Entretien : Nizar Berdai, l’homme qui fait résonner la voix de la jeunesse dans la politique
Nizar Berdai, entrepreneur et président de l'AMJP © DR
LeBrief : L’AMJP a-t-elle observé une évolution dans l’attitude des jeunes Marocains vis-à-vis de l’action politique depuis sa création ? Si oui, de quelle manière ?
Nizar Berdai : Nous avons lancé l’Association marocaine des jeunes parlementaires (AMJP) en 2019. Celle-ci met en place annuellement des sessions du Parlement jeunesse du Maroc, dans le but de vulgariser le jargon politique et de rapprocher les jeunes de la politique au Maroc. Nous visons à les impliquer dans la compréhension du fonctionnement législatif et à valoriser leurs recommandations et perspectives sur des thématiques d’actualité, afin de les communiquer aux instances décisionnelles. Depuis les élections de 2021, nous avons observé une amélioration notable. Il s’agit notamment d’un accroissement du taux de participation des jeunes. De plus, plusieurs jeunes se sont portés candidats aux élections, que ce soit au niveau local, régional ou législatif. Ainsi, l’atteinte ces objectifs initiaux de 2019 nous encourage. Et nous sommes optimistes quant à l’obtention de résultats meilleurs dans le futur.
LeBrief : Comment l’AMJP s’assure-t-elle que les recommandations du Parlement Jeunesse soient prises en considération par les décideurs politiques ?
Nizar Berdai : Nous établissons des partenariats stratégiques pour renforcer notre mission. Actuellement, nous collaborons avec la Chambre des conseillers, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), ainsi qu’avec plusieurs ministères. Ces partenariats facilitent la communication et garantissent la prise en considération de nos recommandations. Des rencontres sont organisées pour offrir l’opportunité de présenter ces recommandations directement au sein du Parlement. Elles sont exposées lors de la cérémonie de clôture de chaque session parlementaire des jeunes, et ce, dans l’hémicycle même de la Chambre basse, conférant ainsi une légitimité à nos démarches. De plus, la présence de représentants politiques à ces événements assure une écoute attentive des propositions des jeunes. Une démarche qui constitue un moyen efficace de faire entendre notre voix. Cette approche, qui n’existait pas lors des premières années, témoigne aujourd’hui d’une évolution positive dans notre capacité à influencer le débat public.
Lire aussi : Parlement Jeunesse du Maroc : une rencontre entre l’AMJP et le CESE
LeBrief : Quelles stratégies adoptez-vous pour renforcer le sens du leadership chez les jeunes Marocains et leur assurer une participation efficace à la vie politique ?
Nizar Berdai : À travers le Parlement jeunesse du Maroc, une initiative de simulation parlementaire, nous nous engageons activement dans l’organisation d’assises régionales tout au long de l’année. Les inscriptions pour la sixième législature sont d’ailleurs ouvertes jusqu’au 15 mars. Notre démarche consiste à parcourir les différentes régions du Maroc, en collaboration avec des universités et des associations locales, afin de stimuler le débat sur divers sujets d’actualité. Ces rencontres préparatoires se terminent en juillet avec la tenue de la législature annuelle où se rassemblent des représentants de chaque région à Rabat. Nous incluons également les Marocains résidant à l’étranger et accueillons des délégations étrangères, notamment de Belgique, du Canada, de France, et d’Italie. Ces dernières viennent enrichir le Parlement jeunesse du Maroc de leur perspective. À cela s’ajoute la participation d’une délégation d’étudiants africains résidant au Maroc. Et c’est cette diversité qui contribue à l’émergence d’idées novatrices et au développement d’un sens du leadership.
LeBrief : Quels sont les défis majeurs rencontrés dans l’engagement des jeunes dans la vie politique et parlementaire marocaine ?
Nizar Berdai : Notre principal défi réside dans les inquiétudes des jeunes vis-à-vis de l’évolution de la scène politique au Maroc. Celle-ci se traduit par leur réticence à s’impliquer activement dans la vie politique, souvent perçue comme complexe et opaque. Nous nous engageons à clarifier la politique pour eux, en proposant une approche innovante et différente. Et ce n’est pas à travers les partis politiques, car il y a un décalage entre les partis politiques aujourd’hui et les jeunes. Au lieu de cela, nous utilisons une simulation parlementaire conçue pour être simple et accessible. Ce qui permet une immersion facile dans le processus politique sans la pression des affiliations politiques traditionnelles. En tant qu’association apolitique, nous offrons donc un espace neutre où chacun est libre d’exprimer ses opinions sur des questions d’actualité sans être jugé. Notre objectif est de rapprocher les jeunes de la sphère politique d’une manière qui leur parle et les incite à participer à la construction d’un avenir politique plus inclusif et représentatif.
Lire aussi : Sahara : l’Association marocaine des Jeunes parlementaires prend acte
LeBrief : Quels sont les projets ou initiatives que l’AMJP envisage pour l’avenir afin de promouvoir davantage l’engagement des jeunes dans la politique ?
Nizar Berdai : Nous souhaitons créer des représentations régionales et locales indépendantes, actives toute l’année. L’idée est de rassembler un grand nombre de jeunes au sein de notre association, qui pourront formuler et soumettre des recommandations tant au niveau local que régional. Notre but est d’aller au-delà de la seule législature annuelle nationale, en valorisant l’autonomie de chaque région et en tenant compte de leurs spécificités uniques. Ainsi, nous voulons que ces recommandations reflètent la diversité et les besoins spécifiques de chaque région.
LeBrief : Vous êtes également entrepreneur. Quelles ont été vos principales motivations pour créer WeMash Digital ?
Nizar Berdai : Bien que mon parcours professionnel soit originaire d’un secteur complètement différent, sans lien avec la digitalisation, la communication ou l’événementiel, j’ai identifié une opportunité sur le marché marocain. Observant la tendance croissante vers le numérique accélérée par la pandémie de la Covid-19, tant dans les secteurs publics que privés, j’ai décidé de me lancer dans ce domaine pour apporter une contribution positive, notamment en créant de la valeur ajoutée et des emplois, pour soutenir dans l’ensemble le développement économique du pays. WeMash Digital, l’entreprise que j’ai fondée en 2020, se concentre sur trois principaux axes d’intervention. Premièrement, la transformation digitale, couvrant tout ce qui concerne l’IT, y compris le développement web et mobile. Deuxièmement, la communication, où nous travaillons sur l’image de marque et la e-réputation des entreprises. Enfin, depuis août 2023, nous avons intégré un troisième axe : l’événementiel. Nous organisons désormais des événements complets, pour des clients du secteur public comme privé, ayant collaboré avec des ministères et institutions de renom. Notre objectif avec l’axe événementiel est de proposer une solution clé en main, englobant tous les aspects nécessaires pour un événement réussi, depuis le choix du lieu jusqu’à la logistique, en passant par la scénarisation, l’impression, la restauration et l’hébergement.
LeBrief : Quel bilan faites-vous quatre ans après ?
Nizar Berdai : Quatre ans après nos débuts, notre ambition ne faiblit pas. Au contraire, nous envisageons d’élargir nos horizons et de renforcer notre impact. Un de nos objectifs est d’accroître notre présence dans le secteur privé, où jusqu’à présent, nos activités événementielles se sont principalement concentrées sur le secteur public. Nous aspirons également à développer davantage notre département IT. Actuellement, notre répartition est de 40% dans l’IT, 40% dans la communication, et 20% dans l’événementiel. Nous souhaitons atteindre un équilibre plus homogène entre ces trois axes, car ils se complètent mutuellement et constituent le cœur de notre offre de services. Notre deuxième grande ambition est de nous ouvrir au marché international, avec un intérêt particulier pour l’Afrique. Nous sommes conscients de la demande et du besoin existants sur le continent et souhaitons y exporter notre expertise.
Diplomatie parlementaire : Ould Errachid en mission au Panama
Politique - Mohamed Ould Errachid se rendra au Panama les 4 et 5 décembre à la tête d’une délégation parlementaire marocaine.
Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024Le Maroc et l’UE veulent relancer leurs relations parlementaires
Politique - Rachid Talbi Alami et son homologue, Roberta Metsola, ont convenu à Bruxelles d’une feuille de route pour la relance des relations entre les parlements.
Mbaye Gueye - 3 décembre 2024Droit de grève : malgré la modification du texte, le projet divise toujours
Politique - Face à la pression des syndicalistes, le gouvernement a fait un geste visant à améliorer le projet de loi sur le droit de grève.
Mbaye Gueye - 3 décembre 2024Rabat : 22ème réunion de la Commission militaire mixte maroco-française
Politique - Les échanges ont porté sur la coopération militaire bilatérale et les enjeux sécuritaires régionaux et internationaux.
Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024Sommet «One Water» : Akhannouch défend l’initiative du Maroc pour l’eau
Politique - Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, représente le Roi Mohammed VI au Sommet “One Water”, qui a débuté mardi à Riyad.
Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024Lancement du Conseil stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas
Politique - Aziz Akhannouch, a présidé la première réunion du Conseil d’orientation stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas.
Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024Éducation : un budget record, des résultats en berne
Politique - Malgré des budgets records atteignant 73,91 milliards de dirhams, le système éducatif marocain reste embourbé dans des problématiques structurelles.
Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024Italie : inauguration du consulat honoraire du Maroc en Calabre
Politique - La ville italienne de Gioia Tauro a accueilli l’inauguration des nouveaux locaux du consulat honoraire du Maroc pour la région de Calabre.
Rédaction LeBrief - 1 décembre 2024Feu le roi Mohammed V : 65e commémoration de la disparition du père de l’indépendance
Politique - C'est le 65e anniversaire de la disparition de Feu le roi Mohammed V, père de la Nation et symbole de l'indépendance.
Rédaction LeBrief - 21 mars 2024Emmanuel Macron en Algérie : quelles sont les implications géostratégiques de cette visite ?
Afrique, Diplomatie, Politique - Le président français est arrivé ce jeudi en Algérie, où il va rester pendant trois jours. Pour que chaque partie réponde aux attentes de l’autre, un seul point est en jeu : la question du Sahara.
Nora Jaafar - 25 août 2022SRM : une réforme qui divise
Politique - La Chambre des représentants a adopté en début de semaine le projet sur la création des sociétés régionales multi-services (SRM)
Rédaction LeBrief - 16 juin 2023Réforme de l’éducation : un nouvel organigramme pour plus d’efficacité
Politique - Le ministère de l’Éducation dévoile une nouvelle structure organisationnelle pour moderniser et optimiser son efficacité.
Chaima Aberni - 5 juillet 2024Numérique : vers un âge légal de 16 ans?
Politique - Le groupe parlementaire du PPS a proposé une loi relative à la protection des données personnelles des individus.
Mouna Aghlal - 25 décembre 2024Marche verte : l’épopée marocaine
Hafid El Jaï - 6 novembre 2021Samira Sitaïl : la dame de fer nommée ambassadrice du Maroc en France
Politique - Lors du Conseil des ministres, le roi Mohammed VI a nommé Samira Sitaïl ambassadrice du Maroc en France
Rédaction LeBrief - 20 octobre 2023