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Dans un contexte mondial encore marqué par des incertitudes, l’économie marocaine entame l’année 2024 sous des auspices favorables, révélant une résilience et une capacité de rebond notables. Selon la Note de conjoncture N° 325 de la Direction des Études et des Prévisions financières (DEPF) du mois de mars, différents secteurs affichent des signes prometteurs de reprise et d’adaptation aux défis continus.
Des précipitations opportunes face aux défis continus du secteur agricole
En réponse à un climat fluctuant, l’agriculture a reçu une bouffée d’air frais avec les précipitations de février et mars 2024, engendrant un optimisme prudent. Ces pluies, essentielles pour la production agricole et le renforcement des réserves en eau, ont permis au taux de remplissage des barrages nationaux de grimper légèrement de 23,2% à 26,7% durant cette période. Cependant, ce chiffre reste inférieur aux 34,9% enregistrés l’année précédente.
Le secteur agricole montre une certaine résilience, notamment dans les régions de Rabat-Salé-Kénitra, Fès-Meknès et Beni-Mellal-Khénifra, bien que le couvert végétal national peine à atteindre ses niveaux antérieurs. Les exportations agricoles et agroalimentaires ont connu une légère baisse, s’établissant à 8,4 milliards de DH. (MMDH) à fin janvier 2024, reflétant une diminution de 1,2% sur un an. Quant à la pêche, le volume des débarquements a chuté de 21,6% au début de 2024, impactant la valeur marchande des prises.
Renaissance du secteur extractif
Le secteur extractif connaît un revirement spectaculaire au quatrième trimestre 2023, avec un bond de 32,3% de son indice de production. Cette performance remarquable intervient malgré une baisse annuelle de 5,3%, s’améliorant par rapport au recul de 18,6% enregistré l’année précédente. Le phosphate brut, affiche une diminution de 5,8% sur l’année, une baisse atténuée par une hausse de 36,5% au dernier trimestre.
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Les dérivés du phosphate montrent également des signes de reprise, leur production augmentant de 1% en 2023, une nette amélioration par rapport à la baisse de 6,7% de l’année précédente. Le dynamisme se confirme en début 2024, avec des exportations de phosphates et de ses dérivés bondissant respectivement de 67,3% et 47,9%, générant un chiffre d’affaires à l’export de 6,2 MMDH, en hausse de 17,5%.
La production d’énergie électrique suit cette tendance positive, enregistrant une augmentation de 9,4% au début de l’année, soutenue par la production privée et les énergies renouvelables. Parallèlement, la consommation d’électricité s’est accrue de 2,8%, reflétant une demande croissante en basse tension, bien que les ventes en haute tension aient légèrement reculé.
Rebond de la construction et dynamisme manufacturier
Le secteur de la construction montre des signes de reprise après une période marquée par d’importantes perturbations internationales, y compris la pandémie de Covid-19, le conflit russo-ukrainien, et une crise énergétique. Ces événements ont contribué à une hausse des coûts des matériaux de construction et à un ralentissement de la demande locale, entraînant une baisse de 10,6% des ventes de ciment en 2022. Toutefois, l’année 2023 a vu un redressement avec une augmentation de 4,8% des ventes de ciment, malgré des niveaux toujours inférieurs à ceux d’avant crise. Cette tendance positive s’est poursuivie au début de 2024, avec une croissance de 7,5% dans les ventes de ciment lors des deux premiers mois, grâce à des performances solides en janvier et février.
Par ailleurs, le secteur manufacturier connaît également une forte dynamique, avec une augmentation de 8% de son indice de production au quatrième trimestre 2023. Cette hausse est portée par des secteurs clés tels que l’industrie chimique, automobile, et la fabrication de produits informatiques. Le taux d’utilisation des capacités de production a atteint un niveau record de 78,1% en janvier 2024, signe d’une reprise robuste et diversifiée.
Ces indicateurs, couplés aux programmes et projets lancés pour stimuler le secteur de la construction, notamment en vue des grands événements sportifs et des initiatives de reconstruction, dessinent un horizon prometteur pour l’économie marocaine.
Dynamisme et reprise dans le secteur tertiaire
Le tourisme a démarré l’année 2024 avec une performance exceptionnelle, surpassant largement les chiffres pré-crise de 2019. Les arrivées touristiques ont connu une augmentation de 10,4% fin janvier 2024 par rapport à l’année précédente, grâce notamment à l’afflux de visiteurs étrangers, avec des hausses remarquables en provenance de France (+10,9%), du Royaume-Uni (+24,4%), de Pologne (+74,8%), d’Allemagne (+28,1%), de Chine (+100,7%), des Pays-Bas (+26,7%), de Belgique (+17,2%) et d’Arabie Saoudite (+6%). Les nuitées dans les établissements classés ont également augmenté de 8,4%, portées par une hausse des nuitées des non-résidents (+11%) et des résidents (+3%).
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Cependant, malgré ces augmentations encourageantes, les recettes touristiques ont connu une baisse de 10,5% en variation annuelle fin janvier 2024, après une hausse l’année précédente. Néanmoins, elles restent en hausse de 30% par rapport à la période pré-crise.
Le secteur du transport aérien a lui aussi témoigné d’un dynamisme, avec une hausse de 19% du nombre de passagers accueillis dans les aéroports nationaux en février 2024. Le volume de trafic a surpassé de 28,1% celui enregistré avant la crise.
Le trafic portuaire a clôturé 2023 sur un record de 209,4 millions de tonnes, soulignant la vitalité du secteur avec une prédominance de l’activité de transbordement. Le transport ferroviaire et les secteurs de la téléphonie mobile et de l’internet ont également enregistré des croissances notables, avec respectivement 52,8 millions de passagers transportés et un taux de pénétration internet de 103,4% à fin 2023, signe de l’accélération de la digitalisation dans le Royaume.
Stimulation et résilience de la demande intérieure
L’économie marocaine montre des signes de redressement au début de 2024, avec une consommation des ménages en hausse, stimulée par un net ralentissement de l’inflation à +0,3% en février 2024 contre 10,1% l’année précédente. Ce contexte favorable est également soutenu par une augmentation modeste des crédits à la consommation (+0,5% en janvier) et des transferts publics ciblés, bénéficiant aux populations vulnérables et aux professionnels du transport routier, pour atténuer l’impact de la hausse des prix des carburants.
Les efforts d’investissement restent robustes, encouragés par les grands projets et renforcés par une augmentation de +2,7% des dépenses d’équipement de l’État à fin février 2024. La bonne tenue des recettes d’investissements directs étrangers et des crédits à l’équipement soutient également cette dynamique, avec 42 projets d’investissement approuvés à fin février, promettant la création de 16.200 emplois directs et indirects dans divers secteurs.
L’inflation a continué de ralentir, atteignant le niveau le plus bas depuis son pic en février 2023, grâce à la décélération des prix des produits alimentaires et non alimentaires. En conséquence, le taux d’inflation s’est établi à +1,3% pour les deux premiers mois de 2024, reflétant la stabilité économique retrouvée.
Cependant, l’année 2023 s’est achevée sur une note moins positive en matière d’emploi, avec la perte de 157.000 postes, principalement dans l’agriculture. Néanmoins, certains secteurs comme le BTP, les services et l’industrie ont enregistré des créations d’emplois. Le taux de chômage a augmenté à 13% en 2023, signalant les défis persistants en matière d’emploi, particulièrement parmi les jeunes et les diplômés.
Rééquilibrage de la balance commerciale
Au début de l’année 2024, le Maroc affiche une nette amélioration de sa balance commerciale, avec un allégement du déficit de 15,3%, le ramenant à 22,4 MMDH. Cette évolution positive est le résultat d’une baisse des importations de 2,8% et d’une augmentation notable des exportations de 7,2%, améliorant ainsi le taux de couverture de 5,7 points pour atteindre 61,4%.
Dans le détail, les exportations de biens ont connu une progression de 7,2%, s’élevant à 35,7 MMDH. Cette hausse est principalement due aux secteurs dynamiques tels que les phosphates et dérivés, l’automobile, l’aéronautique, l’électronique et électricité, et le textile et cuir. Notamment, les ventes de phosphates et dérivés ont vu une augmentation impressionnante de 17,5%, contribuant à cette croissance.
Lire aussi : DEPF : ce qu’il faut retenir de la note de conjoncture de février 2023
L’industrie automobile affiche une hausse de 8,3% de ses exportations, totalisant 10,8 MMDH. Cette performance est soutenue par des ventes en hausse dans les segments de la construction, du câblage, et de l’intérieur de véhicules. Le secteur aéronautique n’est pas en reste, avec un bond de 23% de ses exportations, atteignant 1,9 MMDH, grâce notamment à une augmentation des ventes dans l’assemblage et l’EWIS.
Côté importations, on note un repli de 2,8%, à 58,1 MMDH, principalement attribuable à la contraction de la facture énergétique, des biens d’équipement, des produits finis de consommation, et des produits bruts. Ce repli des importations contribue largement à l’amélioration du déficit commercial.
Parallèlement, les transferts de fonds des marocains résidant à l’étranger ont légèrement diminué de 2,6%, se chiffrant à 9,2 MMDH, tandis que les recettes voyages ont reculé de 10,5%. Cependant, ces deux postes continuent de jouer un rôle essentiel dans la couverture du déficit commercial. Les investissements directs étrangers (IDE) montrent une belle vitalité avec une augmentation nette des flux de 25,4%.
Le Maroc réduit son déficit en début 2024
Au terme de février 2024, les finances témoignent d’une nette amélioration avec une réduction de 9,5% du déficit budgétaire, équivalent à un milliard de dirhams, le portant à 9,6 MMDH. Cette évolution positive résulte d’une augmentation des recettes ordinaires de 16%, soit 6,9 MMDH, surpassant l’accroissement de 10,9% des dépenses globales qui se chiffrent à 5,9 MMDH.
Les recettes ordinaires, atteignant presque les 50 MMDH, ont vu une hausse notable tant au niveau des recettes fiscales, avec un gain de 9,5% pour un total de 43,9 MMDH, qu’au niveau des recettes non fiscales, qui ont plus que doublé pour atteindre 5,1 MMDH. L’augmentation des recettes fiscales découle principalement d’une hausse de 15% des recettes de l’Impôt sur les Sociétés (IS) et de 2,7% de l’Impôt sur le Revenu (IR), illustrant la vigueur de l’activité économique. Parallèlement, les impôts indirects ont affiché une hausse de 13,3%, avec une progression de 16,5% des recettes de la TVA.
Malgré une baisse des droits de douane de 7,8% en raison d’un recul des importations, les recettes des droits d’enregistrement et de timbre ont augmenté de 11,1%, et les recettes non fiscales ont bénéficié d’une hausse spectaculaire, principalement due à l’appréciation des autres recettes non fiscales.
Du côté des dépenses, les dépenses ordinaires ont grimpé de 3,2% pour atteindre 52,6 MMDH, portées notamment par une augmentation de 4,8% des dépenses de biens et services. Les charges en intérêts de la dette ont légèrement augmenté, tandis que les charges de compensation ont connu un recul.
Ces mouvements budgétaires ont contribué à un solde ordinaire négatif réduit de 2,6 MMDH, signe d’une gestion financière efficace. En outre, l’investissement d’État continue de progresser avec une hausse des dépenses d’investissement de 2,7%.
Stratégies renouvelées pour le financement de l’économie
À fin janvier 2024, le paysage monétaire affiche un léger repli de la masse monétaire (M3) de 0,4%, se positionnant à 1.744,4 MMDH. Ce recul reflète principalement une diminution des crédits bancaires, des avoirs officiels de réserve et des créances nettes sur l’administration centrale. Sur un an, la croissance de M3 a ralenti à +2,8%, marquant une décélération notable par rapport à +9,2% en janvier 2023, et ce, malgré une augmentation de 16% des recettes ordinaires.
Les créances nettes des institutions de dépôt sur l’administration centrale ont reculé de 0,9%, soulignant un repli de 9,7% sur un an, contre une hausse de 21% l’année précédente. Ce mouvement s’explique en partie par la baisse des créances de Bank Al-Maghrib et des recours du Trésor aux autres institutions de dépôt.
Les crédits bancaires ont connu une baisse mensuelle de 2,2%, avec un recul notable des crédits au secteur financier et non financier. Sur l’année, leur croissance s’est légèrement améliorée à +5,5%, mais a ralenti par rapport à +7,1% en janvier 2023, reflétant le ralentissement des crédits au secteur non financier.
Les avoirs officiels de réserve ont légèrement diminué de 0,8%, mais en glissement annuel, ils affichent une hausse encourageante de +6,9%, témoignant d’une amélioration par rapport à l’année précédente.
L’ensemble de ces indicateurs révèle une modération dans la croissance de la masse monétaire, impactée par le ralentissement des crédits bancaires et la contraction des créances nettes sur l’administration centrale. Cette évolution traduit une dynamique financière plus prudente, dans un contexte économique mondial incertain, tout en conservant une base solide pour la stabilité financière du Royaume.
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