Mohamed Mehdi Bensaïd, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication © DR
Le secteur de la presse marocaine s’apprête à vivre un tournant décisif. Après cinq années marquées par un soutien exceptionnel, initié en pleine crise sanitaire, le gouvernement mettra fin à cette aide en mars 2025. Cette décision, annoncée par le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, s’inscrit dans le cadre de l’entrée en vigueur d’un nouveau décret visant à réorganiser et moderniser le secteur. Alors que les acteurs de la presse doivent désormais se conformer à de nouvelles conditions pour bénéficier d’aides publiques, ce changement suscite autant d’inquiétudes que d’espoirs pour l’avenir de la presse marocaine.
La fin du soutien exceptionnel : un tournant pour la presse marocaine
Le soutien exceptionnel accordé au secteur de la presse et de l’édition au Maroc, en place depuis 2020 pour pallier les effets dévastateurs de la pandémie de Covid-19, prendra fin en mars 2025. Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, a annoncé ce changement majeur lors d’une réunion à la Chambre des représentants, évoquant un nouveau cadre réglementaire destiné à restructurer et moderniser le secteur.
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Avec un montant global de 325 millions de dirhams en 2024, ce soutien avait permis de maintenir à flot de nombreuses entreprises, notamment en les aidant à couvrir la masse salariale et les cotisations sociales. Mais l’heure est désormais à la réforme : le nouveau décret vise à renforcer la viabilité économique des entreprises de presse et à améliorer les conditions de travail des journalistes.
Un nouveau cadre pour une presse plus compétitive
Le nouveau décret, qui entrera en vigueur en mars, pose des conditions strictes pour l’accès au soutien public. Parmi elles, l’obligation pour les journaux régionaux d’employer au moins quatre journalistes professionnels. Cette mesure, selon le ministre, vise à professionnaliser davantage le secteur et à encourager la création d’emplois.
En parallèle, les entreprises de presse sont invitées à créer des pôles régionaux afin de mieux s’ancrer localement et de promouvoir une presse spécialisée. Cet effort de régionalisation pourrait redynamiser une presse souvent centrée sur les grandes métropoles comme Casablanca et Rabat.
Un accord-programme, en cours de préparation, détaillera les mécanismes de mise en œuvre de ces nouvelles aides publiques. «L’objectif principal reste la préservation des emplois et la consolidation du modèle économique des entreprises de presse», a souligné Bensaid.
Le soutien exceptionnel : une réponse à la crise
Depuis son instauration en 2020, le soutien exceptionnel à la presse a permis de sauver de nombreuses entreprises menacées de fermeture en raison des conséquences économiques de la pandémie. Cette aide s’élevait initialement à 164 millions de dirhams, avant d’atteindre 325 millions de dirhams en 2024. Elle avait notamment pour objectif de soutenir les entreprises opérant dans un cadre légal, déclarant leurs journalistes à la CNSS et respectant leurs obligations fiscales.
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En 2024, une aide forfaitaire de 35 millions de dirhams a été attribuée au secteur, en plus de montants spécifiques alloués à l’édition (30 millions de dirhams) et à l’imprimerie (9 millions de dirhams). Cependant, le secteur de la distribution est resté à l’écart de ces aides, faute d’un consensus sur son modèle économique.
Malgré ces efforts, le soutien exceptionnel n’a pas été sans limites. Le ministre a rappelé que l’objectif initial n’était pas de créer une dépendance prolongée, mais de stabiliser temporairement un secteur en difficulté. Aujourd’hui, l’enjeu est de permettre à la presse de voler de ses propres ailes.
Des défis majeurs pour un secteur en pleine transformation
La fin de ce soutien exceptionnel laisse présager de nombreux défis pour les acteurs de la presse marocaine. En premier lieu, la pérennité des emplois dans un secteur déjà fragilisé reste incertaine. Si les nouvelles conditions de soutien visent à encourager l’embauche, elles risquent aussi d’exclure les petites structures incapables de répondre aux exigences du décret.
D’autre part, la modernisation du secteur passe également par une réflexion sur son modèle économique. Dans un contexte marqué par la baisse des ventes de journaux papier et la montée en puissance des médias numériques, la question de la diversification des revenus devient plus qu’importante. À cet égard, le ministre a souligné la nécessité pour les entreprises de presse d’investir aux niveaux national et international.
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Par ailleurs, le débat autour de la création d’un Pôle audiovisuel public unifié reflète une volonté de redynamiser les médias publics. Ce projet, qui vise à regrouper les différentes entreprises audiovisuelles sous une même holding, devrait permettre une meilleure synergie et une production plus compétitive, notamment dans le domaine des films télévisés et des programmes externes.
Un futur incertain mais porteur d’opportunités
Si la fin du soutien exceptionnel marque une étape critique pour la presse marocaine, elle pourrait également ouvrir de nouvelles perspectives. La mise en place d’un cadre réglementaire clair, combinée à un soutien ciblé, pourrait offrir au secteur les moyens de s’adapter aux évolutions technologiques et aux attentes des lecteurs.
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Cependant, le succès de cette transition dépendra de la capacité des acteurs de la presse à s’approprier ces réformes et à innover. La régionalisation, la spécialisation et la diversification des revenus apparaissent comme des pistes prometteuses pour relever les défis à venir.
En attendant, l’ensemble du secteur se prépare à un profond remaniement. Entre fragilités structurelles et opportunités de modernisation, l’année 2025 sera décisive pour dessiner les contours d’une presse marocaine plus résiliente et indépendante.
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