Accueil / Monde

Covid-19 : face à Eris, la vigilance reste de mise

Temps de lecture

Un agent de santé prélève un prélèvement sur un passager qui vient d'arriver de Chine aux cabines de dépistage du Covid-19 de l'aéroport Charles de Gaulle à Roissy, près de Paris, le 1er janvier 2023. © Julien de Rosa / AFP

Elle n’a toujours pas disparu : avec un nouveau sous-variant d’Omicron, la pandémie de la Covid-19 fait de nouveau parler d’elle. La propagation rapide d’Eris dans le monde a poussé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à l’ajouter en juillet dernier sur la liste des variants à surveiller de près. S’il pourrait supplanter les autres sous-variants, il ne s’avère pour l’heure pas plus dangereux. Au Maroc, le mot d’ordre est clair «Veille et Riposte à la Covid-19». En effet, les experts appellent à la vigilance, mais sans panique.

Issu du variant Omicron, le sous-variant EG.5 surnommé Eris, a d’abord fait son apparition sur le radar de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 17 février dernier. Cinq mois plus tard, l’institution le déclarait «sous surveillance», pour finalement le classer cette semaine comme un «variant d’intérêt» en raison de sa grande prévalence et de sa capacité à déjouer les défenses immunitaires. Éris est sous «surveillance rehaussée» parce qu’«il pourrait bien remplacer la plupart des sous-variants circulant dans les prochaines semaines», précise Richard Daigle, de l’INSPQ.

Initialement, ce nouveau sous-lineage a été repéré en Inde. «Il est toutefois difficile d’affirmer que ce variant est d’origine indienne, car ce pays comporte plus d’un milliard d’habitants et est mieux équipé en outils de séquençage que plusieurs de ses voisins», note toutefois Antoine Flahault, médecin épidémiologiste, auprès du média français 20 Minutes. Pour rappel, il y a eu le variant Alpha en 2020, qui a laissé place à Delta, et, depuis 2021, nous sommes dans l’ère d’Omicron.

Lire aussi : Covid-19, faut-il craindre le même scénario qu’en 2020 ?

Aujourd’hui, 51 pays ont rapporté au total 7.354 cas de Covid-19 associés à ce sous-variant. En date du 7 août, la Chine comptait à elle seule près du tiers des cas associés à Éris dans le monde, soit 2.273. Suivaient les États-Unis avec 1.356 cas, la Corée du Sud avec 1.040 cas, le Japon avec 814 cas et le Canada avec 392 cas, soit 5,3 % des séquences d’Éris compilées par l’OMS.

Pour l’heure, rien n’indique que ce sous-variant provoque des symptômes plus sévères que les autres sous-variants. «Les informations disponibles n’indiquent pas qu’EG.5 pose un risque de santé publique plus important que les autres sous-variants du SRAS-CoV-2 qui circulent présentement», précisait mercredi l’OMS dans un communiqué. Mais, les scientifiques appréhendent l’arrivée de la météo maussade et des autres infections à la rentrée.

Pourquoi ce nouveau variant fait-il parler de lui ?

L’OMS évalue le risque pour la santé mondiale comme faible avec le variant Éris. Aucun changement dans la gravité de la maladie n’a été signalé à ce jour. À ce stade, «les preuves disponibles ne suggèrent pas que l’EG.5 présente des risques supplémentaires pour la santé publique par rapport aux autres lignées descendantes d’Omicron en circulation», selon l’OMS.

Si une augmentation simultanée des hospitalisations et de la proportion du variant Éris a été observée au Japon ou en Corée du Sud, «aucune association n’a été établie». Mais «le risque demeure qu’un variant plus dangereux émerge et provoque une hausse soudaine des cas et des décès», a rappelé le patron de l’organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Lire aussi : Grippe saisonnière, le citoyen de plus en plus inquiet

Les chercheurs estiment que les deux mutations successives de cette sous-lignée du virus seraient très certainement associées à un avantage, car on les retrouve dans d’autres lignées, permettant aux spécialistes de parler de «convergence évolutive». Éris est donc «plus avantagé d’un point de vue de la transmission et il l’est aussi du point de vue de l’échappement immunitaire», avance Mircea Sofonea, épidémiologiste et maître de conférences à l’Université de médecine de Montpellier, dans les colonnes du Figaro.

Concrètement, le nouveau variant résiste mieux aux anticorps grâce à sa mutation et le vaccin devient donc moins efficace. «Éris est associé à une propriété avantageuse qui lui permet de bénéficier d’un échappement immunitaire (la moindre efficacité des défenses immunitaires, NDLR). Normalement, quand l’organisme reconnaît la protéine spike, il produit des anticorps pour s’en débarrasser. Mais avec une mutation, la reconnaissance se fait moins bien, et le corps ne produit pas autant de défenses immunitaires. D’où le développement d’Éris», explique l’universitaire.

Si gain de transmissibilité il y a, il n’y a cependant aucune donnée concernant la virulence de ce dernier. «Il n’y a pas de signal sur ce sujet-là, ni sur la symptomatologie, ni sur la gravité», poursuit le professeur, car les données manquent. «Le brouillard est épais sur la situation épidémiologique un peu partout dans le monde. Il est urgent que les autorités sanitaires réinstaurent un système de veille sanitaire fiable de la Covid», plaide Antoine Flahaut, directeur de l’Institut de santé globale de l’université de Genève.

Au Maroc, les experts appellent à la vigilance, mais sans panique

Le ministère de la Santé et de la Protection sociale a assuré vendredi dernier dans un communiqué qu’il continue de suivre la situation épidémiologique et qu’aucun cas de maladie lié à ce nouveau sous-variant n’a été enregistré au niveau national.

En dépit de la situation épidémiologique stable que connaît le Royaume, la tutelle a pris l’initiative de consulter le Comité scientifique pour évaluer les risques au niveau national et formuler les recommandations nécessaires dans le cadre de la vigilance épidémiologique et de l’alerte continue du Centre national d’opérations d’urgence en santé publique. Car l’évaluation de la situation a montré que la propagation du sous-variant E.G.5.1, et d’une nouvelle vague dans le pays, reste probable.

Lire aussi : Levée de l’état d’urgence sanitaire, quel impact ?

Malgré l’immunité hybride acquise par la vaccination et les anciennes infections qui continuent de protéger contre les formes graves de la maladie, «l’apparition de ce nouveau sous-variant nous rappelle que le Coronavirus est toujours présent, c’est pour cela que les systèmes de santé dans le monde ne doivent pas lâcher prise. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut commencer à s’inquiéter. Les données actuelles sur le sous-variant Éris montrent que ce dernier ne devrait pas modifier le profil épidémiologique de la pandémie et ne représente pas une grande menace, que ce soit au niveau mondial ou au niveau national. La vie va continuer d’une façon tout à fait normale. Pour les personnes vulnérables -âgées ou souffrant de maladies chroniques-, elles doivent se protéger, notamment par la vaccination pour éviter des complications», précise à nos confrères du Matin, Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en Politiques et Systèmes de santé.

Les symptômes sont identiques à ceux que l’on a connus jusque-là. Les formes graves sont cependant très rares au vu de l’immunité de la population. «Rhinites, toux sèche, maux de tête et de gorge, asthénie, fièvre… Mais, même si la transmission est rapide, il n’existe pas de formes graves pour l’instant. Et, à l’instar des autres sous-variants, il peut toucher tous les pays du monde. C’est pourquoi il faut rester vigilant, mais sans paniquer», explique au même média Pr Saïd Moutawakil, professeur en réanimation et membre du Comité scientifique et technique contre la Covid-19.

Pour renforcer l’immunité contre la Covid-19, le ministère de la Santé et le comité scientifique national appellent à nouveau à la nécessité de prendre toutes les doses du vaccin et exhortent les personnes présentant des symptômes respiratoires à porter le masque et à arrêter toute activité professionnelle ou sociale, tout en se dirigeant aux établissements de santé pour se faire diagnostiquer et recevoir le traitement adéquat, et en évitant les contacts.

Dernier articles
Les articles les plus lu

CPI : la France évoque l’«immunité» de Netanyahu malgré le mandat d’arrêt

Monde - Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, bénéficie d’une « immunité » qui devra être prise en compte.

Farah Nadifi - 27 novembre 2024

Cessez-le-feu en vigueur au Liban : le Hamas se déclare «prêt» à une trêve avec Israël à Gaza

Monde - Le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah au Liban est entré en vigueur à 3 heures du matin, pour une durée indéterminée.

Farah Nadifi - 27 novembre 2024

Israël annonce un cessez-le-feu au Liban

Monde - Netanyahu a annoncé mardi un projet d’accord de cessez-le-feu au Liban visant à mettre fin aux combats entre Israël et le Hezbollah.

Rédaction LeBrief - 26 novembre 2024

Le G7 s’engage à respecter les obligations liées au mandat de la CPI contre Netanyahu

Monde - Les membres du G7 s'engagent à respecter leurs obligations concernant le mandat d'arrêt délivré contre Netanyahu

Farah Nadifi - 26 novembre 2024

Le doyen de l’humanité est décédé à l’âge de 112 ans

Monde - John Tinniswood, reconnu comme l'homme le plus âgé de la planète, est décédé à 112 ans dans le nord de l'Angleterre.

Mbaye Gueye - 26 novembre 2024

ONU : Omar Hilale élu président de la 6e Conférence sur le désarmement au Moyen-Orient

Monde - Omar Hilale a été élu à la présidence de la 6e Conférence pour l’établissement d’une zone exempte d’armements au Moyen-Orient

Farah Nadifi - 26 novembre 2024

Trump taxe pour sécuriser les frontières

Monde - Donald Trump, a menacé d’instaurer une taxe douanière de 25 % sur l’ensemble des marchandises en provenance du Mexique et du Canada.

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024
Voir plus

Stade de Rennes : hommage à Arman Soldin, journaliste mort en Ukraine

Monde - Le Stade rennais a rendu hommage dimanche à Arman Soldin, journaliste de l'AFP mort cette semaine en Ukraine

Nora Jaafar - 15 mai 2023

ONU : l’AG adopte le moratoire sur la peine de mort

Monde - La dixième résolution pour un moratoire sur l’application de la peine de mort a été adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies.

Mbaye Gueye - 18 décembre 2024

Au JDD, une grève historique pour l’indépendance du journal

Monde - La rédaction du JDD est en grève depuis plus de 10 jours, un mouvement social inédit depuis la création du journal il y a 75 ans.

Atika Ratim - 4 juillet 2023

Royaume-Uni : grève des cheminots contre les effets de l’inflation

Monde - Les gares britanniques sont paralysées depuis le 21 juin par une grève de grande ampleur, la plus importante depuis plus de trente ans.

Nora Jaafar - 24 juin 2022

Qui était Arman Soldin ? le journaliste de l’AFP mort en Ukraine

Monde - Le journaliste de l'AFP Arman Soldin a été tué en Ukraine. Qui était ce reporter, dont la mission était de dénoncer la guerre

Nora Jaafar - 15 mai 2023

Martinique : accélération préoccupante de la montée des eaux

Monde - Le village du Prêcheur, au nord-ouest de la Martinique, est désormais le symbole de la menace pressante de la montée des eaux sur l’île. Ce phénomène naturel s’est accéléré ces dernières années.

Nora Jaafar - 24 juin 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire