Selon des estimations citées en septembre 2021 dans un rapport du WWF, la production de plastique dans le monde devrait doubler d’ici 2040 et «accélérer la crise climatique ». © Joseph EID / AFP
Les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et le Canada se sont engagés, dimanche à Sapporo (au nord du Japon), à réduire à zéro leur pollution plastique d’ici à 2040.
«Nous nous sommes engagés à mettre fin à la pollution plastique, avec l’ambition de réduire à zéro toute pollution plastique supplémentaire d’ici à 2040», ont affirmé les ministres de l’Énergie, du Climat et de l’Environnement des sept puissances industrielles dans un communiqué commun publié à l’issue de leur réunion des 15 et 16 avril 2023.
Pour y parvenir, les Sept comptent miser sur des leviers tels que l’économie circulaire et la réduction ou l’abandon des plastiques jetables et non recyclables, précise le communiqué.
Le groupe a également annoncé vouloir «accélérer» leur «sortie» des énergies fossiles dans tous les secteurs, dans la lignée de la neutralité carbone d’ici à 2050, mais sans fixer de date butoir. Une promesse qui intervient alors qu’en mai débute à Paris une nouvelle session de négociations en vue d’un traité juridiquement contraignant sous l’égide des Nations unies d’ici fin 2024.
Une «ambition» à la hauteur des enjeux ?
La grande avancée de la réunion du G7 est la disposition des États-Unis, du Japon et de l’Italie à s’aligner sur cet objectif. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, eux, font déjà partie d’une coalition internationale regroupant une cinquantaine de pays ayant fixé, l’an dernier, l’objectif «de haute ambition» qui vise, précisément, la fin de ce type de pollution à l’horizon 2040.
C’est un objectif «ambitieux», s’est félicitée la ministre allemande de l’Environnement Steffi Lemke. «Il s’agit ainsi d’un « signal fort » avant la prochaine session de négociation d’un traité international sur le plastique fin mai à Paris », a également salué le ministre français de la Transition écologique Christophe Béchu.
À l’inverse, Daniel Read, de Greenpeace, juge que, s’«il y a du positif dans les annonces du G7», «cela manque encore d’ambition» à la hauteur des enjeux. De rappeler que la quantité de déchets plastique a doublé dans le monde en vingt ans, que seuls 9% d’entre eux sont réellement recyclés selon l’OCDE, et que, selon l’ONU, la quantité de plastique rejetée dans les océans va presque tripler d’ici à 2040.
«2040, c’est très, très tard au vu de l’urgence», commente Muriel Papin, fondatrice de l’association No Plastic in my Sea, qui suit de près les négociations autour du traité. L’urgence est à la hauteur de la menace. Chaque minute, l’équivalent d’un camion-poubelle rempli de déchets plastiques se déverse dans les océans. Au rythme actuel, la pollution des océans (11 millions de tonnes par an) aura quadruplé d’ici à 2050.
«Sur la voie d’un remède»
Il y a un an à Nairobi (au Kenya), 175 pays ont convenu de mettre fin à la pollution plastique dans le monde, en adoptant une résolution qualifiée d’«historique» qui vise à élaborer d’ici fin 2024 un traité juridiquement contraignant sous la supervision des Nations unies.
«Ce jour marque le triomphe de la planète Terre sur les plastiques à usage unique. Il s’agit de l’accord multilatéral sur l’environnement le plus important depuis l’Accord de Paris (sur le climat)», avait déclaré Inger Andersen, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). «Il s’agit d’une police d’assurance pour cette génération et les suivantes, qui pourront vivre avec le plastique sans être condamnées par lui».
Les chefs d'État, ministres de l'environnement et autres représentants de 175 nations ont approuvé une résolution historique à l'#UNEA5 pour #CombattreLaPollutionPlastique et forger un accord international juridiquement contraignant d'ici à 2024 https://t.co/JB7FBCFluh
— Programme des Nations Unies pour l’environnement (@UNEP_Francais) March 2, 2022
Parmi les mesures envisagées figurent une interdiction mondiale des articles en plastique à usage unique inutiles, la mise en place d’un système pollueur-payeur de responsabilité élargie des producteurs et une taxe sur la production de plastique vierge.
Un nouveau round de négociations intergouvernementales sur le sujet est prévu fin mai à Paris.
Une pollution hors de contrôle
La production mondiale de plastique ne semble pas près de ralentir, bien au contraire : celle-ci a doublé entre 2000 et 2019, à 460 millions de tonnes (Mt) contre 234, selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de février 2022.
Dans le même temps, la production de déchets plastiques a, elle, plus que doublé. 81 % des produits fabriqués en plastique finissent en déchets en moins d’un an. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, près de 400 millions de tonnes de déchets plastiques sont générés chaque année à l’échelle de la planète.
Un chiffre qui devrait doubler d’ici 2040 et qui constitue un danger pour les écosystèmes marins et la biodiversité : 1,4 million d’oiseaux et 14.000 mammifères marins meurent tous les ans en raison de l’ingestion de plastiques. Et une menace pour la santé humaine : toute la chaîne alimentaire est contaminée par les microplastiques – l’individu consommerait jusqu’à 74.000 particules par an –.
En 2020, plus de la moitié des matières plastiques émanait de la production chinoise qui représente, à elle seule, le tiers du bilan mondial (32 %). Et si les tendances actuelles se maintiennent, la production de plastique dans le monde devrait doubler d’ici 2040 et «accélérer la crise climatique», selon des estimations citées en septembre 2021 dans un rapport du WWF.
D’ici 2050, les émissions de gaz à effet de serre associées à la production, à l’utilisation et à l’élimination des plastiques représenteraient 15% des émissions autorisées, dans le cadre de l’objectif visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °Celsius.
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