Accueil / Politique

Crise des enseignants : l’augmentation des salaires ne suffit pas

Temps de lecture

Manifestations des enseignants, devant le Parlement, à Rabat. © DR

Un accord historique, fruit de longues et intenses négociations, vient enfin de voir le jour entre le gouvernement et les syndicats de l’enseignement les plus influents. Cet accord, signé lors d’une séance marathon dimanche en fin d’après-midi, promet une augmentation significative des salaires des enseignants. Alors que cet accord semblait être la réponse tant attendue aux revendications des enseignants, une nouvelle grève sera observée cette semaine. Plongée dans les détails de cet accord tout en explorant les raisons pour lesquelles les coordinations sectorielles de l’enseignement restent insatisfaites.

Le suspense était à son comble au cours du week-end dernier alors que les négociations cruciales entre les syndicats d’enseignants et le gouvernement étaient au point mort. Dès vendredi, lors d’une réunion entre les syndicats les plus influents et le ministre délégué du Budget, Fouzi Lekjaa, l’augmentation tant attendue des salaires des enseignants était au cœur des discussions, mais aucune percée n’avait été réalisée à ce stade. Le suspense a donc persisté tout au long du week-end, laissant planer une incertitude palpable.

Finalement, c’est hier en fin d’après-midi que les négociateurs ont réussi à surmonter les différences et à conclure un accord historique sur l’augmentation des salaires, mettant ainsi fin à une période de négociations très tendues. En présence du chef du gouvernement, Aziz Akhannlouch, cet accord a été signé par le ministre de l’Éducation nationale, Chakib Benmoussa, le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lakjaa, et le ministre de l’Inclusion économique, Younes Sekkouri, ainsi que des représentants des principaux syndicats, à savoir l’Union marocaine du travail (UMT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), la Confédération démocratique du travail (CDT) et la fédération démocratique du travail (FDT).

Ce qu’il faut retenir de l’accord gouvernement-syndicats

L’accord signé hier comporte plusieurs éléments clés qui devraient apporter un soulagement aux enseignants. Tout d’abord, une augmentation générale des salaires est prévue, avec une hausse mensuelle nette de 1.500 DH pour tous les enseignants, quel que soit leur statut ou leur grade. Cette augmentation sera mise en œuvre en deux tranches égales, en janvier 2024 et janvier 2025, offrant ainsi un coup de pouce financier substantiel.

En ce qui concerne les indemnités catégorielles, l’accord prévoit une augmentation de 1.000 DH par mois pour les enseignants de la classe exceptionnelle à partir de l’échelon 5. De plus, une indemnité complémentaire de 500 DH par mois sera accordée aux enseignants de l’enseignement secondaire qualifiant et aux administrateurs pédagogiques. Les assistants administratifs et les assistants techniques bénéficieront, eux aussi, d’une indemnité spéciale de 500 DH par mois.

Cet accord ne se limite pas seulement à l’augmentation des salaires et aux indemnités catégorielles, puisqu’il englobe également d’autres aspects essentiels. Il prévoit une augmentation des indemnités pour les heures supplémentaires, un ajustement qui représente une avancée notable pour les enseignants. Ces indemnités augmenteront de 30%, offrant ainsi une incitation supplémentaire à ceux qui choisissent de travailler au-delà de leurs heures normales.

Lire aussi : Le nouveau statut unifié des enseignants, une «déception»

Une autre facette importante de l’accord concerne la révision du système d’avancement de grade. Cette révision vise à réduire le nombre d’années requis pour certains grades. De plus, l’accord reconnaît les cadres administratifs temporaires qui assument temporairement des missions relevant de l’administration pédagogique. Ces derniers bénéficieront des mêmes indemnités que les cadres administratifs permanents affectés à des tâches similaires.

Autre aspect crucial, celui de la prise en compte des enseignants recrutés entre 2012 et 2023 pour les échelles 7 ou 8, classés en deuxième grade, et qui sont partis à la retraite entre le 1ᵉʳ janvier 2012 et le 31 décembre 2023. L’accord garantit des dispositions spécifiques pour leur retraite.

Les enseignants maintiennent la pression

L’accord de dimanche, portant sur l’augmentation des salaires des enseignants, est considéré comme un pas significatif en avant. Cependant, il n’a pas réussi à dissiper complètement le mécontentement persistant au sein de la communauté enseignante. Bien que les syndicats avaient appelé à la reprise des cours après la signature de l’accord, les enseignants, se sentant marginalisés et négligés, ont opté pour le maintien de leur grève en signe de protestation.

En effet, la Coordination nationale du secteur de l’enseignement a pris la décision de déclencher une nouvelle grève de quatre jours cette semaine. Débutant ce mercredi, elle marque ainsi le désaccord des enseignants avec ce qu’ils perçoivent comme une exclusion de la table des négociations. Cette colère et cette résistance au sein du corps enseignant révèlent un fossé de confiance grandissant entre les syndicats signataires de l’accord et les coordinations sectorielles de l’enseignement. Ces dernières estiment que leurs préoccupations et revendications spécifiques n’ont pas été suffisamment prises en compte.

Lire aussi : Crise des enseignants : entre grèves continues et gel du statut de base

D’ailleurs, la principale source de discorde réside dans le statut unifié, gelé par le gouvernement le 27 novembre dernier. Pour les coordinations sectorielles, ce gel du statut unifié représente un obstacle majeur entravant l’amélioration de leurs conditions de travail et de leurs perspectives de carrière. Elles considèrent cette décision comme une entrave à leur épanouissement professionnel et une menace pour la qualité de l’enseignement dispensé aux élèves. Par conséquent, elles réclament avec fermeté son retrait ou sa modification. De plus, une autre revendication majeure se joint à celles-ci, à savoir l’intégration des enseignants contractuels dans la fonction publique.

En somme, la crise au sein de l’enseignement marocain semble loin d’être résolue, alors que nous approchons de la mi-année scolaire. Les enseignants maintiennent la pression pour que leurs préoccupations soient entendues et que des mesures concrètes soient prises pour répondre à leurs demandes. En conséquence, le processus d’apprentissage de milliers d’élèves marocains reste compromis. Cette situation continue de susciter des inquiétudes parmi les parents d’élèves, qui craignent que l’instabilité persistante au sein de l’enseignement puisse avoir des répercussions sur l’avenir éducatif de leurs enfants.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Le Maroc et l’UE veulent relancer leurs relations parlementaires

Politique - Rachid Talbi Alami et son homologue, Roberta Metsola, ont convenu à Bruxelles d’une feuille de route pour la relance des relations entre les parlements.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Droit de grève : malgré la modification du texte, le projet divise toujours

Politique - Face à la pression des syndicalistes, le gouvernement a fait un geste visant à améliorer le projet de loi sur le droit de grève.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Rabat : 22ème réunion de la Commission militaire mixte maroco-française

Politique - Les échanges ont porté sur la coopération militaire bilatérale et les enjeux sécuritaires régionaux et internationaux.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Sommet «One Water» : Akhannouch défend l’initiative du Maroc pour l’eau

Politique - Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, représente le Roi Mohammed VI au Sommet “One Water”, qui a débuté mardi à Riyad.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Lancement du Conseil stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas

Politique - Aziz Akhannouch, a présidé la première réunion du Conseil d’orientation stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Éducation : un budget record, des résultats en berne

Politique - Malgré des budgets records atteignant 73,91 milliards de dirhams, le système éducatif marocain reste embourbé dans des problématiques structurelles.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Italie : inauguration du consulat honoraire du Maroc en Calabre

Politique - La ville italienne de Gioia Tauro a accueilli l’inauguration des nouveaux locaux du consulat honoraire du Maroc pour la région de Calabre.

Rédaction LeBrief - 1 décembre 2024

Maroc-France : renforcement de la coopération migratoire par une réunion inédite

Politique - En marge du séminaire biannuel des consuls généraux organisé par l’Ambassade du Maroc en France, une réunion inédite a eu lieu le 29 novembre 2024 à la Chancellerie, réunissant de hauts responsables des ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères des deux pays.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024
Voir plus

Justice : une nouvelle carte judiciaire prometteuse

Politique - Une étape cruciale franchie pour la justice : le projet de décret n° 2.23.665, établissant la carte judiciaire du Royaume.

Nora Jaafar - 3 janvier 2024

Le Maroc opte pour le visa électronique à partir du 10 juillet

Politique - Les visas électroniques vers le Maroc sont bientôt possibles, a annoncé jeudi le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire

Hajar Toufik - 24 juin 2022

2e Assises nationales de la régionalisation avancée : le discours intégral du Roi

Politique - Voici le texte intégral du Message Royal, dont lecture a été donnée par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire