Accueil / Économie

Entrepreneuriat féminin : quelle réalité au Maroc ?

Temps de lecture

Image d'illustration © DR

Plus que six jours pour célébrer la Journée internationale de la femme. Une occasion opportune pour souligner l’importance de soutenir et d’encourager le potentiel des femmes. Une démarche qui leur permettra à la fois d’asseoir leur rôle dans la dynamique entrepreneuriale et de contribuer au développement du pays. Mais la réalité est autre : le taux de l’entrepreneuriat féminin au Maroc est encore très faible.

Depuis les années 80, l’entrepreneuriat féminin ne cesse d’évoluer au sein de la société marocaine. Cela démontre ainsi la présence courante de la femme dans le secteur économique et son apport en matière de création d’emplois.

Grâce au rôle très important qu’elle joue dans le développement économique et son intégration aux sphères politiques et autres, la femme marocaine a réussi à se faire remarquer dans la société par sa détermination. Ceci en dépit des inégalités sexospécifiques qui sont manifestes dans la sphère économique.

Cependant, bien que les femmes prennent de nombreuses initiatives dans l’entrepreneuriat, plusieurs d’entre elles se trouvent encore sous le spectre de l’informel. Une situation qui empêche de les identifier, de valoriser leur réelle contribution à l’économie et limite leur évolution.

16,2% des entreprises actives au Maroc dirigées par des femmes

Faire émerger les activités entrepreneuriales des femmes, qui restent encore largement invisibles, constitue un défi de poids, selon la présidente du Réseau international des femmes dirigeantes « Wimen » (Women International Management & Executive Network », Laila El Andaloussi. Celle-ci estime que les femmes prennent un grand nombre d’initiatives dans l’entrepreneuriat, mais restent invisibles, car elles s’activent beaucoup dans l’informel qui n’est ni structuré, ni comptabilisé, ni valorisé et ni accompagné.

En termes de chiffres, une étude réalisée par l’Observatoire marocain de la TPME (OMTPME) sur l’entrepreneuriat féminin, incluse dans son rapport d’activité des exercices 2020-2021, révèle que 16,2% des entreprises actives au Maroc sont dirigées par des femmes. Ce taux est beaucoup plus élevé que celui révélé jusque-là par les principales études effectuées, notamment celle de l’enquête nationale de 2019 du Haut-Commissariat au plan, qui indique que le taux des entreprises dirigées par des femmes n’est que de 12,8%.

Néanmoins, l’étude de l’Observatoire ne concerne pas le secteur informel où la population féminine est «assez représentative», a expliqué El Andaloussi. Selon elle, le challenge est de pouvoir faire émerger toutes ces énergies et les soutenir de façon à ce que les projets puissent grandir et se développer.

Lire aussi : Ouverture des candidatures pour la 2e édition du Prix « Moubdiaat »

Principaux facteurs de blocage

El Andaloussi, également expert-comptable et vice-présidente de l’Ordre des experts-comptables du Maroc, estime que parmi les facteurs de blocage figure la persistance de «l’ancrage culturel selon lequel diriger son entreprise peut entrer en compétition avec le fait de diriger son foyer, sa famille, alors que ce sont des alliés complémentaires et légitimes».

Concernant le monde rural, elle a précisé que le frein majeur est le manque de qualification et d’instruction des femmes qui ne leur confère pas une véritable culture d’entrepreneuriat. Et de noter que l’écart en termes d’éducation tend à s’estomper.

Lire aussi : Femmes et développement : quels défis et solutions ?

Nécessité d’enclencher de véritables stratégies

Sur le plan sectoriel, il ressort de l’étude que les sections de la « Santé humaine et action sociale » (Activité des médecins généralistes, Pratique dentaire, etc.), des « Autres activités de services  » (Coiffure et soins de beauté, Blanchisserie-teinturerie, etc.) et de l’ « Enseignement », enregistrent les parts les plus importantes de l’entrepreneuriat féminin, soit environ 40%, 32% et 30% respectivement.

À ce propos, l’experte a soulevé qu’il est temps d’enclencher de véritables stratégies et dynamiques pour renforcer la présence des femmes dans d’autres secteurs clés. Elle a notamment cité l’industrie, les nouvelles technologies et les métiers d’ingénierie.

Pour elle, bien que la coiffure, les soins de beauté et la blanchisserie soient certes des activités indéniablement importantes, ils ne drainent pas beaucoup de valeur ajoutée et de création d’emplois. Et d’ajouter que l’orientation des femmes en majorité vers les professions libérales, notamment la médecine et les professions de santé, ainsi que l’enseignement, est due d’abord à la souplesse dans la gestion du temps de travail que ces métiers permettent par rapport à une activité de salariée.

Importance de développer certaines infrastructures et services de base

Par ailleurs, la présidente de « Wimen » fait savoir que se lancer dans l’entrepreneuriat nécessite, de même pour les hommes que pour les femmes, de travailler d’abord sur sa confiance en soi, croire en soi, être en mesure d’accepter les échecs, et d’aller au-devant des difficultés.

Sauf que pour la femme, au nom d’obligations familiales qui pèsent toujours sur elle en particulier, ce droit lui est confisqué parfois, alors que cela demande forcément un encouragement de la famille proche et un soutien du conjoint. Cet appui changera certes la donne et pourrait faire émerger en elle, la flamme d’entrepreneur qui l’anime, selon la responsable.

Aussi, elle a indiqué que pour stimuler l’entrepreneuriat féminin, il est important de développer certaines infrastructures et services de base, tels que des structures de gardes d’enfants, ou des transports publics sécurisés.

Enfin, promouvoir l’entrepreneuriat féminin se veut une priorité nationale. Cela peut commencer à petite échelle, par la famille, en apportant les soutiens moral et matériel nécessaires, sans oublier le rôle de l’État à une grande échelle, pour un développement inclusif et durable.

Dernier articles
Les articles les plus lu

La MAP tient son 39e Conseil d’administration

Économie - La MAP a tenu à Rabat son 39ᵉ Conseil d’administration sous la présidence de Mohamed Mehdi Bensaid.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

CMGP Group : une entrée en Bourse qui restera dans les mémoires

Économie - Ce jour restera dans les mémoires. Celui où CMGP Group et a raflé le gros lot avec 33.771 souscripteurs.

Sabrina El Faiz - 16 décembre 2024

Viande rouge : le Maroc s’approvisionne en Espagne

Économie - La flambée des prix de la viande rouge au Maroc pousse les acteurs économiques et les autorités à s'approvisionner en Espagne pour endiguer cette crise persistante.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024

OCP Africa et le Niger : un accord pour transformer l’agriculture

Afrique, Économie, Économie - OCP Africa, filiale du Groupe OCP, a signé un accord stratégique avec le ministère nigérien de l’Agriculture et de l’Élevage.

Ilyasse Rhamir - 14 décembre 2024

Cour des comptes : radiographie des finances publiques

Économie - En matière de vérification et de jugement des comptes, 3.951 arrêts et jugements ont été rendus.

Rédaction LeBrief - 13 décembre 2024

Renforcement du partenariat économique entre le Maroc et la Zambie

Afrique, Diplomatie, Économie - Le Maroc et la Zambie ont décidé de consolider leur coopération économique à travers la première session de la Commission mixte de coopération (CMC), tenue à Laâyoune.

Mbaye Gueye - 13 décembre 2024

Mobilité durable : le Maroc, leader africain au Green Impact Expo 2025

Économie - Le Maroc réaffirme son leadership en matière de lutte contre le changement climatique en organisant un événement d'envergure qui redéfinira les enjeux de la mobilité durable au niveau régional.

Farah Nadifi - 13 décembre 2024

Marsa Maroc et la BERD signent un accord de financement de 690 MDH

Économie -  La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a conclu avec Marsa Maroc un accord de financement de 690 MDH.

Mbaye Gueye - 13 décembre 2024
Voir plus

70 millions de dollars pour moderniser la protection sociale

Économie - La Banque mondiale a validé un nouveau projet d’un montant de 70 millions de dollars afin de consolider les progrès réalisés dans la réforme de la protection sociale.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Hydrogène vert : Akhannouch émet la circulaire de mise en œuvre de « l’Offre Maroc »

Aziz Akhannouch a émis la circulaire de mise en œuvre de "l’Offre Maroc" pour le développement de la filière de l’hydrogène vert.

Rédaction LeBrief - 11 mars 2024

FMI : le Maroc est sur la bonne voie pour maîtriser le ratio dette/PIB

Économie - Selon le FMI, le ratio de la dette devrait continuer à diminuer pour atteindre 68,3% en 2025, 67,2% en 2026 et 65% en 2029.

Mbaye Gueye - 27 novembre 2024

L’avenir énergétique du Maroc : un nouveau chapitre d’investissements et d’innovations

Économie - Le Maroc, dans un contexte mondial de transition énergétique, se positionne en acteur majeur grâce à des investissements colossaux dans les énergies renouvelables.

Farah Nadifi - 18 décembre 2024

Un bug sur Google affichait l’euro à 18,54 DH, BAM dément

Économie - Mercredi soir, les Marocains ont retenu leur souffle après avoir constaté une chute soudaine de la valeur du dirham face à l’euro.

Hajar Toufik - 19 janvier 2023

Forum de la PME africaine: le Maroc, acteur engagé dans la dynamique d’intégration africaine (Akhannouch)

Économie - Aziz Akhannouch a indiqué que le Maroc est pleinement conscient des enjeux auxquels le continent africain est confronté.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire