Accueil / Société

Egalité dans l’héritage : le débat revient au devant de la scène

Temps de lecture

Le débat de l'égalité dans l’héritage revient au devant de la scène © DR

La question de l’égalité dans l’héritage entre la femme et l’homme est relancée au Maroc. Ce sujet divise les opinions. Un groupe considère cette question comme un tremplin pour parvenir à une égalité complète entre les sexes. Alors que d’autres personnes estiment que c’est un sujet irréfragable et incompatible avec la religion musulmane. Une étude réalisée en 2020 par l’Association des femmes marocaines pour la recherche et le développement avait révélé que plus de 80% des Marocains soutiennent les règles actuelles régissant la répartition de l’héritage. Les Marocains sont-ils pour ou contre l’instauration d’une égalité dans le régime successoral ?

La question de l’égalité dans l’héritage, entre femme et homme, continue de susciter une large polémique au Maroc entre intellectuels, chercheurs et oulémas, au point de se transformer en débat de société.

Comme dans la majorité des pays musulmans régis par la loi coranique, la femme marocaine n’hérite que de la moitié de ce qu’hérite un homme du même degré de parenté. Le reste va à des membres de la famille de sexe masculin, des fois même éloignés. Une épouse n’hérite que d’un huitième de son mari et ses fils deux fois plus que ses filles.

Si certains s’opposent à ce que l’égalité entre femmes et hommes dans les questions de l’héritage soit instaurée, en se basant sur des directives de l’Islam, d’autres appellent à la suppression de l’avantage accordé aux hommes. Ces derniers exigent aussi la suppression de la règle du « Taâssib » qui permet à des membres en dehors de la petite famille d’hériter.

Lire aussi : Mariage : la polygamie a la peau dure

Amina Bouayach plaide pour l’égalité hommes-femmes dans l’héritage

La présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, a appelé, mardi 14 juin, à asseoir l’égalité entre femmes et hommes dans le régime successoral. L’objectif est d’éradiquer la discrimination visant les femmes.

Selon elle, «l’État doit aborder cette question d’un point de vue objectif et de droits de l’Homme».

«De nombreuses familles, notamment celles qui n’ont pas de descendants masculins, optent pour de nombreuses autres formalités comme la vente, la donation ou la bienfaisance en contrepartie des règles normales régissant les droits d’héritage», a-t-elle révélé.

Ces démarches ont pour but de protéger leurs filles des inégalités qui ne leur font pas profiter pleinement du bien hérité des ascendants, surtout du père ou de l’époux. Ces pratiques de plus en plus courantes deviennent une issue pour ériger l’égalité dans l’héritage, a expliqué Amina Bouayach.

«Le travail de la femme et sa participation au budget familial l’a transformée d’un être inactif en un être actif et efficient sur qui compte de nombreuses familles matériellement et immatériellement», a-t-elle précisé.

Et d’ajouter que ce constat est prouvé par les statistiques du Haut-Commissariat au plan (HCP) de l’année 2020. Celles-ci ont conclu que les ressources de 16,7% des familles du Royaume sont assurées par des femmes .

Comment la société peut-elle atteindre les objectifs de développement escomptés sans l’adoption de mesures accordant aux femmes et aux hommes des droits égaux concernant, entre autres, les ressources économiques, le droit à la propriété, l’héritage et les ressources naturelles ? S’est interrogée la responsable.

Lire aussi : Femme marocaine : qui est-elle vraiment ?

Plus de 80% des Marocains refusent qu’on touche au droit de l’héritage

Selon une étude réalisée en 2020 sur le régime successoral au Maroc, plus de 80% des répondants soutiennent les règles actuelles régissant la répartition de l’héritage.

Cette enquête a été réalisée par l’Association des femmes marocaines pour la recherche et le développement (AFEMARD) en partenariat avec l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH) et avec le soutien de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung. Ses résultats ont été dévoilés mardi dernier à Rabat.

L’étude a été menée sur un échantillon de 1.220 personnes issues du milieu rural et urbain. Elle s’intitule : « Que pensent les Marocains et les Marocaines du système successoral marocain ? ».

Il en ressort que la majorité des Marocains s’oppose à toute modification du système d’héritage.

Ce qui est encore plus étonnant, c’est que cette réforme a été surtout rejetée par des femmes. Selon les statistiques, 84,5% des femmes, contre 79,8% des hommes, estiment que l’engagement d’un débat sur l’égalité des sexes est inutile.

Par ailleurs, l’étude conclut l’existence de deux positions générales en ce qui concerne la réforme des dispositions du Code de la famille relatives à l’héritage. La première position, défendue par 44% des personnes interviewées, refuse toute modification de la Moudawana. Cependant, la deuxième position, exprimée par 36% des sondés, appuie l’idée d’un amendement des dispositions discriminatoires vis-à-vis des femmes en la matière. Notons enfin que 20% des répondants n’ont pas exprimé leur opinion.

Lire aussi : Kafala : une procédure obsolète

Dernier articles
Les articles les plus lu

La viande toujours aussi chère sur le marché de gros

Société - La viande bovine est proposée entre 88 et 91 dirhams le kilo, tandis que la viande ovine se situe entre 115 et 120 dirhams le kilo.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Benguerir primée par l’UNESCO pour ses avancées éducatives

Société - Benguerir a été honorée par l'UNESCO cette année pour ses avancées remarquables en matière d’éducation.

Ilyasse Rhamir - 4 décembre 2024

Adoption du projet de loi organique sur la grève par la Commission

Société - La Commission des secteurs sociaux de la Chambre des représentants a adopté à la majorité, mercredi matin, le projet de loi organique n°97.15 encadrant le droit de grève.

Rédaction LeBrief - 4 décembre 2024

Grève des médecins : Le SIMSP maintient la pression

Société - Le Syndicat Indépendant des Médecins du Secteur Public annonce la prolongation de sa grève nationale les 4 et 5 décembre 2024.

Ilyasse Rhamir - 4 décembre 2024

27.500 enfants en situation de handicap ont été scolarisés en 2024 (Naima Ben Yahya)

Société - La ministre de la Solidarité Naima Ben Yahya a annoncé que 19.000 personnes ont bénéficié d’aides techniques et médicales.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

La DGSSI alerte les bénéficiaires de l’aide sociale

Société - Ce faux site incite les utilisateurs à fournir des informations personnelles sensibles, notamment le numéro de la CIN ou de la carte bancaire.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Smeia et BMW : partenaires officiels du FIFM

Société - Smeia, importateur exclusif de BMW au Maroc, célèbre sa 9ᵉ année en tant que transporteur officiel du FIFM.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Immigration en Italie : les Marocains en 3e position

Société - Avec 342.469 ressortissants en 2023, les Marocains représentent 7,8% de la population étrangère en Italie.

Farah Nadifi - 3 décembre 2024
Voir plus

MRE, qui ne veut pas de vous ?

DOSSIER - C’est l’histoire d’un MRE qui a failli perdre la vie dans une altercation autour d'une terre. Une affaire sordide où advient aussi le « racisme anti-MRE ».

Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024

Travaux imprévus à Maarif, circulation paralysée, la goutte de trop

Société - Les Casablancais qui empruntent le quartier Maarif sont confrontés à un véritable casse-tête. Des travaux… Encore !

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

Quand l’ultime repos devient un luxe

Société - Le business de l'ultime repos au Maroc… quelle industrie étrangement florissante que celle de la mort et l'organisation des funérailles.

Sabrina El Faiz - 26 octobre 2024

Comprendre l’affaire Hamza mon bb

L'affaire Hamza mon bb continue de faire du bruit. Nous vous apportons les faits internes à l'affaire pour démêler le vrai du faux, et plus encore.

Nora Jaafar - 12 février 2020

Berrechid : circulation suspendue de mardi à mercredi

Société - Dans le cadre des travaux d’élargissement de l’autoroute Casablanca-Berrechid, ADM a annoncé la suspension temporaire de la circulation entre les échangeurs Berrechid-Nord et Berrechid-Sud.

Rédaction LeBrief - 1 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire