La défunte Aïcha Ech-Chenna, présidente-fondatrice de l’Association solidarité féminine et militante des droits des mères célibataires © DR
Aïcha Ech-Chenna, icône de l’action sociale, est décédée ce dimanche. La présidente fondatrice de l’Association solidarité féminine (ASF) a mené un combat inlassable pour la promotion des droits des mères célibataires et des enfants abandonnés. Elle s’était engagée depuis plus de 50 ans à donner une voix à cette catégorie de femme, longtemps marginalisée par la société. Ech-Chenna est née en 1941 à Casablanca et elle a grandi à Marrakech. En 1953, elle est retournée à sa ville natale afin d’intégrer l’école française de Foch, puis le fameux lycée Joffre. Elle a choisi, après l’obtention de son diplôme d’État d’infirmier, de travailler en tant qu’animatrice dans le secteur de l’éducation sanitaire à la préfecture médicale de Casablanca.
Elle avait des appellations honorifiques, qui qualifie son dévouement et son combat, telles que «la porte-parole des sans voix», «la mère Theresa marocaine» et «la dame au grand cœur». La mort de l’icône de l’action sociale est une véritable perte pour le Royaume. Cette figure emblématique a même transcendé les frontières du Maroc, en remportant de multiples distinctions internationales.
Son action a été soutenue également par le roi Mohammed VI. Elle avait ainsi rapporté : «Le Roi m’a témoigné sa bénédiction et m’a donné la clé de la réussite de ma mission. Ses encouragements, sa haute sollicitude et ses gestes magnanimes renforcent ma conviction et me donnent chaque jour la force et le courage de continuer».
Écouter aussi : Aïcha Ech-Chenna : son parcours d’infirmière à militante pour la cause des mères célibataires
Association solidarité féminine, les prix internationaux…
L’ASF a été fondée en 1985 et est la première association au Maroc à proposer des formations pour les mères célibataires. L’objectif était de rendre ces femmes autonomes et capables de s’adapter à leurs situations malgré les réticences de la société. L’association offre aux mères célibataires, abandonnées par leurs familles, des formations, des cours d’alphabétisation et un travail pour les insérer dans la société et dans la vie professionnelle. Aujourd’hui, les actions menées par l’activiste marocaine pour cette tranche de la société sont reconnues à l’échelle internationale. L’organisme a également publié un livre intitulé « À Hautes voix » pour interpeller le grand public sur la problématique des mères célibataires au Maroc. Les jeunes mères célibataires et les enfants, pris en charge par l’association, brisent le silence et racontent, dans ce livre de 144 pages, leur vécu.
En 1996, Aïcha Ech-Chenna a publié, aux éditions Le Fennec, le livre « Miseria ». Il s’agit d’un recueil d’histoires de victimes, notamment de petites bonnes maltraitées ou enfants abandonnés, qui a marqué l’opinion marocaine. Grâce aux différentes actions menées dans ce sens, la défunte a reçu, en 1995, le Prix des Droits de l’Homme de la République française. Ensuite, en 2009, elle a obtenu le prestigieux Opus Prize des États-Unis. D’autres distinctions ont été attribuées à la militante, dont la Légion d’honneur de la République française en 2013.
Lire aussi : La maternité célibataire au Maroc, entre exclusion et injustice
Dans toutes ses interviews, Aïcha Ech-Chenna ne manque pas l’occasion de défendre ces femmes et d’appeler les gens à contribuer à leur insertion. En 2014, dans une interview accordée au quotidien Le Matin, la militante avait également abordé le sujet des migrantes, issues de l’Afrique subsaharienne, au Maroc. «On commence à avoir une nouvelle problématique, ce sont les femmes subsahariennes qui ont des enfants et qui vivent dans des situations difficiles. Il faudrait que les consulats et les ambassades de ces pays africains puissent se mettre d’accord avec les autorités marocaines pour que ces enfants puissent avoir une nationalité. Ce n’est pas parce qu’ils sont nés au Maroc qu’ils n’auront pas de nationalité. Il faut que ces enfants puissent avoir un état civil pour vivre dans la dignité. Pour moi, un enfant, c’est ce qu’il y a de plus précieux que Dieu nous a donné et il faut le préserver», a-t-elle souligné.
Contacté par la rédaction de LeBrief, Salah El-Ouadie, militant des droits de l’Homme, nous a confié que «Aïcha Ech-Chenna a marqué l’histoire marocaine. Elle était à l’écoute des femmes marginalisées qui n’ont pas eu accès à la formation et qui souffrent de conditions sociales précaires. Ces mères célibataires sont des victimes aussi à cause de la lâcheté de la personne avec laquelle elles ont conçu cet enfant. De plus, ces femmes sont victimes du regard hypocrite et condescendant de la société. La défunte s’est battue et a tenu son courage pour combattre ses injustices, même en recevant des critiques de partout de la part des gens qui n’ont rien apporté à cette catégorie. C’est une femme avec une grande humanité qui n’a rien demandé en échange et à qui il faut rendre un grand hommage».
Il est certain que ses actions au profit des mères célibataires et des enfants abandonnés ont eu un important impact sur la société marocaine. Aïcha Ech-Chenna a consacré toute sa vie à ce combat afin de garantir un meilleur avenir à ces femmes et à leurs enfants. Le Maroc a perdu une militante, une figure maternelle et une femme engagée. Son association continuera à poursuivre sa mission et à donner espoir à ces femmes délaissées et sans refuge.
Fonction publique : plus de 65.000 départs à la retraite prévus avant 2028
Société - Entre 2024 et 2028, 65.213 fonctionnaires civils de l'État partiront à la retraite, selon le rapport du PLF 2025.
Rédaction LeBrief - 24 octobre 2024Désignation de Ghizlane Benjelloun comme personnalité 2024 de l’ONU au Maroc
Société - Le Système des Nations Unies pour le développement au Maroc a honoré Ghizlane Benjelloun en la désignant Personnalité 2024 de l’ONU, lors d'une cérémonie à Rabat à l'occasion de la Journée des Nations Unies.
Farah Nadifi - 24 octobre 2024Urbanisation végétale des villes : quelles solutions environnementales ?
Société - Sous l'impulsion des associations écologistes, les autorités de Casablanca annoncent la fin de la plantation anarchique de palmiers sur les grands axes de la ville.
Farah Nadifi - 23 octobre 2024Hajj : un responsable au ministère du Habous condamné à 6 ans de prison
Société - la Chambre criminelle de Rabat chargée des crimes financiers, a condamné un responsable du ministère des Habous.
Mbaye Gueye - 23 octobre 2024Enseignement : une nouvelle année, un nouveau départ ?
Atika Ratim - 4 septembre 2023Casablanca intègre le C40 des villes engagées pour les actions climatiques
Société - La commune de Casablanca a annoncé son adhésion au réseau mondial C40 des villes, regroupant près de 100 villes engagées dans des actions climatiques.
Mbaye Gueye - 20 décembre 2024CNOPS : 76% des dossiers médicaux sont remboursés en moins de 60 jours (Nadia Fettah)
Société - Nadia Fettah indique que 76% des dossiers médicaux des adhérents de la CNOPS sont remboursés dans un délai de moins 60 jours.
Mbaye Gueye - 30 décembre 2024Islam : Deux imams femmes à Paris dirigent la première prière mixte
Khansaa Bahra - 18 septembre 2019IA : création d’un réseau marocain en oncologie
Khansaa Bahra - 29 mars 2021Lancement d’une plateforme e-commerce pour l’achat des moutons
Société - "My ANOC Marketplace", c’est l’application mobile dédiée à la vente et l'achat des ovins et caprins sur internet. La cérémonie de son lancement a eu lieu, mercredi 22 juin.
Hajar Toufik - 23 juin 2022Le Procès
Société - Le procès intenté à Joseph K., qui ne connaîtra pas ses juges, ne relève d'aucun code et ne pouvait s'achever ni sur un acquittement ni sur une damnation, puisque Joseph K. n'était coupable que d'exister.
Rédaction LeBrief - 20 décembre 2023Éducation : les résultats prometteurs de la méthode TARL
Société - Le Maroc a opté pour l’approche pédagogique "Teaching at the Right Level" (TARL) qui semble déjà donner ses fruits.
Manal Ben El Hantati - 12 octobre 2022