards de dollars, selon les données de la Banque mondiale.

Ilyasse Rhamir - 30 décembre 2024

Nouveau souffle pour l’emploi : un plan de 14 milliards de dirhams

Économie - Lors d’une conférence à Tétouan, Sekkouri a dévoilé un plan gouvernemental de 14 milliards de dirhams pour l'emploi.

Rédaction LeBrief - 29 décembre 2024

Marché des changes : dépréciation du dirham face au dollar

Économie - Durant la période du 19 au 24 décembre 2024, le dirham a enregistré une dépréciation de 0,7% face au dollar américain.

Rédaction LeBrief - 28 décembre 2024

Un budget 2025 ambitieux pour ADM

Économie - Le CA de ADM s'est réuni le 23 décembre 2024 pour approuver un budget de plusieurs milliards pour 2025.

Rédaction LeBrief - 27 décembre 2024

Fiscalité : permanence exceptionnelle de la TGR avant la fin d’année

Économie - La TGR informe les contribuables d’une permanence exceptionnelle pour l’échéance fiscale du 31 décembre 2024.

Rédaction LeBrief - 27 décembre 2024

Cannabis licite : bilan 2024 et ambitions pour 2025

Économie - L’année 2024 a été marquée par une forte mobilisation autour de la filière du cannabis licite. Lors de son conseil d’administration, l’ANRAC a présenté un bilan encourageant.

Ilyasse Rhamir - 27 décembre 2024

Rabat : le tourisme en pleine ascension

Économie - Le tourisme à Rabat poursuit sa progression avec une hausse de 4% des nuitées enregistrées dans les EHTC au cours des dix premiers mois de 2024.

Ilyasse Rhamir - 27 décembre 2024
Voir plus

La dette extérieure du Maroc a doublé en 10 ans

Économie - La dette extérieur (69 Mds $) dollars équivaut à 50% du revenu national brut (RNB) et représente près de 110% des revenus de l’export.

Mbaye Gueye - 7 décembre 2024

« L’Offre Maroc » : accélération vers l’hydrogène vert en 2024

Économie - Avec «L'Offre Maroc», le Royaume met en place un programme ambitieux pour catalyser le développement de l'hydrogène vert.

Chaima Aberni - 12 mars 2024

Horizon 2030 : ces grands chantiers qui transformeront Casablanca

Économie - Casablanca se prépare activement à être sous les feux des projecteurs internationaux à l’horizon 2030.

Hajar Toufik - 7 mai 2024

Conseil de la concurrence : soupçons d’entente sur les prix dans le secteur de la sardine

Économie - Le Conseil de la concurrence lance une enquête sur les soupçons d'entente sur les prix dans le secteur de l'approvisionnement en sardine, visant à protéger les consommateurs et à maintenir l'intégrité du marché.

Chaima Aberni - 30 avril 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire