Accueil / Politique

Droit de grève : malgré la modification du texte, le projet divise toujours

Temps de lecture

Younès Sekkouri, ministre de l'Emploi © DR

Face à la pression des syndicalistes d’une partie de la société civile, le gouvernement a fait un geste visant à améliorer le projet de loi sur le droit de grève. Ainsi, il a décidé de supprimer plusieurs articles jugés contraignants et non conformes aux principes de liberté et de démocratie. Ces révisions répondent à des demandes formulées par les syndicats et différents partis politiques, dans le cadre d’une réforme plus large visant à concilier les droits des travailleurs avec les impératifs économiques et sociaux du pays. Détails.

Le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a présenté une version modifiée du projet de loi sur le droit de grève. Lors de son face-à-face avec les membres de la Chambre des représentants, il a annoncé la suppression de plusieurs articles comme celui interdisant la grève politique. Cet article, qui faisait obstacle à l’expression libre des travailleurs en cas de mécontentement vis-à-vis des décisions politiques, sera désormais abrogé. Cette mesure marque un tournant important dans la reconnaissance de la liberté d’expression et du droit de protester contre des décisions jugées injustes, quelle que soit leur nature.

En outre, l’interdiction de la grève alternée, une autre restriction majeure, a également été levée. Les syndicats avaient souligné que cette mesure limitait leur capacité à mener des actions de grève plus flexibles et adaptée aux réalités du terrain. La suppression de cette interdiction permet désormais aux travailleurs d’adopter des formes de grève plus modulables, afin de mieux défendre leurs droits tout en minimisant l’impact sur les services publics et l’économie.

        Lire aussiDroit de grève: les discussions prévues début de la semaine prochaine

De plus, la loi interdisant la grève solidaire a été retirée. Cette suppression est un signal fort du gouvernement en faveur de la solidarité entre les travailleurs, quel que soit le secteur d’activité. Elle reflète une volonté de renforcer l’unité du mouvement syndical et de permettre une meilleure coordination entre les différentes luttes sociales.

Le délai de préavis pour la grève

Dans son allocution, Younés Sekkouri est revenu sur un point qui concerne la durée de préavis pour l’exercice du droit de grève. Actuellement fixé à 30 jours, ce dernier a soutenu que cette durée est considérée comme excessive par de nombreux syndicats et députés, notamment dans des situations urgentes où des retards peuvent causer des préjudices graves, comme des accidents ou des atteintes à la sécurité publique. Au nom du gouvernement, Younes Sekkouri, s’engage à ajuster ce délai de manière raisonnable, en tenant compte des propositions des parlementaires et des syndicats.

Les consultations en cours cherchent à ajuster ce délai pour équilibrer le respect des droits des travailleurs et la protection des activités économiques et sociales.

Retrait des peines d’emprisonnement

Une autre priorité consiste à retirer les peines d’emprisonnement pour les violations du droit de grève, une mesure jugée disproportionnée par les syndicats et les groupes de défense des droits humains. Le remplacement par des sanctions administratives ou financières est envisagé, conformément aux standards internationaux, afin de garantir que le droit de grève reste un outil accessible et non criminalisé pour les travailleurs. Younès Sekkouri , a indiqué que le volet répressif du projet de loi de 2016 qui était très critiqué, à savoir que les sanctions pénales seront levées tant que les grèves sont menées de manière pacifique.

Le ministre a soutenu que les jeunes doivent être en mesure de « s’exprimer et, s’ils veulent protester contre quelque chose ou faire grève, devraient avoir le droit de faire grève, quelle que soit leur appartenance. Et s’ils ont des droits, ils doivent pouvoir les exercer ».

Ces modifications s’inscrivent dans une vision équilibrée visant à protéger les droits des travailleurs, préserver les outils de production et assurer la continuité des services publics essentiels. La réussite de ces réformes repose sur une collaboration étroite entre les acteurs sociaux, économiques et politiques pour adapter la législation aux défis du XXIe siècle.

Lire  aussiDroit de grève : le CNDH se prononce sur le principe de «salaire contre travail»

Par ailleurs, le ministre de l’Emploi, Younès Sekkouri a estimé qu’il est impératif de protéger les travailleurs les plus vulnérables qui constituent la classe ouvrière. Pour garantir leurs droits fondamentaux, il est essentiel de renforcer les législations du travail. Cela inclut la protection contre les licenciements abusifs, la sécurisation du droit de grève, et la prévention des représailles patronales. Par exemple, lorsqu’une personne fait grève, l’employeur ne peut pas la licencier. Lorsqu’une personne fait grève, l’employeur ne peut pas se venger, sauf en cas de violation légale du droit de grève. «Ce sont les conditions de vos amendements», a-t-il expliqué.

Selon lui, la protection de la classe ouvrière demeure une priorité essentielle dans le cadre des réformes sociales et économiques. En tant que force vitale de l’économie, les travailleurs représentent souvent le maillon le plus vulnérable face aux déséquilibres dans les relations professionnelles.

De plus, la classe ouvrière doit bénéficier de filets de sécurité sociale solides, comprenant des régimes de retraite équitables et une assurance santé généralisée. En protégeant les travailleurs, le Maroc peut réduire les inégalités sociales, renforcer la productivité nationale et bâtir une économie résiliente et inclusive, où la dignité de chaque citoyen est respectée.

De leurs côtés, les syndicalistes sont restés sur leurs positions en exigeant le retrait du projet de loi. Ces derniers réunis autour du front pour la défense du droit de grève, ont enregistré l’arrivée d’un nouveau même. Il s’agit de l’Organisation Démocratique du Travail (ODT).

Dernier articles
Les articles les plus lu

Le Conseil de gouvernement se penche sur la réforme de la loi sur les lotissements et l’urbanisme

Politique - Le Conseil de gouvernement, présidé par Aziz Akhannouch, examinera ce jeudi plusieurs projets de loi importants.

Farah Nadifi - 11 novembre 2024

À Sotchi, Vladimir Poutine réaffirme son soutien total aux pays africains

Afrique, Diplomatie, Politique - Lors de la conférence ministérielle Russie-Afrique, Vladimir Poutine a promis un soutien total et continu aux nations africaines.

Farah Nadifi - 11 novembre 2024

Salon international du livre de l’Émirat de Sharjah : le gouverneur reçoit Mohamed Mehdi Bensaid

Politique - Le Cheikh Sultan Bin Mohammed Al Qasimi a reçu dimanche Mohamed Mehdi Bensaid qui dirige la délégation du Maroc.

Farah Nadifi - 11 novembre 2024

La dynamique de développement des provinces du sud saluée lors d’une rencontre à Nancy

Politique - Lors d'une rencontre à Vandœuvre-lès-Nancy, la dynamique de développement des provinces du sud du Maroc a été saluée.

Farah Nadifi - 11 novembre 2024

Aziz Akhannouch à Riyad pour représenter le Roi au Sommet extraordinaire arabo-islamique

Politique - Aziz Akhannouch est arrivé dimanche soir à Riyad pour représenter le Roi au Sommet extraordinaire arabo-islamique prévu ce lundi.

Farah Nadifi - 11 novembre 2024

Mohamed Hajoui annonce la restructuration du secrétariat général du gouvernement

Politique - Mohamed Hajoui, a annoncé la restructuration organisationnelle du secrétariat général du gouvernement.

Mbaye Gueye - 8 novembre 2024

Le Maroc et Sainte Lucie renforcent leur coopération bilatérale pour 2025-2027

Politique - Lors de la visite officielle d'Alva Romanus Baptiste à Rabat, le Maroc et Sainte-Lucie ont renforcé leur coopération bilatérale.

Rédaction LeBrief - 8 novembre 2024

Renforcer la gouvernance des finances publiques, un impératif pour un avenir économique stable

Politique - Nadia Fettah a réaffirmé l’importance de la gouvernance des finances publiques comme priorité dans le cadre du programme d’action 2025.

Farah Nadifi - 8 novembre 2024
Voir plus

Boycott, réseaux sociaux et communication de crise au Maroc

Politique - Le boycott marchand est communément défini comme une action concertée refusant ou préconisant le refus d’achat/ de vente d’un produit en vue d’exercer une pression économique sur l’entreprise. Le boycott déclenché au Maroc en 2018 constitue un exemple parfait de cette action dont l’étendue, la forte adhésion des consommateurs, la durée et l'ambiguïté de son origine en font un cas unique et inédit de contestation.

Rédaction LeBrief - 25 janvier 2024

Enseignants-chercheurs : hausse des salaires de 3.000 DH

Politique - Le gouvernement a approuvé une augmentation de 3.000 DH des salaires des enseignants chercheurs.

Rédaction LeBrief - 21 octobre 2022

Le président mauritanien reçoit Younes Sekkouri, porteur d’un message royal écrit

Politique - Le président mauritanien a reçu en audience Younes Skouri, porteur d’un message écrit du roi Mohammed VI.

Rédaction LeBrief - 22 novembre 2022

Alger limoge un patron de presse pour avoir diffusé la victoire des Lions de l’Atlas

Politique, Sport - L’accession historique des Lions de l’Atlas dans le dernier carré du Mondial n’a pas retenu l’attention des médias algériens.

Atika Ratim - 12 décembre 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire