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Figue de barbarie : de fruit du pauvre à fruit de luxe !

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Figue de barbarie. © DR

Le figuier de barbarie, autrefois symbole d’abondance au Maroc, se trouve aujourd’hui au cœur d’une crise sans précédent. Ravagées par le parasite «dactylopius opuntiae», les cultures sont décimées, entraînant une flambée des prix. Entre pertes agricoles dévastatrices et une demande croissante pour l’huile de figue, ce fruit jadis abordable est devenu un luxe.

Le figuier de barbarie, jadis symbole d’abondance et de gratuité au Maroc, fait face à une crise sans précédent. La propagation du parasite «dactylopius opuntiae» a non seulement ravagé les cultures, mais a également propulsé les prix à des niveaux historiques. Auparavant vendue à moins d’un dirham l’unité, la figue de barbarie se négocie désormais entre 5 et 10 DH, avec un prix moyen de 7 DH. L’inflation de ces prix est d’autant plus remarquable que le coût d’un panier de ces fruits a explosé, passant de 30 à près de 500 DH.

Couvrant une superficie de 120.000 hectares, les plantations marocaines ont subi des pertes dévastatrices, avec près de 90% des cultures anéanties par cette épidémie de cochenille. Cette situation est exacerbée par une réduction drastique des précipitations, qui ont diminué de 30% au cours de la dernière décennie dans les zones productrices, accentuant la crise de production.

Parallèlement, la demande pour l’huile de figue de barbarie, prisée pour ses propriétés antioxydantes et hydratantes, a connu une hausse spectaculaire. Cette huile, l’une des plus coûteuses au monde, est de plus en plus sollicitée par les coopératives agricoles, ajoutant une pression supplémentaire sur les prix du fruit. Cette convergence de facteurs économiques, environnementaux et commerciaux a transformé un fruit autrefois populaire et accessible en un produit de luxe.

Lutte régionale contre la cochenille

Le fléau de la cochenille ne se limite pas au Maroc ; il affecte également la Tunisie et l’Algérie, où les agriculteurs luttent pour protéger leurs cultures. En Tunisie, par exemple, la crise a poussé le gouvernement à considérer cette infestation comme une «question de sécurité nationale», nécessitant une surveillance accrue des frontières pour prévenir l’introduction de spécimens contaminés.

L’Algérie a également observé une rapide progression de l’infection depuis sa première détection en 2021. Face à cette menace grandissante, le développement de variétés résistantes est devenu une priorité.

Le Maroc a, lui, réagi en 2014 par un «plan d’urgence» impliquant des produits chimiques et des méthodes de gestion des plantes infectées. Le programme national d’urgence a facilité la plantation de nouvelles variétés qui demandent moins d’eau, un atout majeur dans des régions sévèrement touchées par la sécheresse. Ces efforts sont complétés par des innovations comme l’introduction de la coccinelle mexicaine «hyperaspis trifurcata», un prédateur naturel de la cochenille, dont l’utilisation est soutenue par la FAO. Malgré ces mesures, 75% des cultures étaient toujours affectées en 2022.

Les défis que rencontrent les agriculteurs du Maghreb sont exacerbés par les changements climatiques, qui réduisent les précipitations et augmentent les températures, rendant les cultures encore plus vulnérables aux maladies et aux parasites. En réponse, les autorités et les chercheurs intensifient leurs efforts pour développer des méthodes de culture plus résilientes et écologiquement viables. La recherche de variétés de figues de barbarie résistantes à la cochenille est désormais au cœur des stratégies agricoles pour garantir la survie de cette culture essentielle.

Lire aussi : Prix des fruits : l’été de toutes les hausses

Collaboration scientifique et innovations agricoles

En plus de l’introduction de prédateurs naturels comme la coccinelle mexicaine, les scientifiques marocains et tunisiens collaborent sur plusieurs fronts pour améliorer la gestion agricole. Ces collaborations incluent le partage de connaissances sur les pratiques agricoles qui peuvent prévenir la propagation de la cochenille et le développement de techniques de culture qui utilisent moins d’eau, adaptées aux conditions climatiques arides de la région.

Les initiatives pour sauvegarder les cultures de figue de barbarie sont soutenues par des investissements internationaux et des subventions. Par exemple, la FAO a alloué un fonds d’urgence pour aider à contenir la propagation du parasite en Tunisie, ce qui montre l’importance de la coopération internationale dans la lutte contre ces menaces agricoles. Ces fonds sont utilisés pour financer la recherche, la sensibilisation des agriculteurs, et les mesures de biocontrôle, qui sont essentielles pour réduire la dépendance aux pesticides chimiques et promouvoir des méthodes de lutte biologique.

Sur le terrain, les agriculteurs marocains qui ont adopté les nouvelles variétés résistantes rapportent non seulement une meilleure tolérance aux infestations, mais aussi une amélioration de la qualité et du rendement de leurs récoltes. Ces variétés, nécessitant moins de ressources en eau et résistantes aux conditions climatiques extrêmes, permettent une production plus stable et prévisible, essentielle pour la planification économique et la sécurité alimentaire des communautés rurales.

Diversification et résilience agricole face à la crise de la cochenille

La crise de la cochenille a également stimulé l’innovation dans le secteur agricole. Les agriculteurs explorent de plus en plus les applications commerciales de la figue de barbarie au-delà de la consommation traditionnelle du fruit. L’huile extraite de ses graines, prisée dans l’industrie cosmétique, offre une nouvelle source de revenu pour les agriculteurs impactés par les pertes de récoltes dues à la cochenille. Ce développement a ouvert de nouveaux marchés et a fourni un amortisseur économique pour les agriculteurs touchés.

Cette lutte contre la cochenille est cruciale pour l’économie rurale marocaine et la sécurité alimentaire de la région. Les actions entreprises pour éradiquer ce parasite et préserver les cultures de figuier de barbarie sont essentielles pour maintenir la viabilité du secteur. Avec l’appui de la recherche agronomique et le soutien gouvernemental, il reste un espoir de renverser la tendance de cette crise dévastatrice, assurant ainsi que ce fruit emblématique puisse retrouver sa place sur les marchés locaux et internationaux.

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