Temps de lecture : 6 minutes
Temps de lecture : 6 minutes
Temps de lecture : 6 minutes
Les perspectives économiques nationales pour 2023 tiennent compte d’un environnement international fortement contraignant. Cet environnement est notamment marqué par la poursuite des tensions géopolitiques et par le maintien des prix à des niveaux élevés.
Cela entraîne un ralentissement du volume du commerce mondial qui n’augmenterait que de 1,6% en 2023, contre 4% en 2022, selon les chiffres du Haut-Commissariat au plan (HCP).
Une croissance de 3,3% en 2023
Dans ce cadre, le HCP table sur une croissance de 3,3% en 2023, contre 1,3% l’année dernière. Ceci intervient dans un contexte marqué par des perspectives d’entrée en récession des principaux partenaires commerciaux, d’un durcissement des conditions financières internationales et du maintien des prix à des niveaux élevés.
Pour sa part, la Banque mondiale s’attend à une croissance de 3,5% cette année pour l’économie marocaine. Elle mise, en outre, sur la reprise progressive du secteur agricole après la sécheresse de l’année dernière, ainsi que les dépenses publiques. Celles-ci devraient compenser en partie la faiblesse de la consommation des ménages due à l’inflation élevée.
Par ailleurs, le secteur primaire, secteur vital de l’économie marocaine, afficherait, selon les estimations du HCP, une hausse de 9% en 2023. Un niveau qui demeure largement tributaire d’un bon déroulement de la campagne agricole 2022-2023 et d’une production céréalière moyenne.
À l’opposé, les activités secondaires devraient continuer de subir l’impact négatif de la décélération de la demande extérieure et du maintien des prix des matières premières à des niveaux élevés, quoiqu’en légère baisse.
Quant au secteur tertiaire, il devrait enregistrer une décélération de sa valeur ajoutée en 2023 suite notamment au ralentissement des activités marchandes après une année de rattrapage pour les services touristiques et de transport.
Lire aussi : Le taux de croissance fixé par le NMD irréalisable
Demande intérieure, principal moteur de croissance
La demande intérieure continuerait à constituer le principal moteur de la croissance, avec une hausse prévue de 3,2%. Ainsi, la consommation des ménages, bénéficiant de l’accroissement prévu des revenus agricoles et du niveau soutenu des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), devrait connaître un rythme de croissance de 2,4%, avec une contribution de 1,4 point à la croissance économique.
Aussi, l’État devrait poursuivre son soutien à l’économie nationale, en misant sur la relance des investissements, à travers une enveloppe historiquement élevée de 300 milliards de DH (MMDH).
Dans ce sillage, l’investissement brut devrait progresser de 2,6% en 2023, au lieu de 0,6% en 2022. Sa contribution à la croissance passerait de 0,2 point du produit intérieur brut (PIB) à 0,8 point en 2023.
Par ailleurs, la décélération de la demande étrangère devrait limiter le rythme de croissance en volume des exportations des biens et services à 4,2%.
Lire aussi : Maroc : la Banque mondiale projette une croissance de 3,5% en 2023
Conditions de financement serrées, demande des crédits limitée
Dans le but de juguler la poussée inflationniste, la politique monétaire s’oriente désormais vers la hausse du taux directeur. Cela devrait impacter la demande des crédits bancaires qui peinent toujours à retrouver leur dynamique.
L’augmentation des taux d’intérêts devrait impacter négativement l’accès au financement et pénaliser davantage les perspectives d’évolution de l’activité du tissu productif. Ce dernier demeure en phase de rétablissement et en besoin d’un soutien perpétuel.
À cet égard, les secteurs productifs dont la demande et l’offre sont stimulées par le financement bancaire devraient subir, en plus des répercussions du renchérissement des intrants de production, l’augmentation des coûts des emprunts.
Ainsi, les crédits à l’économie devraient afficher une hausse modérée de 3,9% en 2023, au lieu de 6,4% prévue en 2022, et ce, tenant compte du niveau actuel des taux d’intérêt, du sentier de croissance économique et de l’évolution du niveau général des prix.
Lire aussi : HCP : la croissance de l’économie nationale devrait augmenter au T1-2023
Notre seule chance est la non-convertibilité du DH
Contacté par LeBrief, Abdelghani Youmni, économiste et spécialiste des politiques publiques, nous explique tout sur les perspectives de reprise de l’économie nationale en 2023. Selon lui, «nous avons une inflation, qui était importée au départ, liée aux cours des hydrocarbures et des prix de l’essence et du gasoil. Elle est, ensuite, devenue virale et rampante autour de 5%. Aujourd’hui, elle est structurelle et irréversible. Elle affecte le pouvoir d’achat, rendant vulnérable les couches populaires et écrasant l’épargne des classes moyennes».
Au Maroc et depuis 60 ans, a-t-il poursuivi, la relation entre inflation et croissance économique a toujours été négative. «Nos inflations sont modérées et elles n’ont jamais impacté la croissance. Cette dernière dépend plutôt de la campagne agricole et des synergies de l’investissement public et, dans des doses modestes, de la production industrielle et manufacturière», a expliqué notre intervenant.
Et d’ajouter : «Aujourd’hui, il y a de très légers changements avec les Métiers mondiaux du Maroc, des exportations agricoles et des exportations d’engrais et de fertilisants de l’OCP. Mais, en termes de création d’emplois, le Maroc doit aller vers plus de souveraineté économique et industrielle pour que l’effet devienne perceptible».
Au final, pour 2023, une très bonne saison agricole pourrait apporter 1,5 point de croissance et un point en moins d’inflation, a relevé l’économiste. Une reprise en Europe, pour sa part, pourrait apporter au moins un point. Une baisse du prix de l’essence et du gasoil, de son côté, pourrait apporter un point en plus et un recul de l’inflation.
D’après Youmni, l’État doit, à un moment donné, intervenir pour réguler les phénomènes de spéculation sur certains produits et marchés qui pourraient glisser le Maroc vers une inflation à deux chiffres. «Notre seule chance est la non convertibilité du DH car le jour où il le sera, nous rejoindrons le club Égypte et Turquie, avec un effondrement de notre monnaie, de notre économie et des tensions sociales qu’on pourrait difficilement gérer. Le bug de Google sur 1 euro à 18 DH a fait trembler le Maroc. Dans certains pays, c’est une réalité quotidienne, comme au Liban, en Argentine et en Turquie», a-t-il conclu.
Temps de lecture : 6 minutes
Hydrogène vert : le Maroc trace sa voieLe World Power-to-X Summit, dont la quatrième édition a pris fin ce mercredi à Marrakech, a rassemblé une multitude de décideurs, de leaders… |
Économie bleue : le Maroc plaide pour un renforcement de la coopération Sud-SudLe ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, Mohamed Sadiki, a déclaré qu’une coopérati… |
Maroc : perspective de croissance du PIB (+2,5%)Selon les prévisions économiques du Haut-Commissariat au plan (HCP), au quatrième trimestre 2024, le retour des branches secondaires vers un… |
Transformation digitale : levier clé pour l’éducation et l’emploi ?Organisé par le GAM, et placé sous le patronage du roi Mohammed VI, ce sommet vise, comme chaque année, à rapprocher les acteurs du digital … |
Casablanca-Settat : quels projets pour un développement durable en 2025 ?Dès le début de la session, le président du Conseil a présenté un rapport détaillé des activités menées durant la période 2021-2024 dans la … |
Maroc-UE : suspension des accords commerciaux, et après ?Pour les accords commerciaux de 2019 entre l’Union européenne et le Maroc, s’en est fini ! C’est ce qu’a annoncé la Cour de justice européen… |
Emploi : l’IA va-t-elle tous nous remplacer ?C’est l’histoire de l’imprimerie qui ressemble incroyablement à celle de l'IA… Elle est venue bousculer 80.000 emplois dans l’Empire ottoman… |
Prix des fruits, légumes et viandes : qu’en est-il ?Le marché des fruits, légumes, et viandes connaît une fluctuation des prix cette semaine. À travers une analyse des prix de gros des produit… |