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Économie de soins et protection sociale : une première Conférence internationale à l’UM6P

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Le Maroc s’engage pour l’autonomisation des femmes et la justice sociale lors de la première Conférence internationale sur l’économie des soins. L’événement rassemble des experts mondiaux pour discuter des enjeux critiques de l’économie des soins et de la protection sociale. L’initiative souligne les réformes et initiatives ambitieuses du Royaume pour une société plus inclusive et équitable.

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Le Maroc continue de faire preuve d’un engagement sans faille envers l’autonomisation des femmes. En témoigne la tenue de la première Conférence internationale sur l’économie des soins. L’événement, qui s’est ouvert hier et se poursuit 26 juin à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Rabat, réunit une élite de décideurs venus du monde entier pour discuter des enjeux liés à l’économie des soins et à la protection sociale. Le thème retenu pour cette première conférence est «Économie des soins et protection sociale : un pilier pour l’autonomisation des femmes, la création d’emplois et la réalisation du bien-être familial».

Cette initiative est le fruit d’une collaboration étroite entre plusieurs départements gouvernementaux. Il s’agit des ministères de la Famille, de l’Économie, de la Santé, de l’Insertion économique, ainsi que de la Jeunesse et de la Culture, en partenariat avec l’UM6P, du secrétariat général de la Ligue arabe et du système des Nations unies au Maroc. L’événement a par ailleurs bénéficié du soutien de diverses institutions internationales et nationales.

Éclairage sur l’économie des soins au Maroc

Animée par Khadija Ihsane, journaliste renommée, la conférence met en lumière divers aspects de l’économie des soins, avec un accent particulier sur la vulnérabilité et les défis actuels. Aawatif Hayar, ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, a mis en exergue l’impératif de dynamiser l’économie des soins. Celle-ci, intégrée au dispositif de protection sociale, repose sur des valeurs de solidarité et aspire à une inclusion sociale et économique accrue, surtout pour les groupes vulnérables.

Dans son discours inaugural, Hayar a souligné les efforts du Maroc pour structurer le domaine de la protection sociale. Guidé par l’engagement du roi Mohammed VI, le pays a engagé des réformes importantes. Celles-ci visent à alléger les charges économiques et sociales pour les citoyens, à favoriser un travail décent et à mettre en place un mécanisme de financement novateur et pérenne.

Le gouvernement a réussi à mettre en œuvre ces réformes en un temps record, notamment en généralisant la couverture médicale dès 2022 et en instaurant des aides sociales directes en 2023.

La ministre a également mentionné des initiatives prises en 2022 et 2023 pour promouvoir l’économie des soins et les politiques familiales, en collaboration avec des entités telles que ONU-femmes et l’Unicef. Ces rencontres ont notamment visé à généraliser les infrastructures d’accueil pour la petite enfance, renforçant ainsi l’autonomie économique des femmes.

Par ailleurs, la ministre a évoqué le développement d’une politique familiale robuste, incarnée par le programme «jisr familial», et destinée à soutenir la résilience familiale. Concernant les droits des personnes âgées, un plan d’action national pour le vieillissement actif a été mis en place, ainsi qu’un décret facilitant l’intégration sociale des personnes en situation de handicap.

Bouchra Rahmouni souligne l’urgence d’agir pour les plus vulnérables face aux défis mondiaux

Bouchra Rahmouni, Directrice du Social Innovation Lab (SIL) et du Cooperatives Lab (CoopLab), interpelle l’assistance en soulignant : «Dans un monde en constante mutation, il est essentiel de reconnaître que les plus vulnérables subissent les conséquences les plus sévères. Il incombe à nos institutions, chercheurs et citoyens engagés de relever ces défis par des actions coordonnées et pérennes».

L’UM6P, par la voix de sa porte-parole, met en avant son rôle de leader dans ce domaine en s’engageant dans des projets humanitaires qui abordent des enjeux essentiels tels que l’agriculture, l’émancipation des femmes, l’économie des soins et le changement climatique. «Ces initiatives sont intrinsèquement liées et importantes pour combattre les inégalités et les injustices qui pèsent sur notre monde», affirme-t-elle, réaffirmant l’engagement profond de l’institution dans la lutte pour une société plus équitable et inclusive.

L’agriculture constitue le pilier central de nombreuses économies, surtout dans les régions les plus exposées aux aléas climatiques. Au Maroc, l’innovation en matière de techniques agricoles s’oriente vers la durabilité et la résilience. Le Royaume s’emploie à adopter des méthodes permettant aux communautés locales de s’ajuster aux variations climatiques, d’utiliser l’eau plus efficacement et d’accroître la fertilité des terres cultivables.

Bouchra Rahmouni, évoquant le rôle des femmes dans ce cadre, affirme que «l’émancipation des femmes est essentielle à un développement juste. Par le biais de l’éducation et de la formation, nous leur offrons des opportunités pour assumer des rôles de leadership au sein de leurs communautés et pour participer pleinement à l’économie locale. Nous aspirons à éliminer les inégalités de genre en forgeant des milieux propices à leur épanouissement et à leur implication».

Concernant l’économie des soins, celle-ci devient un vecteur important pour le bien-être communautaire. Le Maroc s’attache à revaloriser les professions soignantes, à équilibrer les charges de soins entre les genres et à améliorer les conditions de travail dans ce secteur.

Rahmouni souligne l’importance de l’implication de l’UM6P dans ces développements : «Notre participation à cet événement symbolise notre engagement à rapprocher la recherche scientifique des besoins concrets du terrain».

Khalid Ait Taleb souligne le rôle de l’économie des soins pour le développement du Royaume

Dans le même esprit, Khalid Ait Taleb, ministre de la Santé et de la Protection Sociale, évoque l’importance de ce premier congrès sur l’économie des soins, le décrivant comme un témoignage vibrant de l’engagement du Royaume envers un secteur vital. «L’avenir du Maroc est étroitement lié à l’épanouissement de sa population, notamment des femmes, dont la contribution est essentielle pour une croissance durable et équilibrée», déclare-t-il.

Le ministre pointe également la nécessité d’embrasser pleinement l’économie des soins comme un élément essentiel du développement national, signalant qu’«aujourd’hui, une famille marocaine sur quatre compte un membre avec des besoins spécifiques». Cette perspective ouvre la voie à des progrès, à la fois sociaux et économiques.

«La santé et le bien-être de nos citoyens sont au cœur de nos préoccupations. Par exemple, en 2004, la dépression a causé la perte de 15 milliards de jours de travail à l’échelle mondiale, un chiffre qui met en lumière l’importance de la santé mentale dans nos politiques», ajoute-t-il. Il mentionne aussi que 57 millions de femmes dans le monde occupent des emplois de soins non reconnus et non rémunérés, un enjeu qui mérite une attention urgente.

Nadia Fettah Alaoui met en avant l’économie de soins comme moteur de développement économique et social

A son tour, Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, considère l’économie de soins non seulement comme une réponse aux défis démographiques actuels, marqués par le vieillissement de la population, mais aussi comme un levier essentiel pour le développement économique du Royaume dans le cadre d’une accélération vers un État social renouvelé et face à l’émergence de nouvelles formes de travail.

Durant son intervention, la ministre a fait le point sur les principaux projets sociaux développés au Maroc, les mesures adoptées et les progrès réalisés grâce à la collaboration du gouvernement avec les acteurs de la société civile. Elle a particulièrement mis en lumière les avancées dans les domaines de la protection de l’enfance, de la santé, de l’aide sociale et des soins aux personnes âgées.

Fettah a aussi évoqué la croissance de l’économie de soins observée dans plusieurs pays, souvent en lien avec l’économie solidaire. Selon elle, le Maroc est bien placé pour innover et élaborer des modèles novateurs qui répondent aux ambitions du Nouveau modèle de développement en rapport avec l’économie de soins.

Elle a souligné la possibilité de développer des partenariats entre les secteurs public et privé pour générer des opportunités d’emploi dans l’économie de soins. Elle a cité, à titre d’exemple, l’initiative d’offrir une éducation préscolaire adaptée aux enfants ayant des besoins spécifiques et la fourniture de services de soins à domicile pour les personnes âgées.

Younes Sekkouri met en avant le rôle de l’État social dans le développement et la justice sociale

Pour sa part, Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, met en exergue l’importance de cette assemblée sous le haut patronage du roi Mohammed VI, marquant un tournant vers un développement renouvelé et une justice sociale plus affirmée. «Notre nation a brillamment relevé le défi de consolider l’État social, en initiant des mesures vigoureuses pour la protection sociale et l’élargissement de l’accès aux services publics. Nous privilégions des axes stratégiques visant à équilibrer les chances entre les sexes, surtout dans le domaine professionnel», déclare-t-il.

Il souligne que les femmes et les groupes vulnérables, particulièrement affectés par les répercussions de la pandémie de COVID-19, sont au centre des préoccupations du gouvernement. «Pour stimuler l’emploi décent et rémunéré, nous avons lancé des initiatives ciblées, notamment dans le secteur de l’économie des soins. Ces actions comprennent la promotion de l’investissement, la formation, l’encadrement et la mise en relation entre employeurs et demandeurs d’emploi», ajoute Sekkouri.

Ces initiatives sont épaulées par des réformes législatives audacieuses. «Nous œuvrons à la modernisation du Code du travail afin qu’il réponde aux exigences de l’économie des soins, garantissant ainsi des conditions de travail justes et respectueuses des droits des travailleurs», affirme le ministre. Il conclut sur la nécessité de poursuivre les efforts pour que l’économie des soins soit pleinement reconnue, justement rémunérée et solidement soutenue.

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