Deux mois, jour pour jour, après sa mutinerie avortée et la marche de ses hommes vers Moscou, le patron des milices Wagner est mort mercredi soir dans le crash d’un avion privé dans la région de Tver, à environ 180 km au nord-ouest de Moscou, en Russie. Outre Evgueni Prigojine, son bras Dmitri Outkine, alias «Wagner», ancien commandant du renseignement militaire russe, se trouvait également à bord.
Aucun des dix passagers présents à bord de l’appareil, qui effectuait la liaison entre Moscou et Saint-Pétersbourg, n’a survécu, ont indiqué les autorités russes. «Selon la compagnie aérienne, les passagers suivants se trouvaient à bord de l’avion Embraer-135», a indiqué tard mercredi l’agence russe du transport aérien Rossaviatsia, en citant les noms de Prigojine, Outkine et de Valeriy Chekalov, un autre dirigeant de Wagner, fortement impliqué en Syrie.
Selon un responsable des services de secours cité par l’agence Ria Novosti, les corps de huit personnes ont jusqu’à présent été retrouvés sur le site du crash. L’agence TASS a quant à elle mentionné sept corps récupérés.
«On avait tous le sentiment qu’il allait mal finir», avouent des officiels russes après l’annonce de la mort présumée d’Evgueni Prigojine. Avant sa chute dans ses 30 dernières secondes de vol, l’avion n’a montré aucun signe d’avarie ou de problème, selon les données de suivi de vol citées par l’agence Reuters. Une enquête a été ouverte pour «violation des règles de sécurité du transport aérien». «Une équipe d’enquêteurs a été envoyée sur les lieux (…) pour établir les causes de l’accident», a fait savoir le comité d’enquête de la Fédération de Russie.
«Le chef du groupe Wagner, héros de la Russie, véritable patriote de sa patrie, Evgueni Prigojine, est décédé des suites des actions de traîtres à la Russie», a de son côté posté Wagner dans un canal Telegram. La chaîne Telegram Grey Zone, proche de Prigojine et du Groupe Wagner, a accusé explicitement l’armée russe d’avoir abattu l’avion avec un missile antiaérien. Grey Zone assure que des témoins ont entendu «deux explosions caractéristiques du travail de la défense antiaérienne», et se fonde également sur des traces observées dans les vidéos de l’accident diffusées en ligne.
Beaucoup d’interrogations subsistent
De nombreuses zones d’ombre et des interrogations entourent les circonstances et l’origine de l’accident. Pour une raison inexpliquée, le patron de Wagner semblait aller et venir en Russie malgré son statut de paria, jusqu’à participer quelques jours après sa révolte à une réunion au Kremlin.
L’avion, immatriculé RA-02795, a décollé de Moscou en direction de Saint-Pétersbourg vers 14h GMT. Selon Rossaviatsia, l’appareil appartenait à la société MNT-Aero, spécialisée dans l’aviation d’affaires.
Le jet a parcouru environ 180 km avant que le signal ADS-B (un système de géolocalisation utilisé par le contrôle du trafic aérien) qu’il émettait ne disparaisse sans qu’il soit possible d’en déterminer la cause. Il se trouvait alors à 8.000 mètres, proche de son altitude de croisière.
Près d’une heure plus tard, les images publiées sur les réseaux sociaux montraient la carcasse en feu d’un avion dont la forme des réacteurs, ainsi que les derniers caractères de son immatriculation («795») révèlent qu’il s’agit bien du même jet.
À 15h19 GMT, l’appareil a effectué une brusque descente verticale, selon Ian Petchenik, du site spécialisé Flightradar24. En l’espace d’une trentaine de secondes, l’avion a plongé de plus de 8.000 pieds par rapport à son altitude de croisière de 28 000 pieds. «Quoi qu’il se soit passé, c’est arrivé rapidement», affirme un expert cité par Reuters.
Une vidéo diffusée sur les réseaux et authentifiée par le média, montre l’avion en train de perdre rapidement de l’altitude, le nez presque à la verticale, entouré d’un panache de fumée. Certaines sources anonymes ont assuré aux médias russes que l’avion aurait été abattu par un ou plusieurs missiles sol-air, mais ces informations n’ont pas pu être confirmées pour le moment.
À l’aide d’autres vidéos montrant la chute de l’appareil, Le Monde est parvenu à localiser le site de l’accident, dans une prairie au sud du village de Koujenkino, dans le Raïon Bologovski (oblast de Tver). Plusieurs corps étaient visibles, sans qu’il soit encore possible de les identifier.
La dernière apparition du «cuisinier de Poutine» remonte à lundi soir, lorsqu’il est apparu dans une vidéo diffusée par des groupes proches de Wagner sur les réseaux sociaux, où il affirmait se trouver en Afrique. Dans un paysage désertique et armé d’un fusil d’assaut, il disait travailler à «rendre la Russie encore plus grande sur tous les continents et l’Afrique encore plus libre», et appelait les volontaires à le rejoindre. Evgueni Prigojine s’était déjà exprimé depuis sa rébellion avortée via des messages audio diffusés sur diverses chaînes Telegram, mais jamais en parlant face caméra, comme il avait l’habitude de faire lorsqu’il se trouvait en Ukraine.
Une disparition qui attise les spéculations
À l’étranger, les réactions se sont multipliées. Plusieurs responsables occidentaux y voient un acte de revanche du Kremlin.
Joe Biden s’est dit «pas surpris» par l’issue tragique de Prigojine. «Je ne sais pas encore tout à fait ce qu’il s’est passé, mais je ne suis pas surpris», a déclaré le président américain à des journalistes. Avant de désigner un potentiel responsable : «Peu de choses se passent en Russie sans que Poutine n’y soit pour quelque chose».
La France, elle, évoque «des doutes raisonnables» sur «les conditions» de l’accident. «C’est par principe une vérité qu’on peut établir», a estimé ce jeudi Olivier Véran, porte-parole du gouvernement à propos d’une potentielle implication de Vladimir Poutine dans cette disparition. Selon lui, Prigojine «laisse derrière lui une pagaille terrible dans une grande partie du globe». Le chef du groupe paramilitaire était «l’homme des basses œuvres de Poutine», a-t-il précisé.
Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, a sous-entendu que le rival de Vladimir Poutine a pu être éliminé par le Kremlin. «L’élimination spectaculaire de Prigojine et du commandement de Wagner deux mois après [leur] tentative de coup d’État, est un signal de Poutine aux élites russes avant les élections de 2024», a-t-il écrit sur X (anciennement Twitter), estimant que «Poutine ne pardonne à personne».
Des sources de la BBC rapportent que le crash de l’avion dans lequel se trouvait Evguéni Prigojine a «probablement» été causé par le FSB, c’est-à-dire les services de renseignements russes. Cette attaque permettrait peut-être de «renforcer le statut des ennemis de Prigojine: Shoïgu et Guerassimov», ajoute le journaliste de la BBC Frank Gardner, sur X (ex-Twitter).
La meneuse de l’opposition biélorusse en exil, Svetlana Tsikhanovskaïa, a estimé que «le criminel Prigojine ne manquera à personne au Bélarus. C’était un meurtrier et on devrait se souvenir de lui comme tel». Elle a espéré sur X que «sa mort pourra démanteler la présence de Wagner au Bélarus [un pays allié de Moscou] réduisant la menace contre notre nation et ses voisins».
Vers minuit, Vladimir Poutine, lui, n’avait pas réagi à la mort de son ancien allié. Alors que les opérations de recherche étaient encore en cours, le président russe a prononcé un discours à l’occasion du 80e anniversaire de la bataille de Koursk au cours de la Deuxième Guerre mondiale, se rendant dans cette région du sud-ouest de la Russie, frontalière de l’Ukraine. Sans mentionner l’accident, il a salué sur scène devant la foule le «dévouement» et la «loyauté» des soldats russes en Ukraine, qui «combattent avec courage et détermination».
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