Accueil / Économie

Défis budgétaires : quelle est la stratégie de l’État ?

Temps de lecture

Illustration ©DR

En octobre 2024, les finances publiques du Maroc dévoilent une année de défis et d’opportunités : une hausse des recettes, un déficit persistant et des choix de financement cruciaux. Comment l’État équilibre-t-il ses comptes tout en poursuivant ses objectifs de développement ? Ce rapport explore les rouages budgétaires, entre pression fiscale, dépenses de fonctionnement et stratégies de financement pour éclairer la trajectoire économique du pays.

Le bulletin mensuel de statistiques des finances publiques d’octobre 2024, publié par la Trésorerie générale du Royaume du Maroc met en lumière les principales tendances des finances publiques sur les dix premiers mois de l’année. En dépit d’une augmentation des recettes et d’un solde ordinaire positif, le Trésor affiche un déficit budgétaire significatif. Ce rapport, structuré autour des recettes et dépenses de l’État ainsi que de son besoin de financement, montre les défis financiers et les solutions de financement adoptées par le gouvernement marocain.

Recettes fiscales et non fiscales

À fin octobre 2024, les recettes fiscales brutes se sont élevées à 254,6 milliards de dirhams (MMDH), en hausse de 13% par rapport à l’année précédente. Cette croissance est portée principalement par une augmentation des recettes douanières (+9,8%) et de la fiscalité domestique (+12,5%).

Lire aussi : Transformation de la Société Gestionnaire de la Bourse de Casablanca en Holding

Les impôts directs tels que l’impôt sur les sociétés (IS) et l’impôt sur le revenu (IR), ont également connu une hausse respective de 12,8% et 13,8%. En parallèle, les recettes non fiscales ont diminué de 4,6% surtout en raison de la baisse des versements des comptes spéciaux du Trésor (CST) et des fonds de concours.

Impôts directs et indirects

Les impôts directs ont atteint 111,5 MMDH, soit une augmentation de 14,2%. Cette croissance est principalement due à l’augmentation de l’IS, qui a généré 59,3 MMDH, et de l’IR, qui s’élève à 48,6 MMDH.

D’autre part, les impôts indirects comme la TVA et les taxes intérieures de consommation (TIC), ont rapporté 112,2 MMDH, en hausse de 13,9%. La TVA sur les produits énergétiques et les autres produits a été particulièrement dynamique avec des hausses respectives de 10,9% et 15,1%.

Dépenses de fonctionnement

Les dépenses ordinaires ont augmenté de 4,1% pour atteindre 268,6 MMDH à fin octobre 2024. Cette hausse est due en partie aux dépenses de personnel qui ont crû de 7,6% et aux autres biens et services (+6,4%). Toutefois, les émissions de dépenses de compensation ont connu une baisse marquée de 52,4% ce qui reflète une réduction des subventions accordées pour compenser les prix des produits de base.

Lire aussi : Parlement : les mesures douanières et fiscales au cœur des amendements du PLF

Les remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux, ont augmenté de 47%, soulignant l’effort du gouvernement pour apurer les arriérés de TVA et répondre aux demandes de restitution de l’IS.

Dépenses d’investissement

Les dépenses d’investissement ont légèrement augmenté de 0,7% pour atteindre 81,6 MMDH. Cette augmentation résulte principalement des dépenses des ministères (+9,2%) tandis que les charges communes ont diminué de 8,1%. Les versements aux CST pour des projets d’investissement ont également contribué à ces dépenses, bien que les montants aient été réduits par rapport à l’année précédente.

Solde du Trésor

À fin octobre 2024, le solde ordinaire de l’État est positif atteignant 23,5 MMDH contre 6,6 MMDH un an auparavant. Cependant, malgré ce solde positif, le déficit global du Trésor se chiffre à 40,5 MMDH, en hausse par rapport à 2023 où il était de 37,2 MMDH. Ce déficit est partiellement atténué par le solde positif des CST et des SEGMA qui s’élève à 16,7 MMDH.

Besoin et sources de financement

Face à un besoin de financement de 52,3 MMDH, le Trésor a intensifié son recours au financement intérieur qui a atteint 60,7 MMDH, contre 17,5 MMDH l’année précédente. Ce financement inclut des adjudications nettes de 57,9 MMDH et un prélèvement sur les disponibilités auprès de Bank Al-Maghrib. À noter que le financement extérieur a contribué négativement au besoin de financement avec un flux net de -8,4 MMDH, principalement en raison du remboursement de la dette extérieure.

Lire aussi : PLF 2025 : taxe sur les gains, une menace pour les casinos

Le bilan des finances publiques marocaines au 31 octobre 2024 présente un paysage contrasté. D’un côté, les recettes fiscales enregistrent une croissance notable, soutenue par des impôts directs et indirects dynamiques. De l’autre, le gouvernement marocain doit faire face à un déficit budgétaire en hausse ce qui nécessite des mesures de financement intérieur importantes. Cette situation souligne l’importance d’une gestion prudente des ressources publiques pour assurer la stabilité économique et répondre aux besoins de développement du pays.

Dernier articles
Les articles les plus lu

L’Office national des Pêches tient son Conseil d’administration

Économie - Le Conseil d’administration de l’Office national des Pêches (ONP) s’est réuni vendredi à Rabat, sous la présidence de Zakia Driouich, secrétaire d’État auprès du ministre de la Pêche maritime

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Soumission aux marchés de BAM : le format électronique obligatoire en 2025

Économie - À partir du 1er janvier 2025, Bank Al Maghrib (BAM) impose la soumission électronique obligatoire pour tous les marchés publics.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Quand la croissance des recettes ne freine pas le déficit

Économie - L'exécution budgétaire du Maroc a montré des signes de tensions financières, avec un déficit qui s’est creusé de 11,6 MMDH par rapport à la même période en 2023.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

Le besoin de financement du Trésor en légère baisse à fin novembre

Économie - À fin novembre 2024, le besoin de financement du Trésor s’est établi à 55,9 MMDH, contre 59,2 MMDH à la même période en 2023.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Légère hausse de l’inflation en novembre 2024

Économie - En novembre 2024, l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,8% par rapport à novembre 2023, selon le HCP.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Tanger-Tétouan-Al Hoceima : plus de 9.700 entreprises créées au T3-2024 (OMPIC)

Économie - Selon l’OMPIC, 9.761 entreprises ont été créées dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima durant les neuf premiers mois de 2024.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

12-18 décembre : le déficit de liquidité bancaire se creuse de 2,4%

Économie - Le déficit de liquidité bancaire au Maroc s'est creusé de 2,4%, atteignant 138,9 milliards de dirhams.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Délais de paiement : l’amende réajustée au nouveau taux directeur

Économie - La Direction générale des Impôts (DGI) a annoncé que les factures dont le délai de retard du paiement commence à partir du 1er décembre 2024, sont passibles d’une amende pécuniaire fixée au nouveau taux directeur (TD) de Bank Al-Maghrib (BAM).

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024
Voir plus

Hard-discount toujours plus bas, mais à quel prix ?

Dossier - Le hard-discount a-t-il trouvé LA recette miracle pour proposer LA bonne affaire ? Pas sûr… la lame peut être à double tranchant.

Sabrina El Faiz - 7 décembre 2024

ANCFCC : bon cru 2020

J.R.Y - 19 mars 2021

La Chambre des représentants adopte le PLF 2025 en deuxième lecture

Économie - La Chambre des représentants a approuvé, à la majorité, en deuxième lecture, le projet de loi de finances (PLF) n°60.24 pour l’année budgétaire 2025.

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024

She Impulse : l’AFEM révolutionne l’entrepreneuriat féminin au Maroc

Économie - L’AFEM a dévoilé, mardi 3 décembre 2024, sa nouvelle feuille de route stratégique baptisée « She Impulse : Créateur de valeurs ».

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Tourisme marocain : entre traditions et nouvelles ambitions

Économie - Entre la montée en puissance du tourisme interne et l’importance accrue du tourisme culturel, le Royaume repense son approche pour s’adapter à la demande croissante.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Pirater ou réguler : le défi BeIN Sport au Maroc

Économie, Entreprise - Face à la prolifération des serveurs IPTV illégaux, qui permettent aux utilisateurs d’accéder à ses contenus sans payer, BeIN Sport s’interroge sur les moyens de protéger ses droits.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire