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Drame de Nanterre : après une sixième nuit de violence, bientôt l’accalmie ?

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C’est dans une atmosphère de tension extrême que s’est déroulée jeudi une marche « blanche » en l’honneur de Nahel. Avant que n’éclatent des échauffourées en fin de cortège, plusieurs milliers de personnes ont néanmoins défilé paisiblement dans les rues de cette banlieue de l’ouest parisien largement habitée par une population issue de l’immigration maghrébine. © Bertrand Guay / AFP

Au septième jour après la mort de Nahel, tué mardi dernier par un policier à Nanterre, l’heure est à l’accalmie relative dans la plupart des villes de France. Le policier, mis en examen, a justifié son geste par un refus d’obtempérer de l’adolescent. Cependant, une vidéo amateur a contredit son récit, choqué jusqu’au sommet de l’État et embrasé le pays. Si aucun incident majeur n’a été recensé dans la nuit, les dégâts sont pourtant à déplorer : les bâtiments publics «symboles de la République» saccagés, les commerces pillés, les voitures brûlées… Une «situation électrique» qui fait resurgir «le spectre des émeutes de 2005», car rien ne dit que ces violences touchent à leur fin.

Depuis mardi dernier, la France est embrasée par des émeutes en réaction à la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre après un refus d’obtempérer. Mais au sixième jour, les violences se sont relativement atténuées dans la plupart des villes de l’Hexagone, alors que 45.000 gendarmes et policiers sont mobilisés dans le pays. Comme en 2005, toutes les vacances des forces de l’ordre ont été annulées et l’on prévoyait même des patrouilles héliportées.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé qu’au total 486 personnes ont été interpellées, dimanche soir, dans tout le pays. Un chiffre légèrement en deçà des nuits précédentes : 719 interpellations dans la seule nuit de samedi à dimanche. Le département de Darmanin ajoute avoir enregistré 352 incendies sur la voie publique, 297 véhicules incendiés et 34 dégradations, incendies ou tentatives d’incendie de bâtiment. Par ailleurs, trois policiers et gendarmes ont été blessés, un poste de police et une caserne de gendarmerie dégradés, et un jeune sapeur-pompier, de 24 ans, est décédé en luttant contre un feu.
Drame de Nanterre : après une sixième nuit de violence, bientôt l’accalmie ?

Incendie bloquant une rue à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 29 juin 2023, lors d’émeutes et d’incidents à l’échelle nationale. ©  Philippe Lopez / AFP

Au micro de France Inter, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a assuré avoir demandé des «déferements systématiques» et «de l’emprisonnement» à «chaque fois qu’on s’en prend aux personnes (…) et pour les atteintes aux biens les plus graves». Alors que la justice se retrouve face à une situation exceptionnelle avec 3.000 personnes gardées à vue depuis le début des émeutes, le garde des Sceaux a «demandé une réponse ferme». Parmi les mis en cause, 570 ont été déférées devant la justice, alors que 260 ont été envoyées en comparution immédiate, d’après une source judiciaire citée par France Info.
«Il y en a 60%, sur ces 3.200, qui n’ont aucun antécédent judiciaire, qui ne sont pas connus des services de police» et «n’ont jamais fait l’objet d’un contrôle», a indiqué le ministre de l’Intérieur, Gérarld Darmanin. La moyenne d’âge des personnes interpellées est de «17 ans, avec parfois des enfants, il n’y a pas d’autre mot, de 12-13 ans, qui étaient des pyromanes ou qui ont attaqué les forces de l’ordre ou qui ont attaqué des élus», a-t-il également souligné.

Un sursaut républicain !

Le président de la République française a reçu, dimanche soir, la première ministre, Élisabeth Borne, et sept des principaux ministres régaliens pour faire un point de situation. La chef d’État a qualifié d’«inexplicable et inexcusable» le tir policier qui a conduit à la mort du jeune homme de 17 ans. Des propos applaudis par les députés de gauche, mais reçus par les policiers comme un déni de la présomption d’innocence au moment où l’enquête débute à peine.
«Dans les 48 heures», une nouvelle réunion sera présidée par Emmanuel Macron qui a annoncé recevoir, ce lundi en fin d’après-midi à l’Élysée, les présidents de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher. Puis le mardi, plus de 220 maires des communes victimes d’exactions. D’ailleurs, l’Élysée a annoncé, samedi, le report de la visite d’État de trois jours qu’Emmanuel Macron devait effectuer de lundi à mercredi pour sceller l’amitié franco-allemande.

Et ce lundi à midi, des élus soutenus par la population se sont rassemblés devant les mairies de France après la violente attaque contre le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) qui a suscité une vague d’indignation à travers le pays. L’agression qui a visé le premier magistrat de L’Haÿ-les-Rose s’est déroulée dimanche vers 1h30 du matin, lorsqu’une voiture-bélier chargée de produits incendiaires a pénétré dans l’enceinte de son domicile alors qu’il se trouvait dans sa mairie.
«Si notre malheur sert à améliorer la situation, alors ce sera un peu moins douloureux. On a tous un morceau de République en soi. Chaque citoyen a sa responsabilité et peut faire un petit quelque chose. Si chacun prend sa part, alors la République sera en force», avait lancé Vincent Jeanbrun, sur le plateau du 20 heures de TF1, le dimanche 2 juillet 2023. «Arrêtons de détourner le regard.»
«Depuis mardi, les nuits ont été difficiles pour les habitants […]. Les violences qui se sont succédé sont inacceptables», a déclaré le maire de Nanterre, Patrick Jarry (DVG) devant une centaine d’habitants et d’employés de la mairie. Selon David Lisnard (LR), président de l’Association des maires de France, «150 mairies ou bâtiments municipaux (ont été) attaqués depuis mardi, une première dans l’histoire du pays». Toutes les mairies de France ont fait sonner leurs sirènes à 12h00 à l’occasion de ces rassemblements.
Drame de Nanterre : après une sixième nuit de violence, bientôt l’accalmie ?

La maire de Paris, Anne Hidalgo à Paris le 3 juillet, lors du rassemblement en appel à « une mobilisation civique » après la violente attaque contre le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses.  © AFP

«Arrêtez, ne cassez pas !» La grand-mère de Nahel a lancé dimanche un appel au peuple. «Les gens qui sont en train de casser, je leur dis : arrêtez. Qu’ils ne cassent pas les vitrines, qu’ils ne cassent pas les écoles, pas les bus ! Arrêtez, ce sont des mamans qui prennent les bus, ce sont des mamans qui marchent dehors», a exhorté la grand-mère, interrogée sur BFMTV.
«Le temps est à l’apaisement», a insisté aujourd’hui Patrick Jarry, soulignant qu’il fallait «rester sur cet appel de la famille de Nahel, de sa grand-mère», qu’il «remercie profondément».

«Homicide volontaire» ?

Lors d’une conférence de presse tenue jeudi sur la mort de Nahel, le procureur de la République de Nanterre, Pascal Prache, a fait le point sur l’enquête. Il a annoncé à cette occasion l’ouverture d’une information judiciaire pour homicide volontaire, le parquet considérant que «les conditions légales de l’usage des armes ne sont pas réunies», ce qui exclut la légitime défense.
Le parquet a recueilli de nombreux éléments : témoignages, analyse de brèches de vidéos d’amateurs publiées sur les réseaux sociaux, dires des deux policiers inculpés… Deux enquêtes de flagrance sont toujours en cours. La première porte sur le refus d’obtempérer et la tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique confiée au commissariat de la ville de Nanterre. La seconde est ouverte pour homicide volontaire, les faits étant commis par un dépositaire de l’autorité publique. Elle est conduite par l’IGPN. Comme le rappelle le Procureur de Nanterre, l’enjeu ici est d’«objectiver les circonstances qui ont conduit au décès du jeune conducteur».
Dans les détails, Pascal Prache a précisé que, mardi matin, Nahel avait été pris en chasse par deux policiers à moto après avoir conduit pendant deux heures sans permis une voiture de location et mis en danger notamment la vie d’un piéton et d’un cycliste. Les policiers auraient tenté à deux reprises de l’immobiliser, en vain.
Aucune arme ni aucun stupéfiant n’ont été trouvés à bord. Au cœur des nombreuses réactions à chaud, se trouve une vidéo dans laquelle on aperçoit un policier pointer son arme et tirer bien que l’on ne sache toujours rien de ce qui s’est dit et passé dans cette voiture avant que le policier ne presse la détente.

 

Pour leur défense, les policiers ont affirmé que, pris en étau le long d’un mur, ils se sont sentis menacés et ont craint d’être percutés lorsque la voiture a brusquement redémarré. Ils ont aussi invoqué la possibilité que la voiture renverse une personne dans sa fuite. Selon l’avocat Laurent-Franck Lienard, son client voulait tirer dans les jambes de Nahel et il a été déstabilisé par le départ en trombe de la voiture. Des explications qui n’ont cependant pas convaincu le parquet, selon qui «les conditions d’usage de l’arme ne sont pas réunies». 
Fait rare, le policier mis en examen pour homicide volontaire a été mis en détention provisoire en attendant la nomination d’un procureur. Un choix motivé par «la pression politique, médiatique et l’ampleur des violences urbaines en cours», selon Grégory Joron, patron du syndicat Unité SGP Police-Force ouvrière.
Et cela ne signifie pas qu’il sera éventuellement reconnu coupable d’homicide. La justice française condamne rarement les policiers.

Les refus d’obtempérer en forte progression

«Un refus d’obtempérer toutes les 20 minutes» ! La formule est martelée avec insistance par les syndicats de police et reprise régulièrement par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
La mort du jeune Nahel ne surprend donc pas les spécialistes. Selon eux, les refus d’obtempérer sont en très forte progression en France depuis dix ans : il s’en est produit 27.206 en 2021, selon les chiffres de la sécurité routière, soit une hausse de près de 50% en dix ans. Parmi eux, 5.247 refus d’obtempérer avec «risque de mort ou de blessures» ont été recensés.
L’année suivante, lors de ces contrôles routiers, 13 personnes ont été tuées par la police. Les policiers français n’utilisent leur arme dans ces circonstances que dans 0,5 % des cas, avait affirmé en septembre dernier le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Après la mort d’un Guinéen de 19 ans, travaillant dans une base logistique d’Intermarché, tué au volant de sa voiture, mi-juin près d’Angoulême. Nahel est le second à être tué en 2023 dans ces circonstances.
Mais à 17 ans, ce jeune homme n’en était pas à son premier refus d’obtempérer. Il avait été mis en examen pour cette même raison pas plus tard que le week-end précédant le drame. Le Figaro précise que douze mentions au fichier des antécédents judiciaires, pour divers délits, concernent l’adolescent.
Plusieurs élus incriminent la loi votée en 2017 qui autorise les policiers à ouvrir le feu lorsqu’ils ne peuvent immobiliser autrement les voitures «dont les conducteurs n’obtempèrent pas à l’ordre d’arrêt et dont les occupants sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui». Une formulation jugée trop floue.
Mais les principes d’«absolue nécessité» et de «stricte proportionnalité» de la légitime défense demeurent, brouillant la portée du texte qui, selon un haut responsable policier, a «élargi le périmètre d’usage de l’arme du policier, c’est incontestable».
Dans une étude statistique publiée en septembre dernier, les chercheurs Sébastien Roché, Paul le Derff et Simon Varaine ont démontré que les tirs policiers mortels sur les véhicules en mouvement ont été multipliés par cinq entre avant et après le vote de la loi. «Il apparaît que la loi de 2017 a eu pour effet de plus fréquentes atteintes à la vie des citoyens par la police», concluent les chercheurs.
Il est avéré que depuis que la loi a été modifiée, le nombre de personnes tuées par la police – la plupart d’entre elles étant des personnes « racisées » – n’a cessé d’augmenter : 27 en 2017, 40 en 2020 et 52 en 2021. L’ONG française Ligue des droits de l’homme soutient que cette loi a permis de «désinhiber» les agents, car elle leur assure une protection juridique en cas d’homicide.
«Le problème des tirs mortels lors de refus d’obtempérer est systémique en France», analyse le politologue Sebastian Roché dans une interview accordée au quotidien suisse Le Temps. «On a en France un modèle de police assez agressif, qui doit faire peur, davantage que dans les autres pays d’Europe, mais moins qu’aux États-Unis. Et, cette loi déroge à des règles de la Cour européenne des droits de l’homme. C’est une singularité française», estime-t-il.

Des émeutes comme en 2005 ?

«On n’a jamais atteint un tel niveau de violence», a estimé Reda Belhaj, porte-parole du syndicat policier SGP Police d’Île-de-France. La situation est beaucoup plus grave qu’en 2005, selon le président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure, Thibault de Montbrial, qui s’exprimait sur CNews. Cette fois, «nous avons affaire à des gens qui sont très bien organisés […] La situation est gravissime, nous sommes à la croisée des chemins».
«Mais les très jeunes émeutiers n’ont pas vécu les émeutes de 2005, ou alors étaient trop jeunes. Mais, ils savent très bien ce qu’il s’est passé cette année-là», explique Annie Fourcaut, professeur émérite à l’Université Paris Panthéon Sorbonne, historienne spécialiste du développement des banlieues et de l’histoire du grand Paris. «Ces événements restent donc et imprègnent l’imaginaire de ces zones urbaines. Ils sont dans la continuité», poursuit-elle.
Malgré les demandes des élus de droite, Gérald Darmanin a refusé d’invoquer l’état d’urgence réclamé par le leader de la droite Eric Ciotti, alors que «tous les ingrédients sont réunis pour faire exploser la cocotte-minute».

En 2005, il avait fallu attendre douze jours pour que le gouvernement s’y résigne. Pas de couvre-feu non plus, même si les bus et les tramways seront de nouveau arrêtés ce lundi soir à 21h dans toute l’Île-de-France, a annoncé IDF Mobilités sur Twitter.

«Ce ne sont pas les voyous qui vont l’emporter», a déclaré le ministre, avant d’ajouter que «ce sont les habitants des quartiers populaires qui sont touchés» par ces violences et que «les professionnels du désordre doivent rentrer chez eux».
En 2005, c’est la mort accidentelle à Clichy-sous-Bois de Zyed Benna et de Bouna Traoré qui avait mis le feu aux poudres. Les deux adolescents s’étaient cachés dans un transformateur électrique alors qu’ils étaient pourchassés par les policiers, exonérés de tout blâme. Ces trois semaines s’étaient soldées par 3.000 interpellations, 9.000 voitures brûlées, trois morts et 217 policiers blessés.
«J’appelle tous les parents à la responsabilité. Ce contexte est la résultante de groupes organisés, mais également de beaucoup de jeunes. Un tiers des interpellés de la nuit dernière sont des jeunes voire des très jeunes. J’en appelle à la responsabilité des parents. La République n’a pas vocation à se substituer à eux», déclare le chef de l’État à l’issue du conseil interministériel de crise.

Le «moment George Floyd» français ?

Pour le sociologue Michel Kokoreff, les événements de Nanterre obéissent au «même script» que celui des émeutes de 2005. En effet, depuis les années 1976-1977, toutes les émeutes urbaines en France, jusqu’en 2018 à Nantes, ont suivi le même schéma. Mort d’un jeune descendant de l’immigration suite à une interaction avec la police, émotion collective non organisée, dégradations, destructions, marche blanche appelant au calme, répression policière, puis promesses de solutions, tombant dans l’oubli une fois l’ordre public rétabli – sauf en 2006, où le CPE a mis dans la rue «l’autre jeunesse», bien dotée et victorieuse.
Un événement qui n’est pas sans rappeler l’affaire George Floyd en 2020 aux États-Unis. Un contrôle routier «au faciès» qui tourne au drame, un policier qui tue un innocent, une scène choquante filmée par un téléphone portable, une vidéo accablante qui se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, qui catalysent la colère et qui donnent lieu à des émeutes un peu partout dans le pays… Dans l’émotion qu’elles suscitent et dans leurs conséquences, les similitudes entre ces deux affaires sont nombreuses.
De l’autre côté de l’Atlantique, la mort de George Floyd a débouché sur le mouvement Black Lives Matter, qui a transcendé la colère de la rue pour donner lieu à une vraie prise de conscience
De l’autre côté de l’Atlantique, les médias américains établissent le parallèle avec le meurtre de l’Afro-Américain par un policier blanc il y a trois ans. CNN évoque un «racisme institutionnel» tabou en France ; Newsweek parle de la France en train de vivre un «moment George Floyd». «Les coups de feu du policier montrent que les États-Unis ne sont pas les seuls à se débattre contre les brutalités et le racisme dans la police», juge la chaîne ABC.
Le New York Times a, pour sa part, carrément créé une section spéciale sur ces troubles : racontant en même temps le racisme quotidien subi par les adolescents issus de l’immigration et l’exaspération des habitants de banlieue à propos des destructions de matériel urbain. «La mort de Nahel a attiré des accusations de la gauche selon lesquelles la police française aurait été ’américanisée’», a souligné le média américain, «alors même que la droite s’est concentrée sur la violence croissante des manifestants envers des forces de police assiégées.»
Fox News, faisant de cette actualité la Une de son site, insiste sur des «centaines de policiers blessés» et un «Emmanuel Macron qui peine à contrôler la violence».

«Rétablir l’ordre» et «garantir le retour au calme»

Comment sortir de cette situation tendue et apaiser la colère populaire ? Selon les informations obtenues par le média français BFMTV auprès de participants à la réunion tenue dimanche soir, Emmanuel Macron a demandé à ses ministres de «continuer à tout faire pour rétablir l’ordre et garantir le retour au calme».
Le président de la République leur a aussi indiqué que «le gouvernement doit continuer d’être aux côtés des policiers, gendarmes, magistrats, greffiers, pompiers, élus mobilisés jour et nuit depuis cinq jours».
Selon une source gouvernementale, trois priorités ont été fixées au cours de cette réunion, détaille la journaliste Tristan Quinault-Maupoil. D’abord, le retour à l’ordre, ensuite la mise en avant du soutien du gouvernement aux policiers, aux gendarmes, aux sapeurs-pompiers, aux magistrats et aux élus. Enfin, la mobilisation des forces politiques du pays – présidents de groupe, chefs de partis, députés. Cependant, peu de choses ont filtré de cette réunion interministérielle.
Dans cette optique, le président de la République doit recevoir ce lundi en fin de journée Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale. Élisabeth Borne doit, elle, recevoir les présidents de groupes de l’Assemblée à 17 heures.
Par ailleurs, le président de la République doit réunir mardi à l’Élysée quelque 220 maires aux prises avec des troubles ces derniers jours. Samedi, le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, a fait état d’un lourd bilan : une dizaine de centres commerciaux saccagés, 200 magasins de la grande distribution attaqués et pillés dont une quinzaine incendiée, 250 débits de tabac dévalisés, autant d’agences bancaires vandalisées et de nombreux commerces de proximité, magasins de sport et fast-food vidés et mis à sac.
Drame de Nanterre : après une sixième nuit de violence, bientôt l’accalmie ?

Le magasin Nike du Forum des Halles, à Paris, a été saccagé dans la nuit de jeudi à vendredi. © Olivier Arandel / Le Parisien

Sur les réseaux sociaux, des « racisés » expriment leur inquiétude face aux scènes de destruction de bâtiments publics et de pillage. Ils craignent que ces actions donnent raison à leurs détracteurs racistes et permettent à Macron de faire adopter de nouvelles lois répressives qui restreindront encore davantage les libertés publiques.

Selon le New York Times, «si les mesures que prend Emmanuel Macron pour arrêter les émeutes sont trop draconiennes, elles ne peuvent qu’alimenter la colère contre les violences policières perçues comme dirigées de manière disproportionnée contre les immigrés d’origine arabe ou les Noirs», pointe le journal.

De leur côté, les partisans de droite, Marine Le Pen et Éric Zemmour, vont pleinement profiter de la situation en arguant (certains médias estiment qu’ils ont déjà commencé à le faire) que ces «racailles ne respectent pas la France», et «ne veulent pas s’intégrer». Ils prétendront que «le multiculturalisme français a échoué». Alors qu’en réalité la situation est tendue racialement parce que la classe politique et la police rejettent l’idée même que la France soit un pays multiculturel, ce qui est pourtant un fait.

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