Accueil / Société

Covid-19 : faut-il craindre le même scénario qu’en 2020 ?

Temps de lecture

Covid-19 (image d'illustration) © DR

Depuis quelques semaines, le nombre de cas Covid-19 explose en Chine et les hôpitaux sont inondés de personnes contaminées. De nombreux pays imposent désormais des restrictions. Le Maroc a adopté la mesure la plus stricte, fermant ses frontières aux voyageurs venant de Chine. Quel impact aura cette décision sur le Royaume ? Faut-il craindre le scénario de 2020 ?  Le point avec Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé.

Trois ans après l’apparition des premiers cas du nouveau coronavirus à Wuhan, la Chine a mis fin, le 7 décembre dernier, à sa draconienne politique dite du «zéro covid». Une mesure qui a fortement affecté l’économie chinoise, la deuxième plus importante au monde.

Désormais, dans tout le pays, les personnes infectées et celles qui sont en contact étroit avec elles ne seront plus mises en quarantaine. Aucun test à grande échelle ne sera réalisé. La nouvelle politique vise d’ailleurs à se concentrer sur les groupes les plus vulnérables et à consacrer tous les efforts au traitement des patients dans un état grave. Avec cette levée des restrictions, les touristes chinois vont également à nouveau pouvoir quitter leur territoire. Conséquence : une explosion de cas de Covid-19 qui ne rassure pas de nombreux pays. Avec les restrictions en vigueur jusqu’ici, les chinois ont été plutôt épargnés par le virus, et c’est potentiellement plus d’un milliard de personne susceptibles d’être infectées pour la première fois, ce qui pourrait entraîner de nouvelles mutations.

Lire aussi : Covid-19 : la vague actuelle devrait prendre fin dans les prochains jours 

Une mesure très stricte du Maroc

Le Maroc a décidé l’interdiction d’entrée sur son territoire des voyageurs en provenance de Chine à partir du 3 janvier. Une décision prise samedi dernier, soit au lendemain de la rencontre de haut niveau entre l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les responsables chinois. Ces derniers ont été pointés du doigt pour le manque de partage de données en temps réel sur la situation épidémiologique. On leur a notamment reproché leur silence sur les données du séquençage génétique et de l’impact de la maladie : hospitalisations, admissions dans les unités de soins intensifs et décès.

Contacté par LeBrief, Tayeb Hamdi affirme que la décision du Maroc entre dans le cadre de sa politique de prévention et s’explique par le fait que le Royaume a tiré des leçons de cette pandémie.

«Il faut savoir que certains variants sont déjà présents au Maroc, alors que d’autres peuvent faire leur entrée depuis plusieurs pays, avec lesquels nous maintenons des vols quotidiens. Si le Maroc a fermé ses frontières avec les voyageurs venant de Chine, s’est surtout pour ne pas être surpris par un variant plus puissant. Le but est de réduire le risque face à un manque d’informations des autorités chinoises. C’est une décision anticipative avec quelques pertes limitées et calculées», explique-t-il.

Il s’agit, selon notre interlocuteur, d’une mesure qui s’avère indispensable pour garantir la surveillance et l’individualisation d’éventuels variants du virus dans le but de protéger la population. «Elle évitera au Maroc le risque d’avoir une situation incontrôlable, car les Marocains ne coopèrent pas et se font de moins en moins testés. Garder les frontières ouvertes avec la Chine fait craindre actuellement l’émergence d’un variant plus virulent, ce qui pourrait entraîner de nouvelles vagues épidémiques. Et puisque nous constatons une baisse importante du nombre de tests, il est donc difficile de surveiller la pandémie par le choix des tests, contrairement aux autres pays», précise l’expert.

Lire aussi : Covid-19 : pourquoi décider de prolonger l’état d’urgence sanitaire ?

Quels pays imposent des restrictions ?

Une douzaine de pays ont décidé d’exiger de nouvelles régulations anti-Covid aux voyageurs en provenance de Chine. À partir du 5 janvier, les États-Unis requièrent à l’entrée du territoire un test Covid négatif réalisé obligatoirement 48 heures avant le départ de Chine ou bien un document prouvant que le passager a guéri du coronavirus dans les 90 jours précédents.

Le Royaume-Uni a aussi annoncé une mesure à partir de jeudi. Désormais, tous les passagers à destination d’un aéroport britannique doivent montrer un test négatif avant d’embarquer en Chine. En outre, le gouvernement britannique se réserve la possibilité de tester «un échantillon» de passagers à l’arrivée pour surveiller l’apparition de nouveaux variants.

En France, les passagers venant de Chine doivent présenter un test PCR ou antigénique négatif réalisé 48 heures avant leur vol. L’Italie, l’Espagne et le Canada ont également adopté une mesure similaire.

Pour sa part, Israël a décidé d’ordonner aux compagnies aériennes étrangères d’accepter des citoyens étrangers sur un vol de la Chine vers Israël, uniquement si ces derniers ont été testés à la Covid. Un centre de dépistage volontaire sera d’ailleurs mis en place pour les personnes revenant de Chine.

En Inde, un test négatif est exigé et il doit être réalisé 48 heures avant le départ de Chine et d’autres pays d’Asie. S’agissant de la Corée du Sud, elle demande aux voyageurs de fournir un test Covid négatif avant et après leur arrivée.

Enfin, le Japon, qui a déjà limité les vols en provenance de Chine, oblige les visiteurs d’être soumis à un test obligatoire à leur arrivée. Les personnes dont le test est positif seront placées en quarantaine pendant sept jours dans des établissements désignés.

Faut-il craindre le même scénario qu’en 2020 ?

Au vu la situation actuelle, rien n’empêche qu’un nouveau variant arrive. Mais sur ce point, Tayeb Hamdi se montre rassurant. D’après lui, cette probabilité est très faible.

«Je ne crois pas à l’émergence d’un « super-variant » qui échapperait complètement à la protection fournie par les anticorps et la vaccination, nous ramenant à la situation initiale de 2020. Il me semble très probable qu’un sous-variant vienne se greffer aux variants actuels», rassure-t-il.

Si actuellement le Maroc contrôle la situation épidémiologique, il existe pourtant d’autres armes pour lutter contre le virus et ses formes graves, notamment la vaccination et les gestes barrières. Dans ce contexte, il est donc recommandé de les respecter.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Education : Akhannouch préside une réunion de la Commission ministérielle

Société - Aziz Akhannouch a présidé une réunion de la Commission ministérielle en charge de la réforme du système éducatif et du préscolaire.

Rédaction LeBrief - 27 novembre 2024

La diversité, un pilier de la modernité et du leadership marocain (André Azoulay)

Société - André Azoulay a souligné que le Maroc a fait de la diversité le réacteur central de sa modernité et de son leadership.

Mbaye Gueye - 27 novembre 2024

Chaleur et neige au Maroc : une normalité dans la transition automnale

Société - Les fluctuations climatiques au Maroc, marquées par des vagues de chaleur et des chutes de neige, soulèvent des interrogations.

Farah Nadifi - 27 novembre 2024

Retraités en grève pour des pensions plus élevées

Société - Les retraités marocains expriment leur mécontentement face aux récentes révisions des régimes de retraite proposées/

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024

Renforcement de la lutte contre les fake news sur les réseaux sociaux

Société - Mohamed Mehdi Bensaid a annoncé des mesures pour lutter contre la prolifération des fausses informations sur les réseaux sociaux.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024

Mohamed Aouzal : de la gloire sportive à la tourmente judiciaire

Société - Mohamed Aouzal, a été présenté, ce mardi, devant le procureur du Roi au tribunal de première instance de Casablanca.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024

Trafic d’animaux protégés : saisies à Nador et Marrakech

Société -Des opérations conjointes menées mardi par la police nationale et l’ANEF ont permis d’intercepter plusieurs animaux.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024

Affaire Naciri : report du procès et tensions sur les convocations

Société - La Chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca a reporté l’examen des demandes formulées par la défense de Saïd Naciri.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024
Voir plus

Dounia Batma : de la gloire aux bas fonds

Société - Tel un feuilleton captivant, l'affaire «HamzaMonBB» a tissé son récit dans le tapis riche de la société marocaine

Chaima Aberni - 29 décembre 2023

Acte de mariage dans les hôtels : les règles changent

Société - Depuis des années, de nombreux hôtels imposent aux clients nationaux la présentation d’un acte de mariage

Hajar Toufik - 27 mai 2024

Berkane inaugure le 1er parking intelligent au Maroc

Entreprise, Société - Parqour s’associe avec les autorités locales de Berkane pour lancer le premier parking intelligent au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Comment la population marocaine a-t-elle évolué de 1960 à 2024 ?

Société - Le RGPH 2024 a permis d’établir la population marocaine à 36.828.330 habitants dont 148.152 étrangers.

Mbaye Gueye - 8 novembre 2024

Casablanca : le parking «Triangle des Hôtels» sera inauguré la semaine prochaine (Rmili)

Société - Le parking souterrain « Triangle des Hôtels », à Casablanca, sera opérationnel dès la semaine prochaine

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire