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Dans le sud ukrainien, Zaporijia entre bombardements de la centrale nucléaire et référendum d’annexion à Moscou

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«La zone d’engagement dans le Donbass semble avoir diminué significativement au cours des deux dernières semaines. L’extrémité nord du saillant du Donbass (Siversk-Sloviansk) semble devenue très calme», observait dimanche Phillips O’Brien, ??professeur d’études stratégiques à l’Université St Andrews et analyste des possibles évolutions de la guerre en Ukraine. «Ce qu’il reste d’action offensive russe est concentré sur Bakhmout et une poussée à partir de la ville de Donetsk», a-t-il précisé.

À Donetsk, une des deux régions du bassin houiller du Donbass, où se concentrent les efforts russes, et dont le président ukrainien a ordonné le 30 juillet l’évacuation de la population, l’état-major ukrainien a affirmé dimanche avoir repoussé un assaut près de Virnopillia et fait état de plusieurs replis russes, notamment près des villes de Sloviansk, Bakhmout et Avdiïvka.

Le ministère de la Défense britannique évoque, dans son point quotidien, l’emploi par la Russie de mines antipersonnel en Ukraine. Selon les renseignements britanniques, «il est très probable que la Russie déploie des mines antipersonnel pour entraver la liberté de mouvement le long de ses lignes de défense dans le Donbass», en particulier à Kramatorsk et à Donetsk, dans la région du Donbass, où des vidéos ont montré des mines crépiter sous les pneus de voitures, des conducteurs effarés et des piétons en panique. Comme le rappelle Londres, ces mines ont été utilisées avec des conséquences dévastatrices pendant la guerre d’Afghanistan, «où elles auraient mutilé un grand nombre d’enfants qui les auraient pris pour des jouets». Et de prévenir qu’«il est fort probable que les stocks de l’ère soviétique utilisés par la Russie se soient dégradés au fil du temps et soient désormais très peu fiables et imprévisibles. Cela constitue une menace à la fois pour la population locale et pour les opérations humanitaires de déminage».

Les autorités nommées par Moscou dans la région du sud ukrainien de Zaporijia, en partie occupée par l’armée russe, ont annoncé lancer officiellement les préparatifs d’un référendum sur le rattachement de cette région à la Russie. «J’ai signé un ordre pour que la Commission électorale centrale commence à travailler à l’organisation d’un référendum sur le rattachement de la région de Zaporijia à la Russie», a déclaré Evgueni Balitski, chef de l’administration civile et militaire mise en place dans les territoires de cette région.

Le lancement des préparatifs officiels au référendum survient alors que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a mis en garde Moscou contre l’organisation de «référendums» dans les territoires occupés du sud de son pays en vue de leur annexion. Si les séparatistes persistent dans cette voie, «ils se fermeront toute possibilité de négociations avec l’Ukraine et le monde libre, dont ils auront certainement besoin à un moment donné», a-t-il déclaré. «Ce n’est pas nous qui organisons le référendum, ce sont les habitants de ces régions qui ont de tels projets», a rétorqué lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Il faut qu’il [Zelensky] demande à ses citoyens pourquoi beaucoup d’entre eux ne veulent pas vivre dans son pays», a-t-il estimé.

Le site de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia a été la cible, ce week-end, de frappes pour la deuxième fois en un peu plus de vingt-quatre heures. Samedi, un réacteur avait été arrêté après avoir été visé par des frappes. Selon Petro Kotine, le patron de l’énergéticien public ukrainien Energoatom, deux employés ukrainiens de la centrale ont été blessés lors de ces frappes. Les deux belligérants s’accusent mutuellement depuis vendredi de bombarder la plus grande centrale nucléaire d’Europe, sans qu’aucune source indépendante ne puisse vérifier les faits. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a prévenu lundi que le bombardement du site de Zaporijjia «par les forces armées ukrainiennes» est «potentiellement extrêmement dangereux» et «pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour une vaste zone, y compris pour le territoire européen». De son côté le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré qu’«il n’y a pas une seule nation au monde qui puisse se sentir en sécurité lorsqu’un État terroriste bombarde une centrale nucléaire».

Petro Kotine, a de plus appelé lundi «la communauté internationale et à tous nos partenaires» à la création d’une zone démilitarisée autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, touchée par des bombardements pour lesquels Kiev et Moscou s’accusent mutuellement. Il estime également qu’ «il devrait y avoir une mission de gardiens de la paix qui inclurait aussi des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)et d’autres organisations de sécurité». Selon lui, la présence de l’armée russe sur place «crée le plus grand danger pour l’avenir, un accident impliquant des radiations ou même une catastrophe nucléaire». Petro Kotine a également accusé l’AIEA de n’avoir eu qu’ «une réaction très molle» depuis que l’armée russe s’est emparée du site, représentant «environ 500 soldats [russes] et 50 véhicules lourds, des tanks et des camions», à ce jour, a-t-il estimé.

En déplacement à Tokyo, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est alarmé lundi de ces bombardements, prévenant que «toute attaque contre des centrales nucléaires est une chose suicidaire». «Nous soutenons pleinement les efforts de l’AIEA visant à créer les conditions d’une stabilisation de la situation au niveau de la centrale», a-t-il aussi déclaré, réclamant à nouveau que les inspecteurs de l’agence aient accès à la centrale.

Par ailleurs, quatre nouveaux bateaux chargés de céréales ont quitté, dimanche, les ports ukrainiens d’Odessa et de Tchornomorsk, sur la mer Noire, avec environ 170.000 tonnes de marchandises. Samedi, un cargo est arrivé au port de Tchornomorsk pour y charger des céréales, pour la première fois depuis l’invasion russe de l’Ukraine. «Au cours des deux prochaines semaines, nous prévoyons d’atteindre un rythme de trois à cinq navires par jour», a fait savoir le ministère des infrastructures ukrainien. Huit navires chargés de céréales sont partis d’Ukraine depuis le début du mois d’août.

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