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Expansion économique : le Maroc en avant-scène de la dynamique africaine

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Image d'illustration. © DR

Au cours des dernières années, le Maroc s’est imposé comme un pivot central dans le paysage des investissements en Afrique, marquant une ascension fulgurante de son engagement financier sur le continent. Entre 2014 et 2021, le flux des investissements directs étrangers (IDE) marocains vers l’Afrique a connu une expansion spectaculaire, bondissant de 100 millions de dollars à un impressionnant 800 millions de dollars. Ce dynamisme est le fruit d’une stratégie économique audacieuse, visant à accroître l’influence et la présence marocaine à travers divers secteurs porteurs.

Le Royaume a judicieusement ciblé une multitude de domaines dans le continent, tels que la banque, les télécommunications, les phosphates, l’immobilier, l’énergie, l’agroalimentaire, le transport et la santé, démontrant ainsi la polyvalence et l’adaptabilité des entreprises marocaines aux spécificités des marchés africains. Ces investissements, au-delà de leur diversité sectorielle, se distinguent par leur qualité et leur compétitivité, contribuant au progrès économique et social des pays partenaires.

Par ailleurs, le Maroc a élargi son horizon d’investissement, en se positionnant aussi bien dans les nations d’Afrique du Nord que dans celles de l’Afrique subsaharienne. Notamment reconnu par la Société financière internationale (IFC) comme le principal investisseur maghrébin en Afrique subsaharienne, le Maroc a consolidé ses liens économiques avec des pays stratégiques de l’Afrique de l’Ouest et centrale, renforçant ainsi son rôle de leader économique sur le continent.

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Le Maroc sous le roi Mohammed VI

L’engagement accru du Maroc en Afrique s’aligne étroitement sur la vision stratégique du roi Mohammed VI qui s’est imposé comme un fervent défenseur de la coopération Sud-Sud, insufflant une nouvelle dynamique dans la stratégie africaine du Royaume, tant sur le plan diplomatique qu’économique, depuis son avènement en 1999. Ses multiples déplacements sur le continent et ses discours, dont celui d’Abidjan en 2014, ont souligné son engagement en faveur du développement partagé et d’une collaboration accrue entre les pays africains. Il a spécialement plaidé pour que les ressources africaines profitent avant tout aux peuples du continent, en mettant l’accent sur l’importance des partenariats Sud-Sud. Cette vision royale inspire les entreprises marocaines, de plus en plus nombreuses à s’aventurer au-delà des frontières nationales, portées par une expertise sectorielle solide et une volonté de partager leurs pratiques exemplaires.

L’impulsion donnée par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), lancée en 2018, est également perçue comme un vecteur potentiel de renforcement des échanges économiques entre le Maroc et le reste de l’Afrique. Malgré des exportations marocaines vers l’Afrique subsaharienne relativement modestes en 2021, la ZLECAf en créant un marché unique pour 1,3 milliard de personnes, offre des perspectives inédites de complémentarité et d’intégration des chaînes de valeur continentale.

Bank of Africa : symbole de l’expansion économique marocaine en Afrique

En 2020, un tournant s’est opéré dans le paysage bancaire marocain lorsque la BMCE, classée troisième banque du Royaume par sa taille, a adopté une nouvelle identité en se rebaptisant Bank of Africa, du nom de sa filiale implantée en Afrique subsaharienne quinze ans auparavant. Ce rebranding va bien au-delà d’une simple modification nominale ; il reflète l’évolution d’une institution née dans les années 1950 en tant que banque publique, désormais devenue un pilier du secteur financier sur le continent avec une présence affirmée dans plus de vingt pays africains. Amine Bouabid, à la tête du Groupe Bank of Africa, reconnaît l’audace de cette initiative : «Ce changement a étonné nos clients marocains, attachés à l’ancienne appellation. Cependant, l’ambition était de fédérer nos opérations sous une marque unique à travers l’Afrique».

L’essor de la Bank of Africa au-delà des frontières marocaines s’inscrit dans une tendance plus large de rapprochement entre le Maroc et le reste de l’Afrique, une dynamique soutenue par une multiplication par huit des investissements directs étrangers marocains sur le continent entre 2014 et 2021. Thomas Pellerin, représentant régional de l’IFC pour le secteur manufacturier et des services au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, souligne la position stratégique du Maroc : «Grâce à sa localisation et à son niveau de développement, le Maroc est perçu par de nombreux investisseurs internationaux, notamment européens, comme une porte d’entrée vers l’Afrique». Il ajoute que, fort de son industrie et de ses services développés, le Maroc se tourne désormais vers l’extérieur, l’Afrique en tête, pour étendre son empreinte économique.

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Vers de nouvelles opportunités et stratégies d’expansion

Depuis le tournant du millénaire, le regard des investisseurs marocains sur l’Afrique subsaharienne a considérablement évolué. Autrefois perçue comme un territoire complexe et peu accessible, cette région suscite à présent un vif intérêt, marquant un véritable renouveau dans les stratégies d’expansion des entreprises marocaines. Abdou Diop, à la tête de la commission Afrique de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et partenaire chez Mazars Maroc, souligne ce revirement stratégique : «Les entreprises leaders marocaines ont redéfini leur approche, voyant dans ces nouveaux marchés une opportunité d’accroître leur rayonnement. Cette réévaluation des risques par le secteur privé a ouvert la porte à de nombreuses opportunités».

L’essor des investissements marocains en Afrique subsaharienne s’est initialement concentré sur l’Afrique de l’Ouest francophone, région linguistiquement et historiquement liée au Maroc, grâce à l’impulsion de grandes institutions financières telles que la BMCE, Attijariwafa Bank, Banque Centrale Populaire, et du géant des télécommunications Maroc Telecom. Cependant, dès 2010, cette dynamique s’est élargie à d’autres domaines et régions du continent, avec des acteurs de premier plan comme le producteur de phosphates OCP, le groupe immobilier Addoha et le fabricant de produits pharmaceutiques Cooper Pharma prenant le relais. OCP Africa, une extension du groupe OCP, s’est illustrée depuis sa création en 2016 en fournissant des engrais spécifiques aux besoins agricoles de plusieurs pays, étendant son activité à 16 nations, dont le Cameroun, le Rwanda et la Zambie, renforçant ainsi la présence marocaine à travers le continent.

Émergence des fonds souverains africains

Le Policy Center for the New South a aussi mis en lumière l’émergence et l’évolution des fonds souverains africains dans une publication intitulée «Les fonds africains souverains : une deuxième vague (2016-2023) sous le signe de la redéfinition stratégique». L’étude retrace d’abord l’historique de ces fonds sur le continent avant d’examiner ceux mis en place ces dernières années.

L’analyse révèle qu’entre 2016 et 2023, huit pays africains ont lancé leur premier fonds souverain, marquant ainsi une période prolifique pour ce type d’investissement stratégique. Le Maroc se distingue particulièrement en inaugurant deux fonds souverains, portant à neuf le total de nouveaux fonds établis durant cette ère.

Les deux fonds marocains, Ithmar Capital et le Fonds Mohammed VI pour l’investissement jouent des rôles essentiels dans le paysage financier du continent. Ithmar Capital, notamment, a pris la présidence de l’International Forum of Sovereign Wealth Fund et a été à l’origine de l’African Sovereign Forum, visant à stimuler les investissements sur le continent. En 2021, les actifs gérés par ce fonds étaient estimés à 1,5 milliard d’euros.

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Le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement

Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, quant à lui, lancé en 2022 avec un capital de 50 milliards de DH, se distingue par sa capacité à attirer des investisseurs institutionnels internationaux. Ce fonds vise à soutenir l’investissement public, à contribuer au plan de relance économique de 2020, à encourager la transition écologique et l’innovation au Maroc, et à renforcer les souverainetés nationales essentielles. Il ambitionne de dynamiser l’investissement public, en se concentrant surtout sur des projets d’infrastructures et des stratégies sectorielles d’envergure, dans le but de renforcer la compétitivité nationale et la souveraineté dans les domaines alimentaire, sanitaire et énergétique.

La présidence marocaine de l’IFSWF a catalysé l’élan vers la création de nouveaux fonds souverains en Afrique, faisant du Maroc un acteur influent dans ce domaine. Cette influence s’est particulièrement concrétisée par l’intégration de deux nouveaux fonds souverains, l’Ethiopian Investment Holding et la Mauritius Investment Corporation, à l’ASIF en juillet 2023. Cette évolution est considérée comme bénéfique tant pour le Maroc que pour l’ensemble du continent africain.

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