Accueil / Monde

Dix semaines de guerre au Proche-Orient

Temps de lecture

Des hommes évacuent une personne blessée après un bombardement israélien dans la bande de Gaza. © HATEM ALI / AP

Plus de quarante jours après le début des offensives, les civils continuent de le payer de leur vie. 11.470 Palestiniens sont morts depuis le 7 octobre. Côté israélien, l’attaque perpétrée par le Hamas a fait 1.400 morts. Si Israël a le droit de se défendre, les Gazaouis n’ont-ils pas le droit à la vie ?

Alors que la communauté internationale continue à appeler Israël à «minimiser le nombre de civils morts», le bilan ne cesse de s’alourdir : 11.470 Palestiniens – dont 4.707 mineurs et 3.155 femmes – ont été tués dans la bande de Gaza par les frappes israéliennes. Le ministère gazaoui de la Santé a fait, en outre, état de 29.800 personnes blessées.

Pour le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, «chaque mort civile est une tragédie». «Nous ne devrions pas en voir, car nous faisons tout notre possible pour mettre les civils hors de danger, alors que les combattants du Hamas font tout pour les mettre en danger», a-t-il dit. «Nous envoyons des tracts, nous les appelons sur leurs téléphones portables et nous disons : “Partez”. Et beaucoup l’ont fait», a-t-il ajouté.

Mais si l’armée israélienne appelle les civils à se diriger vers le Sud, cette zone n’est pas plus sécurisée que le Nord de la bande où Tsahal s’est dit «près à détruire le système militaire qui y existait». Israël a dit vouloir «éradiquer» le mouvement palestinien en réponse à l’attaque du 7 octobre. Depuis jeudi soir, plusieurs bombardements ont été signalés dans le Sud de l’enclave palestinienne et ont fait au moins 35 morts, selon Mohammed Zaqout, le directeur des hôpitaux. Selon l’agence Associated Press, l’armée israélienne, qui commente rarement ses frappes, a dit que celles-ci visaient des cibles du Hamas.

Pas de carburant, pas d’aide

Plusieurs agences onusiennes et des ONG estiment que la création d’une «zone sécurisée» au sud de Gaza est trop dangereuse. Parmi elle figurent le haut-commissariat aux réfugiés, l’OMS, l’Unicef, ou encore l’ONG Care International. «Nous ne participerons pas à la création d’une “zone sécurisée” à Gaza établie sans l’accord de toutes les parties» estiment ces agences, dans un communiqué commun publié jeudi. La création «unilatérale» de telles zones risque «de nuire aux civils», estiment-elles. Outre le fait que de telles zones doivent réunir l’accord de tous les belligérants, ces zones doivent fournir aux civils «de l’eau, des abris, de la nourriture et une assistance médicale», poursuivent-elles.

Et ce vendredi, il n’y aura pas de livraisons d’aide humanitaire à Gaza en provenance d’Égypte au poste frontière de Rafah, selon le directeur de la communication de l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Malgré le besoin urgent, les systèmes de communication de la bande côtière sont hors service, interrompant les livraisons transfrontalières d’aide humanitaire.

Le principal fournisseur d’accès à Internet de l’enclave, Paltel, a annoncé avec regret que «que tous les services de télécom de la bande de Gaza sont hors service». «Toutes les sources d’énergie sont taries», explique l’opérateur, faute de carburant. De son côté, l’agence onusienne a fait savoir jeudi soir que «les réseaux de communication à Gaza sont hors service faute de carburant. Cela rend impossible la gestion ou la coordination des convois d’aide humanitaire».

Les organisations humanitaires ont prévenu que la plupart des habitants ne disposaient déjà plus de nourriture suffisante ni d’eau potable : «Nous avons vu le carburant, la nourriture, l’eau et l’aide humanitaire être utilisés comme une arme de guerre», a déclaré Juliette Touma, porte-parole de l’UNRWA. En ce sens, le Programme alimentaire mondial des Nations unies a alerté sur le «risque immédiat de famine». «Avec l’hiver qui approche à grands pas, les abris précaires et surpeuplés, ainsi que le manque d’eau potable, les civils sont confrontés à un risque immédiat de famine», a déclaré dans un communiqué la directrice exécutive de l’agence onusienne basée à Rome, Cindy McCain.

Dans l’enfer des hôpitaux

La situation ne s’améliore pas dans les hôpitaux de la bande de Gaza. Le ministère de la Santé dans la bande de Gaza a affirmé que l’armée israélienne avait frappé plusieurs services, notamment ceux de radiologie, des grands brûlés et des dialyses, de l’hôpital Al-Shifa, plus grand hôpital de la bande. Les opérations israéliennes s’y sont poursuivies jeudi : «Les soldats procèdent à la fouille de chaque étage, bâtiment après bâtiment, alors que des centaines de patients et de membres du personnel médical se trouvent encore dans le complexe».

Youssef Abou Rich, vice-ministre de la Santé de la bande de Gaza, présent lui-même à Al-Shifa, a fait savoir que «les Israéliens ont demandé que quelqu’un sorte avec un drapeau blanc pour négocier l’évacuation d’Al-Shifa».

Selon le premier ministre israélien, il y avait de «fortes indications» selon lesquelles des otages du Hamas étaient retenus dans l’hôpital Al-Shifa. C’est l’une des raisons qui ont poussé l’armée israélienne à entrer et faire le siège de l’établissement depuis mercredi. «Si [des otages] y étaient, ils ont été déplacés», a affirmé Netanyahu qui a ajouté qu’Israël disposait de «renseignements sur les otages». «Moins j’en dirai, mieux ce sera», a-t-il dit.

Le directeur de l’hôpital indonésien, Atef Al-Kahlout, a déclaré à Al Jazeera que son établissement avait complètement cessé de fonctionner jeudi soir, «en raison de l’incapacité clinique à s’occuper des patients de Gaza et du nord de la bande de Gaza». L’hôpital Al-Ahli, où le Croissant-Rouge palestinien a rapporté une «violente attaque» israélienne, n’est, quant à lui, «plus en mesure d’effectuer des opérations chirurgicales et est devenu un simple poste de secours», a écrit sur X (anciennement Twitter) le chirurgien Ghassan Abu Sitta.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), six hôpitaux fonctionnent de manière très «limitée», sans pouvoir accueillir de nouveaux patients. «Dix-huit hôpitaux ont été fermés et évacués depuis le début des hostilités, dont trois – Al-Nasr, Al-Rantissi et Al-Qods – ces trois derniers jours», a précisé l’OCHA.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Les Nations unies déterminées à offrir l’aide nécessaire au peuple syrien

Monde - L’Organisation des Nations unies a l’intention de fournir toute l’assistance nécessaire au peuple syrien.

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

France : François Bayrou continue ses consultations tout en espérant éviter la censure

Monde - Bayrou devra à tout prix éviter de recourir à l’article 49.3 de la Constitution, une mesure controversée perçue comme autoritaire.

Mbaye Gueye - 17 décembre 2024

Cyclone Chido : les agences humanitaires préoccupées par son impact à Mayotte et au Mozambique

Afrique, Monde, Société - Les partenaires humanitaires de l'ONU sont très préoccupés par l'impact du cyclone Chido, qui a frappé Mayotte et le nord du Mozambique ce week-end.

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

Vanuatu : fin de l’alerte au tsunami après un puissant tremblement de terre

Monde - L'alerte au tsunami lancée après un tremblement de terre de magnitude 7,3 au large des côtes de Vanuatu, a été levée mardi.

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

Bachar El Assad sort du silence après sa chute

Monde - Bachar El Assad, renversé huit jours plus tôt, a pris la parole pour la première fois depuis son départ précipité de Syrie.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

Les Marocains en tête des étrangers affiliés à la sécurité sociale espagnole

Monde - Avec 342.318 affiliés, les Marocains représentent les travailleurs étrangers qui cotisent le plus à la sécurité sociale en Espagne.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

Nabil El Halfawy, disparition d’une légende égyptienne

Monde - L’acteur Nabil El Halfawy, est décédé dimanche à l’âge de 77 ans, des suites d’une dégradation soudaine de son état de santé.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

Corée du Sud : le président Yoon destitué après un coup de force avorté

Monde - Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a été officiellement destitué samedi par le Parlement, suite à sa tentative avortée d’instaurer la loi martiale.

Ilyasse Rhamir - 14 décembre 2024
Voir plus

UE : cap sur l’hydrogène renouvelable

Monde - L’Union européenne s’apprête à franchir une nouvelle étape dans sa politique en faveur de l’hydrogène renouvelable.

Ilyasse Rhamir - 5 novembre 2024

France : le gouvernement de Michel Barnier renversé par l’Assemblée nationale

Monde - Après plusieurs heures de débats très agités, 331 députés ont finalement décidé de faire chuter l'exécutif, alors que 288 voix étaient requises.

Mbaye Gueye - 5 décembre 2024

Leon l’Africain

Monde - En 1518, un ambassadeur maghrébin, de retour d’un pèlerinage à La Mecque, est capturé par des pirates siciliens, et offert en cadeau à Léon X. Ce voyageur s’appelait Hassan al-Wazzan. Il devint le géographe Jean-Léon de Médicis, dit Léon l’Africain.

Rédaction LeBrief - 21 décembre 2023

Mercosur-UE : un accord historique après 25 ans de négociations

Monde - Après un quart de siècle de discussions, le Mercosur et l’UE ont signé ce vendredi un accord historique de libre-échange.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Le Mexique met en garde contre les tarifs douaniers américains

Monde - Selon Ebrard, ces tarifs douaniers risquent de coûter 400.000 emplois aux États-Unis et de freiner la croissance économique

Farah Nadifi - 28 novembre 2024

L’Espagne dévoile sa stratégie pour l’Afrique 2025-2028

Monde - Le gouvernement espagnol a présenté son plan 2025-2028 pour l'Afrique, axé sur le renforcement des relations économiques et diplomatiques avec les pays africains.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire