Accueil / Société

Don d’organes au Maroc : des progrès encore insuffisants

Temps de lecture

Don d'organes © depositphotos

Lancée en 2005 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe a pour objectif de mettre en lumière l’importance de cet acte solidaire. À travers diverses initiatives, elle vise à informer le grand public et à lever les freins autour de ce sujet encore sensible.

À l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, célébrée chaque année le 17 octobre, le Maroc se trouve à un carrefour crucial concernant cette pratique humanitaire vitale. Si les progrès médicaux dans le domaine des greffes d’organes se multiplient à travers le monde, le Royaume affiche des chiffres encore modestes malgré une législation favorable et des infrastructures spécialisées. Une situation qui souligne l’urgence d’intensifier les campagnes de sensibilisation et de lever les obstacles sociaux et culturels freinant le don d’organes.

Trafic d’organes : démantèlement d’un réseau opérant entre le Maroc et la Turquie

Une situation préoccupante et des défis à surmonter

Depuis la première greffe rénale réalisée au Maroc en 1986, suivie de la première greffe cardiaque en 1990, les chiffres restent faibles. À ce jour, seulement 640 greffes rénales ont été effectuées dans le pays, un chiffre qui ne reflète pas le potentiel des infrastructures et des compétences médicales disponibles. En comparaison avec les normes internationales, qui préconisent un minimum de 50 greffes par an pour maintenir des équipes médicales spécialisées et obtenir des licences, le Maroc se situe encore loin de ces standards.

Un des principaux freins identifiés reste la méconnaissance des aspects religieux et juridiques liés au don d’organes, exacerbée par des idées reçues et des préjugés fortement ancrés dans la société. Pourtant, le Maroc dispose d’une législation régissant le don et la greffe d’organes depuis plusieurs décennies, faisant de lui l’un des premiers pays en Afrique et dans le monde arabe à structurer cette pratique.

Néanmoins, ce cadre juridique n’a pas suffi à faire évoluer les mentalités et encourager un nombre plus important de citoyens à s’inscrire comme donneurs potentiels. Actuellement, seules 1.200 personnes sont inscrites sur la liste des donneurs d’organes après leur décès, un chiffre dérisoire face à la demande croissante de greffes.

Le don d’organes est très rare au Maroc

Promouvoir la culture du don d’organes

Les solutions pour surmonter ces obstacles existent et passent principalement par la sensibilisation et la communication. Une meilleure information sur les aspects religieux et éthiques du don d’organes pourrait dissiper les malentendus et encourager un plus grand nombre de personnes à s’engager dans cette démarche.

À ce titre, l’implication des leaders religieux, des juristes, des médecins, mais aussi des associations civiles et des médias est cruciale pour vulgariser les bienfaits de cette pratique et rappeler que chaque don peut sauver plusieurs vies.

Par ailleurs, l’éducation des professionnels de la santé et leur formation continue sur les techniques de greffe, ainsi que l’amélioration des infrastructures médicales, sont des éléments tout aussi essentiels pour accompagner cette dynamique. Les innovations médicales, comme l’utilisation de la robotique et de l’intelligence artificielle pour améliorer la compatibilité des greffes et réduire les risques de rejet, ouvrent des perspectives encourageantes. Toutefois, leur efficacité ne sera optimale que si le nombre de dons augmente en parallèle.

En ce sens, les campagnes de sensibilisation, à travers des événements comme la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, jouent un rôle important pour rappeler l’importance de cet acte altruiste. C’est l’occasion de réaffirmer que le don d’organes n’est pas seulement une question médicale, mais aussi une responsabilité sociale et collective qui engage chaque citoyen.

Pour le Maroc, où la demande de greffes d’organes est en constante augmentation, l’enjeu est double : développer une culture du don ancrée dans les consciences tout en renforçant les compétences et les infrastructures nécessaires pour garantir des interventions de qualité. Le défi est grand, mais les bénéfices pour la santé publique et les vies humaines sont inestimables.

Dernier articles
Les articles les plus lu

RGPH 2024 : vieillissement de la population, urbanisation et défis économiques

Société - Les résultats du dernier RGPH 2024 révèlent des changements profonds dans la structure démographique et socioéconomique du Maroc.

Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024

Les ministres arabes de l’Habitat unis pour un développement urbain durable à Alger

Afrique, Diplomatie, Société - Hicham Airoud, directeur de l’Habitat et de la Promotion immobilière, a dirigé la délégation marocaine à la 41e session du Conseil des ministres arabes de l'Habitat et de l'Urbanisme à Alger.

Mbaye Gueye - 17 décembre 2024

Le CSPJ rappelle ces magistrats à l’ordre

Société - Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) démontre une volonté affirmée d’instaurer une gouvernance plus intègre.

Mbaye Gueye - 17 décembre 2024

Travaux imprévus à Maarif, circulation paralysée, la goutte de trop

Société - Les Casablancais qui empruntent le quartier Maarif sont confrontés à un véritable casse-tête. Des travaux… Encore !

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

Peines alternatives : vers une justice plus humaine

Société - La justice marocaine franchit un cap avec l’entrée en vigueur de la loi sur les peines alternatives, un texte ambitieux visant à moderniser le système judiciaire.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024

Arts et métiers : une ambition maroco-française au service de l’innovation industrielle

Société - Le 5ᵉ CA de l’école Arts et Métiers, campus de Rabat, s’est tenu le 16 décembre 2024 sous la présidence de Ryad Mezzour.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

Enseignement : des réformes urgentes face à un système en crise

Société - Le dernier rapport de la Cour des comptes dresse un état des lieux préoccupant du secteur de l’enseignement au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024

Spoliation immobilière : un homme d’affaire écope de six ans de prison ferme

Société - La Chambre criminelle de première instance a condamné Abdallah Boudrika à six ans de prison ferme pour spoliation immobilière.

Mbaye Gueye - 16 décembre 2024
Voir plus

Solitude urbaine : l’invisible poids des villes

Dossier - La solitude urbaine au Maroc n’est pas qu’une anecdote, elle est le reflet d’une fracture sociale, d’une urgence humaine.

Sabrina El Faiz - 16 novembre 2024

Immigration en Italie : les Marocains en 3e position

Société - Avec 342.469 ressortissants en 2023, les Marocains représentent 7,8% de la population étrangère en Italie.

Farah Nadifi - 3 décembre 2024

MRE, qui ne veut pas de vous ?

DOSSIER - C’est l’histoire d’un MRE qui a failli perdre la vie dans une altercation autour d'une terre. Une affaire sordide où advient aussi le « racisme anti-MRE ».

Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire