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Enfants de la Patrie, les Lions de l’Atlas sont parés !

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Le Maroc est, pour la seconde fois en moins d’un an, sur toutes les bouches. Mais cette fois-ci, c’est notre tragédie nationale qui émeut les pays du monde entier, au moment même où nos voisins libyens vivent une catastrophe des plus dramatiques. Si la sympathie des peuples est incontestablement réelle, celle des politiques ou des médias, donneurs de leçons, l’est parfois moins. Profitant du temps de «la vulnérabilité et de la mortalité», que nous Marocains, humains, vivons, sous couvert d’objectivité journalistique, certains s’adonnent à des mises en scène médiatiques et d’autres, chauvins, d’un pays qui n’est pas le leur, se présentent en sauveurs.

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C’est l’histoire d’un drame humain qui met le Maroc une nouvelle fois sous le feu des projecteurs. La catastrophe survenue le vendredi 8 septembre et qui a coûté la vie à près de 3.000 de nos concitoyens fait encore la une de l’actualité mondiale. Au même moment, la Libye est confrontée à sa propre tragédie : le bilan des inondations dévastatrices dans la ville de Derna, dans l’est du pays, s’est établi à environ 6.000 personnes, selon les autorités locales, et risque d’atteindre plus de 20.000 morts.

Et, si l’aide internationale s’est également rapidement organisée pour porter secours à nos voisins, les propositions d’assistance ne faiblissent pas côté marocain. «C’est dans l’obscurité que brille le plus fort l’éclat de l’humanité», écrit le Journal de Montréal qui décrit le chapitre d’une histoire toujours en cours : celle de la résilience marocaine et de la solidarité mondiale.

En effet, depuis le séisme qui a frappé les villages reculés du Haut Atlas, nombreux sont les pays s’étant dits «prêts à assister le Maroc avec toute l’aide dont le pays aurait besoin».

Attristés, bouleversés, solidaires : les chefs d’État tous prêts à aider le Royaume ?

De l’Émir du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani au président russe, Vladimir Poutine, en passant par Ursula Von der Leyen, de nombreux dirigeants internationaux ont réagi dès l’annonce du puissant séisme qui a frappé le Royaume, dans la nuit du vendredi. Plusieurs officiels ont ainsi assuré se tenir aux côtés du Maroc «dès qu’il en formulera la demande».

Ils sont au total une soixantaine de pays à avoir offert leur aide. Parmi eux, les États-Unis, l’Allemagne, Israël, la Turquie, l’Inde et la France. Rabat n’a pour l’heure officiellement sollicité que l’assistance espagnole, britannique, qatarie et émiratie. Une décision réfléchie qui se justifie par la nécessité d’une meilleure «coordination» sur le terrain des équipes de recherche et de secours, a précisé le ministère de l’Intérieur.

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Dans un contexte particulièrement tendu – notamment avec l’affaire des vacanciers d’Essaïdia – Alger aussi s’était dite prête à soutenir le pays. Dans une scénarisation, presque indécente, l’Algérie s’est livrée toute la journée du lundi 11 septembre à la diffusion en masse des forces algériennes prêtes sur le tarmac de l’aéroport militaire de Boufarik (banlieue de la capitale), où le régime a annoncé l’envoi de secouristes et d’une aide d’urgence au Royaume à bord de trois avions.

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La presse algérienne «se fait l’écho d’une communication du ministère algérien des Affaires étrangères qui aurait révélé que le Maroc aurait refusé de recevoir l’aide humanitaire algérienne, au lendemain d’une farce tournée pour les chaînes de télévisions algériennes», déplorent plusieurs médias nationaux. La chaîne algérienne d’information en continu, AL24news, en citant le ministère algérien des Affaires étrangères, a indiqué que le Royaume du Maroc aurait informé le consul algérien à Casablanca qu’il n’avait «pas besoin de l’aide humanitaire proposée par l’Algérie».

Or, le ministère marocain des Affaires étrangères a indiqué «qu’aucune proposition d’aide de l’Algérie n’a été formulée ou formalisée». Une information confirmée par nos confrères du 360 qui écrivent «que les autorités marocaines n’ont aucun contact avec le régime d’Alger. De là à autoriser une aide, dont la demande n’a même pas été adressée au département habilité à y répondre, il y a une indécence dont seul le voisin oriental a le secret».

Par ailleurs, au moment où la Nation entière est mobilisée face à la catastrophe qui a ébranlé le Maroc, de nouvelles attaques du Polisario auraient eu lieu lundi, depuis le quartier général du groupe armé situé à Tindouf, en Algérie, contre la région d’Aousserd. En effet, les milices du Polisario ont tenté de s’infiltrer à travers la frontière, cherchant à exploiter la situation difficile que traverse le Maroc à la suite de cette catastrophe naturelle. Cependant, la tentative a été neutralisée.

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«Une tactique opportuniste qui vise à exploiter un semblant de vulnérabilité du Maroc dans cette période, alors qu’il est engagé dans des opérations humanitaires de grande envergure», déplore nos confères de Maroc Diplomatique.

Paris, les médias et Macron : un paternalisme qui ne dit pas son nom

C’est du côté de l’Hexagone qu’une vague polémique est le plus décriée par nos citoyens. Si la France a été un des premiers pays à proposer son assistance, l’insistance des médias, dans des éditions spéciales mises en place dès le lendemain de la catastrophe, quant à ce qu’ils appellent un «silence de Rabat», a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, et au-delà. Car oui, en seulement quelques heures, le Maroc faisait l’actualité des médias du monde entier. Mais la sympathie qui teintait l’information a rapidement basculé vers la sidération française : «Pourquoi le Maroc de Mohammed VI ne s’est pas jeté sur la proposition d’aide de Sa Majesté la France ?! Un lèse», écrit notre confrère Naïm Kamal. «Le Maroc [pourrait-il] s’en sortir sans la France», se demandaient lundi les journalistes de TF1, à la grande stupéfaction des internautes, déplorant la prétention et l’arrogance d’un tel titre.

Lire aussi : «Je ne sais pas comment les habitants du Haut Atlas vivent. Mais aujourd’hui, je sais comment ils meurent»

«Le gouvernement marocain bloque toutes les équipes de secours», avait affirmé dimanche 10 septembre sur France Inter Arnaud Fraisse, le fondateur de Secouristes sans frontières. «On aurait voulu prendre l’avion ce matin, malheureusement, on n’a toujours pas eu l’accord du gouvernement marocain. Nous ne comprenons pas ce blocage», a-t-il poursuivi alors que le nombre de victimes augmente d’heure en heure, note le média français.

À juste titre, la journaliste Samira Sitaïl, s’est indignée dimanche sur le plateau de BFMTV, de politiser ce drame humanitaire : «C’est très grave de dire sur un plateau de télévision que le Maroc refuse l’aide d’un pays. Je considère que c’est un appel à rébellion des populations marocaines. On est en train de dire aux Marocains : «On veut vous aider, mais votre gouvernement ne nous laisse pas vous aider.» Je considère ceci comme étant extrêmement grave et il va falloir le corriger».

Quelques heures après, c’est Rachida Dati, maire (Les Républicains) du VIIe arrondissement de Paris, qui s’indigne face aux propos du même présentateur. «Je ne comprends pas ce que vous cherchez. J’ai l’impression qu’on veut mettre une polémique sur une tragédie humaine !», a-t-elle lâché en direct. Et de continuer : «Vous vous rendez compte de l’indignité de votre question ?»

https://twitter.com/echodu_/status/1700942574125531617?s=46&t=vHkMlFgn6tfcUDHEwfZM8g

Dans une première tentative de calmer les tensions, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a affirmé lundi matin sur BFMTV que le Maroc était «un pays souverain et c’est à lui d’organiser les secours», et que s’il n’avait pas accepté l’intervention des secours français, il n’avait «refusé aucune aide» non plus. Mais le tapage médiatique français n’a pas faibli, au point que c’est Emmanuel Macron qui a décidé, dans une tentative d’apaisement et au même moment où le Roi était à Marrakech, de prendre la parole hier après-midi sur les réseaux sociaux, s’adressant directement aux «Marocains et Marocaines».

Une tentative souhaitée par le locataire de l’Élysée afin que «puissent se taire par respect pour toutes et tous» les polémiques. «Nous sommes à vos côtés, aujourd’hui comme demain», a déclaré le président français. «Nous serons là dans la durée sur le plan humanitaire, sur le plan médical, pour la reconstruction, pour l’aide culturelle et patrimoniale, dans tous les domaines où le peuple marocain et ses autorités considéreront que nous sommes utiles», a-t-il ajouté.

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Un discours qui lui a valu de «conforter sa solide réputation de meilleur ennemi de la France à l’étranger», écrivent nos confères du 360. Car rompre tout protocole et s’adresser directement au peuple d’un pays que l’on ne gouverne pas, laisser planer l’attitude d’un interventionnisme déplacé, d’un paternalisme qui ne dit pas son nom.

À bien des égards, l’initiative du président est jugée cavalière. Car cette prise de parole surfe bien sur la même vague médiatique française, tant dénoncée par les Marocains. «Depuis quand vous vous adressez directement aux Marocains ? C’est très osé, condescendant et manipulateur de s’adresser au peuple d’une nation dont le Roi a décliné votre offre. Vous vous prenez pour le président de l’Afrique ?», a commenté un internaute cité par le même média.

Pour notre confrère, Aziz Boucetta, «ce qui dérange, ce qui insupporte, c’est ce pouvoir français arrogant et ces médias français insoutenables de suffisance et d’approximations. Sur à peu près tout».

«Se faire une couv’», au dépens d’une tragédie humaine

En effet, et contrairement à la presse anglo-saxonne par exemple, les médias français tirent, depuis le début, à boulets rouges sur l’intervention marocaine. «Prenez exemple des médias anglo-saxons professionnels et impartiaux, chers «médias» français», a ironisé un internaute sur X (anciennement Twitter), saluant la couverture détaillée proposée par CNN.

À l’antenne, Sam Killey, reporter sur la chaîne américaine, a livré un reportage détaillé à Asni, une localité quasiment entièrement détruite par les secousses. Le journaliste a décrit l’essentiel des dégâts observés, les principales difficultés rencontrées par les secouristes.

Dans un autre extrait de la même chaîne, Sam Bloch, directeur des interventions d’urgence, de l’ONG américaine World Central Kitchen, à Marrakech, témoigne des difficultés géographiques auxquelles font face les forces d’intervention sur place. «L’accès est vraiment le plus grand défi», a-t-il déclaré. Avec des hélicoptères, son équipe «apporte de l’eau, mais procède également à des évacuations médicales et à l’évacuation des personnes. Donc ils ne font que faire des rondes sans arrêt.»

Une couverture objective sans «jamais se demander pourquoi le Maroc n’a pas encore sollicité l’aide des États-Unis».

Interviewé sur CNN, le wali et directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur, Khalid Zerouali, a été clair : «Nous avons travaillé sur une stratégie depuis 2004 (séisme à Al-Hoceïma, ndlr). Nous n’allons pas perturber cette stratégie simplement pour paraître aimable avec qui que ce soit. Le Maroc, s’il en a besoin, acceptera l’aide de tout autre pays, y compris la France».

Sur les réseaux sociaux et face au traitement médiatique français, les internautes ont exprimé clairement leur colère. Une intervention que nous, médias, ne pouvons pas nous permettre. Nombreux journalistes et intellectuels marocains ont pourtant le cœur à répondre. Car, pour le dire avec les mots du philosophe marocain Driss Jaydane :

«Qu’est-ce que la Culture, sinon la prise en compte de la vulnérabilité et de la mortalité d’autrui ! Ces deux catégories fondamentales de notre condition d’humains. Et ce, par-delà les frontières, les âges,… Lorsqu’un ou des médias ne prennent pas en compte la dimension quasi sacro-sainte de ces deux catégories, dont le respect nous dit et nous fait qui nous sommes, fragiles, humains, et tous liés par cette même condition que résume cette seule possible définition de la Culture. Lorsqu’ils ne respectent pas le temps de la vulnérabilité et de la mortalité pour se «faire une couv’», ils méritent d’être taxés de nihilistes».

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