Manifestations des enseignants, devant le Parlement, à Rabat. © DR
Le suspense était à son comble au cours du week-end dernier alors que les négociations cruciales entre les syndicats d’enseignants et le gouvernement étaient au point mort. Dès vendredi, lors d’une réunion entre les syndicats les plus influents et le ministre délégué du Budget, Fouzi Lekjaa, l’augmentation tant attendue des salaires des enseignants était au cœur des discussions, mais aucune percée n’avait été réalisée à ce stade. Le suspense a donc persisté tout au long du week-end, laissant planer une incertitude palpable.
Finalement, c’est hier en fin d’après-midi que les négociateurs ont réussi à surmonter les différences et à conclure un accord historique sur l’augmentation des salaires, mettant ainsi fin à une période de négociations très tendues. En présence du chef du gouvernement, Aziz Akhannlouch, cet accord a été signé par le ministre de l’Éducation nationale, Chakib Benmoussa, le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lakjaa, et le ministre de l’Inclusion économique, Younes Sekkouri, ainsi que des représentants des principaux syndicats, à savoir l’Union marocaine du travail (UMT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), la Confédération démocratique du travail (CDT) et la fédération démocratique du travail (FDT).
التوقيع على اتفاق بين الحكومة والمركزيات النقابيّة الأكثر تمثيلية يهم تحسين دخل رجال ونساء التعليم pic.twitter.com/nVq6Xsq5ot
— Agence MAP (@MAP_Information) December 11, 2023
Ce qu’il faut retenir de l’accord gouvernement-syndicats
L’accord signé hier comporte plusieurs éléments clés qui devraient apporter un soulagement aux enseignants. Tout d’abord, une augmentation générale des salaires est prévue, avec une hausse mensuelle nette de 1.500 DH pour tous les enseignants, quel que soit leur statut ou leur grade. Cette augmentation sera mise en œuvre en deux tranches égales, en janvier 2024 et janvier 2025, offrant ainsi un coup de pouce financier substantiel.
En ce qui concerne les indemnités catégorielles, l’accord prévoit une augmentation de 1.000 DH par mois pour les enseignants de la classe exceptionnelle à partir de l’échelon 5. De plus, une indemnité complémentaire de 500 DH par mois sera accordée aux enseignants de l’enseignement secondaire qualifiant et aux administrateurs pédagogiques. Les assistants administratifs et les assistants techniques bénéficieront, eux aussi, d’une indemnité spéciale de 500 DH par mois.
Cet accord ne se limite pas seulement à l’augmentation des salaires et aux indemnités catégorielles, puisqu’il englobe également d’autres aspects essentiels. Il prévoit une augmentation des indemnités pour les heures supplémentaires, un ajustement qui représente une avancée notable pour les enseignants. Ces indemnités augmenteront de 30%, offrant ainsi une incitation supplémentaire à ceux qui choisissent de travailler au-delà de leurs heures normales.
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Une autre facette importante de l’accord concerne la révision du système d’avancement de grade. Cette révision vise à réduire le nombre d’années requis pour certains grades. De plus, l’accord reconnaît les cadres administratifs temporaires qui assument temporairement des missions relevant de l’administration pédagogique. Ces derniers bénéficieront des mêmes indemnités que les cadres administratifs permanents affectés à des tâches similaires.
Autre aspect crucial, celui de la prise en compte des enseignants recrutés entre 2012 et 2023 pour les échelles 7 ou 8, classés en deuxième grade, et qui sont partis à la retraite entre le 1ᵉʳ janvier 2012 et le 31 décembre 2023. L’accord garantit des dispositions spécifiques pour leur retraite.
Les enseignants maintiennent la pression
L’accord de dimanche, portant sur l’augmentation des salaires des enseignants, est considéré comme un pas significatif en avant. Cependant, il n’a pas réussi à dissiper complètement le mécontentement persistant au sein de la communauté enseignante. Bien que les syndicats avaient appelé à la reprise des cours après la signature de l’accord, les enseignants, se sentant marginalisés et négligés, ont opté pour le maintien de leur grève en signe de protestation.
En effet, la Coordination nationale du secteur de l’enseignement a pris la décision de déclencher une nouvelle grève de quatre jours cette semaine. Débutant ce mercredi, elle marque ainsi le désaccord des enseignants avec ce qu’ils perçoivent comme une exclusion de la table des négociations. Cette colère et cette résistance au sein du corps enseignant révèlent un fossé de confiance grandissant entre les syndicats signataires de l’accord et les coordinations sectorielles de l’enseignement. Ces dernières estiment que leurs préoccupations et revendications spécifiques n’ont pas été suffisamment prises en compte.
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D’ailleurs, la principale source de discorde réside dans le statut unifié, gelé par le gouvernement le 27 novembre dernier. Pour les coordinations sectorielles, ce gel du statut unifié représente un obstacle majeur entravant l’amélioration de leurs conditions de travail et de leurs perspectives de carrière. Elles considèrent cette décision comme une entrave à leur épanouissement professionnel et une menace pour la qualité de l’enseignement dispensé aux élèves. Par conséquent, elles réclament avec fermeté son retrait ou sa modification. De plus, une autre revendication majeure se joint à celles-ci, à savoir l’intégration des enseignants contractuels dans la fonction publique.
En somme, la crise au sein de l’enseignement marocain semble loin d’être résolue, alors que nous approchons de la mi-année scolaire. Les enseignants maintiennent la pression pour que leurs préoccupations soient entendues et que des mesures concrètes soient prises pour répondre à leurs demandes. En conséquence, le processus d’apprentissage de milliers d’élèves marocains reste compromis. Cette situation continue de susciter des inquiétudes parmi les parents d’élèves, qui craignent que l’instabilité persistante au sein de l’enseignement puisse avoir des répercussions sur l’avenir éducatif de leurs enfants.
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