À la fin de l’année passée, le Maroc apparaissait comme un bateau sur une mer agitée, cherchant sa direction. L’année 2024 a été marquée par des changements importants, des décisions audacieuses et des challenges quotidiens pour les citoyens. Entre difficultés économiques, réformes, inflation, espoirs et pouvoir d’achat en berne, examinons les douze derniers mois qui ont façonné le Royaume.

2024 n’a pas été une année de forte croissance. Avec une augmentation du PIB de 2,9%, au second trimestre, ce chiffre devrait augmenter en 2025 à 3,9%. Cependant, cette lente progression révèle une histoire de résistance. L’économie marocaine, plutôt que de céder, s’est reposée sur des bases solides : un secteur touristique en reprise, une hausse des investissements étrangers et une gestion budgétaire prudente.

Réformes fiscales : changement de cap

À Rabat, l’une des réformes les plus ambitieuses s’est mise en place : la réforme fiscale. En 2024, le gouvernement a cherché à moderniser le système fiscal pour le rendre plus juste et éliminer la fraude. La réforme de la TVA, prévue sur trois ans, a été centrale dans cette transformation. Les changements dans le système fiscal en 2023 visent à augmenter les revenus fiscaux de 201 milliards de dirhams (MMDH) en 2021 à plus de 329 MMDH en 2025, ce qui représente une augmentation de 63% (127 MMDH), selon Fouzi Lekjaa, ministre délégué en charge du Budget. Cette croissance sera possible grâce à l’élargissement de la base fiscale et à la collecte à la source, sans augmenter la charge fiscale. Ces changements, inclus dans la loi-cadre n°69.19, reposent sur des discussions avec les parties concernées. La loi de finances 2023 a commencé la réforme de l’impôt sur les sociétés (IS), en unifiant les taux et en augmentant l’IS pour les sociétés avec des bénéfices annuels supérieurs à 100 MDH, tout en le diminuant pour les autres. Cette réforme a conduit à une augmentation annuelle de 14% des recettes de l’IS, montrant des effets positifs de cette initiative fiscale.

Attractivité pour les investisseurs

Dans ce contexte, une bonne nouvelle est venue des investissements étrangers. En 2024, l’intérêt des investisseurs internationaux pour le Maroc a été confirmé, renforçant son rôle de hub économique en Afrique. Ces capitaux, surtout dans les énergies renouvelables, l’automobile et l’aéronautique, montrent la confiance dans l’économie du pays.

Quelles opportunités d’investissement pour les MRE ?

Déficit budgétaire : rigueur et résultats

Dans son rapport de décembre 2024 sur la politique monétaire, Bank Al Maghrib a noté qu’il y a eu quelques signaux d’alarme niveau finances. Cela s’est vu à travers un déficit budgétaire qui a atteint 11,6 milliards de dirhams par rapport à la même période l’année 2023, après dix mois d’exécution. Cependant, l’augmentation des recettes ordinaires et une gestion contrôlée des dépenses montrent quelques mouvements économiques et indiquent les efforts de financement faits par le Trésor. Grâce à une discipline financière accrue, le Royaume a réduit son déficit budgétaire, ce qui est intéressant dans un contexte mondial instable. Cette gestion stricte a permis aux finances publiques de respirer, offrant la possibilité d’investir dans des secteurs stratégiques.

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Le chômage : un défi persistant

Toutefois, des problèmes demeurent. Le chômage reste un problème à surmonter, particulièrement pour les jeunes et les femmes. Les taux ne concordaient pas toujours cette année. Il faut dire que les questions variaient d’une statistique à l’autre. Avec un taux de 21,3% en 2024, selon le dernier recensement, ce résultat semble être le plus plausible. Il répond aux questions : « Avez-vous travaillé ces sept derniers jours ? » et « Êtes-vous en recherche ou prêt à travailler ? ». Malgré des efforts pour promouvoir l’entrepreneuriat et soutenir les PME, beaucoup reste à faire pour offrir des opportunités à tous les Marocains.

Autopsie d’une déferlante préméditée

Inflation et stabilisation

En 2023, l’inflation avait atteint 6,1%, mais a montré des signes de stabilisation en 2024, avec un taux de 1,2% au troisième trimestre. Cette amélioration, due aux interventions de Bank Al Maghrib et aux mesures du gouvernement, a apporté un peu de soulagement aux ménages dont le pouvoir d’achat avait été touché. Le calcul, cette année, a été simple : Réduflation, c’est-à-dire vous en aurez MOINS pour votre argent ! 

Tourisme : un souffle nouveau

En 2024, le tourisme au Maroc a atteint des niveaux très élevés, établissant des records historiques et renforçant l’image du pays en tant que destination reconnue mondialement. Grâce à l’application de la Feuille de route 2023-2026, le Maroc a reçu 15,9 millions de visiteurs au cours des onze premiers mois de l’année, enregistrant une augmentation de 20% par rapport à 2023. Cette tendance positive est due à une forte hausse des touristes étrangers (+23%) et des Marocains vivant à l’étranger (+17%). En outre, l’Office national des aéroports a mis à jour ses infrastructures, tandis que l’ONMT a amélioré les liaisons aériennes et a encouragé le tourisme local avec la campagne Ntla9awfbladna. A la veille des plus grands événements sportifs, le secteur touristique se prépare.

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France et Maroc : rapprochement économique

L’automne a également apporté une bonne nouvelle : la visite d’État du président Emmanuel Macron a marqué un tournant dans les relations entre les deux pays. Des accords importants d’une valeur de plus de 10 milliards d’euros ont été signés, touchant l’énergie, les infrastructures et l’industrie. Ce rapprochement va au-delà de l’économie : il symbolise une réconciliation politique après une période de tensions.

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Transition énergétique : le Maroc, leader de l’Afrique

En 2024, la transition énergétique est devenue un sujet important. Le Maroc vise de réduire ses émissions de carbone de 45,5% d’ici 2030 et aspire à la neutralité carbone d’ici 2050. Il prend le rôle de leader en Afrique. Par ailleurs, en novembre 2024, le Maroc a montré ses efforts pour la décarbonation et la lutte contre le changement climatique lors d’un événement à la COP29, qui s’est tenu mercredi à Bakou. Cette rencontre au pavillon marocain a mis en avant l’engagement du Royaume à diminuer son empreinte carbone. L’accent a été mis sur l’importance des collectivités, qui sont des acteurs stratégiques de la transition énergétique et de la durabilité. Des projets comme les centrales solaires et éoliennes montrent que le Maroc agit réellement pour un avenir plus écologique.

Repenser le secteur privé

Le secteur privé, essentiel pour l’économie, a fait l’objet de réflexions. Des réformes ont été mises en place pour augmenter la productivité, encourager l’innovation et créer des emplois de qualité. Malgré des réformes positives, le secteur privé a des problèmes avec la productivité faible et la présence de nombreuses petites entreprises. Un rapport de la Banque mondiale et de l’Observatoire marocain de la TPME, publié en octobre 2024, souligne les défis à résoudre pour exploiter son potentiel et générer des emplois de qualité. Voici les principaux points. 

La loi de finances 2025 : un pari sur l’avenir

Le 15 décembre 2024, une nouvelle étape a été franchie avec l’adoption de la loi de finances 2025. Ce document ambitieux définit les bases d’une relance économique centrée sur l’investissement, l’inclusion sociale et la réduction des inégalités. Les domaines de la santé, de l’éducation et de l’emploi sont des priorités, montrant la volonté de recentrer les politiques publiques sur l’humain. La Loi de Finances 2025, adoptée par le Dahir n° 1-24-65 du 13 décembre 2024, a été publiée dans le Bulletin officiel, le 19 décembre dernier. Avec un budget total de 660 milliards de dirhams, ce texte montre les efforts du gouvernement en gestion financière, modernisation économique et justice sociale. Ce budget est construit sur des axes qui visent à rendre l’économie nationale plus forte tout en tenant compte des besoins des citoyens.

Un cadeau de fin d’année de la Banque centrale

Dans une surprise bienveillante, Bank Al Maghrib a annoncé une réduction de son taux directeur à 2,5% le 17 décembre 2024. Cette décision, prise pour maîtriser l’inflation et stimuler l’investissement, constitue un soutien pour les entreprises et les ménages. Elle envoie aussi un message fort : la banque centrale est là pour soutenir la reprise économique !

Et après ?

Alors que 2024 s’achève, le Maroc entre dans 2025 avec des sentiments d’inquiétude et d’espoir. Les réformes déjà en cours, bien qu’encourageantes, devront se réaliser dans un contexte global instable. Le pays aura besoin d’une bonne gestion, d’un secteur privé actif et d’une société civile engagée pour faire face aux défis à venir.

2024 a été marquée par des changements, des questions et des espoirs. Elle nous rappelle que le Maroc évolue, porté par le changement. Tel un phénix, il se réinventera… toujours !

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