Accueil / Économie

Cour des comptes : alerte sur la viabilité des régimes de retraite

Temps de lecture

Le premier président de la Cour des comptes, Zineb El Adaoui, au Parlement © DR

Le premier président de la Cour des comptes, Zineb El Adaoui, a insisté, mardi au Parlement, sur l’urgence de réformer le système de retraite pour en assurer la viabilité. Elle a également appelé à l’adoption d’un cadre juridique pour la création et la gestion des espaces d’accueil industriels. S’agissant de l’investissement, la haute magistrate a recommandé l’adoption d’autres leviers économiques afin d’améliorer l’attractivité du Maroc. Détails.

Les parlementaires ont tenu, mardi 2 mai, une session plénière conjointe des deux Chambres du Parlement consacrée à la présentation d’un exposé sur les actions de la Cour des comptes pour l’année 2021.

Lors de cette session, le premier président de la Cour des comptes, Zineb El Adaoui, a mis en garde contre le déficit des systèmes de retraite au Maroc. Elle a relevé que le déficit de la Caisse marocaine des retraites (CMR) s’élevait en 2021 à 5,12 milliards de DH (MMDH), tandis que ses réserves ont reculé pour atteindre les 65,84 MMDH, soit une baisse estimée à 10,7 MMDH.

Aussi, la haute magistrate a souligné que le déficit du Régime collectif d’allocation de retraite (RCAR) s’est élevé à environ 3,95 MMDH, tandis que la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a enregistré un déficit de 400 millions de DH (MDH). Elle a ainsi appelé à la fermeté et à l’accélération des chantiers de réforme des systèmes de retraite.

Rappelons que dans son rapport annuel publié en mars dernier, la Cour des comptes avait souligné que «la garantie de la viabilité du système à long terme exige l’activation de la mise en œuvre du chantier de la réforme systémique des régimes de retraite, notamment avec l’élargissement de l’adhésion aux régimes de retraite en 2025 pour couvrir les travailleurs ne percevant aucune pension, et ce, dans le cadre de la généralisation de la sécurité sociale».

Lire aussi : Cour des comptes : les défis du système de santé

L’élargissement de l’AMO a connu une évolution notable

Selon El Adaoui, l’élargissement de la base des bénéficiaires de l’assurance maladie obligatoire (AMO) a connu une évolution notable depuis la signature, le 14 avril 2021, de trois conventions cadres par les différents départements ministériels concernés. Le but est d’élargir cette assurance à des catégories non bénéficiaires et dont le nombre avoisine les 3 millions d’adhérents principaux.

Pour ce qui est du financement de la couverture médicale, la responsable a relevé que la viabilité et la pérennité des aspects liés à ce financement sont d’une grande importance. Elle a ainsi appelé à l’adoption de mécanismes de financement à même d’assurer la viabilité et la continuité de l’AMO de base, et à faire bénéficier l’assuré d’une contribution appropriée pour couvrir les frais des traitements.

En outre, la haute magistrate a indiqué que le développement des ressources humaines pour le secteur de la santé constitue l’un des principaux axes de la réforme du système de protection sociale dans le Royaume. Elle a précisé que le nombre total des agents de santé pour 10.000 habitants est passé de 15,1 en 2011 à 17,1 en 2021, soit une légère augmentation de deux points qui reste toutefois insuffisant. «La densité médicale, en particulier dans le secteur privé, a relativement augmenté (1,3% entre 2011 et 2020), tandis que la densité médicale dans le secteur public a diminué de 0,3 point», a-t-elle expliqué.

Quant à la répartition géographique et professionnelle des personnels médicaux et soignants, elle ne repose pas toujours sur des critères objectifs, d’après El Adaoui. Elle a noté que cette situation a conduit à des disparités territoriales et à des écarts concernant la couverture de la population et des réseaux de traitement, ainsi qu’à une faible compatibilité entre les infrastructures et les ressources humaines qui y sont affectées.

Et de préciser qu’une couverture sanitaire adéquate pour la population reste tributaire de la capacité du système de formation des agents de santé, dans les secteurs public et privé, à maintenir le rythme actuel de la formation des personnels et à les retenir dans le système national de santé.

Lire aussi : Tanger : le Roi inaugure un nouveau pôle académique et médical d’excellence

Adopter un cadre juridique pour la gestion des espaces d’accueil industriels

Sur un autre registre, la première présidente de la Cour des comptes a appelé à l’adoption d’un cadre juridique et de mécanismes réglementaires pour la création et la gestion des espaces d’accueil industriels. L’objectif est d’en faire un véritable levier pour la relance de l’investissement.

À cet égard, Zineb El Adaoui a souligné la nécessité de faire connaître les différentes stratégies liées à la stimulation de la création des espaces d’accueil industriels, et de s’assurer de leur appropriation par la région et par les communes concernées. Elle a, à ce propos, appelé à élaborer un programme de mise à niveau des espaces créés par les collectivités territoriales sur la base du cadre de référence du Fonds des zones industrielles durables. Ceci, tout en tenant compte des lois relatives à la réduction des impacts environnementaux.

De même, elle a appelé au regroupement des ressources financières de la région et des communes concernées afin d’accélérer le processus de mise en place d’une nouvelle génération d’espaces d’accueil industriels. Sans oublier l’affectation d’un organe sur le plan régional pour implanter, développer et gérer les complexes industriels, en s’inspirant du modèle des complexes industriels destinés à la location. Aussi, elle a recommandé d’empêcher la création de nouvelles unités industrielles non structurées et de mettre en place une stratégie régionale pour le règlement progressif et global de la situation.

Lire aussi : Exportations marocaines : les produits industriels représentent plus de 86%

Améliorer l’attractivité du Maroc en tant que destination d’investissement

Par ailleurs, Zineb El Adaoui a souligné que le diagnostic des obstacles à l’investissement dans le Royaume met en lumière la nécessité d’adopter d’autres leviers économiques, afin d’améliorer l’attractivité du Maroc en tant que destination d’investissement.

Dans ce contexte, la responsable a souligné la nécessité de s’attaquer aux obstacles structurels liés au secteur informel, de réduire les coûts de production, de stimuler l’innovation et la créativité, et d’améliorer les conditions d’obtention de biens immobiliers et de financement. En plus de recourir à des mécanismes d’arbitrage et de médiation pour régler les différends, ainsi que d’accélérer le rythme de la réforme fiscale.

En ce qui concerne le cadre institutionnel de l’investissement, il est marqué, selon la responsable, par la multiplicité des acteurs et l’imbrication de leur champ de compétence, qui peut inclure le niveau national pour certains, ou le niveau territorial, local ou sectoriel pour d’autres. Elle a souligné que la divergence des priorités et des objectifs des acteurs ainsi que les différences qui caractérisent leurs approches fragiliseraient la convergence des politiques publiques en matière de développement, de stimulation et de relance de l’investissement.

Enfin, dans l’objectif de simplifier la procédure administrative d’investissement, El Adaoui a relevé la nécessité de consacrer le rôle des Centres régionaux d’investissement comme un cadre unifié de traitement administratif du processus d’investissement du début à la fin, et ce, à travers l’accélération du rythme de la mise en œuvre des réformes liées à ces Centres.

Dernier articles
Les articles les plus lu

TPE, PME : quelle place dans la course entrepreneuriale ?

Économie - Lors d'une conférence de presse, la Confédération marocaine des TPE-PME soulèvera plusieurs points de tension avec la CGEM.

Ilyasse Rhamir - 8 novembre 2024

Casablanca : augmentation des prix de la viande

Économie - Les prix de la viande et des fruits à Casablanca ont connu des variations cette semaine avec une augmentation notable.

Ilyasse Rhamir - 8 novembre 2024

Vente des carburants : les professionnels réclament un contrôle plus strict

Économie - Les patrons de stations-service dénoncent la montée en puissance du marché parallèle des hydrocarbures.

Mbaye Gueye - 8 novembre 2024

Huile d’olive : le Maroc se tourne vers le Brésil

Économie - Avec la baisse de la production d’huile d’olive, le Maroc a choisi le Brésil pour combler l’écart d’approvisionnement.

Ilyasse Rhamir - 8 novembre 2024

Nadia Fettah milite pour la gouvernance des finances publiques

Économie - Nadia Fettah affirme que la gouvernance des finances publiques constitue l'une des priorités du programme d'action 2025.

Mbaye Gueye - 8 novembre 2024

L’Office des changes met en place un système d’authentification des autorisations

Économie - L'Office des Changes a annoncé l'introduction d'un nouveau dispositif permettant d'authentifier les autorisations qu’il délivre.

Rédaction LeBrief - 7 novembre 2024

PLF 2025 : introduction d’une taxe sur les gains des joueurs de casino

Économie - InGame Factory souligne les dangers d’une taxe directe sur les gains des joueurs pour l’industrie des casinos marocains.

Ilyasse Rhamir - 7 novembre 2024
Voir plus

Compensation : 15,69 MMDH à fin mai

Économie - À fin mai, les émissions au titre des dépenses de la compensation ont atteint 15,69 milliards de DH (MMDH). Ils ont grimpé de 148,9% par rapport à la même période un an auparavant.

Hajar Toufik - 13 juin 2022

La Zakat peut-elle éradiquer la pauvreté ?

Dossier - Il est tout à fait normal de se poser la question : tendons-nous vers le Nissab? Autrement dit, y sommes-nous soumis?

Sabrina El Faiz - 6 juillet 2024

Qui sont les principaux partenaires commerciaux du Maroc en 2023? (Rapport)

Économie - Cette montée en puissance est principalement due à une augmentation des exportations marocaines vers le continent européen

Mbaye Gueye - 7 août 2024

Taxe carbone : un levier stratégique pour l’évolution écologique au Maroc

Économie - L’introduction d’une taxe carbone représente un tournant stratégique dans l’engagement écologique du Maroc.

Mbaye Gueye - 26 décembre 2024

Sénégal : formation aux métiers du gaz et pétrole

Afrique, Économie, Économie L’exploitation des gisements offshore du Sénégal devrait débuter fin 2023 grâce aux formations aux métiers du gaz et pétrole

Nora Jaafar - 26 octobre 2023

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire