Accueil / Société

Couverture médicale des agriculteurs : le coup d’accélérateur

Temps de lecture

Journée sur la généralisation de la couverture médicale aux agriculteurs et renforcement du dispositif de mise en place du registre national agricole © DR

Au Maroc, le ministère de l’Agriculture, la CNSS, le Crédit agricole et l’ANCFCC ont signé quatre conventions pour renforcer le dispositif de généralisation de la couverture médicale au profit des agriculteurs. Ces accords sont un coup d’accélérateur pour ce chantier qui vise à améliorer les conditions de vie des populations rurales. Mais que pense l’agriculteur ? Quid des détails sur cette initiative.

Le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts a élaboré, dans le cadre de la stratégie Génération Green 2020-2030, un plan d’action pour mettre en place une assurance maladie obligatoire (AMO) pour les agriculteurs. Il comprend un volet juridique et technique, portant, respectivement, sur l’élaboration d’un décret d’application et sur la définition des catégories d’agriculteurs et la somme des contributions. Cette démarche a été adoptée en partenariat avec la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), Crédit Agricole du Maroc (CAM), l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC), la Fédération des Chambres agricoles du Maroc (FECAM) et la Confédération marocaine de l’agriculture et de développement rural (COMADER).

«Dans chaque région, nous avons créé une division qui se charge du registre agricole et de la sécurité sociale. Tous les acteurs du secteur agricole sont concernés par la mise en œuvre de cette stratégie agricole Génération Green», avance le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki. De plus, la pérennisation de ce projet repose sur plusieurs aspects, notamment l’utilisation de la technologie digitale et les informations à travers les satellites.

Lire aussi : Sadiki : la couverture médicale est désormais généralisée à tous les agriculteurs marocains

Démarches, cotisations et remboursements : ce qu’il faut savoir

Dans un premier temps, 1,6 million d’agriculteurs bénéficieront de ce projet de généralisation de l’AMO. Leurs familles sont également concernées par cette couverture. Pour mettre en œuvre les engagements de l’État, un cadre juridique relatif à la couverture de santé et au système de retraite a été élaboré. Aussi, le gouvernement a promulgué la loi-cadre 09.21 relative à la protection sociale.

Pour ce faire, Crédit Agricole jouera le rôle d’intermédiaire entre les agriculteurs et la CNSS. Tarik Sijilmassi, président du groupe CAM, a expliqué qu’«une base de données de la banque sera exploitée afin de proposer aux agriculteurs, disposant de comptes professionnels, de créer un second compte personnel. Le premier compte, nommé « Hissab Al Ard » et identifié par le numéro RNA, servira aux prélèvements des cotisations à la source. Ainsi, l’agriculteur s’engagera à verser ses cotisations pour une période de trois ans. Concernant le second compte, appelé « Hssab Ad Dar » et identifié par le numéro de la CNIE, recevra les remboursements des indemnités de maladie et servira également à l’agriculteur pour épargner».

Par ailleurs, Mohamed Sadiki a dévoilé, lors du séminaire organisé, ce mercredi 25 mai 2022, par son département, les catégories d’agriculteurs ciblés par ce projet. Elles sont définies selon le revenu forfaitaire relatif au salaire minimum du secteur agricole. Pour les identifier, le département s’est basé sur les données statistiques générales de l’agriculture, notamment les revenus agricoles, les activités par zone agricole, les catégories des exploitations, etc. Conformément à ce barème, le montant fixé de la cotisation minimale est 117 DH par mois. En effet, cette cotisation concerne les agriculteurs qui ont un salaire inférieur au salaire minimum agricole garanti (SMAG). Selon les statistiques officielles dévoilées par le directeur général de la CNSS, Hassan Boubrik, ces individus représentent 46,81% du nombre total des inscrits, jusqu’à présent, à la CNSS. En revanche, la cotisation maximale peut atteindre 1.081 DH pour les agriculteurs ayant un salaire six fois le montant du SMAG.

Lire aussi : BAD : mobilisation de 1,5 milliard de dollars pour soutenir les agriculteurs en Afrique

AMO : que pense l’agriculteur ?

Pour la mise en place et la réussite de ce chantier, les partenaires veillent à ce que tous les paramètres soient clairs pour les populations rurales. Acteur essentiel et au cœur de ce chantier, l’agriculteur doit d’abord comprendre l’utilité de cette initiative pour pouvoir s’engager. Parmi les propositions des partenaires, la mise à disposition de centres de proximité dans chaque région afin d’accompagner les intéressés dans leurs démarches.

Pour avoir l’avis d’un concerné, la rédaction de LeBrief a contacté un agriculteur dans la région d’Aït Ayach à Midelt, qui préfère garder l’anonymat. Il nous explique que cette initiative «est extrêmement importante pour les populations du monde rural», en ajoutant que «les cotisations proposées sont raisonnables, parce qu’elles couvrent toute la famille. Certes, chez nous, les maladies sont moins courantes vu la qualité de l’alimentation et le travail quotidien que nous faisons. Nous faisons très attention à notre santé. Cependant, quand une personne tombe malade, généralement elle ne consulte pas un médecin ou bien elle se soigne très tard». La généralisation de l’AMO pourrait sauver plusieurs personnes parce qu’elles seront engagées à payer une somme mensuellement. Donc, il faut en profiter, souligne l’intervenant.

S’agissant du suivi des démarches, le monde rural aujourd’hui dispose d’internet et de « cyber- cafés ». L’agriculteur nous dit que «le gouvernement doit former ces gens à nous accompagner aussi, sans se rendre aux centres régionaux, qui sont souvent très loin pour les habitants».

Enfin, la généralisation de ce chantier reste quand même très importante. L’agriculture représente un levier économique important pour le pays. Ainsi, l’assurance maladie et l’accès aux soins sont une condition sine qua non pour que les agriculteurs soient protégés et profitent d’une meilleure qualité de vie.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Casablanca : partenariat pour promouvoir l’entrepreneuriat sportif chez les jeunes

Société - Deux conventions de partenariat ont été signées dans le but de promouvoir l’entrepreneuriat sportif auprès des jeunes.

Farah Nadifi - 12 novembre 2024

Berkane : l’INDH soutient l’employabilité des jeunes à travers deux nouveaux accords-cadres

Société - Deux accords-cadres ont été signés lundi à Berkane afin de renforcer l'employabilité des jeunes dans des secteurs stratégiques.

Farah Nadifi - 12 novembre 2024

Affaire El Mahdaoui : le journaliste écope de 18 mois de prison ferme

Société - Le tribunal de première instance de Rabat a condamné Hamid El Mahdaoui à une peine de 18 mois de prison ferme.

Mbaye Gueye - 11 novembre 2024

Alerte aux escroqueries : la CNSS dénonce des usurpations d’identité et des tentatives d’arnaque

Société - La Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) met en garde ses assurés suite à des tentatives d’escroquerie en ligne.

Farah Nadifi - 11 novembre 2024

Dialogue relancé entre la Justice et les avocats

Société - Une réunion se tiendra ce lundi 11 novembre entre le ministère de la Justice et l’Association des Barreaux du Maroc (ABAM).

Ilyasse Rhamir - 11 novembre 2024

Un imposteur écope de trois ans pour usurpation d’identité

Société - La Chambre criminelle de la Cour d’appel a récemment condamné un homme à trois ans de prison ferme pour usurpation d’identité.

Ilyasse Rhamir - 11 novembre 2024

Grève des avocats : accord entre le ministère de la Justice et l’ABAM

Société - Le ministère de la Justice et l’Association des Barreaux du Maroc (ABAM), ont annoncé un accord pour une sortie de crise.

Mbaye Gueye - 10 novembre 2024

Héritage, la succession qui déchire

Société - L'heure n'est pas aux comptes, et pourtant les familles se divisent pour l'indivisible. Immersion dans un héritage déchirant.

Sabrina El Faiz - 9 novembre 2024
Voir plus

Education et QI : le Maroc, vilain petit canard du Maghreb

Société - Le QI moyen d'un pays ne détermine pas de manière concluante le potentiel ou les capacités de ses citoyens.

Sabrina El Faiz - 1 avril 2024

Séisme Al Haouz : 370 enfants en vacances à Agadir

Société - À Agadir, une colonie de vacances éducative accueille 370 enfants de la province de Taroudant, touchée par le séisme.

Rédaction LeBrief - 13 août 2024

Une Marocaine primée par l’OIF pour son projet écologique innovant

Société - La Marocaine, Hajar El Frougui, a été primée au concours de l'OIF dans la catégorie "Environnement et Climat".

Hajar Toufik - 13 août 2024

Hajj 1446 : la date de la deuxième phase de règlement fixée

Société - Le ministère des Habous et des Affaires Islamiques communique sur le règlement des frais du Hajj pour la saison 1446

Mbaye Gueye - 29 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire