Accueil / Société

Faut-il maintenir le changement d’heure ?

Temps de lecture

Photo d'illustration © DR

En mai dernier, juste après le mois de Ramadan, le Maroc est repassé à l’heure GMT+1. Une mesure qui intervient en application du décret publié le 26 octobre 2018, relatif à l’heure légale du Royaume. Quatre ans après, le passage à l’heure d’été divise toujours. Encore une fois, les voix se sont élevées pour contester le bien-fondé de cette décision, dont les avantages restent discutables, mais les inconvénients sont inéluctables. Détails.

Instauré principalement dans le but de réaliser des économies d’énergie, le changement d’heure est de plus en plus contesté. Entrée en vigueur au Maroc il y a quatre ans de façon permanente, cette pratique n’a jamais fait l’unanimité, surtout auprès des parents d’élèves.

Comme l’accoutumée et à chaque rentrée scolaire, le débat reprend. Une question écrite a été d’ailleurs adressée dans ce sens par une députée du Parti du progrès et du socialisme (PPS) au ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa. Elle l’a appelé à prendre en compte les préoccupations des parents pour mettre en place des horaires scolaires adaptés, notamment dans le monde rural.

Lire aussi : Retour à l’heure GMT+1 le dimanche 8 mai

Un intérêt pour le Maroc ?

Parler du GMT+1 nécessite un retour à son origine, et les raisons qui ont motivé certains pays à l’adopter, comme la France. Un rituel qui date des années 70 avec la crise énergétique de l’époque. L’idée était de réduire d’une heure la consommation relative à l’éclairage et de maximiser ainsi la durée d’exposition à l’ensoleillement naturel. Une économie qui s’est ensuite avérée difficilement chiffrable et souvent remise en cause.

Au Maroc, l’argument énergétique a toujours été le plus avancé par l’Exécutif. En 2019, Le département de la Réforme de l’Administration avait fait état d’une économie de 37,6 Gwh durant la période entre octobre 2018 et mars 2019 avec une baisse des émissions de CO2 d’un total de 11.444 tonnes. Il s’agit des derniers chiffres communiqués, car ceux de 2020 et 2021 n’ont pas été révélés.

La logique n’est pas seulement de réaliser une efficacité énergétique, mais aussi de rétablir une cohérence géographique, dans le but d’opérer pour une intégration économique avec les partenaires traditionnels du Maroc, plus particulièrement avec la France et l’Espagne. Les répercussions seraient positives pour certains secteurs, mais, toutefois, aucune étude n’est encore venue confirmer ce postulat.

Quels impacts ?

Il faut d’abord souligner que le Maroc réalise deux changements d’heures par an. GMT pour le Ramadan et GMT+1 pour le reste de l’année. Ce qui perturbe donc le sommeil et, par conséquent, bouscule l’équilibre hormonal. Contrairement à l’heure d’été, l’heure d’hiver semble être bénéfique, car elle correspond davantage au rythme du soleil et de la lumière sur lequel notre organisme se régule. L’heure de sommeil supplémentaire de l’automne pourrait ainsi avoir un effet protecteur.

Les premières victimes sont les écoliers et les fonctionnaires, contraints de sortir dans l’obscurité tôt le matin, ce qui peut constituer un danger pour leur sécurité. De plus, le manque de luminosité entraînerait des symptômes de dépression et de grandes fatigues, selon plusieurs études scientifiques réalisées à ce sujet.

Le changement d’heure aurait également un impact négatif sur plusieurs secteurs, comme le bâtiment, où les heures les plus chaudes de la journée sont à éviter. De même pour le secteur agricole. Avec GMT+1, l’activité démarre tôt, soit en décalage avec le soleil. Conséquence : plusieurs pratiques sont perturbées.

Lire aussi : Le retour à l’heure GMT examiné par le gouvernement

Les Marocains et GMT+1, un rejet total

Craignant l’impact négatif sur leur santé, les Marocains ont toujours été majoritairement contre l’heure d’été. Menée par le cabinet d’étude PricewaterhouseCoopers (PwC), l’étude réalisée en 2018 par le ministère de la Réforme de l’administration et de la Fonction publique avait conclu que 68% des citoyens et 63% des entreprises s’y opposent.

Dans le détail, 77% des Marocains interrogés confirment que le changement de l’heure légale entraîne des perturbations de sommeil durant les premiers jours suivants chaque changement. 70% perdent une à deux heures de sommeil. 54% affirment que leur niveau de concentration est négativement affecté. Chez les entreprises, 57% d’entre elles observent une réduction de la productivité, alors que 64% mentionnent des retards de leurs collaborateurs.

Conclusion, si aujourd’hui les économies en énergie sont moins flagrantes, il faudrait probablement penser à mettre fin aux changements d’heures et appliquer à la place une politique visant à réduire la consommation, avec une attitude responsable des citoyens pour avoir des gains en énergie concluants à long terme.

Si l’initiative de mettre fin au changement d’heure a été prise au niveau européen, au Maroc, les discussions sont au point mort. En s’exprimant l’année dernière sur le sujet, le porte-parole du gouvernement Mustapha Baitas a déclaré que «l’annulation de l’heure supplémentaire nécessite une étude globale».

Dernier articles
Les articles les plus lu

CNSS : lancement du contrôle de scolarité des enfants bénéficiaires

Société - CNSS informe ses assurés du lancement de l’opération de contrôle de droit aux prestations pour l’année scolaire 2024-2025.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

Programme d’aide directe au logement : 30.848 bénéficiaires dans les différentes régions du Royaume

Société - Le programme d'aide directe au logement a contribué à l'amélioration des conditions de vie de 30.848 bénéficiaires dans les différentes régions du Royaume.

Mbaye Gueye - 10 décembre 2024

Villes sans bidonvilles : amélioration des conditions de vie de plus de 358.000 ménages ( Adib Benbrahim)

Société - Le programme villes sans bidonvilles permis d'améliorer les conditions de vie de plus de 358.000 ménages.

Mbaye Gueye - 10 décembre 2024

Critiques au parlement sur les politiques de soutien aux médias

Société - Le parlement a vivement débattu des nouvelles orientations gouvernementales concernant le soutien au secteur des médias.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

Le Maroc vote pour le moratoire sur la peine de mort

Société - Le Maroc s’apprête à voter en faveur du moratoire sur la peine de mort, une résolution portée à l’Assemblée générale des Nations Unies.

Ilyasse Rhamir - 9 décembre 2024

Colmar: vibrant hommage aux Goumiers marocains qui se sont sacrifiés pour la liberté de la France

Société - Un vibrant hommage a été rendu aux Goumiers marocains lors d’une cérémonie tenue à Fréland, près de Colmar, pour commémorer le 80e anniversaire de la libération de cette commune de l’occupation nazie.

Mbaye Gueye - 9 décembre 2024

Vannerie marocaine : tradition, innovation et succès international

Société - La vannerie marocaine, fruit d’un savoir-faire transmis de génération en génération, connaît aujourd’hui un essor sans précédent.

Ilyasse Rhamir - 9 décembre 2024

Inwi lance sa grande opération nationale de don de sang

Société - L’opérateur téléphonique Inwi a annoncé le lancement de son opération de don de sang à l’échelle nationale.

Mbaye Gueye - 9 décembre 2024
Voir plus

Vers un Maroc sans SIDA d’ici à 2030

Société - La Journée mondiale de lutte contre le SIDA, célébrée ce 29 novembre à Agadir, a marqué un moment clé pour le Maroc.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Rougeole : le Maroc face à la résurgence de la maladie

Société - Le Maroc connait l’apparition de plusieurs foyers de cas de rougeole, notamment dans les régions Beni Mellal, Souss Massa et Tanger.

Mouna Aghlal - 24 décembre 2024

Un objet lumineux dans le ciel de Tanger

Société - Dans la nuit du 20 au 21 juin, vers 1h du matin, un phénomène lumineux dans le Nord du Maroc et le Sud de l'Espagne a attisé la curiosité des internautes.

Atika Ratim - 22 juin 2022

Le roi Mohammed VI préside une séance de travail sur la révision du Code de la famille

Société - Le roi Mohammed VI a présidé, lundi au Palais Royal de Casablanca, une séance de travail consacrée à la révision du Code de la Famille.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Réseaux sociaux : quels sont les favoris des Marocains en 2024 ?

Société - Trois réseaux sociaux du groupe Meta sont les plus utilisés quotidiennement au Maroc. Oui, mais lesquels?

Hajar Toufik - 3 juin 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire