Un agent de santé prélève un prélèvement sur un passager qui vient d'arriver de Chine aux cabines de dépistage du Covid-19 de l'aéroport Charles de Gaulle à Roissy, près de Paris, le 1er janvier 2023. © Julien de Rosa / AFP
Issu du variant Omicron, le sous-variant EG.5 surnommé Eris, a d’abord fait son apparition sur le radar de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 17 février dernier. Cinq mois plus tard, l’institution le déclarait «sous surveillance», pour finalement le classer cette semaine comme un «variant d’intérêt» en raison de sa grande prévalence et de sa capacité à déjouer les défenses immunitaires. Éris est sous «surveillance rehaussée» parce qu’«il pourrait bien remplacer la plupart des sous-variants circulant dans les prochaines semaines», précise Richard Daigle, de l’INSPQ.
Initialement, ce nouveau sous-lineage a été repéré en Inde. «Il est toutefois difficile d’affirmer que ce variant est d’origine indienne, car ce pays comporte plus d’un milliard d’habitants et est mieux équipé en outils de séquençage que plusieurs de ses voisins», note toutefois Antoine Flahault, médecin épidémiologiste, auprès du média français 20 Minutes. Pour rappel, il y a eu le variant Alpha en 2020, qui a laissé place à Delta, et, depuis 2021, nous sommes dans l’ère d’Omicron.
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Aujourd’hui, 51 pays ont rapporté au total 7.354 cas de Covid-19 associés à ce sous-variant. En date du 7 août, la Chine comptait à elle seule près du tiers des cas associés à Éris dans le monde, soit 2.273. Suivaient les États-Unis avec 1.356 cas, la Corée du Sud avec 1.040 cas, le Japon avec 814 cas et le Canada avec 392 cas, soit 5,3 % des séquences d’Éris compilées par l’OMS.
Pour l’heure, rien n’indique que ce sous-variant provoque des symptômes plus sévères que les autres sous-variants. «Les informations disponibles n’indiquent pas qu’EG.5 pose un risque de santé publique plus important que les autres sous-variants du SRAS-CoV-2 qui circulent présentement», précisait mercredi l’OMS dans un communiqué. Mais, les scientifiques appréhendent l’arrivée de la météo maussade et des autres infections à la rentrée.
Pourquoi ce nouveau variant fait-il parler de lui ?
L’OMS évalue le risque pour la santé mondiale comme faible avec le variant Éris. Aucun changement dans la gravité de la maladie n’a été signalé à ce jour. À ce stade, «les preuves disponibles ne suggèrent pas que l’EG.5 présente des risques supplémentaires pour la santé publique par rapport aux autres lignées descendantes d’Omicron en circulation», selon l’OMS.
Si une augmentation simultanée des hospitalisations et de la proportion du variant Éris a été observée au Japon ou en Corée du Sud, «aucune association n’a été établie». Mais «le risque demeure qu’un variant plus dangereux émerge et provoque une hausse soudaine des cas et des décès», a rappelé le patron de l’organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
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Les chercheurs estiment que les deux mutations successives de cette sous-lignée du virus seraient très certainement associées à un avantage, car on les retrouve dans d’autres lignées, permettant aux spécialistes de parler de «convergence évolutive». Éris est donc «plus avantagé d’un point de vue de la transmission et il l’est aussi du point de vue de l’échappement immunitaire», avance Mircea Sofonea, épidémiologiste et maître de conférences à l’Université de médecine de Montpellier, dans les colonnes du Figaro.
Concrètement, le nouveau variant résiste mieux aux anticorps grâce à sa mutation et le vaccin devient donc moins efficace. «Éris est associé à une propriété avantageuse qui lui permet de bénéficier d’un échappement immunitaire (la moindre efficacité des défenses immunitaires, NDLR). Normalement, quand l’organisme reconnaît la protéine spike, il produit des anticorps pour s’en débarrasser. Mais avec une mutation, la reconnaissance se fait moins bien, et le corps ne produit pas autant de défenses immunitaires. D’où le développement d’Éris», explique l’universitaire.
Si gain de transmissibilité il y a, il n’y a cependant aucune donnée concernant la virulence de ce dernier. «Il n’y a pas de signal sur ce sujet-là, ni sur la symptomatologie, ni sur la gravité», poursuit le professeur, car les données manquent. «Le brouillard est épais sur la situation épidémiologique un peu partout dans le monde. Il est urgent que les autorités sanitaires réinstaurent un système de veille sanitaire fiable de la Covid», plaide Antoine Flahaut, directeur de l’Institut de santé globale de l’université de Genève.
Au Maroc, les experts appellent à la vigilance, mais sans panique
Le ministère de la Santé et de la Protection sociale a assuré vendredi dernier dans un communiqué qu’il continue de suivre la situation épidémiologique et qu’aucun cas de maladie lié à ce nouveau sous-variant n’a été enregistré au niveau national.
En dépit de la situation épidémiologique stable que connaît le Royaume, la tutelle a pris l’initiative de consulter le Comité scientifique pour évaluer les risques au niveau national et formuler les recommandations nécessaires dans le cadre de la vigilance épidémiologique et de l’alerte continue du Centre national d’opérations d’urgence en santé publique. Car l’évaluation de la situation a montré que la propagation du sous-variant E.G.5.1, et d’une nouvelle vague dans le pays, reste probable.
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Malgré l’immunité hybride acquise par la vaccination et les anciennes infections qui continuent de protéger contre les formes graves de la maladie, «l’apparition de ce nouveau sous-variant nous rappelle que le Coronavirus est toujours présent, c’est pour cela que les systèmes de santé dans le monde ne doivent pas lâcher prise. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut commencer à s’inquiéter. Les données actuelles sur le sous-variant Éris montrent que ce dernier ne devrait pas modifier le profil épidémiologique de la pandémie et ne représente pas une grande menace, que ce soit au niveau mondial ou au niveau national. La vie va continuer d’une façon tout à fait normale. Pour les personnes vulnérables -âgées ou souffrant de maladies chroniques-, elles doivent se protéger, notamment par la vaccination pour éviter des complications», précise à nos confrères du Matin, Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en Politiques et Systèmes de santé.
Les symptômes sont identiques à ceux que l’on a connus jusque-là. Les formes graves sont cependant très rares au vu de l’immunité de la population. «Rhinites, toux sèche, maux de tête et de gorge, asthénie, fièvre… Mais, même si la transmission est rapide, il n’existe pas de formes graves pour l’instant. Et, à l’instar des autres sous-variants, il peut toucher tous les pays du monde. C’est pourquoi il faut rester vigilant, mais sans paniquer», explique au même média Pr Saïd Moutawakil, professeur en réanimation et membre du Comité scientifique et technique contre la Covid-19.
Pour renforcer l’immunité contre la Covid-19, le ministère de la Santé et le comité scientifique national appellent à nouveau à la nécessité de prendre toutes les doses du vaccin et exhortent les personnes présentant des symptômes respiratoires à porter le masque et à arrêter toute activité professionnelle ou sociale, tout en se dirigeant aux établissements de santé pour se faire diagnostiquer et recevoir le traitement adéquat, et en évitant les contacts.
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