Accueil / Société

Crise de l’enseignement : après une courte trêve, la protestation reprend de plus belle

Temps de lecture

Image d’illustration. © DR

Avec le récent abandon du statut unifié des enseignants, le gouvernement espérait avoir sorti le secteur de l’éducation nationale de la crise qui dure depuis le 5 octobre dernier. Pourtant, cela n’a pas suffi. Le corps enseignant a annoncé dimanche son intention de reprendre les manifestations. Un programme qui démarre ce mardi avec la visite aux sièges du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) et l’Institut du Médiateur du Royaume pour évoquer le dossier des enseignants suspendus. Une mesure jugée «vindicative». Détails.

Alors que plusieurs pensaient le dossier clos, voilà que le mouvement de grève reprend. La Coordination nationale des enseignants, qui regroupe 22 entités syndicales, a fait part, dimanche, de sa décision de relancer le programme de manifestations appelant ses membres à la mobilisation générale pour faire aboutir leurs revendications et surtout mettre fin aux mesures punitives.

La Coordination peut déjà compter sur le soutien de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), un syndicat d’extrême gauche qui a tenté d’intervenir auprès du ministère pour résoudre le conflit.

Un programme pour faire pression

L’agenda inclut une visite, ce mardi même, aux sièges du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) et l’Institut du Médiateur du Royaume, ainsi que l’organisation d’une conférence de presse le même jour. Il s’agit pour la Coordination de mettre en lumière les «infractions légales» entourant les suspensions qui ont suivi la mise en œuvre d’un mouvement de manifestations et de grèves s’étalant sur près de trois mois. Pour cela, ils s’appuient sur une présentation d’une étude juridique réalisée avec l’aide d’experts.

Est prévue au menu également l’organisation, jeudi, de veillées de solidarité, avec des bougies devant les directions régionales et les académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF). Le programme se clôturera par une manifestation devant le Parlement dimanche prochain.

Lire aussi : Crise des enseignants : l’augmentation des salaires ne suffit pas

De son côté, la Coordination unifiée du corps des enseignants et des cadres de soutien a entamé, lundi, un sit-in d’avertissement pour tous les professeurs et professeures suspendus, pour une durée de 48 heures, devant le siège de l’AREF de la région Souss-Massa dans la ville d’Agadir. Cette action qui intervient en protestation contre ce qu’elle décrit comme «la politique irresponsable de négligence et de procrastination poursuivie par le gouvernement et le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement primaire et des sports dans le traitement des revendications justes et légitimes du personnel enseignant et des cadres de soutien, parmi lesquelles l’exigence d’annuler les décisions de suspension arbitraires, injustes et illégales prises à l’encontre de centaines de professeurs, hommes et femmes, et de restituer les sommes arbitrairement déduites des salaires des grévistes des mois de novembre et décembre de l’année dernière».

Lire aussi : Statut unifié : le bras de fer entre syndicats, coordinations et gouvernement se poursuit

Des suspensions «abusives»

Alors que les revendications des enseignants portent notamment sur l’amélioration de leurs conditions de travail et de rémunération, la revalorisation de leur statut et la défense de l’école publique, les mesures prises à leur encontre par le gouvernement ont été qualifiées de «vindicatives» par ce corps de métier. Jugées arbitraires et abusives dans l’utilisation du pouvoir, ces suspensions constituent pour les syndicats et les coordinations un acte arbitraire à l’encontre des enseignants ayant exercé leur droit naturel de faire grève pour des revendications légitimes. Pour les professionnels du secteur, elles représentent une atteinte à leurs droits et à leur dignité. Celles-ci concerneraient, à date, 545 employés. Aucun d’entre eux n’aurait été réintégré et aucune mention des conseils de discipline n’a pour l’heure été faite.

Lire aussi : Crise des enseignants : entre statut unifié et contestation autour des suspensions

De plus, le ministère aurait mis fin à certains acquis des fonctionnaires, tels que les indemnités de transport et de logement, et refusé de régulariser la situation administrative de certains contractuels.

Jusqu’à présent, toutes les séances de dialogue entre les syndicats et la tutelle n’ont pas abouti à une solution pour mettre fin à la protestation liée au dossier des professeurs suspendus. Une autre réunion devait se tenir le 30 janvier, mais le ministère a annulé cette réunion. Un comportement qui, pour les concernés, relève de la «mauvaise foi» du département de Chakib Benmoussa dans le traitement de ce dossier.

Pour les observateurs, le ministère envisagerait deux options de résolution du dossier. La première option consisterait à faire passer les fonctionnaires concernés devant les conseils de discipline, qui prendront les mesures qui s’imposent. La seconde supposerait de déférer ces fonctionnaires devant des commissions régionales au niveau des académies, qui vont statuer sur leurs dossiers. Le ministère optera pour l’une de ces alternatives en attendant les résultats des réunions du dialogue social, qui doivent avoir lieu prochainement.

Lire aussi : Benmoussa : quelles stratégies pour mieux gérer le temps scolaire ?

La Fédération nationale des associations de parents et tuteurs d’élèves a, elle, de son côté, alerté sur l’impact du retour des protestations et des grèves des enseignants sur le plan de compensation du temps scolaire perdu. Le président de la Fédération, Noureddine Akoury, a déclaré que les protestations des enseignants «n’ont plus aucun sens à l’heure actuelle, après le retour des élèves et des enseignants dans les salles de classe après avoir perdu près de 50 jours».

Pour l’organisme, «ce ne sont pas les protestations qui feront que les enseignants suspendus reprennent du service», insistant que les premières victimes de cette nouvelle vague de manifestations seront les élèves de l’école publique.

Quoi qu’il en soit, la manière dont sera résolu ce problème n’est pas encore claire.

Dernier articles
Les articles les plus lu

La DGSSI alerte les bénéficiaires de l’aide sociale

Société - Ce faux site incite les utilisateurs à fournir des informations personnelles sensibles, notamment le numéro de la CIN ou de la carte bancaire.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Smeia et BMW : partenaires officiels du FIFM

Société - Smeia, importateur exclusif de BMW au Maroc, célèbre sa 9ᵉ année en tant que transporteur officiel du FIFM.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Immigration en Italie : les Marocains en 3e position

Société - Avec 342.469 ressortissants en 2023, les Marocains représentent 7,8% de la population étrangère en Italie.

Farah Nadifi - 3 décembre 2024

Le 1er Joumada II de l’an 1446 de l’Hégire, c’est aujourd’hui !

Société - Le 1er Joumada II de l'an 1446 de l'Hégire correspond au mardi 3 décembre 2024, a annoncé lundi le ministère des Habous et des Affaires islamiques.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Sekkouri présente une version modifiée du projet de loi sur le droit de grève

Société - Younès Sekkouri, annonce la suppression des articles interdisant la grève politique, alternée et solidaire.

Mbaye Gueye - 2 décembre 2024

Le Groupe scolaire de Bourgogne ferme son établissement sans préavis

Société - La fermeture du groupe scolaire est attribuée à des problèmes juridiques signalés dès le début de l’année scolaire.

Mbaye Gueye - 2 décembre 2024

Al Haouz : 2,7 MMDH déjà versés pour la reconstruction

Société - Aziz Akhannouch, a présidé la 13ᵉ réunion de la Commission interministérielle dédiée au programme de reconstruction et de réhabilitation des zones sinistrées par le séisme d’Al Haouz.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Reconstruction d’Al Haouz : l’action s’accélère

Société - La première réunion du conseil de l’Agence pour le développement du Haut Atlas s’est tenue marquant le lancement officiel des travaux de reconstruction dans les régions touchées par le séisme d’Al Haouz.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024
Voir plus

Séisme d’Al Haouz : les survivants critiquent l’inaction gouvernementale huit mois après

Société - Huit mois après le séisme d'Al Haouz, les survivants vivent sous des tentes et dénoncent l'absence de solutions durables.

Chaima Aberni - 7 juin 2024

Peines alternatives : vers une justice plus humaine

Société - La justice marocaine franchit un cap avec l’entrée en vigueur de la loi sur les peines alternatives, un texte ambitieux visant à moderniser le système judiciaire.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024

Smeia et BMW : partenaires officiels du FIFM

Société - Smeia, importateur exclusif de BMW au Maroc, célèbre sa 9ᵉ année en tant que transporteur officiel du FIFM.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Sekkouri présente une version modifiée du projet de loi sur le droit de grève

Société - Younès Sekkouri, annonce la suppression des articles interdisant la grève politique, alternée et solidaire.

Mbaye Gueye - 2 décembre 2024

Rabat : lancement du premier certificat universitaire en éducation bilingue et langue des signes pour les sourds

Société - L’Université Mohammed V de Rabat lance un programme innovant à destination des élèves sourds et malentendants.

Farah Nadifi - 8 novembre 2024

Le 1er Joumada II de l’an 1446 de l’Hégire, c’est aujourd’hui !

Société - Le 1er Joumada II de l'an 1446 de l'Hégire correspond au mardi 3 décembre 2024, a annoncé lundi le ministère des Habous et des Affaires islamiques.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire