Accueil / Culture

Emploi : l’IA va-t-elle tous nous remplacer ?

Temps de lecture

Intervention de Zouheir Lakhdissi, lors des 2ème assises des industries culturelles et créatives, le 3 octobre à Rabat. DR : Le Brief.

Vous souvenez-vous de l’histoire de l’imprimerie ? Qu’aurait-elle en commun avec celle de l’IA ? Une machine qui est venue remplacer les scribs ? Elle en avait fait du bruit autour d’elle, mettant au chômage 80.000 personnes. Si, dans un premier temps, cette machine avait été rejetée, et interdite, elle a dû être adoptée. Cette même histoire se répète pour l’IA.

C’est l’histoire de l’imprimerie qui ressemble incroyablement à celle de l’IA… Elle est venue bousculer 80.000 emplois dans l’Empire ottoman. Ce dernier avait interdit l’utilisation de l’imprimerie, pour sauvegarder les emplois, mais aussi, sans doute un peu, par peur du progrès. Cette anecdote nous vient de Zouheir Lakhdissi, DG de Dial Technologies, à l’occasion des deuxièmes assises des industries culturelles et créatives, le 3 octobre à Rabat.

Il y a d’ailleurs quelques siècles, l’utilisation de l’imprimerie était crainte, de peur de voir une prolifération de textes anarchiques. Cette crainte, encore très présente aujourd’hui, sous une forme différente, reflète les mentalités face aux révolutions technologiques, «comme à l’époque de l’imprimerie, nous faisons face à une transformation profonde de notre société, qui affectera tous les métier », poursuit Lakhdissi.

Lire aussi : Fabrication intelligente et intelligence artificielle, mais KESAKO !?

La stratégie nationale offre au Maroc une opportunité inédite pour s’affirmer comme un acteur clé de cette transformation numérique mondiale. Pour Lakhdissi, il ne s’agit pas seulement d’une question technique, mais d’un véritable changement sociétal qui nécessite l’implication des individus et des institutions. «Chaque métier devra évoluer. Les tâches à faible valeur ajoutée seront confiées à l’IA, tandis que les humains se concentreront sur des activités à forte valeur intellectuelle». Ainsi, cette transformation, loin d’être une menace, pourrait au contraire redonner de la valeur aux compétences humaines, en particulier celles qui relèvent de la créativité et de l’intelligence émotionnelle.

Nadim Sadek, fondateur et CEO de Shimmr Al and Author, partage cette vision. Il préfère d’ailleurs parler d’une intelligence alliée plutôt que d’une intelligence artificielle. «Pour moi, l’IA n’est pas un rival, mais un ami qui permet de redonner aux humains la liberté d’être à nouveau plus humains», affirme-t-il. Selon lui, l’IA, loin de remplacer l’intelligence humaine, l’amplifie. «Elle devient un facilitateur, un amplificateur des capacités humaines».

Cette technologie, la plus rapidement adoptée de l’Histoire, selon Sadek, doit être vue comme une opportunité à saisir d’urgence. «Toute personne qui ne fait pas l’expérience de l’IA, même de manière triviale, se retrouvera rapidement désavantagée, tant sur le plan économique que culturel. C’est pourquoi il est impératif que chacun intègre cette technologie dans son quotidien».

Lire aussi : Transition digitale : que doit faire le Maroc ?

Créativité et IA

Un autre aspect fascinant de l’IA est la manière dont elle bouleverse les concepts traditionnels de créativité. Pour Nadim Sadek, elle permet une collision d’idées qui n’aurait jamais été possible auparavant. «Par exemple, même si je ne connais rien à un sujet, je pourrais, en tant qu’ingénieur, explorer de nouvelles idées grâce à l’IA». Ce mélange inédit d’inspirations et de connaissances ouvre de nouvelles perspectives pour les créateurs de tous horizons.

Historiquement, la créativité était souvent associée à la maîtrise d’un artisanat. «Vous deviez savoir peindre, chanter ou écrire pour être créatif», souligne Sadek «mais aujourd’hui, avec l’IA, ce paradigme change. Vous pouvez avoir une impulsion créative et demander à l’IA de matérialiser cette idée en une image, une musique ou un texte, même sans avoir les compétences techniques». L’intelligence alliée devient ainsi un outil au service de la créativité humaine, libérant l’esprit des contraintes techniques pour se concentrer sur l’essence même de l’idée.

Un enthousiasme commun face à l’IA, certes, qui n’occulte toutefois pas les défis que cette technologie pose pour le Maroc. Comme le souligne Zouheir Lakhdissi, «nous n’avons peut-être pas encore amorcé cette transformation, mais elle est inévitable». Pour l’expert, l’un des principaux enjeux est d’assurer que cette transition se fasse de manière inclusive, en préparant la population aux métiers de demain et en renforçant les compétences numériques dès le plus jeune âge.

Cette transformation dépendra également de l’accompagnement des institutions, qui devront adapter leurs politiques aux besoins émergents.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Agadir-Dakar : la voie maritime au service du commerce

Économie - Une voie maritime inédite entre Agadir et Dakar s’apprête à révolutionner le transport de marchandises vers l’Afrique subsaharienne.

Ilyasse Rhamir - 9 décembre 2024

Nadia Fettah présente une vision ambitieuse pour la finance en Afrique

Économie - À l’occasion du AFIS 2024 tenu à Casablanca, Nadia Fettah a esquissé une feuille de route pour faire de la finance un levier de développement durable en Afrique.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024

Un record historique pour le tourisme marocain

Économie - Le Maroc célèbre une année exceptionnelle pour son tourisme, avec un record de 15,9 millions d’arrivées enregistrées entre janvier et novembre 2024.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024

« Happy Holidays » triomphe au festival International du film de Marrakech

Culture -Le film Happy Holidays, réalisé par le palestinien Scandar Copti, remporte le grand prix "Étoile d’Or".

Mbaye Gueye - 8 décembre 2024

Karim Zidane mobilise les acteurs pour dynamiser l’économie de Fès-Meknès

Économie - Le ministre chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Évaluation des Politiques Publiques, Karim Zidane, a pris part au quatrième édition du forum economique Fès-Meknès.

Mbaye Gueye - 8 décembre 2024

La dette extérieure du Maroc a doublé en 10 ans

Économie - La dette extérieur (69 Mds $) dollars équivaut à 50% du revenu national brut (RNB) et représente près de 110% des revenus de l’export.

Mbaye Gueye - 7 décembre 2024

Hard-discount toujours plus bas, mais à quel prix ?

Dossier - Le hard-discount a-t-il trouvé LA recette miracle pour proposer LA bonne affaire ? Pas sûr… la lame peut être à double tranchant.

Sabrina El Faiz - 7 décembre 2024

La Chambre des représentants adopte le PLF 2025 en deuxième lecture

Économie - La Chambre des représentants a approuvé, à la majorité, en deuxième lecture, le projet de loi de finances (PLF) n°60.24 pour l’année budgétaire 2025.

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024
Voir plus

Abdelaziz Lemseffer et sa réflexion philosophique sur le bonheur

Culture - Dans son dernier ouvrage, Abdelaziz Lemseffer nous invite à explorer la recherche universelle du bonheur à travers un prisme profondément philosophique.

Anass Hajoui - 3 mai 2024

Le Souverain adresse un message de condoléances à la famille de Mustapha Dassoukine

Culture - Le roi Mohammed VI exprime ses condoléances et sa compassion à la famille de Mustapha Dassoukine.

Chaima Aberni - 9 juillet 2024

COMADER : Rachid Benali élu président

Économie - La Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER) a un nouveau président.

Hajar Toufik - 20 mars 2023

De Lydec à la SRM : ce qui va vraiment changer pour les habitants de Casablanca-Settat

Économie - La gestion des services publics dans la région de Casablanca-Settat entre désormais dans une nouvelle ère.

Hajar Toufik - 2 octobre 2024

Francfort : le Maroc engagé pour des partenariats économiques renforcés au forum « Africa Trade & Invest »

Économie - Le Forum annuel "Africa Trade & Invest meets Managing Risk" a ouvert ses portes à Francfort.

Farah Nadifi - 7 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire