Temps de lecture : 8 minutes
Temps de lecture : 8 minutes
Temps de lecture : 8 minutes
L’Agence internationale pour la recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dévoilé les dernières estimations du cancer, soulignant les défis croissants que représente cette maladie. Les résultats d’une enquête menée dans 115 pays indiquent qu’une majorité d’entre eux ne financent pas de manière adéquate les services prioritaires de lutte contre le cancer et les soins palliatifs, en lien avec la couverture sanitaire universelle (CSU).
Les estimations de la CIRC pour l’année 2022 révèlent des chiffres croissants avec environ 20 millions de nouveaux cas de cancer et 9,7 millions de décès estimés. Ces chiffres mettent en lumière l’impact disproportionné sur les populations mal desservies et soulignent l’urgence de lutter contre les inégalités mondiales en matière de cancer. L’enquête mondiale de l’OMS sur la CSU et le cancer révèle que seulement 39% des pays participants ont inclus la gestion du cancer dans leurs services de santé de base financés pour tous les citoyens, tandis que seuls 28% ont couvert les soins palliatifs, soulignant la nécessité d’une attention accrue aux services de santé essentiels.
Lire aussi : Journée mondiale contre le cancer du sein : des chiffres préoccupants au Maroc
Le cancer en chiffres selon l’Observatoire mondial de la CIRC
Les données de l’Observatoire mondial du Cancer de la CIRC sur les 10 principaux types de cancer englobent près des deux tiers des nouveaux cas et décès mondiaux en 2022, couvrant 185 pays et 36 cancers. Le cancer du poumon, avec 2,5 millions de nouveaux cas (12,4% du total), domine les statistiques, suivi par le cancer du sein (2,3 millions de cas, 11,6%), le cancer colorectal (1,9 million, 9,6%), la prostate (1,5 million, 7,3%), et l’estomac (970.000 cas, 4,9%).
Le cancer du poumon prédomine également en tant que principale cause de décès par cancer (1,8 million, 18,7%), suivi du colorectal (900.000 décès, 9,3%), du foie (760.000 décès, 7,8%), du sein (670.000 décès, 6,9%), et de l’estomac (660.000 décès, 6,8%). Les variations entre les sexes sont notables. Le cancer du sein domine chez les femmes dans la majorité des pays (157 sur 185), tout comme le cancer du col de l’utérus, classé huitième cancer mondial. Du côté des hommes, le cancer du poumon est prévalent, en plus de ceux de la prostate et du colorectal. De plus, les cancers du foie et du colorectal constituent les principales causes de décès parmi eux.
Le cancer selon l’indice de développement humain
Les estimations mondiales mettent en évidence des disparités dans la charge du cancer en fonction du niveau de développement humain, en particulier pour le cancer du sein. Dans les pays à indice de développement humain (IDH) élevé, où 1 femme sur 12 reçoit un diagnostic de cancer du sein au cours de sa vie, le risque de décès est de 1 sur 71. En revanche, dans les pays à faible IDH, le risque de diagnostic est moindre (1 sur 27), mais le risque de décès est accru (1 sur 48), soulignant des problèmes tels que le diagnostic tardif et l’accès insuffisant au traitement.
Dr Bente Mikkelsen, directeur du département des maladies non transmissibles à l’OMS, souligne l’urgence d’investissements importants pour remédier aux inégalités mondiales dans les résultats du cancer, en particulier dans les pays à faible revenu. Cette enquête met en lumière la nécessité d’une action immédiate pour garantir un accès équitable aux soins du cancer à l’échelle mondiale.
Lire aussi : Soigner le cancer du sein, est-ce possible ?
Santé mondiale en 2050
D’ici 2050, on estime que plus de 35 millions de nouveaux cas de cancer surgiront, marquant une augmentation de 77% par rapport aux 20 millions estimés en 2022. Cette croissance rapide du cancer résulte du vieillissement de la population, de la croissance démographique et de l’exposition accrue à des facteurs de risque, dont beaucoup sont liés au développement socio-économique.
En termes absolus, les pays à indice de développement humain (IDH) élevé connaîtront la plus forte augmentation de l’incidence, avec 4,8 millions de nouveaux cas prévus en 2050 par rapport à 2022. Cependant, l’augmentation relative de l’incidence est plus marquée dans les pays à faible IDH (142%) et à IDH moyen (99%). Cette tendance s’accompagnera d’une quasi-duplication de la mortalité par cancer dans ces pays d’ici 2050.
Dr Freddie Bray, chef de la direction de la surveillance du cancer à la CIRC, souligne que cette augmentation impactera de manière disproportionnée les pays ayant moins de ressources pour gérer le fardeau du cancer. Malgré les progrès dans la détection précoce et le traitement du cancer, d’importantes disparités subsistent entre les régions à revenus élevés et faibles, ainsi qu’à l’intérieur des pays. Dr Cary Adams, directeur de l’UICC (Union for International Cancer Control), insiste sur le fait que des outils existent pour permettre aux gouvernements de prioriser les soins contre le cancer, assurant un accès universel à des services abordables et de qualité. Il souligne que cela dépend non seulement des ressources, mais aussi de la volonté politique.
Le Maroc face à une montée en flèche du cancer
Selon un document adressé à Lebrief par Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, le Maroc fait face à un défi croissant lié au cancer, avec plus de 60.000 nouveaux cas enregistrés en 2022. Un chiffre qui est en nette augmentation par rapport aux 30.000 cas enregistrés en 2004. Le cancer a connu une progression au cours des dernières décennies, passant de la septième place parmi les maladies au Maroc en 2.000 à la quatrième place en 2016. Actuellement, il représente la deuxième cause de décès après les maladies cardiovasculaires, avec un taux de mortalité de 13,4%.
Selon Tayeb Hamdi, plusieurs facteurs contribuent à ces chiffres élevés, notamment la croissance démographique, l’amélioration de l’accessibilité au dépistage et au diagnostic du cancer, le vieillissement de la population, le surpoids et l’obésité. Il cite aussi une alimentation déséquilibrée, pauvre en fruits et légumes, la consommation de tabac, d’alcool et la prévalence de certaines maladies infectieuses.
Les types de cancer les plus courants au Maroc varient entre les sexes. Chez les hommes, les cancers prédominants incluent le cancer du poumon, le cancer de la prostate, le cancer du côlon, le cancer de la vessie et le lymphome non hodgkinien. Du côté des femmes, les cancers les plus fréquents sont le cancer du sein, la thyroïde, le col de l’utérus, le côlon et les ovaires. La lutte contre le cancer au Maroc nécessite une approche globale visant à sensibiliser, prévenir et améliorer l’accès aux soins pour inverser cette tendance inquiétante.
Lire aussi : Glyphosate : un «cancérogène probable» bientôt réautorisé pour 10 ans
Recommandations de Dr Tayeb Hamdi face à l’augmentation des cas
Suite aux données fournies par Tayeb Hamdi, en 2022, le Maroc a enregistré environ 63.000 nouveaux cas de cancer, entraînant malheureusement 37.000 décès au cours de la même année. Ces chiffres soulignent la prévalence alarmante de cette maladie, avec une personne sur six étant exposée au risque de développer un cancer avant l’âge de 75 ans. Les statistiques indiquent également que le risque de décès par cancer avant cet âge est d’un homme sur dix et d’une femme sur treize.
Face à ces réalités, la prévention demeure un élément essentiel dans la lutte contre le cancer. Les recommandations de Dr Tayeb Hamdi incluent l’évitement du tabac, de l’alcool et de l’exposition excessive au soleil sans protection. De plus, adopter une alimentation saine basée sur des légumes et des fruits, pratiquer régulièrement une activité physique et maintenir un poids santé sont des mesures importantes. Éviter l’air pollué en assurant une ventilation régulière des lieux et en évitant les sources de pollution. La vaccination contre des maladies infectieuses telles que le papillomavirus humain et le virus de l’hépatite B, ainsi que des mesures d’hygiène des mains, contribuent aussi à la prévention. Enfin, le dépistage régulier et la détection précoce du cancer sont des pratiques essentielles pour améliorer les chances de traitement et de survie.
Temps de lecture : 8 minutes
Changement climatique : l’Afrique en première ligne, le Maroc parmi les pays les plus touchésSelon le dernier rapport de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), l'Afrique ressent avec une acuité particulière les effets dévastat… |
RGPH 2024 : ce que les enquêteurs vont vous demander !Dix ans après le recensement de 2014, les Marocains participent à la septième édition. Celle-ci a débuté dimanche dernier. Alors que cette o… |